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accorda les privilèges de chevaliers de là bande.
Vêla ( Jofeph ) , jurifconfulte efpagnol, naquit
dans cette ville en 1588. Quoique l'es ouvrages
l'oient très-médiocres, ils ont été imprimés plu-
fieurs fois, & ont un grand débit en Efpagne,
parce qu’ils roulent principalement fur des matières
eccléfiaftiques qu’il a étayées des décidons de
la rote de Rome. Les dernieres éditions ont ete
faites à Genève en 1716 & 1740. Vêla mourut à
Grenade en 1645, âgé de 55 ans. (R.) .
PALÉOCASTRO , , ville ruinee
& fortereffe de l’ile de Candie , eutre le cap Si-
dero & le cap Paleo, fituée dans les terres, à quelques
milles au midi du port de Chifamo. Il eft
vraifemblable que c’étoit la ville d’A ptere, près
de laquelle on voyoit ce fameux camp où les firé-
qçg vaincues par les mufes dans un défi de mu -
Êque, perdirent leurs ailes. . . . ....
C ’eft auffi Le nom'd’une ville ruinée daus 1 île
de Thermie, une dçs Cyclades, à 40 milles de
Serfanto. (R.) .
■ .PALÉOPOLIS,ville ruinée de 1 île dAndros,
dans l’A rchipel, une des Cyclades, au fud eft de
Née repont. ,
Les ruines de Paléopolis font a » milles d Arna,
vers le fud - fud - oueft , au - delà du port Gaurio
Cette ville qui portoit le nom de li le , comme 1 af-
furent Hérodote & Galien, étoit fort grande , 8e
fituée avantageufement fur le penchant d une mon-
tagne oui domine toute la plage ; il en refte encore
des quartiers de murailles très-folides, fur-
tout dans un endroit remarquable, ou , fuivant les
apparences, étoit la citadelle dont Tite-Live fait
mention. - -,
Outre les vieux marbres renverfes dans ces ruines
, on y trouvoit encore dans le dernier fiecle
de belles colonnes , des chapitaux, des bafes , &
quelques infcriptions, qui ne fauroient être pref-
que d’aucun ufage. Nous tirâmes, ditToumefort,
ce que nous pûmes de celle qui nous parut la
moins effacée.; il y eft parlé du fénat, du peuple
d-’Andros , & des prêtres de Bacchus, ce qui fait
çonjeâurer qu’elle avoit été placée fur les murailles,
ou dans le fameux temple de ce dieu, &
que conféquemment elle pouvoit marquer la fitua-
jion de ce bâtiment.
En avançant dans ces ruines, le hafard nous fit
découvrir, continue-t-il, une figure de marbre fans
tête & fans bras ; le torfe avoit trois pieds dix
pouces de haut, & la draperie en étoit fort belle.
Le long d’un petit ruiffeau qui fournit de l’eau
à. la v ille , nous remarquâmes deux autres torfes
de marbre où le grand goût du fculpteur paroifi?
foit encore. _ ,
La fontaine de Paléopolis, au rapport de Mutia-
jiu s , avoit le goût du vin dans le mois de Janvier,
& ne devoit pas être loin de 1 endroit des
ruines de nos jours , puifque Pline la place proche
le temple de Bacchus, mentionné dans l’infcrip- I
|ion dont ou vient de parler. Le mêjne aptçpr l
p A L
que ce miracle durcit fept jours de fuite, 8c que
ce vin devenoit de l’eau fi ©n l’emportoit hors de
la vue du temple. Paufanias ne parle point de ce
changement; mais il avance que l ’on croyoit que
tous Tes ans pendant la fête de Bacchus , il couloit
du vin du temple confacré à ce dieu dans l’ile
d’Andros. L,es prêtres fans doute ne manquoient
pas d’entretenir cette croyance en vuidant quelques
muids de vin par des canaux cachés. (R.)
PALERME , en latin Panormus, grande, belle ,
riche, forte , & famçufe ville d’Italie, capitale de
la Sicile , avec un archevêché, une univerfité, &
un port défendu par deux fortereffes.
Elle eft fur la cpte feptentrionale de l’île , dans
le val de Mazara , au fond du golfe de même
nom , dans une belle plaine, à 44 li, o. de Mef-
fine, 69 f. o. de Naples, 98 f. de Rome. Long.
3 1 , 1 5 \lat. 38, 10.
Cette ville eft le féjour de la meilleure partie
de la nobleffe. Lès édifices facrés-& profanes , les
places, les fontaines en font de la plus grande
beauté. Les rues en font tirées au cordeau , font-
remarquables par leur longueur. La plus grande
eft celle de Caffaro qui traverfe toute la ville,
Le vice-roi de Sicile réfide à Palerme. Le palais
qu’il habite eft grand, & accompagné de beanx
jardins. La place qui règne au-devant eft ornée
••d’une ftatue de Philippe IV, fur un piédeftal orné
de bas-reliefs, & placé entre quatre figures qui
repréfentent les quatre vertus cardinales, le tout
d’un très r beau marbre blanc. De droite & de
gauche, on voit le grand hôtel du Saint-Efprit,
& l’églife métropolitaine. Dans une belle place de
la même rue de Caffaro, & au-devant d’un palais ,
s’élève fur un piédeftal de marbre la ftatue en
bronze de l’empereur Charles - Quint ; plus loin
eft le fuperbe collège qui appartenoit aux Jéfuites.
La magnifique églife de Saint-Mathieu eft près du
carrefour qui partage cette rue , & où elle eft croi-
fée par la rue Neuve, la plus belle de cette ville
après celle de Caffaro. La plupart des autres abou-
tiffent à l’une de ces deu?, qui coupent la ville
de part en part. Chaque coin de ce carrefour eft
orné d?un palais, d’une fontaine, & d’une ftatue
de Charles-Quint, de Philippe II, de Philippe III,
& de Philippe IV ; mais rien ne mérite plus d’être
vu que la fuperbe fontaine qui eft fur la grande
place, où fe trouve le palais de Ta juftice ; elle
fe fait admirer par fa grandeur , par fes ornemens ,
& par fon architeâure.
Palerme eft la feule ville de Sicile où l’on bat
monnoie. Sa population s’élève à 9 0 ,0 0 0 habitans.
Gn y fabrique des gants de foie, ou fil de pinnes
marines ; ils font d’une beauté & d’une fineffe qui
ne laiffe rien à défirer. Cette ville fut fort endommagée
par les tremblemens de terre de 1 6 9 3 &
; 1726.
La cathédrale, ou comme les habitans l’appellent
la madré chiefa, eft un vieux bâtiment go?
(bique, foutçn# jntçrieurçment par quatre ? yingç
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Colonnes de granité oriental. On y voit les tombeaux
de plusieurs rois Normands. L’églife du palais
eft incruftée par tout d’anciennes mofaïques,
& la voûte eft de même travail.
Cette Ville fe glorifie d’avoir produit Sainte
Agathe , Saint Agathon , religieux bénédiélin , élu
pape le 11 avril 679. Giberti ( J e a n -Matthieu ) ,
évêque de Véronne * mort le 3o- décembre 1543-
C e dernier prélat aimoit les lettres , & avoit chez
lui une imprimerie , d’où fortit, en 15 ^-9 > une
belle édition grecque des homélies de Saint Jean-
Chrifofiôme fur les épîtres de Saint Paul. Antoine
dit Palerme, vendit fa maifon pour un. manufcrit
de Tite-Live. Je fupprime les noms d’une foule
de jéfuites, & autres moines nés^Palerme, &
qui pendant deux fiècles ont inondé l’Europe d’ouvrages
aujourd’hui ignorés , fur le droit canon , la
théologie fcholaftique, & autres fujetsSemblables.
Quoique Ingraftia (Jean-Philippe), célèbre médecin
du x v i e fiècle, fe dife de Palerme dans un endroit
de fes ouvrages , c’eft apparamment parce
qu’on lui avoit donné la bourgeoifie dans cette
v ille ; car il naquit réellement en i^ioàRochal-
buto, bourgarde de la vallée de Démona.
Il a découvert en anatomie l’étrier, (lapedem ,
petit os de l’oreille, & a décrit la ftruâtire de l’os
cribreux beaucoup mieux qu’on ne l’avoitfait avant
lui. 11 s’eft encore acquis de la réputation par divers
ouvrages , entr’autres par fon commentarium in
Galeni librum de ofjîbus , qui vit le jour après fa
mort, Panormi, 1603 , & Venetiis, 1604, in-fol.
Il a aulïï publié pendant fa vie un livre de tu-
moribuspreetcr naturam, tome I , Neapoli, 1553 >
foL II promettoit dans ce volume fix autres tomes
fur cette matière, mais qui n’ont pas vu le jour.
Galien n’a diftingué que foixante-une efpèces de
tumeurs, & Ingraftia a prefque triplé ce nombre.
Il mourut fort regretté en 1580, âgé de 70 ans.
On peut consulter fur Palerme, l’ouvrage de
Inveges (Auguftino), intulé Palermo antiquo ,facro
& no bile, in Palermo, 1649, 1650 & 16 5 1 ,3 vol.
in fol. complet, (i?.)
PALESTINE , Judée, T erre - Sa in t e , ou
P A Y S de C hana an , eft un pays d’Afie , aujourd’hui
fournis à la Porte Ottomane. Il eft fe c , dé-
fe r t, entièrement dépeuplé, & d’ailleurs couvert
par-tout de rochers arides; fans doute qu’il étoit
auifi cultivé qu’il peut l’être, quand les Juifs le
poffédoient. Ils avoient des palmiers, des oliviers ,
des ruches à miel; ils avoient porté de la terre
fur les rochers pour y planter des vignes, qui
donnoient de bon vin ; cette terre liée avec des
éclats de rocher, étoit foutenue par de petits murs.
Cependant malgré tous les efforts des anciens Juifs,
la Paleftine n’eut jamais de quoi nourrir fes habitans
; de-là vint qu’ils fe répandoient par tout, &
alors, comme de nos jours, ils alloient faire le
métier de courtiers en Afie & en Afrique; à peine
Alexandrie fut bâtie qu’ils y étoient établis. Il y
en avoit huit mille à Rome du tems d’Augufte,
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L’état aéluel de la Paleftine eft plus miférable
que jamais; on n’y voit que de petites bourgades,,
villages dépeuplés, & quelques vieux châteaux
délabrés. Le plat pays eft la proie des Arabes
, qui le courent de toutes parts ; & comme il
n’eft cultivé & femé qu’en peu de lieux, ils attaquent
le voyageur & les étrangers pour en tirer
quelque ckofe. Les garnifons turques font trop
foibles & trop écartées les unes des autres pour
réprimer ces brigandages.
Le peu de chrétiens qui fe trouvent en Paleftine
, font ramaffés dans les vallées du Liban, fous
leurs évêques maronites. Ils dépendent pour le
temporel d’un feigneur arabe., qui fe dit émir de
Tripoli, 8c qui eft tributaire du Turc. L’anti-Liban
eft habité par les Drufes , gens qui ont une religion
différente des Chrétiens, des Turcs, & de
tous les“ autres peuples de la terre.
Toute la Paleftine peut avoir 70 lieues d’étendue
du midi au nord , fous les trois degrés parallèles
3 1 , 32 & 33. Sa largeur peut être de 30
lieues.
Les pèlerins la divifent en trois provinces ; la
Judée proprement dite, la Samarie & la Galilée,
gouvernées chacune par un émir , fous le bon plai-
fir du grand-feigneur, qui, outre cet émir, y entretient
deux fangiacs fubordonnés au bacha de
Damas.
Ces trois émirs font l’émir de Seide , l’émir de
Cæfair & l’émir de Gaza ^ les deux fangiacs prennent
les noms de leur réfidence, Jérufalem & Na-
ploufe. Au-delà du Jourdain eft ce qu’on appelle
le royaume des Arabes. Ce royaume confifte en des
déferts immenfes , dont le roi eft un fouverain
indépendant, qui ne reconnoît point l’autorité de
la Porte.
Suivant le père Nau, la Paleftine comprend aujourd’hui
le pays de Gaza; le pays d’Elkahille, ou
d’Hébron ; le pays d’Elkolds, ou de Jérufalem ;
le pays de Naplos, ou Naploufe ; le pays de
Harélé ; le pays de Jouret-Cafre-Kanna, ou de
Nazareth ; le pays de Sapheth, & enfin le pays
au - deffus du Jourdain , où il eft dangereux de
voyager, à caufe des Arabes qui l’occupent. Il
ajoute que ces divers pays forment autant de gou-
vernemens , dont cependant le nombre n’eft point
fixe, parce que le grand-feigneur partage quelquefois
un gouvernement en deux, & quelquefois
il en unit deux en un.
I l faut bien fe défier de la defcription des lieux
que l’écriture - fainte a rendus mémorables. On
nous en a donné des defcriptions circonftanciées
très-fufpeéfes. Que ne prétend-011 point faire voir
à ceux qui entreprennent le voyage de la Paleftine,
& que ne leur produit-on point pour les
dédommager de leurs fatigues ? On leur montre
d’imagination le lieu ou Saint Epiphane, né en
Paleftine vers l’an 320, fonda lui-même un mo-
naftère. Ce père de Téglife mourut en 403 , âgé
de plus de 80 ans. La meilleure édition de fes