
86 I S L .grandeur peut être de huit lieues eft & oueft ; elle
forme l’embouchure du détroit de Hudfon avec
les îles Boutonnes. Les côtes de cette î l e , ainfi
que. celles de tout le détroit, fbnt à pic & d’une
élévation prodigieufe.
Isle Royale , ou de Cap-Breton ; c’eft une
île de l’Amérique feptentrionale que l’Angleterre
poffède à l’entrée du golfe de Saint-Laurent ,3 1 5
lieues de Terre-Neuve, & féparée de l’Acadie par
un détroit d’une lieue de large ; elle reffemble à
un fer à cheval écrafé , & peut avoir quatre-vingts
lieues de tour. Son terroir eft par-tout entrecoupé
de lacs ; on y trouve plufieurs bons pons. Elle efl
d’un grand avantage à caufe de la pêche de la
morue qui fe fait fur fes côtes. Louisbourg, petite
ville bâtie fur une langue de terre qui forme un
bon port fortifié, en eft la capitale.
Les François, qui en prirent poffeffion en 1713 ,
changèrent fon nom en celui d’île Royale. La
terre ne s’y- refufe point à la culture, mais les
grains que l’on a tenté d’y femer, n’ont pu le
plus fouvent y parvenir à maturité, & ils y ont
même dégénéré. Les pâturages d’ailleurs y font
rares, & la pêche eft la principale reffôurce dç fç$
babitans.
Cette île , enlevée aux François par les Anglois,
leur fut reftituée à la paix d’Aix-la-Chapelle. Mais
les Anglois l’attaquèrent de nouveau pn 1758 j &
s’en étant rendu maîtres, cette pqffeflson leur eft
demeurée. (TL)
ISLEBEN , ou plutôt Eislej3EN ( car on ne fe
laffe point de défigurer tous les noms), petite ville
d’A llemagne, dansle cercle de la haute-Saxe, au
comté de Mansfeld. Long. 29 , 28 lat. 5 1 , 45. :
Elle fe divife en vieille ville 8c en ville neuve : j
ç’eft la capitale du comté, le fiège de l ’intendance
de Saxe, & celui de la juftice des mines. La ré-s
gençe & le çonfiftoire des comtes de Mansfeld
y font établis ; l’un 8c l’autre font fournis à la
îiipériorité territoriale des prinçes de Magde-
bourg & de l’éleâçur de Saxe. On y voit un
château ruiné, trois églifes paroifTiaJes , une école
latine, & environ fept cents maifens. Elle eft très-
peu peuplée. La ville neuve forme une paroiffe
d’environ trois cents feux, parmi lefquels on compte
environ deux cents cinquante brafferies, qui, jointes
à cinq cents cinquante dans la vieille ville , montrent
combien les habitans s’occupent de l’art de
b rafler la bière- Outre cette branche de commerce ,
ils fe livrent auffi à l’agriculture, & les terres des
environs font d’une extrême fertilité. Les incendiés
pnt défolé plufieurs fois cette malheureufe ville,
§c l’on y voit encore aujourd’hui un grand nom?
bre de maifons ruinées.
Eifleben n’eft recommandable que pour avoir été
Je lieu de la naiffance & de la mort de Luther. Je
pe dirai rien de fa vie ; M. Boflùet, entre les ca?
tholiques, Seckendorf, Jean Muller, Chriftian
Jpncher & B ay le , entre les réformés, en inftrui-
popt çomplettement.
I S L Mais M. de Voltaire va peindre ÿ ou plutôt*
je vais donner l’efquiffe du tableau qu’il a fait de
cette grande révolution dans l’efprit & dans le fyf-
tême politique de l’Europe.
« A-peine eut-il pris 1 habit de fon ordre (Luther)
» a l’âge de vingt - deux ans , que fes fupérieurs
” . chargèrent de prêcher contre la marchandée
» qu’ils n’avoient pu vendre. La querelle ne fut
» d’abord qu’entre les Auguftins & les Domini-
» cains. On ne prévoyoit pas qu’elleJroit jufqu’à
” détruire la religion romaine dans la moitié de
« l’Europe.
»> Luther, après avoir décrié les indulgences
” examina le pouvoir de celui qui les donnoit aux
» chrétiens. Un coin du voile fut levé. Les peuples
” pbïs éclairés , voulurent juger ce qu’ils avoient
” adoré ; ils requirent une réforme qui n’étoit pas
” poflîble ; ils fe féparèrent de l’églife. Pour par-
» venir a cette fciflion , il ne falloit qu’un prince
” qui la fécondât. Le vieux Frédéric, éleâeur de
” Saxe, furnommé le fage , celui-là même qui, à
n la mort de Maximilien, eut le courage de re-
» fufer l’empire, protégea Luther ouvertement.
» Cette Téyolution dans l’églife eut un çours fem-
» blable à celles par qui les peuples ont détrôné
» leurs fouverains. On préfenta des requêtes, &£$
” expofa des griefs, on finit par renverfer le trône*
” Il n’y avoit poin^ encore néanmoins de fépara-
” tion marquée , en fe moquant des indulgences,
# en demandant à communier avec du pain & du
V y 1" > çn parlant intelligiblement fur la juftifica-
” tion fur Iç libre arbitre, en voulant abolir
» le monachifme , en offrant de prouver que
” l’écriture fainte ne dit pas un mot du purga-
» toire, &c.
” Léon X , qui dans le fond méprifoit ces chofes,
f§ fut obligé, comme chef de l’églife , d’anathéma-
» tifer & Luther & fes propofitions. Luther ana-
” thématifé ne garda plus de mefiîre a il compofa
y fon livre de la captivité de Babylone ; il exhorta
v les prinçes à fecouer le joug de Rome. On brûla
” fes livres, & Léon X fulmina une nouvelle
y bulle contre lui. Luther fit brûler la bulle du
y pape & les décrétales .dans la place publique de
v Wirtemberg. On voit par ce trait fi c’étoit un *
y homme hardi ; mais on voit auffi qu’il étoit déjà
y bien puiffant. Dès-lors une partie de l’Allemagne
y fatiguée de la grandeur pontificale , embraffoit
y les intérêts du réformateur, fans trop examiner
y les queftions de l’école, qui fe multiplioient tous
y lés jours.
y Les thèfes les plus vaines fe mêloient avec les
y plus profondes, tandis que les. fauffes imputa-*
y fions, les injures atroces, les^ anathèmes nour-
» riffoient l’animofité des deux partis. Les groffiè^'
y retés du moine auguftin , aujourd’hui fi dégoû-
y tantes, ne révoltoient point des efprits affez
y groffiers ; & Luther, avec le ridicule d’un ftylq
y bas, triomphoit dans, fon pays de toute la poli-
» teffe romaine.
ï s L y Le théâtre de cette guerre dé plume étoit chez
» les Allemands & chez les Suiffes, qu’on ne re-
» gardoit pas alors pour les hommes de la terre
y les plus déliés, & qui paflent pour circonf-
» pefts. La cour de Rome, favante 8c polie, ne
y s’attendoit point que ceux qu’elle traitoit de bar-
» bares, pourroient, la bible comme le fer a la
y main, lui ravir la moitié de l’Europe, & ébran-
y 1er l’autre. , :
y Cependant Luther ayant pour ennemis fon em-
» pereur, le roi d'Angleterre, le pape, tous les
y évêques & tous les religieux, ne s’en étonna pas.
y Caché dans une fortereffe de Saxe, il brava
» l’empereur, irrita la moitié de l’Allemagne contre
y le fouverain pontife, répondit au roi d’Angle-
y terre comme à fon égal, polh, fortifia, étendit fon
y églife rtaiffante, & mourut le 18 février 1546,3
y 63 ans, 3 mois, 8 jours, regardé par fon parti
y comme un illuftre réformateur de l’églife, 8c par
y les catholiques-romains comme un infigne héré-
y fiarque y.
Les favans préfèrent les éditions qu’il a données
lui-même de fes oeuvres, depuis 1 0 7 jufqu’à
fa mort, à toutes les éditions pofterieures.
(M. D. M.)
ISLES BON AVENTURES (les ) , îles de l’A mérique
feptentrionale, dans le détroit d’Hudfon,
auprès des côtes, du nord , à 63 d. 6' par eftime ,
43 d. de variation nord-eft , à 50 ou 56 lieues de
la petite île de Salisbury. On les trouve à l’entrée
d’un grand enfoncement, dont on ne voit pas le
bout.
Isles Brûlantes ( le s ) ; c’eft un nom commun
à toutes les îles qui ont des volcans ; il y en
a plufieurs dans le monde, fur-tout vers les côtes
de la Nouvelle-Guinée. (J?.)
Isles du Cap-Verd ( lés ) , îles de l’Océan
'Atlantique , fur la côte occidentale. d’A frique, à
l ’oueft du cap dofat elles prennent le nom. Les
géographes ^en comptent dix, dont la plus grande
eft Saint-Iago; ce font vraifemblablement les Gor-
gades de Pline : la connoiffance s’ en étoit perdue
avec le tems; mais l’an 1449, Antoine No li, G é nois
, au fervice du roi de Portugal, les retrouva ;
©n les découvrit au profit de cette couronne, qui
les a confervées. Les Portugais y tiennent un vice-
roi, qui fait fa réfidence àSaint-Yago. Long. 352-
355 ; lat. 14— 30 jufqu’aü 18e degré, félon la
carte de la Barbarie, Nigritie & Guinée , par M.
de Lille.
Sant’Y ago, où Saint-Jacques , eft la capitale des
îles du Cap-Verd, ainfi appelées, parce qu’elles
font vis-à-vis du Cap-Verd qui tire fon nom de la
verdure perpétuelle dont il eft couvert. J-.es Portugais
les nomment les îles Pertes, foit par abréviation
, foit à caufe de l’herbe verte dont les eaux de
la mer qui les environne font couvertes. Cette
herbe, que l’on appelle far gaffe, reffemble au cref-
fon d’eau, & fon fruit à la grofeille. Ce qui eft
bien à remarquer, c’eft que cette partie de la mer
I S L 87
eft à plus de 150 lieues des côtes d’Xfrique, &
que l’on n’en trouve pas le fond.
Voici le nom & la fituation de ces îles : celles
de Sal ou de S e l, Bonavifta ou Bonnevifte, de
Mayo ou de M a y , font à Yejl, du nord au fud :
San-Iago ou Yago , Fuego ou Fogo & Brava , au
fu d , de l’eft - à l’oueft : Saint-Nicolas, Saint-Vin-*
cent, Sainte-Lucie & Saint-Antoine , au nord-ouejl
fur la même ligne, du fud-eft au nord-oueft. La
fituation de ces îles eft très-favorable aux vaiffeaux
qui s’y rafraîchiffent en allant en Guinée ou aux
Indes orientales.
L’air y eft chaud & mal-fain. Le terroir de plufieurs
de cés îles eft pierreux & ftérile, fur-tout
celui de Sal, de Bonavifta & de Mayo. Les autres
donnent du riz, du maïs, des bananes, des limons,
des citrons , des oranges , des grenades , des noix
de coco , des figues , du coton, 8c des cannes à
fucre. Les lapins y font dans la plus grande abondance,
ainfi que les tortues. (Æ.)
Isles Flotantes. Leshiftoires de toupies tems
font pleines de relations d’îles flotantes. Les anciens
l’ont avancé de D é lo s , de Thérafie & des
Calamines. Pline , liv. I I I , chap. x x v , fait mention
d’une île qui nageoit fur le lac de Cutilie, & qui
avoit été découverte par un oracle. Elle fe fou-
tient, affure-t-il, fur l’eau , & eft non-feulement
portée de côté 8c d’autre par les vents, mais même
par de Amples zéphirs, lans être fixe ni jour ni
nuit. Théophrafte & Pomponius Mêla nous parlent
auffi d’iles flotantes en Lydie, fi mouvantes , que
la moindre caufe les agitoit, les chaffoit, les éloi-
gnoit & les rapprochoit. Séneque n’eft pas moins
pofitif fur les îles flotantes d’Italie. Plufieurs de
nos modernes parlent auffi d’îles flotantes en divers
pays du monde.
Je ne dirai point que tous les faits qu’on
cite font également fabuleux & dénués de tout
fondement ; j’oferai dire néanmoins que la plus
grande partie font entièrement faux, ou fingulié-
rement exagérés. Laiffons donc Callimaque comparer
l’île de Délos à une fleur que les vents ont
portée fur les ondes. Laiffons dire à Virgile que'
cette île a été long-tems errante au gré des vents *
tantôt cachée & enfevelie fous les eaux, tantôt par
une révolution contraire, s’élevant au-deffiis de
ces mêmes eaux ; qu’enfin Jupiter la rendit également
immobile & habitable en faveur de Latone,
fans permettre qu’elle fut davantage foumile à fes
anciens changemens.
Immotamque coli dédit, & comtemnere ventos.
Toutes ces peintures font fort jolies dans la fable
8c dans les poètes ; mais la phyfique n’époufe point
facilement de pareilles merveilles.
En effet , tout ce qu’elle voit fous le nom.
d’îles flotantes , n’eft autre chofe que des concrétions
de portions de terre fpongieufe, légère, ful-
phureufe , qui furnagent ou feules, ou entremêlées
d’herbes, de racines de plantes , jufqu’à ce que les