
près la même qu’à la Chine. Elle confifte en caractères
fignificatifs > & les idées font attachées aux
figures , ce qui doit multiplier ces caraélères à
l’infini. 1
Les Japonois font doués d’une belle imagina-
nation , & d’une grande pénétration à connaître le
coeur humain. Us font éloquens , pathétiques &
poffèdent à une degré étonnant l’art de remuer
les pallions. Leur poéfie a des grâces fmgulières.
Leur principal talent eft pôur les pièces de théâtre.
Elles font diftribuées comme les nôtres en aéles &
en fcènes. Ces pièces roulent ordinairement fur des
fujets héroïques, & leurs fpe61acl.es publics font com-
pofés d’un grand nombre de pièces , dont les fujets
l'ont pris dans les faftes de l’hiftoire & les moeurs de
leur nation. Outre ces pièces férieufes , ils ont auflï
des drames où ils peignent les aventures amoureu-
fes , les ridicules, tout ce qui peut appartenir au
genre de la comédie. Leurs prêtres afliftenr, comme
à Rome , à ces fpeélacles, & les comédiens n’y
font pas excommuniés comme en France.
Leurs peintres excellent fur-tout à repréfenter
des oifeaux , des fleurs & d’autres produéfions de
la nature. Leur mufique efl mauvaife , & ni leurs
voix , ni leurs inflrumens ne méritent aucune at*
tentions Ils compofent beaucoup de livres fur les
différentes fciences , excepté cependant fur la ju-
rifprudence , parce que la légiflation efl toute entière
dans lç fabre du tyran.
Ils font peu verfés dans les mathématiques, j
dans la phÿfique & l’aftronomie.JLes faftes de l’empire
fonç compofés dans la cour du Dairi.' C ’eft
l ’occupation des princes & princefles du fang impérial.
On en tire des çopies qui ne s’impriment
qu’après un certain tems, & qui fe gardent foi-
gneufement dans le palais, La médecine efl: plus
en honneur au Japon que la chirurgie ; mais ces
médecins embraffent toutes les parties de l’art qui regardent
la fanté & la vie des hommes. Ils excellent,
Comme les Chinois, dans la fçience du pouls, &.
connoiffent par-là tous les fymptômes & toutes les
cailles du mal.
L’honneur efl le principe de toutes les affeéfions
des Japonois ; dç - là naiffent la plupart de leurs
vertus & de leurs défauts-, Ils font droits , fincè-
res , bons amis, fidèles jufqifaii prodige ? officieux
-, généreux , prévenais, quffi (Jefintéreffés
pour les riçheffes qpe pour la v ie , fobres . d’un
courage qui étonne. Ç ’çft un phénomène qu’ung
pareille nation ait pu çonferver tant de qualités
fous la hache d’un defpote. Elle efl peut t être 1^
feule qui n’ait été ni avilie, ni dégradée par la -
tyrannie ; il nç lui manqueroit que d’avpir dès lois
& un gouvernement pour être un des premiers peuplés
du monde. jCette même nation efl remuante,
vindicative à l’excès, défiante , ombrageyfe, féroce
même fk diflolue : il femble que fes vertii$
foîent à e lle, due ces vices qu’on lui reproche,
elle les tienne de fes tyrans. Les feigneurs, les
perçs & les iparis prit drçit 4e Vie & de mort fur
leurs vaffaux, leurs femmes & leurs enfans; maïs
il n’en efl pas de même pour leurs domeftiques.
Le Japonois s’eftime infiniment, & fon mépris efl
extreme pour les étrangers, non-feulement par l’idée
qu il a de fa nation, mais parce qu’il n’a befoin
de perfonne, qu’il ne craint rien, pas même» la
mort. Le cérémonial de leurs feflins ne finit pas,
& les cérémonies font auffi multipliées que la chère
efl mauvaife. Les maifons des particuliers dans les
villes ne doivent pas avoir plus de fix toifes de
hauteur ; cette loi qui paroit bizarre , a été établie
par la crainte des tremblemens de terre, Prefque
toutes les maifons font bâties de bois, mais elles
font très-commodes, très-ornées , & décorées de
ces fuperbes porcelaines fi fupérieures à celles de
la Çhine, de ces cabinets, de ces coffres fi renommes
, ouvrages furprenans de l’induftrie japon-
noife. Quant à leur marine militaire & marchande,
elle reflemble à celle des Chinois-, & n’eft pas même
digne d’être comparée un momerit à ce qu’étoit
la marine d’Europe il y a trois à quatre fiècles. Les
temples, & les chapelles chez ces peuples religieux
font prefque en auffi grand nombre dans les villes
que les maifons. Les empereurs & les princes fe
difputçnt la gloire d’en bâtir, & leur magnificence
etpnne. Il n’eft pas rare d’y voir quatre-vingt ou
cçnt colonnes de cèdre d’une pro.digie.ufe hauteur,
& des ftatiies coloflales de bronze, {Ma s s o n d e .
MORVllLIERS.y
JAQ U IN , comptoir fameux fur le bord de la
mer , au royaume de Juda en Afrique. Les François,
Anglois, Portugais, & Hollandois y avoient
des factoreries pour la traite des nègres , mais ce
comptoir a été détruit depuis les ravages, de Da~
homet, Foyci Ju p a .
JARANNA, forte reffe de l’empire ruflien, dans
la province de Daurie, habitée par les Tongufes ,
nation tartare. C ’eft près de cet endroit qu’on prend
les plus belles zibelines.
JARD ( l e ) , abbaye de France, dioçèfe de
Sens, à une lieue nord de Melun, ordre de Saint-?
Auguflin.
Jard ( Sainte-Radégonde de), village, avçcuit
petit port eu Poitou , éleéfion & à a lieues f. e. des.
Sables-d'Olonne. Voye£ Lieu-Dieu.
JARDIN-DE LA REINE ( le ) : on donne c e
pom à plufieurs petites îles agréables qui font à la
cote méridionale de Cuba.
Jardin - de Panama ( le ) : ce font de petites
îles prochç de la yillg de Panama, où les plus riches
habitons ont leurs maifons de plaifançç. (Æ.)
JARENSK , .ville de la Ruflie européenne, dans
le gouvernement d’A rçhangel, fur la rivière de
Wytfchega j c’eft jç chgf-lieq d’un grapd diftriét
affez mal peuplé.
LAREZ ( l e ) , petit pays de France dans le
Lyonnpis, aux confins forez. Il n’y a aucune
place confidérable.
JARGEAU, ou pERGEAU, Gargolium , fur go- .
liiim , 'ancienne petite ville de l’Orlçançis, Rjj
Loire, à quatre lieues d’Orléans , connue,des le
IXe flècle , foiis Charies-le-Chaiive , fous lé, nom
de Gergofilüm. L’évêqtie d’Orléans en efl Seigneur.
Charles VII y tint les grands jours en mai 1430,
& Louis X î y maria fa Allé, Anne de France,
avec Pierre de Bourbon , comte de Beaujeu,. en
1473.Il y a une collégiale fous le nom ue Saint
Ümin.
.Cette ville fut furprife par les Anglois lorfqu’ils
affiegèrent Orléans en 1428 ; mais elle fut reprife
en 1429, par Jean, duc d’Alençon, & la Pucelle
d’Orléans.:,
C ’eft la patrie des trois freres Gaignieres qui,
quoique de baffe naiflance, s’élevèrent par leur
mérite dans le dernier fièclc , aux premiers honneurs
de la guerre : elle eft à 4 li. fie. d’Orléans,
28 f. o. dé Paris. Long. 19 , 43 3 lat. 4 7 , 30.
JARLSBERG, corrité de Norwège, dans la
préfeélure de Chrifliania : il efl de vingt-cinq pa-
roiffes , & renferme la ville de Tonsberg. L’on y
découvrit, en 1729 , une bonne mine d’argent,
l’on y a d’ailleurs pour reflources la pêche & l’agriculture
: c’eft un des cantons du royaume le
moins ftérile en grains. La famille de "Wedel en
eft en poffeffion.
JARN A C , bourg de France dans l’Angoumois,
fur la Charente, à 2 li. de Cognac, 6 n. o. d’Ari-
gôulême, 100 f. o. de Paris. Long. 1 7 ,. 22 3 lat.
45 j 4°* < ^
C ’eft à la bataille donnée fous les mtirs de ce
lieu en 1369, que le prince de Condé fut tué à la
fleur de fon âge & traîtreulement, par Montef-
quioü , capitaine des gardes du duc d’Anjou q u i,
fous le nom d’Henri I I I , monta depuis fur le ’
trô.né ; ainfi périt ( non fans foupçon des ordres
fecrets de ee prince ) le frère du roi de Navarre,
père de Henri IV. Il réumflbit à fa grande naiflance
toutes les qualités du héros & les yertus du fage :
fa vie n’offre qu’un mélange d’événemens fingu-
liers ; la fadtion des Lorrains l’ayant fait condamner
injuftement à perdre la tête, il ne dut fon
falut qu’au décès de François I I , qui arriva dans
cètte conjonéhire : il fut enluite fait prifonnier à la
bataille de Dreux en changeant de cheval, & conduit
au duc de Guife fon ennemi mortel, mais qui
le reçut avec les maniérés & les procédés les plus
propres à adoucir fon infortune ; ils mangèrent le
loir à la même table, & comme il ne fe trouva
qu’un li t , les bagages ayant été perdus ou difper-
fés , ils couchèrent enfemble, ce qui eft , je penfe,
un fait unique dans l’hiftoire.AHenri de Bourbon
mort empoifonné à Saint-Jean-d’Angély, rie dégénéra
point du mérite de fon iliuftre père ; les malheurs
qu’ils éprouvèrent l ’un & l’autre dans l’efpace
d une courte vie , & qui finirent par une mort prématurée
, arrachent les larmes de ceux qui en li-
fent le récit dans M. de Thou , parce qu’on s’inté-
reffe aux gens vertueux, & qu’on voudroit les voir
triompher de l’injuftice du fort, & d e s entreprifes
odieufes des méchans.
JARNAC-CHAMPAGNE , Bourg de France,
dans l’éleélion & à 5 li. f. e. de Saintes.
JARNAGE, petite ville de France dans la haute
; marche., élection & à 2 li. e. de Gueret. Il y a une
juftice royalé.
J-AROMITZ, petite ville de Bohême fur l’Elbe,
à 11 lieues f. 9, de Glatz , 23 n. e. de Prague. Long.
33/55 » Ut. , ,i 8:
JARON. Voÿe^.GEARON.
JAROSCHOW., petite ville de Pologne, dans
le palatinat de Podolie. {R.')
JAROSLAW, eu Jaroslow, ville de Pologne
au Palatinat de Ruflie', avec une bonne cita-
tadelle ; elle eft remarquable par fa foire , fes beaux
édifices, & par la bataille que les Suédois gagnèrent
fous fes murs en 1656. Elle eft fur la Sane,
à 28 li. n. o. de Lemberç', 50 f. e. de Cracovie.
Cette ville appartient ,à Fempereur depuis le démembrement
de la Pologne en 1773. Long. 40,
38 \ lat: 49, 38.'
JARO SLAWE TZ - M A LO I, ville de Ruflie,
dans le gouvernement de Mofcovie , fur la rivière
de Lufcha, qui fe jète dans la Protwa. Son territoire
eft fertile, & contient beaucoup de mines
de fer.
JARO SL AW L , grande ville de Ruflie, dans
le gouvernement de Mofcow, à l’embouchure de
la Wedâ dans le Y/olga. C ’eft la capitale d’une .
province' qui' a eu jadis fes ducs particuliers, &
qui comprend encore ..les villes de Ronianow &
de Lucli, & c’eft une des villes les plus commerçantes
.de l’empire. Elle a cinq fauxbourgs,
*& eft divifée en quarante paroifles, renferme
quàire-vingt-quatre églifes , trois CQuvens,. dix-
huit maifons remarquables, le tout conftruit en
pierres , outre fix mille maifons bâties de bols , &
au-delà de vingt mille habitans. En 17 5 9 , on J
comptoitplus de cinquante manùfaélures. U y a
d’immenfes magafins de draps, de toiles & de
cuirs fabriqués dans fes murs & à la ronde. On y
livre, on y débite & l’on y expédie les marchan-
difes avec un ordre admirable ; & celles que l’on
y tire de l ’étranger y font de même reçues » tenues
& expofées en vente avec tout le foin pof-
fible. Le négoce y trouve, dit-on, en un mot,
plus de ' facilités que par-tout ailleurs en Ruflie.
C ’eft dans cette ville que le duc de Courlande,
mort fi y a quelques années, paffa l’exil que l’impératrice
Elifabeth lui fit fubir.
JAROSLOW. Voye% Jaroslav.
JARRETTA ( l a ) , rivière de Sicile, dans la
vallée de Noto. Elle eft formée par diverfes petites
rivières qui fe réuniffent dans un même li t , &
elle va fe perdre dans le golfe de Catane.
JARRIE ( l a ) , bourg du Dauphiné, à a 1. f.
de Grenoble.
JASEN1T Z , petite ville de la Poméranie cité—
rieure , au duché de Stetin, fur la rive gauche
de l’O der, affez près de fon embouchure. Elle appartient
au roi de Pruffe, (R.)