
6o I M I il fe nommé le roi des rois. Le roi dTimrétte a été
affranchi de ce honteux tribut par le traité de 1774,
entre la 'Ruffie & la Porte.
La Turquie ne s’eft point fouciée de s’emparer
de tous ces pays limitrophes, où il eft impofli-
Jrie d’obferver le Mahometifme, parce qu’ils n’ont
rien de meilleur que le vin 8c le cochon , défendus
par la loi mahométane, outre que le peuple
y eft -épars, errant & vagabond ; de forte
que les Turcs fe font contentés de faire enforte
que toutes ces provinces leur ferviffent de pépinières
d’efclaves. On dit qu’ils en tirent fix ou
fept mille chaque année.
Des égards oc des obftacles à-peu-près fembla-
bîes , empêchent encore apparemment les Turcs
d’incorporer à leur empire les vaftes plaines de
Tartarie 8c de Scythie, 8c les pays immenfes du
mont Caucafe. C ’eft une obfervation remarquable
que cet ancien ufage de tribut d’enfans pour
efclaves. La Colchide le payoit à la Perle dès les
premiers âges du monde : c’eft une autre chofe
bien fingulière, que dans tous les fiècles, ces régions
maritimes de la mer Noire , aient produit
de fi beau fang, 6c en fi grande quantité.
IMISIMÏS i ville ancienne d’Afrique , au
royaume de Maroc, 8c dans la province particulière
de Maroc. Elle eft bâtie fur la pente de
la montagne de Guidimiva ; elle ell très - peuplée.
IMMENSTÀDT, ville du Suabe, près de I’Iler,
dans le comté de Konigfeck , à 4 lieues f. de
Kempten.
IM O L À , Forum Cornelii, Forum S y lia , ville
d’Italie 8c de l’état de l’Eglife, dans laRomagne,
avec un évêché fuffragant de Ravenne. Cette ville
ell bien ancienne. Cicéron en parle dans une de
fes lettres , liv. X I I , èpijl. 5. Prudence nous dit
qu’elle avoit été fondée par Sylla.
Vers la décadence de l’empire , on y bâtit une
citadelle nommée Imola , nom qui ell relié à cette
ville. Elle fut ruinée par Narsès, 8c réparée par
Ivon II, roi des Lombards; enfuite les Bolonois,
les Manfrédi, Galéas Sforce en devinrent les maîtres
; enfin Céfar-Borgia la prit, 8c la fournit au
Saint-Siège, qui en ell demeuré poffeffeur. Elle
eft fur le Sànterno, à 3 lieues n. o. de Faenza,
8 f. e. de Bologne , 9 f. o. de Ravenne , 18
ri. e. de Florence, 65 n. de Rome. Long: 29, 18 ;
îat. 4 4 , 22. Ses fortifications à l’antique font affez
bien confervées. Elle a douze paroiffes, 8c plufieurs
couvens.
Imola a produit quelques gens de mérite.
Flâminio ( Marc - Antoine ) fut le premier de
fon pays, dit M. de Thou , qui exprima affez heu-
reufement en vers latins la majefté des pfeaumes
de Da vid , 8c il invita par fon exemple, François
Spinola à prétendre à la même gloire. Il
mourut jeune, dans la bienveillance du cardinal
de Farnèfe 8c du cardinal Polus, en i f f o .
.Tartagni ( Alexandre ) , étoit un des habiles i
I MP jurifconfultes de fon fiècle. On le nommoit aloré
en. Italie le monarque du droit i fes confeils , fes
traités fur les clémentines, fur le texte des décrétales
, 8c fes autres ouvrages qu’on ne lit plus
aujourd’hui, ont été fouvent imprimés, comme
à Venife en 15 7 1 , à Francfort en 157 5, à Lyon
en 1585, 8cc. Il mourut à Bologne, en 1487,
âgé de cinquante-trois ans.
| Valfalva ( Antoine - Marie ) , mort en 1713 à
cinquante-fepjt ans, fut difciple de Malpighi, &
s eft diftingué par fon excellent traité de aurc
humanâ, dont la meilleure édition eft Bononia ,
1704, i/z-40. avec fig. (R.)
IMPÉRIALES ( Villes). On appelle ainfi les
villes qui font gouvernées par leurs propres ma-
giftrats qui relèvent immédiatement de l’empire , 8c
qui forment comme autant de républiques. Toutes-
enfemble n’ont que deux voix à la diète. On ne-
compte plus aujourd’hui que quarante-neuf villes1
impériales , diviiées en deux bancs, qui font ceux
du Rhin 8c de Suabe.
Les villes du banc du Rhin , au nombre de-
treize , font Cologne , Aix-la-Chapelle , Lubeck
Worms, Spire, Francfort fur le Mein , Goflar*
Mulhaufen, Nordhaufen, "Wetzîar, Gelnhaufen^
Dortmund 8c Friedberg.
Celles du banc de Suabe, an nombre de trente-;
fix ; font Ratisbonae, Augsbourg , Nuremberg ,
Ulm , Memmingen , Kâufbeuren , Eflingen r
Reutlingen, Nordlingen , Dunckelfpihel, Bibe—
rach, Aalen , Bopfingen , Gihengen , Roten-
bourg , Halle, Rotweil , Uberlingen, Pfullen-
dorf, W e il, Hailbron , Buchorn", Wangeri, Ge-
minde , Litidau , Ravensbourg , Winsheim ,
Wimpfen , Offembourg , Z e ll, Buchaii , Leut-
kirck, Schweinfurt, Kempten, Weiffembourg 8c
Gengenbach.
Il y a eu plufieurs autres villes impériales qui
ont été démembrées , foit par ceflion , foit par
aliénation des empereurs ; il y en avoit huit ou-
dix dans l’Alface feule, Strasbourg, Haguenau
Colmar, Scheleftat, Landau , Keitersberg , Rof-
heim, Turcheim, 8cc. conquifes par Louis XIV*
8c fur îefquelles l’Empire a cédé fon droit de
fouveraineré à la France.
Les villes impériales fubfiftantes, font le troi-
fième collège de la diète ; mais ce collège des
villes n’eft prefque plus aux diètes que le témoin
de ce qui fe paffe entre les deux autres collèges,
celui des éleéteurs 8c celui des princes. Il eft vrai
que le collège des villes a droit de connoître de
toutes les affaires qui concernent l’empire; mais
ce droit ne confifte guère à confulter, il confifte
feulement à conclure au point que fes réfolutions
n’ont aucune force, fi elles font différentes de
celles des deux autres collèges que je viens de
nommer. Le direffoire de celui-ci eft tenu d’ordinaire
par le magiftrat de la ville impériale où
la diète eft convoquée ; 8c fi c’eft dans une ville
qui ne foit pas impériale, la première ville de
I M £
Chaque banè" le fait exercer alternativement par
fon fyndic. (Ri) . ,
Impériale , ville de l’Amérique méridionale,
au C hili, à quatre lieues de la mer du Sud , au
bord de la rivière de Canten. Elle a été fondée
par le gouverneur Pierre Valdivia en *55*» a
lieues ae la Conception, où 1 évêque s eft retire
depuis la prife de la ville par les Indiens. Elle
eft dans un pays charmant, fur une roche efcar-
pée ; mais il lui manque un bon port, à caufe
des bancs de fable, qui y mettront toujours un
obftacle invincible. Long. 305 ; lat. mér. 38,40.
Cette ville a de riches mines d’or dans fon dif-
trift, 8c les campagnes des environs font fertiles
en bled, 8c en fruits. Le raifin blanc y réuflit
très-bien, 8c y eft excellent. Les pâturages font
très-vaftes, 8c très-gras. On peut y nourrir de
nombreux troupeaux. -
IMUNCINA (1’) , rivière de l’Amérique méridionale
, dans le Paraguai, aux confins du Brefil.
IN , ville de la Chine , quatrième métropole
de la province de Kian-gnan, au département de
Hoei-chen.
INACHO , rivière de Grèce , dans la baffe-
'Albanie. Elle a fa fource aux montagnes qui bornent
l’Alradine au nord.
INCASSAN, petite contrée d’Afrique, fur la
côte d’Or. Les Brandebourgeois y ont formé quelques
habitations, mais qui ne feront pas vraifem-
blablement de durée.
INCISA, petite ville d’Italie, au duché de Mon-
ferrat, dans le territoire d’A cq u i, fur la rivière
de Belbo.
IN D A L , rivière de Suède. Elle a fa fource dans
les montagnes de la Norwège, aux confins de ce
royaume, 8c fe perd après un long cours dans
le golfe de Bothnie.
INDE ( 1’ ). Les anciens donnèrent d’abord ce
nom au pays fitué fur le grand fleuve Indus, en
A fie , 8c c’eft la feule Inde des anciens proprement
dite. Il la divisèrent enfuite en Inde en-deçà
du Gange, India intrà Gangem , 8c en Inde au-
delà du Gange, India extra Gangem.
Je n’ai garde d’entrer dans le détail des peuples
8c des villes que Ptolomée 8c les autres géographes
mettent dans les Indes en- deçà 8c en-delà
du Gange. Ce feroit une chofe d’autant plus inutile ,
qu’ils n’en avoient qu’une idée très-confufe, 8c
que les cartes dreffées exactement d’après les polirions
de Ptolomée , nous montrent cette partie
du monde très-différemment de fon véritable état.
Cellarius a fait un abrégé du tou t, qu’on peut
confulter.
Cependant, il importe de remarquer ici que les
anciens ont quelquefois nommé Indiens s peuples
de l’Ethiopie; un feul vers le prouveroit:
Ultra Garamantas & Indos
Proferet imperium.
Ce vers eft de Virgile, en parlant d’Augufte«
I N D m qui, ayant effeéfivement conquis quelques villes
d’Ethiopie , obligea ces peuples à demander la
paix par des ambaffadeurs. De plus, Elien met
aufli des Indiens auprès des Garamantes, dans la
Libye ; 8c pour tout dire, l’Ethiopie eft nommée
Inde dans Procope.
Mais les Indiens dont parle Xénophon dans fa
Cyropédie, ne font point les peuples de l’Inde
proprement dite, qui habitoient entre l ’Indus 8c
le Gange, ni les Éthiopiens de V irgile , d’Elien
8c de Procope ; ce font encore d’autres nations
qu’il faut chercher ailleurs. M. Freret croit que
ce font les peuples de Colchos 8c de l’ibérie*
Foye{ fes raifons dans les Mém. des Belles-Lettres ,
tome VIII.
Pour les Indiens de Cornélius Népos jetés paï
la tempête fur lès côtes de Germanie, fi le fait
eft vrai, ce ne feront vraifemblablement que des«
Norwégiens ou des Lapons, qui navigeant ou
pêchant fur le golfe Bothnique, furent pouffés
par la tempête dans la mer Baltique, vers la côte
méridionale. Leur couleur étrangère , la fimplicitè
des Germains chez lefquels ils abordèrent, l’ignorance
où l’on étoit alors de la géographie du nord
8c du levant, purent les faire paffer pour Indiens*
On donnoit ce nom aux étrangers .venus des régions
inconnues, 8c même par le manque de
lumières, fur le rapport de l’Amérique avec les
Indes, ne lui a - t -o n pas donné le nom d’Indes
occidentales?
Ce ne fut que fous le régne d’Augufte que l’oni
pouffa la navigation vers le nord de la Germanie,
jufqn’à la Cherfonèfe cimbrique qui eft le Jut-
land. Ce fut aufli feulement fous cet empereur »
que la navigation d’Egypte aux Indes commença
à fe régler ; alors Gallus, gouverneur du pays ,•
fit partir pour les Indes une flotte marchande de
cent vingt navires, du port de la Souris, jtvos «pW ,
aujourd’hui Cafir, fur la mer Rouge. Les Romains
féduits par le profit immenfe qu’ils retiroient de
cë trafic, 8c par ces belles 8c riches marchandifes
qui leur revenoient pour leur argent, cultivèrent
avidement ce négoce, 8c s’y ruinèrent. Tous les
peuples qui ont négocié aux Indes, y ont toujours
apporté de l’or, 8c en ont rapporté des rnar-;
chandifes.
Quoiqu’on fâche aflez que ce commerce n’eft
pas nouveau, néanmoins c’eft un fujet fur lequel
M. Huet mérite d’être lu , parce qu’il l’a traité
favamment 8c méthodiquement, foit pour les teins
anciens, foit pour le moyen âge.
Darius 509 ans avant J. C. réduifit l’Inde fous
fa domination, en fit la douzième préfeélure de
fon empire, 8c y établit un tribut annuel de trois
cent foixante talens Euboïques ; ce qui, fuivant
la fupputation la plus modérée, montoit à environ
un million quatre-vingt-quinze mille livres
flerlings. Voilà.pourquoi Alexandre, vengeur de
la-Grèce , 8c vainqueur de Darius, pouffa fa conquête
jufqu’aux Indes, tributaires de fon ennemi.