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affeélees, pgü vrailemblablés, 8c fou vent hors '
d’oeuvre. Non-feulement il ôte à fes héros la ;
nobleffe de leur condition pour les faire badiner,
mais il ôte quelquefois aux femmes leur caractère
qui eft la pudeur & ‘la timidité. On trouve
encore que le poète parle - trop lur-méme en
propre perfonne par Voie de digreffion, 8c qu’ il
finit fes narrations fi bfufcfuemènt, qu’ à moins
d’une grande attention, on perd le fil de l’hif-
toîre. On juge bien que la critique judiciéufe-'
n’a jamais pu approuver uné penfëe : extravagante
de l ’Ariofte, qui dit 'd’ un de fes Héros ,
que dam la chaleur "du combat, ne s’étant pas
apperçu qu’on l’avoit tué , il combattit toujours
vaillamment, tout mort qu’ il-étoit.
I l poved huomo che nôn s’ en9 era accorto,
Andava combattendo , ed era mono.
Enfin, pour abréger, l’on ‘ répète affez communément
cet ancien bon mot, que le tombeau
de VAriofte eft dans le Taft'e.
Malgré toutes- ces critiques Muret & Paul
Jove onp penfé que le nom de l’Ariofte paf-
feroit à l’ immortalité , 8c l’àuteur de Roland
a eu ,. & a encore un grand nombre.de parti-
fans en Italie'! 'tels 'que MM. de la Grufca. ,
le Mazzoni , Simon Fornari , Paul Béni , 8c
8c Louis Dolce qui a entrepris fa 'deienfer
M. Scipion Maifei a beaucoup contribué à
fontenir les admirateurs dü poète de Reggio, ’
lorfqu’ il a dit dans fon difcbirrs : « le Oivin,
» Ariofte eft au-deflus de tous nos éloges par fon
» admirable poème. Sa rime eft fi riché qu’ elle
» ne paraît jàmais être venue après coup ; on
» diroit qu’élle eft née- ‘avec la penféé , &
» qu’elle n’en eft que l’ agrément-, fes negli-
» gènces font heureufes t fes? fautes même ont
» des grâces if n’éft pas donné à tout le '
» monde d’ en commettre de pareilles. »
Bref le génie de l’A riofte paroît femblahle
à cette terres fertiles qui proauifent des fleurs
8c des épines tout énfembfe:, & quoique préf-
que tous q?es morceaux de Ion poème foiènt
très-beaux, que fa verfification foit.aiféè, fa
d.ftion pure & élégante , 8c, fefe ;defcriptions
pleines d’agrémens, cependant j ’ouv rage entier
n’eft point le premier poëifiè Italien r cependant
comparé à celui du Tajfe Ü partage eiicbre
aujourd’hui une partie dés bëaux eiprits d’Ita-
lie. ' - : - ' ‘1f ['-.... ; ' -,, ’ •
I l s’èn eft fait nombre d’éditions , fbit fans
commentaires; , foit avec des .çomnientaires.
On eftime furtout celles' dé Venife en ,1562,
4n ï 568 & 1584 in-.ef - y r \ é. .
Le chevalier Jéaii Haringfon traduifit Roland
en vers fiéÿoïques . arfglbîà , & le dédia
à la reine Efi'fâbeth.'
©et ouyragè curieux , & heureufement1 yër-
& fié , patut à Londres en 1^34 j in fo l, avec
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une défenfe ingenieufe de l’Ariofte , 8c un
abrégé de la vie de ce poète , recueilli de-
divers auteurs italièns , 8c en particulier de
S'anfovind.
Gabriel Chappuys»Tourangeau mit au jour
à L y on , en 158a 8c 1583 in-8°. une traduc-■
tion françoile en profe de VOrlando ,* mais
cètte vérfion eft tombée dans un profond
oubli , furtout' depuis que M. Mirabaud de
l ’academie françoife a donné lui - même une
nouvelle traduction du , poème de l’Ariofte.
Il mourut à Ferrâre en 1534 âgé de 59 ans.
1 Pancirole (Gui) célébré jurifconfultè oc littérateur
, naquit en 2 523, à Reggio , profelfa
avec beaucoup d’honneur, d’abord-à Padoue ,
8c enfuite à Turin j mais ayant ' éprouvé que
■ l’air du Piémont, étoit fort contraire à fes
yeu x, il .revint a Padoue en 158a, 8c y paffa
le refte de fa vie dans fa première chaire avec
mille ducats d’appointement. Il mourut en
1599 ? après avoir mis au jour plufieurs ouvrages
, dont j’ indiquerai les principaux.
Le premier eft fes conjïlia, qui parurent à
Venîfe en 15.78 .,; in fo i,
a. Notitia dignitatum tùm Orientis, tùm Ceci--
demis ultrà rireadii Hono nique tèmpùra;
Venife 1593 & 1602 in-fol. Lyon r608 , &.:
Geneve 1623 in fo l. Le même ouvrage eft
inféré dans le fomeVIÏ des antiquités rom. dé:
Grævius: Les feavans ont donné de grands
: éloges au commentaire de Pancirole lur la
.notice des dignités; de l’empire. On y lit
avec plaifir ce qui concerne les légions de
;Rome 8c la magiftrature romaine -, mais 11
j s’y trouve plufieurs erreurs en Géographie.
; 3. De claris legum interpretibus , libri ÏV.
V e n i f e 1-6:35 & 1655 , m-40 Francfort ,1 7 2 .1 ,
2/2-4°. Cette dernieré édition fupérieüre aux
précédentes, a ‘été. donnée par M. Hofman qui
a'joint d’autres ouvrages fur le même.fujet.
' 4* Jdènim memorabilium, libri duo : quorum
pŸiçr de per dit arum , pofieriot noviter inventa-
ru ni y eft. Norimbergoe, 1599 , en a vol. in-8°.
Lipftæ, 1707, z/2-40. L’ouvrage avoit d’abord'
; été fa’t en italien. I l a été traduit en françoîs
par Pierre, de la Noue, fous ce titre : les anti-*
1 quiïés perdues , & les chofe? nouvellement
j inventées. Lyon,. 1608^ in 8°; (R.)
i Re g g io , «ou Reggio de Calabre , pour la
^ diftingiiër de Reggio de Lombardie-, v ille d’1-
■ ta lie , au royaume de Naples, dans la Cala-,
L bre .ultérieure, fur le phare de Melîine , à 6
, 1 ëties au fud-eft de Meffine , 80 fùd-eft de
■ Naples , 34 y füd-oueft de Cofenza. Cette ville
fihtiée à l’extrémité dé l’Apennin eft très-an-
: çîenne. ; '
Strabon 8c Efchile en déri vent lé nom dii mot
j grec pvyavcu., féparer ,1 àhacher ^ parce qu’on
\ croit qu’èn cet. endroit là Sicile a ete détâchée
8c arrachée de l’Italiè par des trémblemens de
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terré. La ville de Reggio , qui fe flotnitloit alors
Pdiapbia, fut elle-même prefque ruinée par de nouveaux
tremblemens de terre. Juies-Céfar la fit rer
bâtir, & la repeupla -, c’eft pour cela qu’elle fut
nommée Rheginm Julium. ÿoye% ce mot.
Regio , quoique fttuée.au bord de la mer n a
point de portes -, c’ eft. le fiége d’un archevêché, 8c
on y comptoit dix paroifTes , fept monaftères 8c deux collèges , avant le tremblement de
terre du 5 Février 178.3 > qui l ’a prefqué totalement
anéantie. Il y avoit une fabrique dont
la matière première étoit une laine , ( Lana
fucçida) provenant des pinnes marines' , efpèce
de moules longues. Le fil, la foie , laine ou.poil
extrêmement fin de differentes longueurs qui
croit fur leurs écailles , étoit employé à faire des
camifoies , des bas, des gants , &c. d’une lèr
gereté admirable 8c imperméables au froid. On
fait tremper ce duvet, on le b a t , on le carde
, 8c il devient propre à être filé. Là couleur
en eft brune & luftrée. Regio fut faccagée
on 1543 par les Turcs. Long. 33’ 3^* l ath- 3%‘ 7"
Le cardinal Tufco ’( Dominique ) , étoit de
Reggio'en, Calabre. Il avoit commencé par être
capitaine d’ infanterrè, & il aurait obtenu le
fouÿerain pontificat fans les vives oppqfitions
-de Baronius. Le cardinal Tufco a piibhé. huit
vol. in-fol. dansï, lefquels il a rédigé alphabétiquement
toutes les matières du droit civil 8c
du droit canon. Il mourut l ’an 1620 , âgé de
90 ■ ans..
Reggio a produit dans l’antiquité des hommes
fameux. Agatocle tyran de:S ic ile , le poète1
Ibycus , Hyppias & L y cu s , tous deux hifto- :
riens. (R.)
RÉGION., mot françois , formé du latin
regio , qui répond au grec Kcipa.-, 8c à ce que
les Italiens entendent pat regione , cpntrad'a,
banda on paife ; les Espagnols par regione , les
Allemands par lund 8c landfchafft, 8c l^s An-
glois par a région , a cquntry. Ce mot pris à
l ’égard du . ciel , fignifie les quatre parties- cardinales
du monde , qu’on appelle oaSR plages.
A l’égard de la terre , le. mot région veut
dire une grande étendàe de terre habi ée par
. plufieurs peuples contigus fous une même do-,
minatiôn , , 8c . qui eft ordinairement affujet-tie-
à un roi ou à- un defpote. Une grande région
fe divife;i en d’autres régions plus petites
■ à l’égard de fes- p e u p le îa in fi. ce -qui paffe
fous le nom de Bourguignons, dp -Champenoisj ’
ou de Picards, fait le s régions de Bourgogne ,
de Champagne , 8c de' -.Picardie.- Une petite
région te: partage en d’autres régions enjeore
plus petites , qui compofentun peuple^ & qu’on
appelle pays.: Ainfi -ia Normandie -fe - divife en
plufieurs pays , comme 1 e pays ,de; Gatix, le
V e x in , & autres.
Uné région te divife ,en haute & baffe,,par
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rapport à la mer , ou par rapport aux montagnes.
La région haute à -l’égard des rivières,
eft la partie Ae la région fituée vers la four-
ce d’une rivière , comme la hante Lombardie ,
je long de ia ùriviere. .du Pô *, la häute
Alfaqe , le. long d’une partie de la rivière du
Rhin. A l’égard de' la mer., c’eft la partie
la plus .engagée dans les .terres -, .comme la
h,aute Picardie , la haute Bretagne, ..lajiaute
Normandie , .la haute Ethiopie', 8c autres.. A
l’égard des montagnes,, c’eft la partie qui eft
engagée dans les montagnes, comme la haute
Hongrie, la haute Auvergne le haut Languedoc
& autres. La baffe région,, a l’égard
des rivières , eft la, partie de la région fituée
vers l’embouchure dé la riviere comme la
baffe Lombardie., la baflè AlTace,
A l’égard de la met , c’eft la partie la plus
proche de la met, 'Comme la baffe Ethiopie,,
la baffe Norniandié, la baffe Bretagne. Quant
à ce qui regarde lés montagnes y c’eft la'partie
là plus dégagée des montagnes, comme la
baffe Hongrie , la baffe Auvergne , le bas Lan-
guëdoc.
Dans la topographié, le mot de région eft
en ufage pour lignifier lés diffirens quartiers
d’une v ille ' comme ' darfs; Rome qui étoit
divifée en quatorze régions. (R.)
REGMALARD , ou R e u a l a r d , bourg de
France, dans lê grand Perche, poffédé autre-.
fois par Henri de "Bourboh , prince ..de Condé
& aftiiellèment par M. le comte d’Andelau,
comme ‘ayant epoufé une des filles de M. Helvétius.'
I l eft du bai'îlàg'e 8c de l’ëlèftion de
Mortagne , à trois lieues de laquelle il eft
fitué. Outre la châtellenie qui y exifte encore,
c?ét-oit le ' fiége d’une Vicomté fupprimée. Il y
à grenier à fel depuis Ce bourg eft
fitué - fur- un ’ coteau dont le pied eft baigné
par l’Huifne ou l’Huigne. On y voit encore
les ruines d’un vieux château 8c celles de. la
toiir -du Donjon. (R.)
; R E I , ï'oye-ç R ey.
REICHELSBEG, feigneurie du faint empire,
dans le cercle de Franconie 8c dans • l ’évêché
de Wirtzbourg-^ entre les petites villes d’Aub
8c -■ de Rotingèn : elle comprend un ancien
château de: fon nom 8t plufieurs villages. La
’maifon de 'Se-hônbôrn en eft l invêtue , & la
représente ‘aux diètes daftfi: le-collège des comtes
_de lu Franconie -, mais c’eft le prince évêque
de Wurtibourg qui en pejrçoit les revenus
Sc qui en paie les taxes impofëes par la matricule.'
(R.)
REICHEN AU , ciiâteau 8c feigneurie d’A llemagne,
dans la haute Autriche, au quartier
de M ih e l, à la maifon Stahrenberg. (R.).
REICHEN A W , en latin Augia dives ; île;
du lac de Confiance , dans-fa partie occidental
e , qui , au fud de la prefqu î l e , prend le
A a a a a i j