
94 I S T & 1672. Le plus confidérable de fes travaux fut
fans doute cette hiftoire eccléfiaftique latine, qu’on
a nommée les Centuries de Magdebourg, dont il eut
la principale direâion. Il y a treize centuries ; les
trois premières parurent en 15^9 , 8c la dernière
en 1574. L’édition de Bâle en 1624 »3 vol. in-foL ,
eft la bonne de ce grand ouvrage ; mais le davis
facra ƒcriptura d’illiricus, eft un de fes meilleurs
livres. Bayle a donné un excellent article critique
de ce célèbre auteur. (M. D. Af.)
ISTURIE, petit village à 5 lieues de Bayonne,
dans le pays des Bafques, contrée d’Arberou. Je
n’en parle que parce qu’il a donné fon nom à. une
fameufe mine connue, & jadis exploitée par les
Romains ; fon ouverture avoit près de douze cents
pieds de profondeur* La montagne étoit percée
pour l’écoulement des eaux d’une petite rivière qui
la traverfe : trois groffes tours, dont une exifte en'
core en partie, avec un retranchement d’une douzaine
de toifes de furface, & quelques fortifications
au haut de là montagne , fervoient à loger
des foldats pour fou tenir les mineurs. Des natura-
liftes qui ont examiné cet endroit , croient que
c’étoit une mine de fer , '& ont regardé le grand
fouterrein comme une carrière d’où l’on tiroit de
la pierre.
ISUM , ville forte & commerçante de la Rufiie,
près la rivière de Doniecz, entre Afoph &Bormut,
fur une montagne. Elle a une redoute conftruite
fur une autre montagne, hors de l’enceinte des
fortifications,
ITALIE : grand pays de l’Europe, fitué entre
les Alpes oc la mer Méditerranée, où il s’é»
tend en forme de prefqu’île. Pline lui donnoit en
longueur mille & vingt de ces milles romains qui
étoient en ufage de fon tems, & fept cent quarante
cinq milles dans fa plus grande largeur.
Tandis que quelques-uns dérivent le nom d’Itar-
lie d’un certain Italus, perfonnage fabuleux, le
do61e Bochart en va chercher l’origine dans la langue
Phénicienne ; chacun a fa folie , où toujours
il revient,
Servius, dans fes commentaires fur Virgile, nous
indique les divers noms donnés jadis à cette contrée
j çlle a été appelée Saturnie , Latium, Aufonie,
Tyrrhenie , Ænotrie, Hefpérie , On peut voir
dans le premier liv. des antïq. de Denys d’Haliçar- ;
naffe, ce qui a produit la créance du peuple, qui
étaljliffoit le règne de Saturne en Italie. On dériye j
le nom de Latium , que porta la contrée qui fervit I
d’afyle à ce prince , du verhe lateo, fe cacher. Les
noms d’Aufonie , de Tyrrhénie, & d’vEnotrie, ne
lignifient Originairement que des cantons particuliers
du pays : le nom d’Hefpérie lui fut irapofé
par les Grecs, à caufe de fa fituation occidentale à
leur égard, & c’eft ainfi qu’ils appëloient l’étoile
dufo ir: les Latins donnèrent le non? d'Hefpérie à
l ’Efpagne , pour la même raifon.
Mais les Grecs firent tant de defcentes & d’éta-
bUffçnjens en Italie, que la partie méridionale en
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prit le nom de Grande-Grèce. Ici Pline s*eft laîfl&
aller à je ne fais quelle vanité nationale, en croyant
prouver par ce nom feul, l’avantage de l’Italie fur
la Grèce , puifque, dit-il, une portion de l’Italie
avoit paru affez confidérable pour être appelée la
Grande-Grèce , au préjudice de la Grèce propre.
Mais outre que la raifon du naturalifte de Rome
n’eft guère philofophique, c’eft lui-même qui fe
trompe ; car îa Grèce Italique ou la Grande-Grèce,
étoit réellement moins étendue que la Grèce proprement
dite.
Cette belle prefqu’île n’a pas toujours eu les mêmes
bornes, & vraifemblablèment elle ne renfer-
moit d’abord qu’un canton peu confidérable, fitué
dans le centre du pays. Outre que la Grande-Grèce
en faifoit une partie, on appelloit Gaule Cifalpine,
tout ce qui eft entre les Alpes , l’Arno , & l’Ifis , ou
YÆlis des ancieps ; mais après que les Romains
eurent fubjugué cette Gaule, ils reculèrent les frontières
de l’ Italie jufqu’aux Alpes.
Il s’enfuit que ce pays devoit changer fouvent
de divifions ; 8c c’eft aufii ce qu’on vit arriver. Jç
ne me propofe point de rapporter ces divifions ,
c’eft aflez pour moi de jeter un coup-d’oeil fur les
plus anciennes nations qui peuplèrent l’Italie.
Il y en avoit de deux fortes : les unes fe difoient
indigènes, c’eft-à-dire, les naturels du pays, ceux
* dont on ignore le premier établiffement; les autres
étoient des étrangers qui, attirés par la bonté du
terroir , de l’air Si des eaux, vinrent s’établir dans
ce canton de terre. Les Ombriens, Umbri, paf*
foient pour les plus anciens de tous les Indigènes ;
les Sicules étoient auflï du nombre de ces anciennes
nations. Les (Enotriens, qui fe qualifioient
Aborigènes , les chaffèrent du Latium ; & enfuite
les Aufones, Aufonii, où les Sabins, les ayant reculés
au bas de l’Italie , les forcèrent de paffer
dans l’île , à laquelle ils donnèrent'leur nom , qui
eft bien reconnoiffable, en celui de Sicile qu’elle
porte encore. Les Euganéens étoient encore de
vieux habitans de l’ Italie ; mais leur pays fut envahi
en partie parles Vénetes , & en partie par les
Carnes. Les autres étoient appelés Opiciens, Opici,
Ofques , Ofci 9 Sabins, Sahini, &c. ; & ce furent
leurs defcendans qui occupèrent prefqùe* tout le
midi de l’Italie,
Les étrangers étoient ou Afiatiques, ou Arca-
diens, ou Celtes ; les Etrufques étoient venus d’A -
fie, & plus particulièrement de la Lydie.De Grèce
Si d’Arcidie fortirent les Félafges , les (Enotriens ,
les Japyges , ou Pencétiens, ou Apuliens; les Rhe-
tes étoient un détachement des Etrufques, qui.»
çhaffés dç leur territoire, fe retirèrent dans les A lpes
; les (Enotriçns, qui fç nommèrent enfuite
Aborigènes, eurent pour defcendans lçs Latins ,
dont les Rutules faifoient partie ; les Vplfques for-
toiçnt peut-être aufii des CEnptriens, ou pour roieu*
dire, on ne fait d’oy ils étoient fortis. Les Vénetes
venoient des Gaules , & non de la Troade & de la
Paphlagonie. Çellarius, & d’autrçs favpns ont frit
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des tables très-utiles , pour montrer d’un coup-
d’oeil les peuples qu’on vient de nommer, leur
origine, leurs rapports, & leurs defcendans.
Il y a plufieurs divifions de l’Italie, necçffaires
pour l’intelligence de l hifloire; telle eft celle d Àu-
gufte en onze provinces , que Pline a fuivie -, & que
le père Briet a détaillée. Strabon , qui vit prefque
tout le règne de Tibère, ne fait que huit parts de
l’Italie; favoir la Vénétie , la Tofcane, la Ligurie ,
Rome ou le Latium , le Picénum, la Campanie, la
Pouille , 8c la Lucanie ; il femble qu’il en retranche
line grande partie de la Gaule Cifalpine; les Sam-
nites font apparemment compris fous les Picentins.
L’empereur Trajan partagea l’Italie en dix-fept
provinces ; & Conftantin , fuivant à-peu près le
même modèle, la divifa en trois diocèfes, 8c la
fournit à deux vicaires , dont l’un avoit la qualité de
vicaire d’Italie, & l’autre de vicaire de Rome.
Après la chute de l’empire d’O ccident, celui
d’Orient, trop foible pour réfifter à des ennemis
qui Taccabloient de . toutes parts, perdit ce qu’il
avoit confervé de l’Italie, où il fe forma quantité
de républiques & de fouverainetés particulières,
qui ont éprouvé cent révolutions depuis ces tems
reculés jufqu’à nos jours.
Léandre Alberti, religieux Dominicain, a pur,
blié une ample & riche defcription de toute l’Italie
; mais elle pèche par la bonne critique. Il ne
faut pas non plus prendre à la-rigueur fes explications
, ni les rapports que le père Briet met entre
les anciens & les nouveaux noms que portent les
provinces d’Italie dans les hiftoriens. On fe trom-
pèroit fort, fi l’on croyoit que le Picenum, par
exemple, étoit renfermé dans les mêmes bornes
que la Marche d’Ancône d’aujourd’hui, ou fi l’on
penfoit que la Grande-Grèce ne répondait qu’à
la haute - Calabre ; il faut néceffairement joindre
à la leélure de ces fortes d’ouvrages d’érudition
géographique, de bonnes cartes de l’ancienne &
de la nouvelle Italie; celles par exemple de M.
de Lifte.
Les anciens comparoient l’Italie à une feuille de
lierre , plus longue que large ;,lcs modernes , entraînés
par le mauvais exemple de leurs prédécef-
feurs, ont plus ridiculement encore comparé ce
pays , les uns à une jambe d’homme, & les autres
à une botte ; mais en fe prêtant pour un moment
à ces fortes de fimilitudes défeéhieufes , on remarquera
que la plupart des cartes géographiques coupent
trop le jarret de cette botte, ou bien ne la
font ni aflez droite, ni affez unie.
MM. Sanfon ont pris la peine de publier urfe
table exaâe de toute l’Italie , telle qu’elle étoit
avant l’arrangement de la fuccefiîon d’Éfpagne ; 8c
cette table eft affez précieufe, en ce qu’elle peut
fervir à entendre les hiftoriens du dernier fiècle :
mais comme les guerres 8c les traités entre les
puiffances ont caufe depuis ce tems-là des chan-
gemens confidérables dans cette contrée, il faut
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connaître ces ch&ngemcns, pour corriger 1« table
de MM. Sanfon par. des aftérifques avec des note?,
qui marquent les variations furvenues dans ce paysj
intéreffanr.
Nous devons le chérir pour avoir été le berceau
des arts & des fciences, après tant de fiècles de
barbarie, & pour avoir eu la gloire, comme autrefois
l’ancienne Grèce,, de les avoir cultivés fans
altération pendant le XVIe fiècle, tandis que les
armées de Charles Quint faccageoient Rome, que
Barberouffe ravageoit fes côtes, 8c que les diffen-.
tions des princes & des républiques troubloient
rintérieur. Cependant, malgré tous ces obftacles ,
l’Italie feule , dans un court efpace d’années, porta
les beaux arts à leur perfeélion , & fit rapidement
dans les lettres des progrès fi prodigieux & fi éten;
dns, que nous ne nous laffons point de les admirer
encore aujourd’hui.
Le fiècle de Léon X fera donc à jamais célèbre,
par les hommes immortels qu’il a produits en tout
genre , ainfi que par la grande révolution qui, fous
lu i, divifa l’églife , déchira le voile , 8c finit par
renverfer ce colpffe vénérable, dont la tête étoit
d’or, & dont les pieds étoient cTargile.
Mais dans le cours de cette révolution de Kefprit
humain, qui fit éçlorre un nouveau lyftême politique,
on découvrit un nouveau continent, oc le
commerce s’établit entre le vieux monde & les
Indes. Par ces grands événemens l’opulence devenue
plus générale, excita l’induftrie, adoucit les
moeurs , répandit le goût du luxe , & porta la culture
des arts & des lettres dans la plupart des provinces
de l’Europe. Alors les beaux jours de l’Ita-
lie s’éclipfèrent, & fa gloire s’évanouit pour la fécondé
fois. Son.commerce a paffé,la fource de
fes richeffes a tari, & fes peuples font préfente-
ment efclaves des autres nations.
Rome , il eft v ra i, demeure toujours la capitale
du monde chrétien ; mais on a très-bien remarqué,
que fi la fouveraineté que le pape poffède , eft affez
grande pour le rendre refpeaable, elle eft trop
foible pour le rendre redoutable. Les républiques
de Venife & de Gènes , ont perdu leur luftre &
leur gloire ; les états des autres princes, qui cofti-
pofent cette belle prefqu’île, font fournis à l’empereur
, au roi de Sardaigne, & au roi des Deux-
Siciles, qui ont tous des intérêts' oppofés ; ou
bien, ce font de petits états ouverts comme des
earavanferais , forcés de loger les premiers qui
y abordent : c’eft pourquoi leur feule reffource
eft de s’attacher aux grandes puiffances, & de
leur faire part de leur frayeur, plutôt que de leur
amitié.
L’Italie proprement dite eft fituée entre le 37e d.
.35' , & le 46e degré 40' de latit. feptentrionale , 8c
entre le 23e & le 36e deg. de longitude. La nature
elle-même femble lui avoir fixé des bornes ; car
au levant, au midi & au couchant, elle eft inveftie
par la mer ; du côté du no'rd & d’une partie de
l’occident, elle eft féparée de laSuiffe, de l’Aile