
702 P R U
de fa vie par des foins jfiifli heureux que pénibles
pour porter la légiflation déjà fort bonne
dans (es états au plus haut point de perfection
dont elle eft peut-être fufceptible. Lorf-
que l’alpérité de la faifon l’obligeoit à quiter
fon hermitage philofophique de Sans-Souci
& fon nouveau palais de Po'tfdam -, il mettoit
à profit fon féjour d’hiver à Berlin , en fai-
fant participer aux agrémens de fa fociété ceux
qu’ il en honoroit, en s’entretenant avec nombre
de favans & d’artiftes, en les encourageant
chacun dans fa carrière , 8c fur-tout en
examinant de près dans la capitale les différentes
parties de l’adminiftration * & en leur
donnant une nouvelle impulfion dans les points
où il en ét-oit befoin. C e philofophe-Roi a
éclairé fa nation, il l’ a excitée par d’ excellens
écrits en langue Allemande fur le patriotifme.
Dans fes delaSemens il en a donné fur la langue
allemande & fur l’amélioration des écoles 8c des études, « On a publié fous fon nom
» ( dit le chevalier de Jaucourt) différens ouvra-
» ges de profe , en langue françoife ; ils ont
» une élégance , une force, & même une
» pureté qu’on admireroit dans les productions
» d’ un homme qui auroit reÇu de la nature
» un excellent efprit, & qui auroit paffë fa
j5 vie dans la capitale. Ses poéfies, qu’on nous
» a données (bus le titre d} OEuvres du philofo-
>3 phe de Sans-Souci, font pleines d’ idée , de
33 chaleur , & de vérités grandes & fortes.
>3 J’ofe affurer que fi le monarque qui Ins écri-
33 voit à près de 300 lieues de la France ,
>3 s’étoit promené un an ou deux dans le faux-
3, bourg S. Honoré , ou dans le fauxbourg S.
» Germain , il feroit un des premiers poètes
» qui ait écrit en notre langue. Nos poètes,
» qui n’ont que de la correélion, dePexprcfïion ,
» oc de l’ harmonie , perdront de leur valeur
» dans les fiècles à venir , lorfque le rems qui
>3 amene la ruine de tous les empires , aura
>3 difperfé les peuples de celui-ci , anéanti
>3 notre langue, & donné d’autres habitans à
» nos contrées. Il n’ en fera pas ainfi des vers
» du philofophe de Sans-Souci : l’oeil (trapu-
7) leux n’y reconnaîtra plus de vernis étran-
» ger ; 8c les penfées , les comparaifons , tout
» ce qui fait le mérité réel & vrai d’un mor-
» ceau de poëfie , brillera d’ un éclat fans nuage.
» Mais ce qu’ il y a de fingulier, c’eft que'ce
» petit défaut ne fe remarque nullement dans
n les lettres mêlées de profe & de vers : elles
» font pLeines d*efprit, de légèreté, & de déli-
» catefle fans le moindre veftige d’ exotérifme.
Chacun fait que le feu Roi de Pruffe a donné
à l’Allemagne l’exemple de l’abolition de la
torture , invention barbare qui pduvoit pèrdre
Rinnecent & fauvër le coupable. A l’age de,
74 ans R a fait encore les fondions de généra-
fifïjnze & de premier Miniftre pour toutes les
PRU
parties du gouvernement. Un moderne célèbre
a dît avec vérité que ce prince a donné autant
d éclat à fa nation, que d’a u tres en reçoiverit
de la leur. C’ eft affurément un des-fouveraiis
qui a fixé à plus jade titre les regards de
1 univers , par les grands exemples d’aélivité,
de fermeté , de juftice , Sc de defintéreflement
qu’il a montrés aux nations pendant un règne
glorieux de 46 ans , & -il a réuni fur (a tête
les lauriers du Héros, de l’homme d’état, &
du lavant du premier ordre. A tant de titres,
la p oftèrité lui décernera fans doute le nom de
Frédéric le Grand.
M. le Baron de Hertzberg, Miniftre d’état
du Roi de Pruffe , Chevalier de- l’Ordre de
l’Aigle Noir, membre de l’Académie de Berlin
, homme aufli diftingué par fon érudition,
qu’ il eft recommandable par fon amour pour
le bien public , & fon zèle pour la gloire de
fon Roi ; M. de Hertzberg , dis-je, a lu dans
1 affemblée publique de'l’Académie des fciences
oc belles-lettres de Berlin , le 27 Janvier 1780 ,
une lavante difiertation , inférée dans les mémoires
de l’Academie , par laquelle il a établi
.& p rouvé en quelque forte jufqu’à la conviction
, que la monarchie Prumenne a&uelle eft
l’ancienne patrie des Goths , des Vandales ,
des Lombards, des Francs , des Bourguignons
& des Angles q u i , dans la grande migration
des peuples du nord , ont renverfe l’Empire
Romain , ont conquis 8ç peuplé la France ,
l’ Italie , l’Efpagne , l’Angleterre , & y ont
établi les monarchies qui y fubfiftent encore
aujourd’hui.
Il faut voir aufli l’excellent mémoire fu r la
force relative des états , qu’il a prononcé dans
la même Académie eh 1782, , 8c celui que
ce Miniftre a lu dans l’aflemblée du 30 Janvier
1783 , fur les révolutions des états 8c particulièrement
de l’Allemagne , où l’on retrouve
la même fagacité, & fur-tout l’amour pour fa
patrie,' 8c pour Ja gloire de fon fouverain ,
qui caraélérifent les autres écrits politiques &
littéraires fortis de, 1% plume de ce grand
homme d’état.
Joignons à ces mémoires fes difîertations ,
i ° . fu r la forme des Gouvernemens'&fur celle
en particulier qui ejl à préférer , lue le xç Janvier
1784, z°. fur la population des états en
général, & fur celle des états pruffens en particulier
, lue le 27 Janvier 1785 , 30. fu r la
véritable richejfe des E ta ts , la balance du commerce
, ft celle du pouvoir, lue le 26 Janvier
1786. Tous ces morceaux ne reffemblent en
rien aux difeours Académiques -, mais çe font
ou des partages douteux de l’hiftoire , favam-
ment 8c profondément difeutés, ou des répertoires
précieux d’ économie publique , qu’on ne
fauroit trop méditer. Ils font d’ailleurs écrits
avec une pureté de ftile qu’on croirait ne
PRU
pouvoir ''attendre que d’un homme qui écrit
dans 1a langue naturelle. Il n’appartient qu’à
un grand Roi de s’affocier dans le gouvernement
de fes -, états , des hommes qui allient
l ’érudition dans un haut degré , à la fcien.ce.
de régir les peuples , d’établir l’harmonie entre
les nations! c’eft qu’ un.,homme ordinaire craint
d’avoir à côté de lui un homme qui l’ humilië.
C’ eft ce miniftre qui à négocié 8c conclu
feul la célébré paix de Hubertzbourg. Il a eu
une grande , linon la principale part au traité
de partage de la Pologne , a la paix de Tef-
chen , ainfi qu’à la négociation & à Ja conclu-
fion de l’alfociation germanique , formée en
1785 pour le repos & la sûreté de l’Empire
d'Allemagne : & en général c’efi: lui qui a rédigé
& publié tous les mémoires publics de
la cour de Berlin , fur la guerre, de Bavière ,
fur l’échange de cet état, fur la ligue germanique
, fur l’affaire de Dantzig -, 8c a concouru
à la direélion de toutes les affaires étrangères
de la monarchie Pruflienne depuis l ’annee 1755
jufqu’ à ce jour. Il a d’ailleurs fourni au Roi
une grande partie des matériaux pour les mémoires
de Brandebourg, en compulfant les archives.
Difons enfin que fon patriotifme, fa follicitude
pour l’accroiffement & la profpérité de l’état,
l ’ont plus d’une fois déterminé à y concourir
de fes propres fonds. On l’ a vu encourager
en Pruffe la culture de la fo ie , par des prix
diftribues durant cinq années confécutives. En
1785 il propofa une prime d’ un frédéric d o r ,
environ un louis, à chaque particulier qui ,
muni des atteftations convenables , produirait
cinq livres de foie premier fruit de fa culture ;
& à ceux qui en auraient recueilli 50 livres ,
il a accordé une prime de dix frédérics d’or.
Les uns 8c les autres ont d’ailleurs reçu une
médaille qu’il a fait frapper relativement à l’époque
de la culture de la foie , dans les états
Prufliens. _
Quelle tâche, que celle de fuccéder à un
grand R o i, de remplacer un Prince à qui la
voix unanime des nations a déféré le fur-nom
de/ G R a N d ! C’ eft celle qu’a à remplir Frédéric
Guillaume II , monté iur lè trône le 17
Août 1786.. Si l ’on en juge par fes premiers
pas , "on doit en concevoir les elpérances
les mieux fondées. Le devoir eflèntiel &
irréfragable qu’il a fait aux miniftres des finances
de foumettfe. à fes yeux la vérité , de la
lui annoncer conftamment 8c toujours*, la parole
facrée qu’ il leur a donnée qu’elle lui
ferait agréable en tout tems 8c en toutes
circonftances , la tolérance en matière de religion
, Fes qualités morales 8c guerrières, la confiance
particulière accordée à un miniftre que
le feu Roi avoit honoré' de toute la fienné !
tout annonce les hautes deftinées de ce Prin-
P R U 7 0 3
ce , tout promet aux Prufliens un régne non
moins glorieux que le précédent.
Le royaume de Prufft fe divife en Pruffe orientale
, anciennement Prujfe ducale -, 8c Pruffe occidentale
qui fut aufli connue fous le nom de
Pruffe royale. La Pruffe orientale fe divife en
département Allemand, & département Lithuanien.
Le département Allemand fe fubdivife
en Samland , Natangen , 8c Oberland : le departement
Lithuanien , comprend les grands
baillages de Lithuanie, 8c les grands baillages
Polonois. Kcenigsberg eft la capitale de tout
le royaume. (R.)
PRUTH , ( l e ) *, le H i e r a c u s de Ptolémée 3
ou le G e r a c u s d’Ammien Marcellin , riviere
de la Dacie , eft félon Mrs. de Valois 8c O livier
le P r u t h des modernes, riviere de Pologne
, qui a fa fource dans les montagnes de
la Pocutie au confins de la Valaquie & de la
Pologne. Elle traverfe la Moldavie, & va fe
perdre dans le Danube, un peu avant qu’ il fe
jette lui-même dans la mer Noire.
G’ eft fur le bord dii Pruth que le Gzar Pierre
en 1711 , vit tout d’un coup fon armée fans v i vres
, fans fourrages, 8c cent cinquante mille
turcs devant lui -, plus malheureux en ce moment
que fon rival Charles X II. à Pultàwa ;
mais le moment fut court: Une femme le fau - ‘
va en négociant la paix du Pruth *, femme d’un
(impie dragon, elle époufa fon empereur & lui
fuccéda." Nous n’avons point- oublié (on article
dans cet ouvrage.
PRUYM , voye\ P r u i m .
PRYBUS , ville de Siléfîe , fur la Neïffe ,
dans le duché de Sagan.
PRZEDECK , v ille de la Grande ou Bafle
Pologne, dans la Cujavie , 8c dans le palatinat
de Brzefc : elle n’eft remarquable que comme
(iege de ftaroftie.
PRZEDLICE, village de Bohême, dans le
cercle de Leitmeritz , aux environs de la v ille
d’Auftig , il a donné fon nom à la fanglante
bataille que les Nullités, commandés par Pro-
cope le Rafé , gagnèrent en 1426, fur les A l lemands
, commandées par l ’élecïeur de Saxe
Frédéric le Belliqueux. La fuite immédiate de
cette viéloire fut le ravage entier de l'a Mif-
n ie , de la Franconie, 8c de la Bavière.
PRZÈMYSLA, o u P r s e m i s l , bonne v ille
de Pologne , dans le Palatinat de la petite Ru-
flie où Ruflie rouge , au pays de Lemberg, fur
la riviere de San, avec un château bâti-’fur
un rocher. G’ eft le fiege d’ un caftellan inferieur
& d’un ftarofte. Elle eft à zo. lieues
fud-oueft de Lemberg, & 15 eft de Cracovie,
Cette v i l l e , dès le X Ie fiecle , étoit affez con-
fidérable. Boléflas I I . roi de Pologne , ne s’en
rendit le maître qu’après un long fiege , l’ an
1070.' Son évêque eft fuffragant de Leopol.
Longitude, 41-, 7. latitude-, 49. 40.