Souabe, fituée au canton de Rieff, dans une contrée
fertile, fur-tout en pâturages. Elle eft commerçante,
8c la majeure partie de fes habitans pro-
feffe la religion Luthérienne, qui eft la dominante.
FerdinandlII, roi de Hongrie , la prit en 1634, &
néanmoins il en ufa généreufement, en la laiffant
jouir comme auparavant, du libre exercice de fa
religion, & de fes autres privilèges. Elle eft fur
l’Eger, à 16 lieues n. o. d’Augsbourg, 6 f. o. d’Oe-
ting. Sa place à la diète eft la 7e parmi les villes
Impériales de Suabe, & la 3 e dans les affemblées
du cercle. Long. 27, 52; Int. 48, 56.
NO RD STR AND, ou No o r stran d , île du
royaume de Danemarck, dans le duché de Slei-
w ig , fur la côte occidentale , vis-à-vis les préfectures
de Flensbourg & de Hufum : elle a été affligée
en différens tems par de funeftes inondations , qui
l’ont peu-à-peu diminuée, 8c l’ont enfin fiibmer-
gée en 1654, à quelques endroits près. Elle étoit
peuplée d’environ huit mille habitans, & plus de
fix milles perfonnes furent noyées dans ce défaftre.
Long. 26,40; Int. 64, 36. «
NORFOJLCK, province maritime d’Angleterre,
au diocèfe de Norwich, avec titre de duché. On
lui donne 140 milles détour, & environ un million
cent quarante-huit mille arpens ; elle eft bornée
au n. & à l’e. par l’Océan germanique. Son terroir
eft fort varié. V ers la mer, c’eft un pays plat qui
abonde en bled. Ses bois nourriffent beaucoup de
bétail, & fes bruyères une infinité de moutons. Ses
principales rivières font l’Ouze, le Wa veney , la
T a r e , & Thym. Son commerce confifte en bled,
laine, miel & fafran, dont le meilleur croît auprès
de Walfjngham. Il s’y trouve quantité de manufactures
de différentes étoffes de laine. Ses cotes abondent
en harengs. Norwich en eft la capitale. Entre
les autres villes à marché, on compte principalement
L y n , Yarmouth, Thetgord, Caftle, Rifing,
&c. Elle envoie douze députés au parlement.
Wallon Briand , évêque de Chefter, étoit de
la province deNorfolck; il mourut en 1661, &
il s’eft rendu célèbre par fon édition de la bible Polyglotte
, qu’on appelle la polyglotte <£ Angleterre. Il
a mis à la tête de cette bible, des prolégomènes
qui font beaucoup plus favans , plus étendus, &
plus exa&s que ceux qui avoient paru jufcju’alors.
Ces prolégomènes ont été imprimes feparement a
Zurich en 1673. La differtation latine de M. Walton
fur les langues Orientales, & fur l’antiquité , l’autorité
& l’ufage , tant des textes que des verfions
qui fe trouvent dans les polyglottes d Efpagne, de
France & d’Angleterre , eft un morceau précieux.
Enfin , on remarque dans l’édition de la polyglotte
du digne évêque de Chefter, beaucoup de critique ,
de jugement, de fcience, & de modération.
Wharton ( Henri) naquit aufli dans centre province.
Ses principaux ouvrages font, un Traité fur
le célibat du clergé 3,remarques fur l’hiftoire de la-
réfcrmation de Burnet, en anglois. Anglia fdcra ,
hijloria epifcoporum Londincpfium. Appendix dd Jujtorlam
lîtterarîam Guilielmi Cave & autres. On lui
doit encore une bonne édition d’Ufferius; il mourut
à Londres en 1694. -
NORGES , Norga , Norgice , village du Dijon-
nois, fur la route de Dijon à Langres , à 2 lieues n.
de Dijon, & 10 de Langres. 11 eu remarquable par
une des belles fontaines de'Bourgogne qui eft rivière
à fa fource, fort poiffonneufe en brochets fur-
tout. La voie romaine de Châlon à Til-Château
• ( Tile Caflrum ) & à Langres y paffoit. J’ai vu à découvert,
à cent pas de Norges-le-pont, une colonne
milliaire fur le bord de la voie militaire ,
que venoit de déterrer un pionnier en feptembre
.1773. La bafe , d’une belle pierre blanche d’A f-
nières , a deux pieds de toute face. Il ne refte du
fut de la colonne qu’un pied quelques pouces, le
refte çaffé. A côté étoit un morceau de la colonne,
fur lequel on voit VII° 3 ce qui marquoit la diftance
de Norges à Til-Château ; car fept milles font deux
lieues 8c un quart, qui eft la diftance de ces deux
endroits. (/?.)
NORKIOPING , ou Norkoeping , en latin
moderne Norcopia, ville de Suède, dans l’Oftro-
gothie, entre Suderkoéping 8c Nieoéping, fur le
bord.d’un grand lac très-poiffonneux, qui a fa décharge
affez près de cette ville ; & dont les eaux
vont fe rendre dans le golfe Brawiken.
Cette ville fut très-maltraitée par les Ruffes ^
mais on l’a rétablie. On y compte 5 églifes, & elle
a le 3 e rang à la diète. Il s’y trouve des forges de
cuivre 8c de laiton ; des manufactures de draps, 8c
des manufactures d’armes.
Le mot de NorkiOping veut dire , marché du
nord, parce que cette ville eft fituée dans la partie
feptentrionale de l’Oftrogothie ; elle eft à 28 li. f.
o. de Stockholm. Long. 33, 13;/*«. 38, 28.
Banck ( Laurent} , né à Nordkioping, 8c mort
en 1662, fut profeffeur en Jurifprudence à Fra-
neker , après fes voyages en plufieurs pays de
l’Europe : on remarque entre fes livres , celui
de la taxe de la chancellerie romaine , dont il
donna une nouvelle édition. Ce livre fut imprimé
à Rome en 1314 , à Cologne en 1513 , à Paris
en 1320 & en 1343 , à Francfort en 1612 , à
Bois-le-Duc en 1664 : enfin, on ne fauroit croire
combien de fois ce livre fingulier a été imprimé
depuis. L’inquifition d’Efpagne & de Rome l’ont
condamné, en funpofant que les héririques l’a-
voient corrompu. (Æ.)
NORMANDIE, belle 8ç grande province de
France, avec titre de duché ; c’eft l’un de fes plus
importans gouvernemens généraux, par fa fituation
fur la mer Océane, dans le voifinage de l’Angleterre
au feptentrion, & dont elle n’eft féparée que
par le canal de la Manche. Elle eft bornée à l’orient
par la Picardie & 1 île de France ; au midi, par la
Beauce, le Perphe 8c le Maine ; au couchant, par
la mer 8c la Bretagne. Elle a environ 60 lieues du
levant au couchant, depuis Aumale jufqu’àValo-
gne : fa largeur 4n midi ait feptentrion , eft de
n o R
trente deux lieues, depuis Verneuil-fur-l’Aure, juf-
qifà la ville d’Eu 8c Tréport. Son circuit eft d’environ
240 lieues, dont la plus grande partie eft en
côtes de mer ; mais particulièrement le Cotantin
qui avance dans la mer en manière de péninfule.
La Normandie eft très-heureufement fituée pour
la marine Françoife, On compte fur la cote, quia
environ 80 lieues, un grand nombre de baies &■ de
ports, dont les principaux font Tréport, Dieppe,
Saint-Valéry, Fécamp, Honfleur, 8c le Havre,
dans la haute - Normandie : la Hogue, Cherbourg,
Portbail, Grand-ville, &c. dans la baffe ; & Rouen,
Caudebec, & Quilleboeuf, qui font des ports de
marée fur la Seine. Plufieurs de ces lieux pour-
roient être des ports excellens, & contenir de
nombreufes flottes, fi l’on vouloit y faire quelque
dépenfe. Les Anglois fentent fi bien ces avantages,
que jufqu’ici ils ont mis leur politique à empêcher
les travaux que l’on pourroit y faire. Nos malheurs
fous Louis X IV , la foibleffe françoife fous le régné
de fon fucceffeur, font les fuites de notre négligence
à ne point entretenir de marine, 8c a ^ne
nous point creufer de ports fur la Manche. C eft
une vérité dont paroît convaincu le|miniftère actuel
, qui s’occupe d’en conftruire un à Cherbourg.
Ce pays , du tems des empereurs Romains, fai-
foit partie de la Gaule Celtique ou Lyonnoife | fn -
fuite les Francs ayant conquis les Gaules, ce même
pays fit partie du royaume de Neuftrie fous les rois
Mérovingiens , & fous les Carlovingiens : après le
partage fait entre les enfans de Louis le Débonnaire
, cette province demeura à Charles le Chauve,
roi de la France occidentale ; Charles le Simple fon
petit-fils, fut obligé de la céder en propriété à
Rollon, chef des Normands ou Danois. Les fuc-
ceffeurs de ce Rollon furent fi puiffans, que Guillaume,
duc de Normandie, defeendit en Angleterre,
& y fut couronné roi. Enfin, Philippe Au-
gufte fe rendit maître de la Normandie l’an 1203
lur Jean-fans-Terre , & la réunit à la couronne.
Depuis ce tems-là, quelques-uns des rois de France
jufqu’à la fin du quatorzième fiècle, donnèrent à
leur fils aîné le titre de duc de Normandie, jufqfi’à
ce que celui de Dauphin eût prévalu.
Le climat de cette province eft généralement
affez tempéré, plus froid que chaud cependant,
plus humide que fec. Le terroir y produit abondamment
de toutes fortes de grains, du lin, du
Chanvre , du bois, & des plantes propres à la teinture
, telles que la garance, le paftel, & la gaefde.
Les pâturages y font très-gras ; on y entretient une
infinité de beftiaux de toute efpèce, fur-tout des
chevaux qui font grands , bien faits , vigoureux,
& dont il y a plufieurs haras. Prefque par-tout on
nourrit une grande quantité de volaille très-efti-
mée; les campagnes & les forêts abondent en gibier;
la mer, les rivières font très poiffonneufes,
& le poiffon en eft excellent. Enfin, cette province
eft une des plus riches,, des plus fertiles, &
des plus commerçantes du royaume ; elle eft aufli
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celle qui donne le plus de revenu au roi. Il n’y
croît prefque point de v in, mais on y fait beaucoup
de cidre 8c de poiré. Elle eft arrofée de plufieurs
rivières, dont les principales font l’O rne, la Touque,
la Rille , l’Eure, la Dive & la Seine. Le
Leffon, la Carentone , l’A nte, l’Âure, la Drome,
la Brefle, FEpte, &c. &c. 11 fe fait beaucoup de fel blanc dans l’Avranchin,
le Cotantin & le Beflin, dont on fale les beurres du1
pays. Il s’y trouve plufieurs mines de fer , une
mine de cinabre dans la paroiffe de la Chapelle-
en-Juge , d’où l’on tire aufli beaucoup de marcafi*
fites, & quelque peu d’argent : des mines de charbon
de terre à Bafleroy, une mine d’argent bien
médiocre cependant dans le mont-Cerifÿ , près
l ’abbaye de Belle-Etoile, au diocèfe de Bayeux,
des diamans à Alençon peu eftimés aujourd’hui,
du granit dans le territoire de cette dernière ville,
différentes efpèces de terre admirables pour la porcelaine
, de la terre ampelite, ou pierre noire, dont
les charpentiers 8c les deflinateurs font grand ufage,
beaucoup de pétrifications de toute efpèce, plufieurs
carrières d’ardoife à Bafleroy, à Barbery, à
T u r y , à Neuville, &c. & c. & quelques mines de
cuivre ; les verreries y font en grand nombre ; fon
principal commerce confifte en laines, draperies,
toiles , pêche, &c.
Les eaux minérales font en grand nombre. Les
plus célèbres font celles de Forges, de Saint-Paul ,
de Saint-Santin , de Baignolles, de Ménitone, de
Pont-Normand, deMont-Bofq, de Bourberouge,
8cc. 8cc. On vante le boeuf du pays d’A u g e , le
veau de Rivière, & les confitures de Rouen, les
moutons & les lapins de Cabour , les poulardes de
Caux 8c du Beflin, & les perdrix rouges du Bec.
Dans les particularités d’hiftoire naturelle, on remarque
dans le comté d’E u, i° . une fontaine dont
la fource abondante jette en trois gros bouillons
affez d’eau pour former' dès fon origine une médiocre
rivière, fi elle étoit fituée ailleurs ; ce qui
fait fa Angularité, c’eft que cette fontaine fort
d’une roche fi voifine de la mer, que la marée la
couvre deux fois par jou r , ce qui n’empêche pas
que l’eau n’en foit parfaitement douce; 20. à Tréport,
dans unemaifon près du port, un puits dont
l’eau defcend quand la mer monte , 8c où elle
monte quand la mer defcend ; 30. dans une forêt dû
comté d’E u , fur la pente d’une montagne qui eft
du côté oppofé aux villages de Bouvaincourt & de
Beauchamps, toutes les fois qu’il fait un orage avec
pluie pendant l’é té , il s’élève à 3 ou 4 endroits
différens peu éloignés les uns des autres une groffe
8c épaiffe fumée femblable à celle d’un four à chaux.
Près de la ville d’E u, on voit une montagne abondante
en toutes fortes de pétrifications ; on y trouve
quantité de coquillages fofliles , plufieurs gloffo-
pètres, des coupoles de gland , des morceaux de
prefle, des orties de mer, &. des champignons parfaitement
pétrifiés, &c. Ce fut fur cette montagne
que les bruyères s’allumèrent d’elles mêmes au