
4*8 N A N que qui eft refté imparfait; l’hôtel-de-ville, dont •
1 architeéhire de la façade eft d’un bon fty le , & le
palais de la chambre des comptes, rebâti à neuf
avec magnificence. Les places publiques font au
nombre de t i , dont quelques unes méritent d’être
vues. On remarque auffi 3 halles, & quelques mo-
«umens antiques ; les quais en général font d’une
grande beauté.
Le fauxbourg de la Foffe , le plus riche , le plus
étendu , & le plus beau de la ville , eft habité par
les plus fameux négocians; les maifons y font très-
bien bâties, & les quais revêtus de pierre de taille.
La vue de la Loire d’ailleurs, chargée de navires
& de bateaux de toute efpèce, le riant afpeâ d’une
vafte campagne qui fe préfente comme en amphi-
teâtre, de tous côtés les îles charmantes formées
par la rivière, les promenades des environs, parmi
lefquelles on diftiugue le Cours des Etats, tout cela
réuni forme un des plus beaux points de vue qu’on,
puiffe imaginer.
Llle Feydeau eft occupée par de riches marchands,
dont les maifons font autant de fuperbes
hôtels. Il s’eft tenu plufieurs conciles dans cette
ville ; mais elle eft plus particulièrement connue
dans l ’hiftoire , par le fameux édit d’Henri IV en
1598 en faveur des Réformés, & dont la révocation
, par Louis XIV en 1685 , a fait à la France
une plaie qui faigrie encore 1 Les gros navires ne
peuvent pas remonter jufqu’à Nantes , à caufe du
peu de profondeur de la Loire ; mais ils s’arrêtent
a Pain-Boeuf, où ils font en fureté, & d’où leurs
cargaisons fe voiturent à Nantes dans, des bateaux
appelés gabarres de 50, 60 , 80 , 8c même ioô
tonneaux.
Anne de Bretagne, dont on connoît l’hiftoire,
naquit à Nantes en 1476, & mourut en 1513. La
deftinée de cette princefle , comme le remarque
M. le préfident Hénault, a été fort étrange. Elle
fut femme de Charles V I I I , en faifant une efpèce
de divorce avec Maximilien, qu’elle avoit épaufé
par procureur, & elle ne fe maria avec Louis X I I ,
qu’après un autre divorce de ce prince avec Jeanne
fa première femme. Il avoit époufé celle-ci avec
des protefiations de la violence que Louis XI lui
avoit faite. A la mort de Charles V III, il demanda
au pape que fon mariage fut déclaré nul ; & fur
l ’affirmation que fit Louis XII qu’il n’avoiteu aucun
commerce avec Jeanne, la nullité fut prononcée.
On a dit que l’inclination de Louis XII avoit décidé
fon mariage avec Anne de Bretagne; mais
Varillas, dont il ne faut pas toujours rejeter l’autorité,
penfe que ce pouvoir bien-être autant un
coup politique qu’une affaire de paflion. Il étoit
porté , par le traité conclu avec les états de
Bretagne, que fi Charles VIII mouroit fans en-
fans avant la duchefle, elle épouferoit fon fuc-
ceffeur.
Parmi les hommes de lettres que cetf* ville a
fournis, on remarque fur-tout Pays (René l e ) ,
poëte françois, né à Nantes en 1636. Son efprit 1
N A N etoit aife, v if Sc agréable ; il compofoit en vers
& en profe avec facilité.
De Veiffieres ( Mathurin de la Croze ) , né à
Nantes en 1661, bénédiéfin à Paris. Sa liberté de
penfer, & un prieur contraire à cette liberté, lui
firent quitter fon ordre & fa religion. Outre les
chofes utiles & agréables qu’il favoit, il en avoit
étudié d autres qu on ne peut favoir, comme l’ancienne
langue égyptienne. Il y a de lui un ouvrage
fort eftimé, c’eft l’hiftoire du Chriftianifme
des Indes, en deux volumes in-12, imprimé en
Hollande en 1724.
Nous ne devons point oublier de citer Pierre
Abailard ; ce fameux & infortuné doéleur, aufîi
connu dans l’Europe favante par fon beau génie ,
que par les malheurs & les perfécutions de toute
efpèce quil effuya pendant fa vie , naquit à
quatre lieues de Nantes, au village de Pallet. On
a fes écrits, publiés en 1616 , in-40. avec des
notes. Nos meilleurs poètes ont mis en vers fes
Epîtres à Héloife. M. Colardeau eft celui de nos
poètes qui a tranfmis avec le plus de fuccès Y Epi-
tre de Pope, en notre langue : on y trouve tous
les charmes de la poéfie ; & ce fujet fi riche, le
Combat de la nature 6» de la grâce, eft rendu par
le traduéîeur de manière à balancer l’original :
M. Feutry s’eft auffi exercé, avec fuccès, fur le
même fujet : M. de Beauchamp, long -tems avant,
avoit aufîi mis en vers les deux Epîtres d'Héloife,
M. Guift fit imprimer en 1752 un ouvrage dramatique
fur le même fujet : on y trouve, comme
dans les Lettres, de la paffion , du feu , & les
chocs violens de l’amour profane 8c de l’amour
divin , qui font le mérite du fujet.
Pierre Bouguer, l’un des plus grands mathématiciens
de l’Europe , naquit, en 1698, au
Croific, petite ville à quinze lieues de Nantes ,
& dans le comté Nantois ; après avoir remporté
quatre prix, l ’académie des fciences l’adopta en
I73I*
Il fut en 1735 au Pérou, pour déterminer la
figure de la terre : la relation de fon voyage eft
dans les Mémoires de l’académie des Sciences ,
année 1744. Soré Traité de la navigation, fon Mémoire
fur la mâture des vaiffeaux, fon É fai 'd'op-
tique, pafferont à la poftérité.
Les MM. Barin de la GalifToniere , père & fils ,
morts lieutenans-généraux des'armées du roi, virent
auffi le jour près de Nantes..
François de la Noue , furnommé Bras-de-fer,
naquit dans le comté de Nantes, & fut l’un des
plus grands capitaines du x i v e fiècle , l’ami &
le bras droit de Henri IV : ce héros périt au fiège
de Lambale, & fut pleuré des catholiques & des
proteftans.
Nantes a d’ailleurs vu naître Germain BofFran
en 1667, reÇu à l’académie d’architeéhire, a Paris
, où il eft mort il y a peu d’années, avec la
réputation d’un fameux architecte.
A j o u t o n s q u e l e s l e t t r e s & le s a r t s fo n t en co r e S
N AN aCuellement cultivés à Nantes, dont le collège,
dirigé par (les Oratoriens, eft un des meilleurs de
cette congrégation. (A/. D. M.)
NANTEUIL, en latin du moyen âge , Nantogi-
lum , Nantoïlum 8c Nantolïum ; tous ces mots barbares
viennent de-Nànt, vieux mot dont les Gaulois
& les Bretons fe fervoient pour défigner une
eau courante ou une quantité d’eau qui fe ramaf-
foit dans un lieu. Il y a divers villages en France
qui s’appellent Nanteuil, & quelqu’autres lieux
dont le nom formé du mot Nant ont la même
origine.
N a n t e u i l - l e - H a u d o i n , Nantogilum, petite
ville de l’Ifle de France dans le Valois, avec un
prieuré de BénediCins 8c un château, à 10 1. e.
de Paris ,3 3 n. e. de Dammartin.
N a n t e u i l , bourg de France fur la Marne,
entre Meaux & Château-Thierry.
N a n t e u i l , village 8c abbaye de France a u
diocèfe de Poitiers, à 7 1. n. e. d’Angoulême ,
ordre de Saint-Benoît.
N AN TUA , petite ville de France, la fécondé
du Bugey ; on la trouve nommée en latin , Nan-
tualïs , Nantoacurn, Nantuacum. Elle eft fituée entre
deux hautes montagnes , à l’extrémité d’un petit
lac de même nom, qui n’a qu’un quart de lieue
d’étendue, quoique M. Vofgien, dans fon Dictionnaire
Géographique , avance le contraire, 8c en
faffe un grand lac. On y pêche du poiffon en
abondance , fur-tout d’excellentes truites. Outre
la paroiffe 8c le prieuré de BénédiCins , il y a
encore un couvent de filles , un collège, un hôpital
: c’eft le fiége d’une juftice feigneuriale appartenant
au prieur de Nantua ; d’une mairie ;
d’une juftice des traites foraines', d’une maré-
chaufTée, d’un grenier à fel. Elle eft à 10 li. fie.
de Bourg-en-Breffe. Long. 23 , 19 ; lat. 46, 8.
C ’eft à Nantua, dans le prieuré de l’ordre de
Saint-Benoît, que fut enterré Charles le Chauve ,
mort en 877 , a 54 ans , dans un village du mont
Cenis. Il fut empoifonné par un juif, fon médecin,
qui avoit toute fa confiance. Ce prince ne
fut ni défendre les droits de fa couronne contre
les papes, ni fes fujets contre les invafions des
Normands. Il régna 28 ans , & avoit été deux
ans empereur. ( M. D. M. )
NAN TWICH, petite ville d’Angleterre, dans
le Chefter-Shire , à 8. li. fi e. de Chefter ; remarquable
par fes mines de fel & fes excellens fromages.
long. »4, 2,8 ; lat. 53 , j 2.
N A N T Z , petite ville & abbaye de France au
diocèfe de Vabres, à 5 li. e. de Milhaud, ordre
de Saint-Benoît. Il y a un collège.
I NAOPOURA, ville d’Afie dans l’Indouftan,
au royaume de Décan, fur la rivière de Tapti.
Le terroir y produit du coton, des cannes de
Lucre & le meilleur riz de l’Inde ; on le dit odorft-
Lérant. Long. 9 1 ,3 0 ; lat. 21 , 20.
NAOUBENDGIAN, oii Naoubendighian ,
N A P 429
ville dé Perfe , près du pays appelé Schibbavan.
NAPLES ( royaume de j , grand pays d'Italie ,'
dont il occupe toute la partie méridionale. Il eft
borné au n.^o. par l’Etat eccléfiaftique , & de tous
les autres côtés par la mer. Il a environ 300 milles
de longueur, & près de 80 milles de largeur. Les
tremblemens de terre y font fréquens, mais d’ailleurs
c’eft une contrée délicieufe, où l’air eft três-
fain , 8c la terre très-fertile en grains, vins, &
fruits excellens. On divife ce royaume en quatre
grandes provinces ; la terre de Labour, la Cala-,
bre ^ la Pouille , & l’Abruzze. Chacune fe fubdi-
vife en trois autres. La terre de Labour contient la
terre de Labour proprement dite, la Principauté
citérieure 8c la Principauté ultérieure : la Calabre
renferme la Calabre citérieure, la Calabre
ultérieure, 8c la Bafilicate. La Pouille a fous elle
la terre de B ari, la terre d’Otrante ou deL ecce;
& l’Abruzze contient l’Abruzze citérieure , FA-
bruzze ultérieure 8c le comté de Molife.
Cet état, le plus grand de l’Italie , pafla dans le ve. fiècle , de la domination des Romains, fous
celle des Goths ; enfuite les Lombards en furent
les maîtres , jufqu a ce que leur roi Didier eût été
vaincu & pris par Charlemagne. Les enfans de
ce grand empereur partagèrent cet état avec les
empereurs Grecs , qui s’emparèrent enfuite de la
totalité du pays. Les Sarrafins leur en enlevèrent
une grande partie vers la fin du IXe. fiècle & au
commencement du Xe. Ils y étoient très-puiftans ,
lorfque dans le fiècle fuivant, les enfans de Tan-
crède, gentil-homme normand, les en chafsèrent,
& firent aufli la conquête de la Sicile. Les def-
cendans de ceux - ci y régnèrent jufqu’à Guillaume
I I I , qui ne laifla point d’enfans. Confiance ,
fille pofthume de R oger, duc de la Pouille , porta
cette riche fucceffion à l’empereur Henri V I ,
en 1194.
Après la mort de Conrad, leur petit-fils, en
1257 , Mainfroi, fon frère bâtard, fut reconnu
pour fon héritier : mais Charles de France, frère
de Saint-Louis, comte d’Anjou & de Provence ,
ayant été invefti du royaume de Naples & de
Sicile par le pape Clément IV , en 1265, défit 8c
i tua Mainfroi l’année fuivante ; enfuite ayant pris
dans une bataille, en 1268, le jeune Conradin,
! véritable héritier du royaume de Naples, il fit
trancher la tête à ce prince, ainfi qu’à fon parent
Frédéric, duc d’Autriche , au lieu d’honorer leur
courage ; enfin il irrita tellement les Napolitans
par fes oppreftions, que les François & lui leur
furent en horreur.
Le fang de Conradin & de Mainfroi fut vengé ,
mais fur d’autres que celui qui l’avoit répandu.
Pierre I , roi d’A ragon, qui avoit époufé Conf-
tance, fille de Mainfroi, fit égorger à Palerme
tous les François en 1282 , le jour de pâques , au
premier coup des vêpres. Ce maflacre fervit à attirer
encore de nouveaux malheurs à ces peuples
d’Italie, qui nés dans le climat le plus fortuné;