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de tous côtés beaucoup de plomb , qui eft cependant
plus caftant que celui d’Allemagne. On fabrique
aufll beaucoup de Litharge d’argent
qu’on tranfporteà Danzick. Les mines de cuivre,
d’ or & d’argent ne manquent point : mais elles
font peu exploitées , & c . & c .
Le terroir produit de toutes les efpeces d’herbes
, excepte celles cependant qui exigent une
terre très-chaude. La mânne de Pologne eft le
produit d’une forte d’herbe , 8c reflemble à des
grains de millet ; les habitans de la campagne
la recueillent dans les lieux marécageux depuis
le zo Juin jufqu’à la fin de Juillet. Cette mânne
eft employée dans la cuifine. On y recueille aufli
du kermès dont autrefois on faifoit un grand commerce.
La vigne réuffit très-bien dans quelques
cantons, & fi on n’en tire pas plus de parti, c’eft
plutôt la faute des habitans que du fol. On rencontre
prefque par-tout des forêts de fapins, de
pins , de hêtres & de chênes ; enfin la Pologne
fournit quantité de miel & de cire.
Quand aux bêtes fauvages les plus remarquables
, font VElan , le Bellier fauvage, le Cheva
l fauvage , le Bifon , le Goulu. , le Chamois,
8c le Buffle. Le Sanglier s’ y trouve en allez
grand nombre , ainfi que 1 e Renard7 le Lievre ,
le Cerf, le D'ain , la Martre, le Bievre , la
Loutre ", mais les Loups & les Loups-cerviers ,
fur-tout font très-nombreux & caufent beaucoup
de ravages.
. Ce pays renferme aufll des fources dont les
unes s’enflamment, les autres changent le fer
en cuivre , ou pour mieux dire opèrent une in-
çruftation enivreule , plufieurs pétrifient les dif-
férens corps qu’on y plonge , 8c fur leur furface
on voit de la poix qui fumage. Beaucoup * de
fontaines contiennent du v it r io l, de la chaux ,
du falpêtre , & particulièrement du foufre.
- Les lacs font en aftez grand nombre dans la
grande Pologne , & il y en a de très-poifton-
neux. Le plus confidérable de tous eft le Go-
pler-See en Cujavie, il a j milles de long fur
un mille & demi de large.
Les principaux fleuves font la Du na , la Me-
jnel y la Viftule, la W arta , le Dniefier , le B oc ,
le Dniep er 8c le Rrçypiec\.
Lés villes font en très-grand nombre dans ce
royaume mais à peine en cite-t-on trois de remarquables
, toutes les autres font très-mal bâties.
Les beaux arts veulentrefpirer un air libre
, 8c jamais un peuple eicîave ne s’eft rendu
fameux par fes monumens ; l’induflrie 8c l’émulation
doivent tendre fans cefle à s’étendre ,
malgré les efforts qu’on fait pour les encourager
, & de malheureux ferfs ne fongent guere
à des embelliflemens dans les villes , à des édir
fiçes fomptueux , à des ouvrages magnifiques,
tandis qu’ ils ont à pleurer la perte de leur liberté
*. La langue elle-même fe relient de la langueur
jiationale, & n’eft pas à beaucoup près çe
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qu’elle auroit pu être. C’eft un diale&e de l’Efo
clavon. La langue Allemande eft fort en ufage
en Pologne : car ce malheureux pays ferait aujourd’hui
dans un anéantiflement tota l, fi les
Allemands en y portant le commerce , leurs arts,
leur aélivité, 8c des hommes nouveaux, ne l’eufi*
fent pour ainfi dire régénéré. Ils y ont bâti plufieurs
villes , ils les ont embellies , & l’émulation
de ce peuple infatigable les a rendus flo-*
liftantes. La langue latine eft très-ufitée en Pologne
, même parmi le peuple i mais on doit
bien croire , comme le dit M. Bufching , que
1 on s’embarrafte aufli peu des longues 8c des
brèves que du choix des mots , 8c de la pureté
du langage.
A l’egard de la religion , il a été ftatué par
la diète de pacification de 1*736 , qu’aucun roi
de Pologne , ni grand duc de Lithuanie ne pour-
roit être élu , à moins qu’il ne profeflat la religion
catholique-romaine ; la reine elle-même
doit être de cette religion , qui eft la dominante
-, mais malgré les principes de cette conf-
titution , les Polonoisfont aftez fenfés pour être
tolérans. On compte chez eux deux Archevêchés,
15 évêchés, Z46 collégès publics, 30
abbayes , 581 couvens de moines, 117 couvens
de religieufes. Les biens 8c les revenus du clergé
catholique , font prefque le tiers des biens du
royaume , rich'efle honteüfe, qui fait voir à
quel point le gouvernement eft fo ib le , & 1©
peuple peu éclairé encore ! parmi les différentes
foéles , on voit des luthériens, des Calvin if»
tes , des grecs fehifmatiques , 8c d’autres réunis
à l’églife romaine. Tous vivent en bonne in*
telligence , ou parce qu’on eft aftez indifférent
pour ne point s’occuper d’ eux ; ou parce que l’état
dans fa foiblefte , à cependant aftez d’énergie
pour luer impofer filence.
Les fçiences commencent cependant à percer
dans ce royaume , furtout depuis l e démembrement
de 1773. C’ eft ainfi qu’après un affreux orage
, le foleil réparoit plus pur 8c plus radieux.
On s’applique aujourd’hui à épurer la langue Po-
lonoife , à étudier la philofophie moderne , les
mathématiques , & le droit des gens qui devroit
être celui de la nation , à perfeétionner l’hif-
toire du pays , 8c à fe livrer à l’étude des langues
anciennes. On compte déjà plufieurs favans
parmi les princes 8c les Seigneurs Polonois ornais
ce font précifément ces favans illuftres , dont la
fcience n’eft plus fufpeéle à moins qu’ils ne foient
dans ce royaume , bien différens de ce qu’ils
font chez nous 1 Les arts ne forment point une
monarchie'*, mais une république, tous les membres
doivent être égaux 8c libres-, quel eft donc
î’efclave qui oferoit avoir raifon contre fon foi-
gneur ? Quel eft celui qui oferoit lui prouver
qu’ il a fait une bévue, oc que des dignités ne
font pas des preuves de génie 1 ô Polonois ayez
le courage d’affranchir yos ferfs 2 renoncez à
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l’orgueil des tirans, faites plus encore, foyez
hommes ; vous n’ en forez que plus riches , plus
heureux , 8c les arts , les beaux-arts , enfans de
la liberté, ne craindront pas de féjourner dans
vos villes 1 vous ne forez plus refpeétés par de
vils efclaves qui vous détellent : mais vous ferez
aimés par des hommes libres , auxquels rien
ne pourra arracher l ’admiration de votre mérite
perfonnel , 8c de vos vertus 1
L’état du commerce eft encore plus languif-
ftnt ; on ne voit dans ce malheureux pays ni
fabriques ni manufactures. Toutes les denrées
fortent crues du royaume. L’objet d’ exportation
confifte en lin , en chanvre , en graine ,
de lin, en houblon , en m ie l, en cire , en fu if,
en peaux de boeufs , en goudron , en mâts , planches
8c bois de conftruftion 8c de charpenteen-
boeufs , en chevaux & en bleds -, mais il acheté
à l’étranger pour des fommes bién plus confidéra-
blés des v ins , des épiceries, des draps , des toiles
, des pierreries , des pelleteries , des étoffes
de foye , 8c des ouvrages d’o r , d’argent, de
cuivre & d’autres métaux. Les trois puiflances
cependant depuis l’ inftant du démembrement,
ont chacune par différens moyens cherché à relever
le commerce dans les pays qui leur font
échus en partage -, il faut efpérer que ce qui relie
à la république, profitera de cet exemple.
Les ordres militaires établis en Pologne , .font
l ’ordre de l’Aigle-blanc , inllitué en 1706 , par
le roi Augufte II. Les chevaliers portent une
croix d’or émaillée, bordée, de blanc avec quatre
flammes dans quatre angles, d’ un côté eft l’aigle
blanc de Pologne , ayant fur la poitrine
une croix blanche , avec l’épée pectorale ; de
l ’autre côté on lit cette inscription : pro ff.de,
tege , & lege : celles du roi porté les mots pro
fide y rege , & grege. L’ordre de St. Staniflas a
été établi par Staniflas.-Augufte Poniatowski ,
qui a fuccédé à : Augufte I I I , mort en Décembre
1763. Il faut avoir reçu l’ordre de St. Sta- !
niflas pour être admis à .celui de l’aigle-blanc.
: Les diètes ou affemblées des grands & de la ;
noblefte, font convoquées pour délibérer fur les ■
befoins de l’état, 8c pour décider des affaires li-
tigieufos. Les diètes ordinaires , ( diètes pacifi-
•ques ) tiennent tous les deux ans ; les diètes 1
extraordinaires , diètes à chev al, parce que les I
états s’afîemblent armés 8c en rafo campagne , fe
•convoquent félon que l’exigent les circonftan-
.ces. Ces diètes font toujours précédées'des dié-
tines qui font des aflemblées particulières delà
noblefte , indiquées par le r o i-, leur objet eft
■ l’éle&ion des députés où noqces , auxquels on.
donne des inftruétions particulières, où pleins
pouvoirs illimités , pour délibérer à la diète générale
fur tous les point^qui peuvent concer-,
■ ner le bien être de la république. Ces diètes
peuvent être arrêtées dans leurs délibérations* J
par l’oppofition d’un foui membre , en yertu du ’
P O L (?ƒ;
liberum veto ’, delà vient que l’on voit fi peu de
ces diètes arriver à leur perfeélion.
Les villes de Pologne font adminiftées par des
bourguemeftres , & des confeiilers, & les v il ■
lages par des prévôts avec leurs affefleurs 8c
échevins. Les habitans des villes 8c des villages
font gouvernés plutôt, félon le bon plaifir de leur
maîtres que fuivant des loi’x fixes 8c connues.
Cracovîe eft la capitale de ce royaume, &
'Warfovie la réfidence la plus ordinaire des rois.
Le droit d’aubaine y a été abbli en 1768 , à
la réferve du 10e. pour le feigneur , & à charge
de fo repréfontër dans trois ans. La France a accordé
la même chofe aux Polonois le 9 Novemb.
1 777- Long- 34d* 5 ° ------% î 47- 4 ° ------5 6 . 3 0 .
( Maffbn de Morvilliêrs* ) '
POLTEN-, ( s a in t ) voye\P oex't e n ( s a in t ) .
■ ; POMARD, gros village de France, à une
lieue fiid-oueft de Beaune, renommé par fes
bons vins. (R . )
POMARÈZ , vpye\ P o m m a r e z -.
POMEGUE, île de France, fur la côte de
Provence , près l ’île d’If. C’eft une des trois
petites lies communément appellées îles de Mar-
feille- i parce qü’èlles en défendent le port,
n’étaht qu’à-une lieue dé fon entrée. Elle n’a
qu’un mille & demi de longueur , & un demi-
mille de îargeuri Cette île forme une partie
du canal qui eft entre les trois : îles de Mar-
fe ille , il n’y a qu’une tour où l ’on envoie un
détachement de la garnifon d’If. Elle eft fté-
r ile , comme les autres îl'es voifines.
POMERANIE, province d’Allemagne, avec
titre de duché , .dans le cercle de Haute-Saxe^
bornée au nord par la mer Baltique , v au Midi
par la Marche de Brandebourg , au Levant par
la Prufle 8c la Pologne , & au Couchant
par le duché de Mecklenbourg. Elle efl d iv i-
fée en deux par la grande 8c belle rivïere d’Oder.
Son nom lui vient du voifmage de la mer.
Ce pays fut habité du tems de Strabon , de
Ptolomée & de Tacite par les Goths les Ru-
giens & les Hérules, toiis peuples Germaniques
de la grande nation des Slaves. Ces nations
ayant quitté leurs anciens foyers dans
le V e. fiécle, pour s’établir en Pannonie , en
Italie & en d’ autres provinces de l’empire Romain
, les Slaves ou Venedes , nations Sarmatés
ou Polonnoifos qu’on ne fauroit fans une grande
erreur confondre avec les Vandales , nation purement
Germanique, s’établirent dans tous les
pays entré l’Elbe & la V iftu le , •& fondèrent
fur-tout en Poméranie un vafte état dont lès
fouverains Venedes furent appelles par leurs fu-
jets & par les anciens hiftoriens du No rd , rois
Konjur a f vïndland ( roi de la Venedie ) , Peu
après ce royaume fut partagé en plufieurs états
elon les différentes nations. 8c eut des princes
particuliers, tels que les princes des Obotrîtes
en Mecklenbourg , les rois ou princes desBren