
monde étoit élevé au-deflus des eaux qui l’envi-
ronnoient de toutes parts. Mais quand on eut découvert
l’Amérique , qui a beaucoup d étendue du
nord au fud , & qui femble interrompre la Continuité
de' l’Océan , & que l ’on eût trouvé les
terres arétiques & antar&iques, alors on commença
à changer de fentiment ; car on s’imagina que l’A mérique
étoit jointe à quelque partie du continent
méridional; ce qui n’étoit pas fansvraifemblance ,
de même que la plupart de nos géographes modernes
fuppofent que l’Amérique feptentrionale
eft jointe au Groenland» Si ces deux conjectures
enflent été juftes , il s’en feroit fuivi à la vérité
que l’Océan n’environnoit pas toute la terre ; mais
Magellan a levé tous les fcrupules , & écarté tous
les doutes à cet égard , en découvrant, en 1520,
un des détroits qui joignent l’Océan atlantique
avec la mer Pacifique. Ainfi, ce que les anciens
avoient fuppofé par une mauvaife forme de rai-
fonner, l ’expérience nous a démontré que c’eft
une vérité certaine. On en peut dire autant de.
l ’Afrique ; car les anciens fuppofoient, fans héfi-
ter , qu’elle étoit bornée au lud par l’O céan, &
qu’elle ne s’étendoit pas fi loin au-delà de l'équateur
, ce qui s’eft trouvé - exa&ement vrai ; maist
quand les Portugais eurent navigé le long de la
côte occidentale d’Afrique, & découvert qu’elle
s’étendoit bien au-delà de l’équateur, on douta
alors fi on pourroit en faire le tour de maniéré à
pouvoir y trouver un paflage pour aller aux Indes
; c’eft-à-dire , fi l’Afrique s etendoit bien loin
au midi, & fi elle étoit entourée de l’Océan. Mais
iVafco de Gama leva encore ce doute ; car, en
»1497 , il côtoya d’abord la partie la plus méridionale
du promontoire d’Afrique , appelé le C*p de
*Bonne-Efpérance ; nom qui lui fut donné par Jean
f l , roi de Portugal, en 1494, lorfque Barthelemi
X)iaz, qui d’abord en revint, quoiqu’il 11’eut pas
doublé ce cap faute de provifibn, & à caufe des
teins orageux, lui eût donné u n e defcription détaillée
de l’état orageux de la mer auprès de ce
promontoire.
On demande fi l’Océan eft partout de la même
liauteur?
Il paroît que les differentes parties de l’Océan &
les baies ouvertes , font toutes de la même hauteur
; mais les baies en- longueur , & principalement
celles que forment les détroits ferrés, font
un peu plus baffes, fur-tout à leurs extrémités. Il
feroit cependant à foùhaiterque nous eiiflions des
©bfervations meilleures & plus exades que celles
«’on a faites jufqu’à ce jour fur ce fujer. Il feroit
eûrab.le que ceux qui font à portée de les faire , j
travaillaient à le ver, s’il eft poflible , les doutes
fuivans : favoir, i®;'fi l’Océan indien,pacifique
& atlantique, n’éff pas plus bas que les deux autres
; 2®. fi l’Océan feptentrional auprès du pôle &
fous la zone froide, eft plus élevé que l’atlantique,
3’ . fi la mer Rouge eft plus'haute que laMéditer-
tçrr^née ; 40. fi la mer Pacifique efl plus haute* que
1» baie du Mexique ; 5°'r fi la mer Baltique efl aulfe'
haute que 1 Océan atlantique. Il faudroit encore
obferver ces différences dans labaie de Hudfon,au
détroit de Magellan, ôc dans d’autres endroits.
Le flux & reflux continuel de la mer, & les
courans', font changer la face de l’Océan, & rendent
les;parties d’une hauteur différente dans différons
tems: mais ce changement efl opéré par des
caufes étrangères , & lions n’exam irions ici que la
conftitution habituelle de l’eau ; d’ailleurs, il rie
paroît pas que ce changement de hauteur foit fi fen-
fible au milieu de l'Océan qu’auprès des côtes.
La profondeur de l’Océan varie fuivant que fôn
lit efl: plus ou moins enfoncé ; ori la trouve quelquefois
de ~ ^ , rs 5 f» &c. mille d’Allemagne
, &c. Il y a des endroits où l’on trouve un
mille & plus, & ou 'la fonde ne fe trouve pas communément
aflèz longue pour atteindre' au fond ;
cependant il efl afléz vraifemblable que, même
dans ce cas , le fond n’eft pas aufli éloigné qu’on
le croit, fl ce n’eft peut-être aux endroits où il fe
rencontre des trous extraordinaires , ou des paffa-
ges fouterrains.
La profondeur des baies n’eft pas fi grande que
celle de 1 Océan & leurs lits font d’autant moins
creux , qu’ils le trouvent plus proches de la terre :
par la même raifon, l'Océan n eft pas fi profond
auprès des côtes que plus avant, ce qui eft occa-
fionné par la figure concave de fon lit.
Lès marins trouvent la profondeur de la mer
avec un plomb de figure pyramidale, & d’environ
douze livres de pefanteur, qu’ils attachent à une-
ligne de 200 perches de longueur ; quelquefois on
prend un plomb plus pefant. Cependant ils peuvent
bien être trompes dans cette obfervation,
lorfque la fonde eft entraînée par un courant ou
un tournant d’eau; car alors elle ne defeend pas
perpendiculairement , mais dans une dire&ion
oblique. Lorfque la profondeur eft fi grande que
la fonde ne fuffitpas pour y parvenir, on peut
employer la méthode donnée par le doâeur Hook
dans les Tranfa&ions philofophiques, n°. 9 .
1\ paroît que la profondeur de l’Océan eft
limitée par-tout, & qu’elle ne va pas jufqu’aux
antipodes. Les obfervations qu’on a faites en divers
endroits à ce fujet, prouvent clairement que la
profondeur de la mer équivaut à-peu-près à la
hauteur des montagnes & des lieux méditefranés ,
c’eft-à-dire , qu’autant les uries font élevées, autant
l’autre eft déprimée; & que comme la hauteurJde
la terre augmente à mefure qu?on s’éloigne des
côtes, dé même la mer devient de plus en plus
profonde en avançant vers fon milieu, où communément
fa profondeur eft plus grande.
La profondeur de la mer eft fouvènt altérée dans
le mérite lieu par quelques-frnes des caufes fuivân- *
tes : i°.p>ar le flux & reflux; 20. par l’accrbiflemènt
& le décroiflement de la lune ; 3P* par les vents ;
tf°. par les dépôts ÿe fables & du limon qui viçriment
des côtes -, & q u i, avec le tems, rendent
petit-à - petit le lit de la mer plus plat.
Puifque l’Océan reçoit perpétuellement une quantité
prodigieufe d’eau, tant des rivières qui s y
déchargent, que du ciel par les, pluies , les rofées
& les neiges qui y tombent; ii feroit impoflible
qu’il n’augmentât pas confidétablement, s’il ne
diminuoit de là même quantité par quelqu’autre
moyen. Il y a à ce fujet deux hypothèfes chez les
philofophes : l’une eft que l’eau de la mer eft portée
par des conduits fouterrains jufqu’aux fources
des rivières, où fe filtrant à travers les crevaffes 9
elle perd fa falure : l’autre hypothèfe eft que cette
perte fe fait par les vapeurs qui s’élèvent de fa
furface. La première opinion eft prefque abandonnée
dé tout le monde, parce qu’il eft bien difficile
, pour ne pas dire impoflible, d’expliquer
comment l’eau de l’Océan , étant plus haffe que
l’embouchure des rivières, peut remonter aux four-
dés , qui font plus élévées. La fécondé eft généralement
adoptée. La quantité de vapeurs qui s’élève
de la mer, a été calculée par M. Halley.
Tranf. philof. n°. 9.
Il a trouvé, par une expérience faite avec beaucoup
fde foin, que l’eau falée au même degré que
l ’eft ordinairement l’eau de la mer, & échauffée
.au degré de chaleur de l’air dans nos étés les plus
chauds, exhale l’épaiffeur d’un foixantième de
pouceff’eau en deux heures: d’où il paroît qu’une
maffe d’eau d’un dixième de pouce , fe perdra en
vapeurs dans l’efpace de douze heures. Deforte
que connoiffant la furface de tout l’Océan ou d’une
de fes parties, comme la Méditerranée , on peut
aufli connoître combien il s’en élève d’eau en vapeurs
en un jou r , en fuppofant que l’eau foit
aufli chaude que l’air l’eft en été.
Il fuit de ce qui vient d’être dit, qu’une furface
de dix pouces quarrês perd tous les jours un pouce
cubique d’eau ; un pied quarré, une demi-pinte ;
le quarré de quatre pieds, un gallon ; un nfille
quarré, 6914 tonneaux; & un degré quarré de
69 mille anglois ,3 3 millions de tonneaux»
Le favant Halley fuppofe que la Méditerranée
eft d’environ 40 degrés de longueur, & 4 de largeur
, compenfation faite des lieux où elle eft:
plus large avec ceux où elle eft plus étroite : de-
forte que toute fa furface peut être eftimée à 160
degrés quartés ; & par conféquent toute la Méditerranée
, fuivapt la proportion ci-devant établie,
doit perdre en vapeurs au moins 5 milliars 280
millions de tonneaux d’eau dans un jour d’été.
Il ne refle qu’à comparer cette quantité d’eau
avec celle que les rivières portent tous les jours à
la mer.
La Méditerranée reçoit neuf rivières considérables
, favoir l’Ebre, le Rhône, le Tib re, le Pô ,
le Danube , le Niefter, le Borifthène, le Tanaïs
& le Nil ; ^prefque toutes les autres font peu
confidérables. M. Halley fuppofe chacune de ces
■ rivières dix fois plus grande que la Tamife , non
qu’il y en ait aucune de fi fo r te , mats afin d»
compenfer toutes les petites rivières qui vont f i
rendre dans la même mer.
Il fuppofe que la Tamife, au pont de ICingfton
où la marée monte rarement , a 190 aunes de
large , & trois de profondeur , & que fes eaux parcourent
l’efpace de deux milles par heure. Si donc
on multiplié 190 aunes de largeur de l’eau par 3
aunes de profondeur , & le produit 390 aune*
quarrés. par 48 milles ou 84480 aunes , qui eft là
vîteffe que l’eau parcourt en un jour, le produit
fera 25 millions 344 mille aunes cubiques d’eau,
ou 20 millions 300 mille tonneaux qui fe rendent
chaque jour dans la mer Méditerranée.
O r , fi chacune de ces neuf rivières fournit dix
fois autant d’eau que la Tamife, il s ’enfuivra que
chacune d’elle porte tous les jours dans la mer 203.
millions de tonneaux d’eau , & conféquemment
toutes les neuf enfemble donneront 1827 millions
de tonneaux d’eau par jour.
O r , cette quantité ne fait guère plus que le tiers
de ce qui s’en exhale en vapeurs de la Méditerranée
en douze heures de tems : d’où il paroît que
la Méditerranée, bien loin d’augmenter ou de déborder
par l’eau des rivières qui s’y déchargent,
feroit bientôt defféchêe, fi les vapeurs qui s’en
exhalent n’y retournoient pas en partie au moyen,
des pluies & des rofées qui tombent fur fa furface.
Le niveau de la mer n’eft point confiant, parce
que le centre de gravité du globe varie ôt fe trouve
perpétuellemerit déplacé. (Æ.)
OCHIO , grande contrée du Japon , dans l’île
de Niphon. Elle comprend onze provinces, a
pour capitale Jedo.
O GHO T SKO I, ville de la Tartarie Rufle, à
l’embouchure de l’Ochota „dans la mer d’Ochosk,
entre la Tartarie & le Kamtfchatka.
OCHRIDA. Voÿc\ G iustandil..
OCHRIDA (la c d’ ) , lac de la Turquie e a
Europe , entre l’Albanie au couchant,' & le Comé-
nolitari au levant. Ce lac n’a qu’une demi-lieue
de large fur dix lieues de long, & une feule ville
du même nom, autrement dite Guiflandil. Les
anciens ont connu ce lac fous le nom de lacus.
Lycuiciis.
OCHSENFURT , ville d’Allemagne , en Fran-
conie, dans l’évêché de Würtzbourg. Elle eft fur le
Mein , à 5 li. f. e. de Würtzbourg. Long. 2 7 ,5 0 ;
lat. 49 40.
OCHSENHAUSEN, abbaye de l’ordre de S.
Benoît, en Suabe, entre Memmingen & Bibe-
rach , fur la rivière de Rortam. L’abbé fut élevé à,
la dignité de prince de l’empire en 1747.
OCHUMS , rivière de la Mingrelie, qui, félon
le pere Archange Lambertini, a deux fources dans
le Caucafe , & fe jète dans la mer Noire.
O CICA , ville du Royaume de Gotto , au Japon.
Elle n’eft pas tout-à-fait fur le bord de la
mer ; mais fort port, dont elle eft très-peu éloignée
, eft affefc bon.