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l'affamer : une de ces rues fe dipeprojt vis-à-vî? la
place de G rè v e , à l’endroit de la rivière, où la
facilité des communication? déterminera un jour à
jeter un pont,
L’Univprfité de Paris, recule fa fondation jufqu’à
Charlemagne ; il y a cependant apparence quelle
ne remonte qu’au règne de Louis-le-Jeune. Les rois
la qualifient dç leur fille aînée ; titre vain , ainfique
tant d’autres. La faculté des arts eft la plus ancienne
des quatre qui la compofent, & c’eft dans celle-ci
feulement qu’eft élu le chef ou reéteur de Pupiver-
fité , qui a popr confeillers les doyens des Faculté?
de Théologie , de Droit de Médecine, avec les
quatre procureurs dés Quatre-Nations , qui compofent
la Faculté des arts, Le reéleur eft élu de
trois én trois mois : ordinairement on le continué,
fouvent même pendant deux ou trois ans. Les co llèges
, qui compofent l’Univerfité font au nombre
de quarante-trois » dont di? font de plein-exercice ,
fa voir : Navarre , Louis - le -Grand t la Marche, le
Cardinal-le- Moine , les GraJJins , Mont ai eu , Mara-
rin, Harcourt, le Plefjîs 6* Lijteux. Il faut diftin-
guer le collège de Navarre de la maifon du même
pom , deftinéç à la théologie, aînfi que la Sorbonne.
Les tribunaux qui fiêgpnt au palais , font : le Parlement
, qui fe dit le premier du royaume ; la Chambre
dés Comptes, la Cour des Aides , là Cour des
Monnoyes , là Chambré fouvéraine des décimes
du Clergé, lés Requêtes de l’HÔtel,'les deux cfi'am-
bres des Requêtes du Palais, le'bureau dës'Tréfo-
riers de France, là chambre du T réfor & Dorhainé,
le bureau dés Finances, la'Table de Marbre, dont
la jur-ifdiélion comprend trois'fièges généraux j la
Connétablie' & la Mâréchauffée de France, l’Amirauté
, les Faux & Forêts , lé bailliage du Palais , la
raaîtrife particulière dés Eaux & Forêts. Le parlement
y fut fendii fédentaire par Pkilippe-le-Bel en
1302. Les chambres qui le compofefit, font .: la
Grand’Chambre, formée du premier préfident? de
néuf préfidënts à-mortier, de deux confeillers d’honneur
faés /d e fix aiitres confeillers d’hoïmèur, de
trente-fept confeillers 1 de trois avocàts-généraux,
& du prociiréurfgénéral. Trois'chambres des1 Enquêtes
> une chambre des Requêtçs du Palais , la Tournelle-,
Criminelle, la chambre des Requêtes de T Hôtel, &ç.
* Gn reconnoît généralegient que lé reffort du
parlement de Pans, qui comprend la moitié du
royaume, eft infiniment frop étendu. Aux articles
Tyon ëi Dijon ) nous indiquons-une partie des
abus & des dêfcrdrès qiii en réfulterit. | l èjl indif-
penfable d'établir deux Nouveaux parlemehs' pour
les provinces du milieu/ D un à Poitiers pour les
provinces de Poitou, d’Aunis, de la Marché ? d’An*
jeu & de Touraine; l’autre à’Clêrmont, pouf Celles
d’Auvergne, de Limofin/de Bourbonnois, deBêrri
de Nivernois. L ’Angoümois reffortiroit à celui
de Bordeaux ; le LyonnoiS à celui de Grenoble ;
les comtés de Mâcon , d’Auxerre & de Bar-fur-
Jjeine.j ap parlemçnt de Dijon, *
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Le grand-confeil tient fes féances au Lottvre,4
Le châtelet exerce les jurifdiéfions civile , criminelle
& de police de la ville , prévôté 6c vicomté
de Paris. Le fiège préfidial y eft uni.
On cpmpte à Paris 41 églife paroiffiales, & 20
qui en font les fondions fans en avoir le titre ; 17
églifes çpllégiales j parmi lefquelles il y a 13 chapitres
; trois abbayes d’hommes , favoir Saint-Ger-
main-des-Prez, Saint-Yiélor , & Saint-Martin-des-
Champs ; 52. couve'ns d’ijomrpes 6c 70 communautés
de filles, dont 6 abbatiales : 12 féminaires,
2Ô hôpitaux, 10 maifons hofpitâliëres de filles 6c
de femmes , 8c 6 maifons de refuge. Les deux maifons
deftinées aux enfans-trouvès , en reçoivent
annuellement jufqu’à 6009 : l’une eft fur le parvis
Notre-Dame, lautre au fauxbourgSaint-Antoine.
Les placés publiques les plus dignes de remarV
5? e » f9nt ; i l place Vendôme ou de Louis-le?
Grand, là placé des Viéloires, la place Royale,
& la place de Louis XV. La place de Louis XV
eft mal entendue ; & les deux grands édifices qui
la terminent yers Je nord, font des copies dé?
guifées & fort mauvaises du périftylë tdu Louvre.
Cette place,' abfohjment nue, éft fituée à 1’extréipité des Tuileries, àu-dela du pont Tournant.
La ftatue éqûeftre èn bronze de Louis X V ;
qui s’élève au milieu , eft de M. Bouchardon; &
les quatre figures aufli en bronze qui font aux
quatre angles dupiedeftg), font de M. Pigaï. Ces
figures font froidement compofées., drappéès fans
intelligence', incorrectes dans le deffin. Qn y 2
cherché le fimple , pn eft tombé dans la fédiereffe :
ces ftatues' en un mot font pilaftre , & ne feront
pas un témoignage du progrès des arts dans nô?
tre fiècle. Dans l’un des deux édifices qui fe voient
fur dette place, eft lé garde-meuble de la cou?
ronne. Entre les meuhles.précieux que l’on y con-
ferve, il faut compter les belles tàpiffpries faite?
fur les deffins de Jules JRomain qui repré-
fentent lés batailles dé Scxpion l’Africain , &: le
triomphe du même Sei pion ; d’autres d’après les
j deffins de Raphaël , d’autres eu’fin qui pnt été
‘faites aux .Gobelins fur les deffins de Charles le
Brun. Parmi beaucoup d’armes 6c d’armures que
l’on y vo it, on remarque celle que François Jèr
portdit à la malheûreufe bataille de Paviè. Nous
avons parlé ep fon lieu des -places Vendôme 9
Roy ale, & dès Viâoire's.
Au - delà'de la place de Louis XV font les
.Champs-Elifées, vafte ëfplanade couverte de verdure,
6c plantée d’ormes efpacés en quinconce;
-Lès fêres; èc les dimanches on y trouve un peuple
immenfe, qui vient y Faire trêve, ou à Tes
travaux, pp à une vie reclufe & cafanière j &
noyer dans, quelques’ verres de bière l’epnui &
les chagrins de la feniaïne.
Non loin dé-là , à l’ëxtréaiité du fauxbourg Saint-
Honoré , font les jardins à l’angloife de M. le Duc
de Chartres , connus fous le noin de jardins de
Monceaux. Lé local ne fë prêtoit point à ce genre ;
te
PA R la belle vue dont on y jouit, éclîpfe eh partie les
agrémens qu’on a cherché à y répandre. Mais, une
faute inexçufable, eft d’avoir entremêle autour de
la piece d’eau, des colonnes qui étant de differens
diamètres, de différentes hauteurs, & d’ordres dif-
férens , n’ont jamais pu faire partie d’un temple ni
d’aucune efpece d’édifice quelconque, qui par con-
féquent ne repréfentent ni ne peuvent repréfenter
des ruines, 6c manquent effentiellement 6c évidemment
leur but. .
En face de la place de Louis X V , & fur le
bord de la rivière , eft le palais Bourbon qu’habite
M. le prince de Condé. C ’eft un palais à l’italienne
d’une très-riche architecture, & qui n’a
qu’un rez-de-chauffée. Dans ces dernières années,
©n y a joint plufieurs corps-de-logis, qui circonf-
çrivent une cour de forme quarrée de très-grande
étendue, qui fe termine fur le devant par un fu-
perbe périftylë formé de colonnes architravees.
A l’extrémité du fauxbourg Saint-Germain , près
des bords de la Seine, s’élève avec magnificence
la fuperbe retraite que Louis XIV, dans les tems
de fa gloire, confacra à ceux de fes fujets qui
s’étant voués à la défenfe de l’état, avoient droit
d’en attendre un afyle, lorfque l’âge ou les blef-
fures les obligent de quitter le fervice. On voit
que je veux parler de l'hôtel royal des Invalides.
Les fondemens en furent jetés en 1671. On y reçoit
jufqu’à 4000 hommes qui y font nourris &
habillés. Cet édifice d’une grandeur prodigieufe,
tire fon principal éclat du dôme fomptueux qui
s’élève fur le vaiffeau de l’égüfe. Il a 200 pieds de
hauteur fous voûte, & 300 pieds pour hauteur totale
jufqu’à l’extrémité de la croix. L’intérieur eft
décoré de belles pintures à frefque. Le haut de la
coupole eft de la Foffe, ainfi que les 4 Evangeliftes
qui font dans les pendentifs ; & la tribu des douze
Apôtres, eft de Jouvenet. Noël Coypel a déployé
les richeffes de fon pinceau dans la voûte du fanc-
tuaire où il a peint la fainte-Trinité. L ’Affomption
eft de M. Utrel. Les peintures des quatre chapelles
qui accompagnent le dôme, & qui font dédiées
aux quatre peres de l’églife latine, faint-Jérôme,
faint-Ambroife, faint-Auguftin & faint-Grégoire ,
font de bonne main. La chapelle faint-Ambroife
eft pein.e par Boulogne l’aîné; celle de faint-Auguf-
tin par Boulogne le jeunes celle de faint* Jérome
encore par M. Boulogne l’aîné , & celle de faint-
Grégoire eft de M. Doyen. Le pavé eft comparti
de très-beaux marbres, employés avec beaucoup
d’intelligence. Le portail, qui a fon afpeâ fur la
campagne , 6c qui eft orné de colonnes, de group-
pes,.de ftatues, réfulte de deux ordres d’archi-
teéhire, le dorique & le corinthien,, avec un atti-
- que encore au-.deffus,
L’École royale militaire fut fondée en 17 5 1 ,
: pour l’éducation de 500 jeunes gentilshommes. Le
bâtiment en a de la dignité. Au milieu de la cour
fur un piédeftal, s’élève la ftatue en marbre du
•roi Louis XV. Devant l ’édifice fe développe le
Géosr. Tome IL
P AR 577 Champ de Mars, entouré de foffés, deterraffes,
& de plufieurs rangs d’arbres. Il eft deftiné aux
exercices militaires : fa longueur eft de 465 toifes,
& fa largeur et! de 202.
Le porche de la comédie italienne efl d’un ton
m â le ,& d’une belle ordonnance; mais une faute
qu’on fe reprochera plus d’une fois , eft d’avoir
conftruit cet édifice à rebours, & de ne lui avoir
point donné fon afpeft fur le boulevard , qui va
devenir une des belles rues de Paris.
Les principaux hôpitaux de Paris font l’Hôtel-
Dieu , la Charité, la Pitié , Bicêtre , les Incurables
, l’hôpital des Petites-Maifons , & la Salpétrière,
qu’on nomme encore f Hôpital-général, parce
que c’eft la principale maifon du corps de l’Hôpi-
tal-Général. Les bâtimens de la Salpétrière , fituée
au voifinage du fauxbourg Saint-Viéior, font vaftes
& commodes.Ils ne renferment pas moins de 5009
perfonnes nourries & entretenues avec beaucoup
d’ordre & de foin, fous la direâion d’une fupé-
rieure, & de 36 foeurs , 80 gouvernantes, & un
nombre prodigieux de domefliques: On y reçoit
des enfans trouvés, des filles & femmes de mau-
vaife v ie , des femmes en démence , des enfans
qu’on veut châtier, des perfonnes mariées hors
d’état de travailler, des pauvres en famé qu’on
occupe à des exercices convenables , des filles
qu’on y emploie aux ouvrages qui font de leur
reffort, comme la dentelle, la broderie, &c.
L’hôpital de la Pitié au fauxbourg Saint-Viéior
fut fondé en 1612.11 préfente un refuge pour les
garçons orphelins de Paris , & on y reçob des enfans
trouvés. Les adminiftrateurs de l'Hôpital-Gé-
néral, qui font les mêmes que ceux de l’Hôtel-
Dieu, y tiennent leurs affemblées ordinaires. Il a
été parlé ci-devant de l’Hôtel-Dieu , de l’Hofpice
de Charité établi par M. Necker, & de l’hôpital
de Bicêtre à fon ordre alphabétique. Nous ajouterons
qu’en ce dernier on traite gratuitement les •
maladies vénériennes ,& qu’ il a une garnifon de
cinquante hommes ; le puits 834 toifes de profondeur.
L’hôpital de la Miféricorde fut fondé en 1624
pour cent orphelines ; celui des Incurables le fut
en 1637 par le cardinal de la Rochefoucauld L’hôpital
des Petites-Maifons eft particulièrement def-
tinè à renfermer ceux dont l’efprit eft aliéné ; celui
de la Charité, fondé par la reine Marie de Mé-
dicis, eft deffervi par des frères dits ie la Charité,
de l’ordre de Saint Jean de Dieu. Ils ont trois
maifons ou hôpitaux à Paris, dont une deftinée aux
convalefcens. Ajoutons aux établiffemens pieux,
les trois Hofpices de Saint-Jacques du Haut-Pas,
de Saint-André-des-Arts, de Saint-Merri, pour
les pauvres de ces paroiffes refpeélives ; & la maifon
de Santé,près du fauxbourg Saint - Jacques
& hors de la v ille, pour des prêtres & militaires
infirmes.
Les accroiffemens qu’a reçus cette grande v ille , Si
ceux qu’elle reçoit encore journellement, exigent
la contcdion de deux ponts, l’un en face des Ip-
D d d d