
Quels Jupiter Anxuris atvis
Prafiiet, & viridi galiciens Fer onia Inco.
Æn. lib. Y I I , 799.
Horace fait a-uffi mention de cette fontaine consacrée
à Feronia :
Or a manufque tua lavimus Feronia lymphâ.
L. I , Sat. v .
Ce pays devint enfuite fi peuplé, qu’on y compta
jnfqu’à vingt-trois villes , Suivant le témoignage de
Pline , /. vj. Du nombre de-ces villes étoient Sul-
mona, Séria ou Sezze, Privernum ou Piperno,
Antium ou Nettuno, & Forum Appii.
Il y avoit encore grand nombre de maiSons
de Campagne dans les environs ; & elles étoient
fi confidérables, que les noms de quelques-unes
Se Sont conServés juSqua préfent : les plus célèbres
furent celles de Titus Pomp. Atticus, dans
les environs de Sezze ; celle de la famille Antonia ,
auprès de la montagne Antogmano , où l’on voit
encore des ruines appelées Le grotte del campo;
celle de Mécène près de Pontanello, où il refte
de vieux murs ; celle d’Augufte , qui étoit près
de la maifon Cornëlia , dans l’endroit nommé
/ M a r n a ; celle de la maifon Vitellia, qu’on appelle
i Vitellï ; celle de Séjan , fur le bord des
marais Pontins ; celle de la famille Julia, autour
de Bafliano , fief des Gaëtans. Ce pays étoit délicieux
par fa Situation , par la fertilité 'de Ses campagnes
en bleds, huiles, fruits , par la bonté de
Ses v in s , & par les plaifirs de la chafle 6c de la
pêche, qui en font encore aujourd’hui une partie
des agrémens : a»fli les Romains prirent Soin de
procurer l’écoulement des eaux, 8c d’empêcher les
débordemens.
Appitis Ciaudius , 3T0 ans avant Jefus-Chrift \
paroît avoir été le premier qui fit travailler aux
marais Pontins, lorfque faifant pafler Sa route au
travers, il y fit faire des canaux , des ponts & des
'chauffées, dont il refie des veftiges confidérables ;
158 ans avant J. C . fl y fallut faire des réparations
confidérables : le Sénat donnna au conful Cornélius
Céthégus, qui les entreprit, en récompenfe de
Ses foins , une partie du territoire qu’il avoir def-
féché.
Jules Céfar forma les plus vafies projets pour la
bonification de ces campagnes, en donnant un
écoulement aux marais Pontins ;.mais fa mort précipitée
en empêcha F exécution;
‘C e fut A il gu fie qui reprit le projet du defieche-
ment': Strabon dit qu’on creufa un grand canal fur
lequel on naviguoit lâ nuit, & dont on fortort le
matin, poar continuer fa route par la voie Ap-
pienne.
' L’empereur Trajan fit paver le chemin qui tra-
verfoit les marais Pontins , & y fit bâtir des
ponts & des maifons ; on en voit la; preuve par
rinficfiprion Suivante qui eft fur une pierre r Imper-,
-Çafar dtvinl Herya F, Nerva Trajanus Aug. Gehnak,
M A R
pont. max. coff. I I I , Pater pat ri x refecit. Il y *
d autres monumens de cette efpèce qui font
rapportés dans Kircher , Corradini, Bichi, P'ra-
rifio.
L’inondation des marais recommença dans le
tems de la décadence de l’empire : on voit que
Théodoric les abandonna à Décius pour les delïé-
cher, & il paroît * que. l’entreprife de Décius eut
tout le fuecés defiré. L’infcription gravée à ce
Sujet fe voit près de la cathédrale de Ter racine.,
8c elle eft rapportée dans l’ouvrage de M. B0I0--
gnini, fur les marais Pontins.
Boniface VIII fut le premier des papes qui s’occupa
de leur defl’échement. Au x n T Siècle , Martin
V , de l’illuftre maiSon des Colonnes , fit creu-
Ser le canal qu’on appelle rio Martino, ouvrage fi
confidérable, que bien des gens n’ont pu croire
que ce fût un ouvrage moderne. Cette belle entreprise
manqua par la mort de ce pape, arrivée
en 14 3 1, 8c ne fut point continuée par fes fuc-
cefleurs.
Léon X , en 1 5 1 4 , donna ces marais à Julien
de Médicis en toute propriété , fous la redevance
de cinq livres de cire. Sixte V , en 1585, reprit
le même projet pour affainir l’air & augmenter la
fertilité du pays. Il fit faire un grand canal appelé
Fiume Siflo\ il fit déboucher les eaux dans la mer
au pied du mont Circello , 8c fit faire des chauffées
: mais les digues fe rompirent après fa mort,
& très-peu d’eau débouche par ce canal.
Huit papes , jufqu’à Clément X I I I , firent faire
des vifites, formèrent des projets , & ^exécutèrent
rien. Celuf-ci s’en occupa férieufement, mais
la mort empêcha l’exécution de fes projets. On a
repris depuis ces travaux, 8c aujourd’hui le defte-
chement des marais Pontins eft prëfque entière-
mènt effeâué.
On trouve dans ees marais des Sangliers , des
cerfs , des bécafles ; Tes buffles y pâturent en
quantité : il n’y a guère de pays où cette efpèce
d’animal Soit plus commune. Les joncs qui y
croifioient fervoient à foutenir les vignes des coteaux
voifins ; les payfans en faifoient auili des
torches pour s’éclairer pendant la nuit dans leurs
maifons.
La partie de ces marais qui avoifine la montagne
de Sezze'& de Piperno , reçoit des fources d’eaux
fulphureufes qu’on appelle Aquapu^a. Ces eaux
prodüifent une efpèce de concrétion aflez Singulière.
La pellicule grafle de ces eaux Sert à frotter
ceu-x qui ont la galle : on s’en-fert pour guérir les
chiens. (J2.)
M A R A K IAH , pays maritime d’Afrique , entre
la ville d’Alexandrie & la Lybie. Ce pays , au jugement
de d’H erbekit, pourrok être pris pour la
Pentapole, ou s’il eft compris dans l’Egypte , pour
la Maréotide des anciens. '(R.)
MARAMAROS , province de la haute-Hongrie
, avec titre de comté, fituée à-l’orient de 1a
Theifs, di-vifée en quatre diftri&s, 8t renfermant
cinq villes ^fiont la principale eft Szigerii. L’on y
trouve de bonnes Salines, de vafies plaines, 6c les
fources de la Theifs au pied du mont Krapack. Les
habitans en font d’origines diverfes : il y
Hongrois, des Rufi'es, des Valaques 6c des Allemands.
(JR.) , A ,,
MARANON : prononcez Maragnon ; c en 1 ancien
nom de la rivière des Amazones, le pins
grand fleuve du monde, 6c qui traverfe tout le
continent de l’Amérique méridionale, d occident
en orient. . . , ,
Le nom de Maranon a toujours ete conierve a
ce-fleuve, depuis plus de deux fiscles chez les Espagnols
, dans tout fon cours 6c dès fa fource; il
çft vrai que les Portugais établis depuis 1616 au
Para, ne connoifloient ce fleuve dans cet endioit-
là , que fous le nom de rivière des Ama^onnes, 6c
qu’ils n’appellent Maranon ou Maron ho n dans
leur idiome , qu’une province voifine de celle
de Para ; mais cela n’empêche point que la rivière
des Amazones 6c le Maranon ne foient le même
fleuve.
Il tire fa fource dans le haut Pérou du lac Lau-
riçocha, vers les 11 degrés de latitude auftrale,
fe porte au nord dans l’étendue de 6 degrés ,
enfuite à l’eft jufqu’au cap de Nord, où il entre
dans l’Océan fous l’équateur même, après avoir
çouru depuis Jaën , où il commence a être navigable,
30 degrés en longueur, c’eft-à-dire750 lieues
évaluées par les détours à mille ou onze cents.
Voyei la carte de ce fleuve , donnée par M. de la
Çondamine , dans les Mém. de Vacad. des Sciences,
ann. 1745. Voyeç aufli AMAZONES ( fleuve des ).
MARANS , petite ville du pays d’Aunis , dio-
çèfe 6c éleâion de la Roçlielle, dans des marais
falans, à une lieue de la mer. On y fait un fort
> grand commerce de bled. Long. 1^ , 40; lat. 46 ,
2.0. (R.)
MARANT : on écrit aufli Morand 6c Marante;
petite ville de Perfe dans l’Aderbeizan , dans un
terrein agréable & fertile. Les Arméniens , dit Ta-
vernier f croient par tradition que Noé & fa femme
pnt été enterrés, à Maranj ; & ils penfent que la
montagne que Fon voit de cet endroit dans un
tems ferein, eft celle où l’arche s’arrêta après le
déluge. Long. 81 , 15 ; lut. 3 7 , 3 o x fuivantles ob-
fervations des Perfans. (R.)
MARASA , ville d’Afrique, en Nigritie , dans
le royaume de Caflena ou de Ghana, entre une
rivière qui vient de Canum, 6c les frontières du
royaume de-Zeg-zeg, félon M. de Lifte. (R.)
MARASCH, ou Merach , Gtrmanicia, ancienne
ville de la Turquie afiatique, capitale d’un
pacha-lick, 6c réfidençe d’un pacha, à 38 lieues
ji. d’Alexandrette , 2,4 n. e. d’Adena. Son territoire
arrofé de ruifleaux , abonde en grains 6c en fruits.
C ’eft la patrie de Neftorius. (R.)
MARATHON > village de Grèce , dans l’Attique,
fur la cote, à dix milles d’Athènes, du côté de la
Béotie. Le nom de Marathon eft devenu fameux
par l ’infigne victoire que les Athéniens, fous U
conduite de Miltiade, y remportèrent fur les Perfes
la troifième année de la 62e Olympiade. On plaÇ^
dans la galerie des peintures d’Athènes, un tableau
qui repréfentoit cette célèbre bataille, Miltiade
s’y vit feulement reprélcnté dans l’attitude
d’un chef, qui exhorte le foldat à faire fon devoir;
mais tout vainqueur qu’il étoit, il ne put jamais
obtenir que fon nom fût écrit au bas du tableau ;
011 y grava celui du peuple d’Athènes. ^
Marathon, fi fameux dans l’antiquité, a bien
changé de face ; ce ri’efj: plus qu’un petit amas de
quinze ou vingt métairies, habitées par une centaine
d’Albanois. Il eft éloigné de trois milles de h
mer, 6c de fept ou huit d’Iibréo-Çaftro , çe qui
réppnd aux 64 ftades que Paufanias met de diftance
entre Marathon 6c Rhamnus.
Le même Paufanias parle aufli du lac de Marathon
, 6c dit qu’il étoit en grande partie rempli de
vafe : les Perfes mis en fuite s’y précipitèrent d e “
pouvante. '
La plaine de Marathon, où fe donna cette grande
bataille , s’appelle toujours campi Marathonis ; elle
a environ 12 milles cle tour, 6c çonfifte, pour la
plus grande partie, en des champs labourés, qui
s’étendent depuis les montagnes voifines jufquà
la mer.
Cette plaine eft coupée par la riviere de Marathon
, 6c c’eft peut - être celle qu’on nommoif
anciennement Macoria; elle vient du montPar-
nèthe , pafle de nos jours par le milieu du village
de Marathon, 6c va fe dégorger dans FEur
ripe.
Je ne dois pas oublier de remarquer que les Atticus
Herodès étoient de Marathon , 6c fleurifîbieru
fous Nerva, Trajan 6c Marc-Aurele. Atticus pere
i ayant trouvé dans fa maifon un riche tréfor, manda
à l’empereur Nerva , ce qu’il vouloit qu'il en fit;
l’empereur lui répondit : « Vous pouvez ufer de
» ce que vous avez trouvé ». Atticus lui récrivit,
que ce tréfor étoit très-confidérabLe , 6c fort au-
defiùs de la condition d’un particulier. Nerva lui
répliqua : « Abufez fi vous voulez de votre tréfor
» inopiné, mais il vous appartient ». Le fils d’At-
ticus en jouit, 6c en employa une partie à décorer
Athènes de fuperbes édifices. Il embellit aufli le
gymnafe d’Olympie de fuperbes ftatues de marbre
du mont Penthélique. En même tems il cultiva
les lettres , les étudia fous Phavorien , 6c devint fi
éloquent, qu’il mérita lui-même d’avoir Marc-
Aurele pour difciple. Il fut élu à la dignité de
conful romain , 6c mourut à 76 ans. Il avoit fait
plufieurs ouvrages dont parle Philoftrate, 6c'que
le tems nous a ravis. (Æ.)
MARAVA , petit royaume des Indes, entre
les côtes de la Pêcherie & de Coromandel, borné
au nord par le royaume de Tanjaour, au fud-
; oueft par celui de Travancor, 6c au couchant par
le Maduré , dont il eft tributaire. (R.)