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MORAVA ( la ) , rivière de Moravie , de Hon-
. grie & d’Autriche. Elle a fa fource aux confins de
la Bohême, & court entre l’Autriche 6c la Hongrie
jufqu’au Danube. (/?.)
MORAVA ( la ). Foye^ MORAWA.
MORAVIE U s ) 9 province annexée au royaume
de Bohême ^fve.c titre de margraviat. Les Allemands
l’appellent Mahern ; elle eft bornée au
nord par la Bohême 8c la Siléfie; à l ’orient, partie
par la Siléfie , partie par la Hongrie ; au midi par
l’Autriche, 8c au couchant par la Bohême. Son
nom vient de la rivière de Morava, qui la tra-
verfe. C ’eft un pays hériffé de montagnes, couvert
de forêts & coupé par un grand nombre de rivières
, de ruifleaux , d étangs 6c de marais. La plaine
donne plus de bled qu’il n’en faut pour nourrir les
habitans, 8c en général le pays eft très-peuplé. Les
eaux y font affez généralement mal-faines. Il s’y
trouve des carrières de marbre, 8c différentes efpè-
ces de minéraux. La religion dominante eft la catholique.
Depuis le règne du roi de Bohême Mathias
, la Moravie n’a plus eu de margraves ou
marquis particuliers. Elle appartient à la maifon
d’Autriche. Tout le marquifat eft divifé en cinq
cercles. Il a 6o lieues de long., fur 40 de large.
On y cultive beaucoup de lin. Il y a de l’encens,
de la myrrhe , 8c il s’y trouve une prodigieufe
quantité de noyers. Les Quades 8c les Marcomans
habitèrent la Moravie. Ils chaffèrent les Boïens de
la Bohême, 8c fondèrent, dans, le VIIe fiècle, le
royaume de Moravie , qui s’étendoit alors jufqu’à
Belgrade. Deux cents ans après, les Efclavons fondèrent
le royaume de Bohême , auquel ils joignirent
la Moravie , en 1040 ou 1048. Le langage des
habitans participe beaucoup du fclavon.. Olmutz en
étoit autrefois la capitale, 8c elle le mérite en
e ffet, cependant Brinn jouit actuellement de ce
titre. (Æ.)
MORÂ'WÀ ( la ) , rivière .de Turquie, en Europe.
Elle a fa fource dans la Bulgarie, aux confins
de la Servie, fe partage en deux branches,
dont la droite arrofé la Bulgarie, 8c la gauche entre
dans la Servie. Ces deux branches s’étant en-
fuite réunies, la rivière coule vers le nord, 8c fe
partage encore en deux branches , qui vont fe perdre
dans le Danube. (Z?.)
MORBEGNO, beau 8c grand bourg de la Val-
teline, Chef-lieu de la première communauté du
cinquième gouvernement de là Valteline ; 8c la résidence
du gouverneur 8c de la régence. 11 eft fur
l’Adda, à 5 lieues f. e. de Chiavenne, 8 n. e. de
Lecco. Long. 26 ,58 ; lat. 4 6 ,7 . (Z?.)
MORDFELD , plaine de Bavière, dans la régence
de Burghaufen , au baillage d’Oettingen. On
croit que c’eft-là que les Romains perdirent la fa-\
menfe bataille de l’an 520, après laquelle ils furent
obligés d’abandonner la Bavière, dont ils étoient
en poffeflion depuis plüfieurs fiècles. (ZL)
MORDU ÀTE S, peuple de ia Tartarie Mofco-
M O R v ite , entre les rivières d’Occa , de Sufa, 8c de
Mokfcharecca. Ils habitent dans des forêts, 8c font
idolâtres 8c vagabonds. (R .)
MOREAU, abbaye de France, au diocèfe de
Poitiers. Elle eft de l’ordre de Saint Benoît, 8c vaut
1200 liv. (Z?.)
MORÉE ( la ) ; c’eft le Péloponncfe des anciens :
grande prefqu'île qui fait partie de la Grèce , au
midi de laquelle elle eft fituée 8c à laquelle elle
eft jointe par l’ifthme de Corinthe, qui eft entre
les golfes de Lépante 8c d’Engia.
, Cette prefqu’île contenoit autrefois un grand
nombre d’états très-peuplés, mais les chofes ont
bien changé de face. Ce pays fit partie du diocèfe
de Macédoine , après la divifion des deux empires.
Ala rie le défola par fon incurfion; les defpotes en
jouirent enfuite ; les Turcs le poffédërent ; les Vénitiens
le leur enlevèrent en 1 6 8 7 ,8c le perdirent
en 1715.
La Morée fe divife en quatre provinces, qui
font la Zaconie ou Saccanie, le Brazzo di Maina,
le Belvédère, 8c le duché de Clarence.
La Zaconie occupe les anciens royaumes de Si-
cyone, Corinthe , 8c toute l’Argie.
Le Belvédère répond à l’ancienne Elide , comprend
la Meffénie, 8c une grande partie de l’A rcadie.
Le Brazzo di Maina, ou le pays des Magnotes ,
répond à la plus grande partie de l’Arcadie 8c à
tout le pays de Lacédémone. Le duché de Clarence
comprend l’Achaïe propre.
La Morée eft affez fertile, excepté vers le milieu
où font les montagnes. Aufli l’Arcadie, qui jadis
occupoit ce milieu, avoit beaucoup d'habitans menant
la vie paftorale. Le Brazzo di Maina eft encore
plus ftérile que le refle ; aufli voyons-nous
que fes anciens habitans , les Lacédémoniens, fai-
foient de néeèfîité vertu , 8c fuppléoient, par leur
frugalité, à ce qui leur manquoit du côté de l’abondance
; mais ce qui vaut cent fois mieux , ils
étoient libres. Les Magnotes, leurs fuccefleurs , le
font encore, 8c les Turcs qui les environnent,
n’ont pu les fubjuguer entièrement. 11 y a dans la Morée beaucoup d’Albanois qui
ne fachant ni porter le joug du T u rc , ni le fecouer,
attirent fouvent aux habitans de fàcheufes affaires.
Le morabégi ou fangiac qui commande en Morée
, a fa réfidenceà Mo don.
Le pere Briet compte 75 lieues françoifes pour
la largeur de la Morée , depuis îe cap de Mata pas
jufqu’à l’Examile, c’eft-à-dire jufqu’à cette fameufe
muraille que les Péloponnéflens avoient élevée
anciennement pour fe garantir des courfes des ennemis
durant la guerrè contre le roi de Perfe ;
muraille qui avoit été établie par les defpotes , percée
par Amurath I I , relevée par les Vénitiens , 8c
finalement rafée par Mahomet II. Le même père
Briet prend la longueur de la Morée , de Cafte!
Fornèfe jufqu’à Cabo Schillo , 8c l’évalue à 50
ligues françoifes.
La Morée eft à-peu-près comprife entre le 35 e
dégré de latitude , 8c le 37e deg. 30', Strabon dit
qu anciennement on l’appeloit Argos, d un nom
qui fut après cela donné à une de fes villes. Sous
le règne d’Apis , le troifième roi de la ville d’Ar-
g o s , la Morée fut appelée A pia , environ 1747
ans avant la naiflance de Jefus-Chrift. Au bout de
quatre cents vingt années , elle prit le nom de Pé-
loponnèfe du phrygien Pélops , célèbre non-feulement
par des miracles de fon épaule d’ivoire dont
Pline vous entretiendra, mais encore par les in-
ceftes 8c les parricides de fes fils Atrée 8c Thyefte,
dont toute l’antiquité peut vous inftruire.
Le nom de Morée lui a été donné fous les derniers
empereurs de Conftantinople , parce que *£?-
figure topographique reflemble à une. feuille de
mûrier. Strabon , 8c beaucoup d’autres, ont écrit
qu’elle refîembloit à une feuille de platane, qui ne
diffère guère de la feuille de mûrier. (RI)
MOREILLES, abbaye de France , au diocèfe
de la Rochelle , ordre de Cîteaux. Elle vaut 10000
liv. (R.)
M O R E L LA , ville d’Efpagne, au royaume de
Valence, avec un château , dans une fituation
avantageufe. Elle fe rendit à Philippe V en décembre
1707. (/?.)
MORES, abbaye de France , au diocèfe de
Langres , ordre de Cîteaux. Elle vaut 3 500 liv. (R.)
MORESBY, bourg d’Angleterre, dans le Cumberland
, fur la côte orientale de cette province,
environ a 3 milles f. de Workinton. On croit que
c ’eft l’ancienne Morbium. (Z?.)
MORET , en latin du moyen âge Moretum ou
Muritum, ancienne ville de l’Ifle de France,' dan s
le Gâtinois, fur le Loin, près de l’endroit où cette
petite rivière fe jète dans la Seine. Moret a depuis
long-tems le titre de comté. La feigneurie 8c le
château de Fontainebleau * entr’autres fiefs , relèvent
du comté de Moret. Long. 2 1 ,3 4 ; lat. 48 ,
20 La ville a un ancien château en platte-forme,
d’où l’on découvre au loin la plaine 8c les bois
xîes quatre côtés. Henri IV s’eft fouvent promené
fur la terraffe de ce donjon , avec Sully fon minif-
tre, à qui le château appartenoît. Le roi l ’acheta
& le donna à Jaqueline de Beuil, fon amie, qui
en fit un agréable féjour. Elle le porta dans la maifon
deVardes, ayant époufé René du Bec-Cref-
pin:, frère du maréchal de Guébrian, 8c du marquis
de Vàrdes, d’où il a paffé en celle de Chabot-
Rohan, par la ducheffe, fille unique du dernier
marquis de Vardes. Il appartient maintenant à M.
de Caumartin , qui a près de là un .beau château
à Ecuelles. -
On fit ce diftiquefur cette comteffe de Moret,
maîtreffe de Henri IV , devenue aveugle :
Dum longas nobles ab amore More ta rogaret,
Favit amor votis , perpetuafque. dédit.
Moret de la nuit enchantée,
Importunait F amour <F en augmenter le cours ;
Sa prière fut écoutée ,
Et la nuit àujji-tôt la couvrit pour toujours.
Elle eut du roi un fils $ nommé le comte de Moret,
qpl fe fit tuer à la journée de Caftelnaudari, aux
côtés du duc de Montmorenci, en 163 2.
Moret eft ancien , puifque Wemilon ; archevêque
de Sens, y affembla, au v m e fiècle , un concile
auquel il préfida. Louis VIII y convoqua un
parlement, où il jugea un différend entre Eudes II,
duc de Bourgogne , 8c l’évêque de Langres. Le
canal de Briare finit à Moret, où le Loing , déjà
grofli par cinq ou fix ruiffeaux, fe rend dans la
Seine. (R.)
MOk EUIL, bourg de France, en Picardie,
éleCiion de Montdidier, fur la rivière d’Auregue ,
avec line abbaye de Bénédictins. (R.)
MORGENSTERN. Voyeç Marienstern.
M O RG E S , ville de Suiflè, dans le pays de
Vaud, au canton de Berne, capitale d’un baillage ,
avec un château où réfide le bailli. Elle a une vue
admirable , 8c elle eft fituée fur le lac de Genève,
à 2 lieues de Laufanne.
Les Bernois ont pratiqué à Morgesun port affez
confidérable , fermé de murs, avec un quai 8c des
halles , 8c ce feul ouvrage fait profpérer cette ville.
Le baillage de Morges comprend la côte, .ou du
moins la plus grande partie de cette contrée qui
paffe pour le meilleur vignoble de la Suifle. La
côte eft un quartier de pays de trois lieues de long
fur le lac de Genève , 8c qui s’élève infenfible-
ment jufqu’à une lieue de marche. La perfpeCiive,
toute parfemée de villes , de villages 8c de châteaux
en amphithéâtre , en eft des plus belles. Le
baillage de Morges fut conquis par la république de
Berne, en 1536. Long. 2 4 ,1 5 ; lat. 76 , 30. (JR..)
MORHANGE, en allemand Moerchingen, petite
ville de la Lorraine, allemande , au baillage de
Dieuze , avec titre de comté. Les anciens fei-
gneurs de Morhange prenoient la qualité de nhMm
graves, 8c ne relevoient que de l’empire. Les appels
de fa prévôté fe portent directement au parlement
de Nancy. Elle eft à 10 li. n. e. de Nancy ,
80 n. e. de Paris. Long. 24 d. 1 7 ', ; Ut. 48 d.
55' 30 iec. (R.)
M G R IGNI, abbaye de France, au diocèfe de
Sens , ordre de Saint Benoît. Elle vaut 5000 livres
(*•)M
ORIM O NT, ou Morimond, célèbre abbaye
de l’ordre de Cîteaux, en Champagne, dans
le Bafligni, au diocèfe de Langres. C ’eft la quatrième
fille de l’ordre , 8c elle fut fondée en 1116,
Elle a eu plus de 700 menaflères fous fa filiation
outre les ordres militaires de Calatrava , d’Alcan-
tara, de Montefa, d’A v is , 8c de Chrift en Ef-
pagne, dont l’abbé de Morimont eft père fupé-
rieur immédiat, ce qui le fait çonfidérer comme
général d’ordre. Cette abbaye eft en règle : elle a
encore 700 bénéfices dans fa dépendance. Elle eft
tellement fituée aux frontières de la Champagne ,