
458 ^ N E U Dans tous les cas, même dans ceux qu’on regarde
comme minimes, les chefs des jurifdiâions font
obligés d’intenter aâion aux coupables juridiquement
, félon des formalités invariables, & d’inf-
truire une procédure fous les yeux des tribunaux
ordinaires , qui prononcent définitivement fur le
démérité & fur la peine. Les fautes légères font
punies par des amendes dont aucune n’eft arbitraire
& qui ne peuvent qu’être très-modiques,
puifqu’elles n’ont pas haufle depuis trois fiecles.
Lorsqu’il eft queftion de cas plus graves , & qui
méritent la prifon , les châtelains ou maires ne
peuvent faire incarcérer le prévenu, fans avoir deT
mandé aux juges un decret de prife de corps, qui
ne s’accorde jamais légèrement. Ces mêmes juges
font préfens à l’inftruâion de toute la procédure ;
leurs fentences -d’abfolution ou de condamnation
font fouveraines ; le prince a le pouvoir de les
adoucir, & même de faire grâce au coupable, mais
il n’a pas celui de les aggraver. Les bourgeois de
Neuchâtel ont à cet égard un privilège particulier;
celui de ne pouvoir être incarcérés que dans les
prifons de la capitale, & fur une fentence rendue
par les chefs de leur corps.
C ’eft ainfi que les droits des peuples de la principauté
de Neuchâtel fixent ceux de leur fouverain
par rapport à la finance , comme pour la judica-
ture , tant civile que criminelle. La confervation
de ces droits leur eft allurée par un contrat folem-
nel, & par leur qualité de Suifles, qui ne peut appartenir
qu’à un peuple libre. La forme fingulière
de leur gouvernement eft une fuite néceflaire de
leurs relations étroites avec le roi dePruffe, comme
prince de Neuchâtel, & avec le corps helvétique
dont ils font membres. Placés au milieu d’un peuple
célèbre par fon amour pour la liberté, les Neu-
châtelois pourroient-ils ne pas connoître le prix de
ce bien précieux , comme ils favept rendre ce
qu’ils doivent au grand prince qui les gouverne ?
Mais l’exercice de ces mêmes droits, qui, en les
diftingiiant fi honorablement de tant d’autres peuples
, allure leur bonheur, n’eft pas moins avantageux
à leur fouverain. Habitant un pays ingrat,
qui ne produit qu’à force de foins, qui préfente
peu de reflources pour la fortune, quelle raifon
plus forte pourroit les déterminer à y refter, que
la certitude d’y jouir tranquillement du fruit de
leurs travaux dans le fein d’une paix confiante, &
fous la. protection des loix les plus équitables?
Vouloir étendre les droits du prince aux dépens de
ceux des peuples, c’eft donc travailler également
contre des intérêts toujours inféparables, procurer
la dépopulation du pays, & anéantir la condition
eflentielle portée dans la fentence fouveraine qui,
en 1707, fixa le fort de cette principauté. \
On accorde généralement aux Neuchâtelois de
Vefprit, de la vivacité, des talens : leurs moeurs
font douces & polies. Il en eft peu, principalement
parmi les gens d’un certain ordre , qui n’aient
voyagé; aufii s’empreftent-ils de rendre auxétran-
NE.U gers qui les vifitent, les devoirs dont Inexpérience
leur a fait connoître le prix. Ce pays a^produit des
favans dans divers genres ; le célèbre Oftervald,
pafteur de l’églife de Neuchâtel, connu par fes ex-
cellens ouvrages de piété & de morale, & mort en
*747 > a l’un des théologiens les plus profonds,
& des orateurs les plus distingués que les protef-
tans aient eu. Depuis quelques années , le commerce
fleurit dans ce pays, & dans fa capitale en
particulier ; fes environs préfentent un nombre
confidérable de fabriques de toiles peintes ; on y en
fait annuellement 40 à 50 mille pièces. Les vins
qurfe font aujourd’hui avec beaucoup de foin, acquièrent
la plus grande réputation, & fe répandent
dans les provinces voifines qui fourniflent à leur
tour aux Neuchâtelois le grain dont ils ont befoin.
En un mot, l’induftrie animée par la liberté j &
fôutenue par une paix continuelle , fait chaque
jour des progrès marqués. (/?.)
N e u c h â t e l , en allemand Neuburg, & en latin
Neocomum, ou Novum cajlrum , capitale du petit
état dont on vient de parler, eft une ville médiocre
& bien bâtie. Elle s’élève en amphithéâtre fur
les bords du lac qui porte fon nom : on y compte
environ 3000 âmes. Son origine eft très-ancienne ;
le nom de Novum cajlrum, qu’elle porte , dans tous
les anciens aéles, femble annoncer que les Romains
en ont été les fondateurs, & que ce fut d’abord
une fortereflë deflinée à aflurer leurs conquêtes
dans cette partie des Gaules.
Cette ville n’avoit autrefois qu’une rue fermée
par deux portes ; les bourgeois obtinrent de leurs
princes dans la fuite la permiflion de bâtir hors de
cette enceinte, mais à condition que dans, les tems
de guerre, ils défendroient le château qui y étoit
renfermé. C ’eft depuis lors qu’ils en ont feuls la
garde , & que le prince ne peut y mettre aucune
garnifon étrangère, non plus que dans le refte du
pays. Pour perpétuer ce droit, les bourgeois ont
confervé l’ufage d’endofler la cuirafle un certain
jour de l’année, & d’aller avec cet ancien équipage
de guerre faluerdans le châteu le prince ou
fon gouverneur, qui ne peut fe difpenler de les
recevoir. Ce château eft le lieu où ce dernier ré-
fide, où s’aflfemble le confeil d’état, où fiège le
tribunal fouverain. Il occupe , avec l’églife cathédrale
bâtie dans le xije fiècle, toute la partie fupé-
rieure de la ville. Les annales portent qu’en 103 3 ,
cette ville fut afliégée, prife , & prefqu’entiere-
ment ruinée par l’empereur Conrard, & qu’elle a
effuyé divers incendies , dont le dernier arriva en
1714. Le Seyon, rivière ou torrent qui a fa fource
dans le val de Ruz, & divîfe la capitale en deux
parties, lui a eaufé plus d’une fois des dommages
confidérables par fes débordemens, dont les plus
fameux datent de 1 5798c de 1750. Neuchâtel eft
une ville municipale ; fa magiftrature eft compofée
de deux confeils, dont l’un a 24 membres, &
l’autre 40. Le premier forme en même tems le tribunal
inférieur de judicature ; les chefs de ces con-
N'EÜ
•feils font quatre maîtrebourgeois , qu’on appelle
les quatre minijlraux. Cette magiftrature a feule le
droit de police dans la capitale & fa banlieue, de
la même manière que le, confeil d’état l’exerce dans
le refte du pays. Elle a le port d’armes fur les bourgeois
, qui ne marchent que par fes ordres & fous
la bannière. Elle jouit enfin de plufieurs droits utiles
, tels que le débit du fel dans la ville , le tiers
des péages fur les marchandifes appartenant a des
étrangers, les halles, & le four banal. Le faux-
bourg oriental, qui s'agrandit chaque jou r , renferme
plufieurs maifons bien bâties, fruits du commerce
, & de l’abondance qui le fuit. On y remarque
une maifon d’inftitution gratuite & de correction
, fondée par un négociant. A quelque diftance
de la ville & fur la hauteur , eft l’abbaye de Fontaine
André, occupée autrefois par des Bernardins
, mais que la réformation a rendue déferte, &
dont les revenus font aujourd’hui partie de ceux du
prince; H „ - ■ H
N e u c h â t e l (lac d e ) , autrement nomme lac
d’Yverdun ; il a plus de fept lieues de longueur depuis
Yverdun jufqu’à Saint-Blaife, mais il n’a guere
que deux lieues dans fa plus grande largeur, qui
eft de la ville de Neuchâtel à Cudrefin. Ce lac fé-
pare la fouveraineté de Neuchâtel & le baillage
de Grandfon en partie, des terres des deux cantons
de Berne & de Fribourg. Il y a beaucoup d’apparence
qu’il étoit autrefois plus étendu du cote
d’Yverdun & de Saint-Blaife; il n’eft pas profond ,
& il fe gèlé^quelquefois, comme en 1695 , cependant
il ne fe gela point dans le rude hiver de 1709. SëS NEUDORF, Nowa Wefo, ville de la haute-
Hongrie , dans le comté de Zips ou Scepus , fur
la rivière de Hernath , & au voifinage de plufieurs
mines de fer & de cuivre. G’eft la mieux
bâtie & la plus peuplée du comté ; fes habitans
faifant valoir avec afliduité & fuccès les champs
qui les environnent, & les métaux qu’ils tirent
de leurs avantages. (/?.)
NEUENAR , Nuenar , où Nivenaar , province
du duché de Juliers , dans le cercle de
Weftphalie , en Allemagne : elle a le titre de
comté, fans renfermer aucun lieu remarquable.
L’éleâeur palatin en poflede une partie , ol l ’autre
N’E U _ 459 coup de draps. Il y a lift beau ^collège. Long. 32,
56 ; lut. 48,8.
Neuhaus , ou Nienhus , Novadomus, beau
château fortifié dans l’évêché & au n. o. de Pa-
derborn | au confluent de la rivière d’Alun & de
Lippe , réfidence ordinaire de l’évêque.
Neuhaus, petite ville du haut-Palatinat à 7 IL
n. de Straubing.
Neuhaus , petite ville & baillage de Franco«.'
nie, dans la principauté de Cobourg. {R . )
eft entre les mains des comtes de Limbourg.
NEUF-BRISAC. Voye{ Brisac. .
NEUFCHATEL. Voye^ Neuchâtel.
NEU-FRAUNHOFEN, & Alt Fraunhofen :
font deux feigneuries dans la bafle-Bavière, qui
relèvent immédiatement de l’empire. (/?.)
NEUFVY. Voye^ Neuvy.
NEUGARTEN, ou Neugarden, petite ville
de la Poméranie ultérieure , avec un fort château
près de Golnow dans la principauté de Camin,
NEUHAUSEL , en latin Neofelium , & par
quelques-uns Ovaria. Les Hongrois l’appellent Ou-
var, c’eft-à-dire château ; petite, mais forte ville
de la haute Hongrie , prife par les Turcs en 1663 ,
& reprife par les Impériaux en 1680, qui pafsè-
rent tout au fil de l’épée, fans faire grâce ni à l’âge y
ni au fexe. Les mécontens la bloquèrent en 1704,
mais elle fut fecourue par le général Heifter. L’empereur
NEUHAUS , autrement llradetç en Bohémien,
ville de Bohême , dans le cercle de Béchyn : les
Suédois la prirent en 1645. Q n 7 fabrique beau-
la fit démanteler en 1724. Elle eft fur la
rivière de N eytzach, dans une pleine marécageufe,
à une lieue du confluent du Vag avec le Danube ,
à 6 h- n* de Komore, 8 f. e. de Leopolftadt, 13 f. e.
de Presbourg , 33 f. e. de Vienne. Long. 3 6 , 10;
lat. 48,4*
NEU-HERRENHUT, colonie & communauté
danoife , dans le Groenland. ( R. )
NEUILLY SAINT F R O N T , petite ville de
France, dans le diocèfe de Soiflbns, à l’orient
de la Ferté-Milon, & à fix lieues f. de Soiflbns. On
honore dans cet endroitS. Front, premier évêque
de Périgueux ; mais il y a apparence que leur
S. Front n’étoit point celui de Périgueux, mais un
cor-évéque de Soiflbns dans les fiècles reculés. On
croit que tous les lieux de France appelés Neuilly9
viennent de l’ancien mot Novilïacum , ou Nobilia-
cum ; celui-ci eft le titre d’un doyenné rural. Long.
2 0 ,6 ; lat‘ 48, 4^i
Neüilli , bourg de rifle de France, fitué fur
la Seine, près du bois de Boulogne , entre Paris
& Nanterre, fur la route de Saint-Germain. Il
eft remarquable par un très-beau pont à arches
furbaiflees, qui, à une certaine diftance, paroît
être à arches plates, par l’échancrement des angles.
Il a été employé pour le parapet des blocs
d’une grandeur remarquable. ( R. )
NEÜKIRCK, gros bourg dans la haute Luface,
prés de la Mifine. (Æ .)
NEUKIRCHEN, dans le comté de Geyer en
Franconie , au baillage de Gibelftadt, & près
d’Anfpach, appartient au margrave de ce nom. (Æ.)
Neukirchen, paroifle du pays deStadele, a
l’éleéleur de Hanovre. ( R •)
NEU-LAND , château de Siléfie, au duché de
Jawer , près duquel eft une* carrière d’albâtre. (R.)
Neu - Land , châtellenie de la principauté de
Zell.
NEUMARCK, en polonois , Novemiajlo , petite
ville royale du royaume de Pologne, fur le
Drebnitz,, bâtie en 1319. Elle eft fituée dans le
territoire de Culni.
M m f f i ij