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fes grains en fociété avec la bourgade où il eft
attaché.
Des piaftres qui font portées à Madagafcar, partie
eft abforbée pour le commerce qu’ y font les
Arabes, 8c le iïirplus eft employé à faire des manilles.
Le gouvernement de 111e de France en tire des
boeufs 8c du riz, que l’on s’y procure avec allez d’avantage
, avec des fufils, du plomb , de la poudre
, de la clincaillerie, dé la toile 8c de l’eau-
de-vie.
Les matelots en rapportent des pagnes de mouf-
fiat ; le mouffiat eft un arbre du genre des dattiers,
dont la branche feuillée peut porter vingt
à vingt-cinq pieds. Dans la longueur de cette branche
, les Malegaches lèvent des fils qu’ils tiffent
auffi fin que l’eft une toile à chemife de trois à
quatre livres l’aune ; ils les teignent de toutes couleurs
, & leurs couleurs, ne s’altèrent jamais. Ces
pagnes fe vendent de trois à fix piaftres, foit en
argent, foit en marchandifes, fuivant la longueur
8c la qualité. On en fait des habits eftimés par
leur fraîcheur 8c leur légèreté, & des jupes de
deflous eftimées à caufe quelles bouffent toujours.
Les Ânglois, qui prennent ordinairement la
route du canal de Mofambique pour aller dans
l’Inde , relâchent dans la partie de i’pueft de cette
île à la baie Saint-Auguftin, où ils font de l’eau,
8c quelques raffraîçhiffemens. Les Arabes viennent
trafiquer dans la même partie, 8c für les côtes
qui font au nord. Les François fréquentent la partie
de l’e ft, 8c vont au fort Dauphin, à la baie
d’Antongil, à Tamatave, 8c à Foulepointe. Il y
a dans ce dernier endroit un barachois qui de-
yiendroit aifément un port propre au commerce,
fi le gouvernement vouloit le favorifer. La maree
y monte de fix à douze pieds, 8c en baffe-marée
ft y a toujours allez d’eau pour que les vaiffeaux
y foient à flot. La baie d’Antongil mériteroit auffi
d’être prife férieufement en confidératior. C ’eft en
cet endroit que Labourdonnais répara fon efcadre
après la tempête dont il fut accueilli en fortant
de l’îlç Bourbon , pour aller combattre l’amiral
Peton, 8c attaquer Madras en 1746, ,8c qu’il y
•parvint fans autres fecours que de fon monde 8c
des gens du pays.
Des cargaifons , pour ainfi dire toujours prêtes,
plus de relîources j 8c une perfpeftive que l’on
croit plus affurée, font que le particulier préfère les
marchandifes des côtes de Malabar 8c de Coromandel
à tous les objets qu’il trouveront à Madagaf-
car ; mais fi dans ce dernier endroit il y avoit
une colonie établie, on ne doute pas qu elle ne
fît un commerce ^avantageux d’exportation pour
l’Europe d’une quantité considérable d’objets. Pour
faire voir combien le François eft peu induftrieu?
à chercher de nouvelles branches de commerce,
on. ne citera que deu? objets de la moindre importance
entre une infinité d’autres. Le raie, appelé
Glacies Maria, qui eft dans le commerce en
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Europe, fc tire de Ruffie, 8c eft payé fort cher ;
celui de Madagafcar eft auffi beau, 8c ne coûte-
roit que la peine de le ramaffer. La feuille du
ravendiara , forte d’épicerie affez fine pour affurer
fon débit en Europe auffi - tôt qu’elle y feroit
connue 8c commune, ne coûteroit pas davantage.
;
il n’y a perfonne qui, en voyant Madagafcar,
ne regrète de n’y pas trouver une colonie brillante;
que la France y envoie du monde fous un
chef défintéreffé, aélif j humain, pacifique, 8c n’ambitionnant
que la gloire d’avoir fondé une colonie
, 8c l’on y vérroit bientôt une ville égale à
celle du cap de Bonne-Efpérance. Les établiffe-
mens qu’elle a tenté, de faire en 1768 au fort
Dauphin, 8c en 1772. à Foulepointe, n’étoient pas
combinés de manière à pouvoir réuffir.
Nous allons en faveur des philologues donner
içi l’oraifon dominicale en langue male gâche. Pour
en faciliter la .prononciation, on a mis la quantité
fur chaque fyllabe, 8c en lettres italiques.les voyelles
qui doivent être à peine articulées. Nous mettrons
au - deffus du mot malegache le mot latin
qui y correfpond fuivant le génie, de la langue
latine, ,8c le mot françois au-deffous fuivant le
génie de la langue malegache.
Pater noßer in coelis nomen tuum,
R ait - s ïca ân dânghïtsï ângâr ânô
Père notre dans ciel nom tien
rnagnificetur, regr.um tuum veniat nobifeum y
h o f ïf s a ô t fe , i-fan saq àn ô &vi amïnâie ,
foit glorifier, le règne tien venir avec nous ,
placitum cor dis tui fia t, ipfum in terra
am ô rôm p ô anô h ô - ë fa , ïz àn tanne
defir du coeur tien foit faire, icelui dans terre
ficut in ccelo, da nolis in die
ôu côu a an dànghïrsz/,mahoumé anàieân-rou
comme dans c ie l, donner a nous dans jour
ipfo panem omnem, dimitte nobis, 0 Deus J
ânne m ô u fe a b i 9 tâhë’ ïô u za ,o^ Z â n h â rJ
même pain tout, pardonner nous, o Dieu!
ad inventiones no (Iras malas omnes, ficut no$
gni fânnâhë n a u râ ts ï â b i , toü â zâie
les fautes nôtres mauvais tout, comme nous
dimittimus in'ujuitates malas in'utiiçis
mïyale î fânnâhë râ ts ï a gni rafî
pardonner les penfées mauvais .à les ennemis
noflris, ne inducas nos conceptionts
naie , â ca nrânâtçtf* anâi? v ë tsë - vëtfe
nôtres, ne induire nous çonception
m.das f
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malas, fed tu libéra nos a malo
râtsï , teâ anô mïttehezâ anâre tâbïn râtsï
mauvais, mais toi délivrer nous du mal
omni. Fiat ou Amen.
àbï. Hoefa.
£put. Soit faire. (Æ.)
M AD A IN , ville d’A fie , en Perfe, dans l ’Irak
Ba'bilomënne , en Chaldée , fur le Tygre , à 9 li.
de Bagdat, avec un palais bâti par Khofroés, fur-
nommé Nurshivan. Les tables arabiques donnent
à Madain 79 degrés de long. , 8c 33 , 10 de lat.
feptentrionale. (fi.)
MADASUMMA , ville de l’Afrique Propre, a
18 milles pas de Sufes. Dans la notice épifcopale
d’Afrique, on trouve entre les évêques de la Byza-
cène le fiège de Madafumma , qui étoit alors vacant.
(/?.)
MADELEINE (rivière de la). Il y a plufieurs
grandes rivières de ce nom; i°. celle de la Guadeloupe,
aux Antilles ; 20. celle de la Louifiane,
qui prend fa fource dans les montagnes qui fepa-
rent la Louifiane du Nouveau - Mexique, 8c fe
rend dans le golfe du Mexique après un cours de
60 lieues à travers de belles prairies ; 30. La Madeleine
eft encore une grande rivière de 1 Amérique
feptentrionale, qui prend fa fource dans le
nouveau royaume de Grenade, s’appelle enfuite
Rio grande, 8c fe jète dans la mer du Nord. (R.)
MADÈRE, ou M a d e r a , île de l'Océan Atlantique
, fituée à environ 13 lieues de Porto-Santo, à 60 des Canaries, entre ces îles 8c le détroit de
Gibraltar par les 32 degrés 27 min'utes de latir.
feptentrionale, 8c à 18 de long., à l’on eft du méridien
de Londres.
Elle fur découverte en 1419 par Juan Gonza-
lès 8c Trifian Vaz , Portugais. Ils la nommèrent
M a c :cira , c’eft-à-dire, bois ou forêt, parce qu’elle
é.toit hériffée de bois lorfqu’ils la découvrirent.
On dit même qu’ils mirent le feu à une de ces
forêts pour leurs befoins ; que ce feu. s’étendit
beaucoup plus qu’ils n’avoient prétendu, 8c que
les cendres qui relièrent après l’incendie, rendirent
la terre fi fertile, qu’elle produifit dans les
comnaencèmens foixante pour un ; de forte que
les vignes que l’on y planta, donnaient plus.de
-grappes que de feuilles.
Madère a , fuivant Sahut, 6 lieues de largeur ,
15 de longueur de l’orient à l’occident, 8c environ
40 de circuit. Elle forme comme une longue
montagne qui court de l’eft à l’oueft. La partie
méridionale çft la plus cultivée, 8c on y refpire
toujours un air pur 8c ferein.
Cette île fut diviféè par les Portugais çn quatre
quartiers , dont le plus confidérable eft celui de
Funchal, qui tire fon nom de la ville de même
nom. On comptait déjà dans Madère en 1625 ,
jufqû’l 4000 maifons ; ce nombre a beaucoup augmenté
; 8c félon le dénombrement de 1768, il s’y
Giogr. Tome II.
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trouvoit 63,913 habitans. Sa rade eft très-fôre durant
toute l’année. Les montagnes y portent l’empreinte
d’ancien volcans éteints. Elle eft arrofee
par fept ou huit rivières , 8c plufieurs' ruiffeaux qui.
defcendent des montagnes.
Sa grande richeffe font les vignobles qui donnent
plufieurs efpèces de vin. Le meilleur qu’on
nomme malvoifie de Madère eft délicieux, 8c provient
d’un plan originairement apporté de Candie.
On recueille environ 30 mille pièces de vin dç
Madère de différentes qualités ; on en boit le quart
dans le pays; le refte fe transporte ailleurs, fur-
tout aux Indes occidentales 8c aux Barbades.
Tous les fruits de l’Europe rèufliffent merveil-
leufement à Madère, les citrons en particulier *
dont on fait d’excellentes confitures, y çroiffent
en abondance; mais les habitans font encore plus
de cas des bananes. Cette île abonde auffi en fan-
gliers, en animaux domeftiques , 8c en toutes fortes
de gibier. Elle tire du bled des Açores, parce,
qu’elle n’en recueille pas affez pour fa confom-
mation.
' Les habitans font bigots, fuperflitieux au point
de refufer la fépülture à ceux qu’ils nomment hé?
rétiques ; en même tems ils fo»t très-débauchés ,
d’une lubricité effrénée , jaloux à l’excès , punife
fant le moindre foupçon de l’affaffinat, pour le-;
quel ils trouvent un afyle affiné dans les églifes.
Ce contrkfte de dévotion 8ç de vices prouve que
les préjugés ont la force de .concilier dans l’efprit
des hommes les oppofitions les plus étranges ; ils
les dominent au point qu’il eft rare d’en triompher
, 8c fouvent dangereux de les combattre.
(R.) c : . . - '
Madere ( l a ) , ou RIO DA Mad e ir a , c’eftr
à-d-ire rivière du B o is , ainfi nommée parles Por-j
tugais , peulÿltre à caufe de la quantité d’arbres
déracinés qu’elle charrie dans le tç-ms de fes débor-
demens; c’eft une grande rivière de l’Amérique
méridionale. On lui donne un cours de 6 à 700
lieues; fa grande embouchure eft dans le fleuve
des Amazones. Il feroit long 8c inutile d’indiquer
les principales nations quelle arrofe : c’eft affez
pour préfenter une idée de l’etendue de fon cours,
de dire que les Portugais qui la fréquentent beau?,
coup, l’ont remontée èn 1741 , jufqu’aux environs
de Santa-Çrux de la Sierra, ville épifçopale du
haut Pérou , fituée à 17 deg. de latit. auftrale. Cette
rivière porte le nom de Marmora dans fà partie
fupérieure» où font les miffions des Moxes ; mais
parmi les différentes fources qui la forment, I3
plus éloignée eft voifine du Potofi. (R.)
Madeiie , rivière confidérable de l’Amérique
méridionale : elle eft autrement nommée rivière
la Plate , 8c les Indiens l’appellent Guyati. (JL)
MADIA ( v a l ) , ou Ma g g ia , 8c parles Aller
mands Mcynchal, pays 8c vallée de Suiffe, au?
.confins jdu Milanès 8c du haut:VaUais ; ç’eft le quatrième
8c dernier baillage des douze cantons en
Lombardie, Ce n’eft qu'une longue vallée étroite #
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