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tarica, & à l’occident par la province de Guati-
ïiïala. Le territoir de Nicaragua eft très fertile, &
offre un des plus agréables payftiges du monde ;
mais la chaleur y eït fi grande, qu’on n’y peut
voyager de jour en été. Il y pleut l’efpace de fix
mois, & cette faifon qu’on y nomme l’hiver, commence
ordinairement au mois de mai. Le refte de
l ’année fe paffe dans une continuelle féchereffe,
ce qui n’empêche pas qu’on n’y recueille du miel,
de la cire, & des fruits en abondance. On y voit peu
•de grès beftiaux; mais les porcs, dont les premiers
font venus d’Efpagne , ont extrêmement multiplié.
On n’y connoît point de mines d’or , maison y
trouve des richenes infiniment plus précieufes , oc
plus utiles pour les befoins de la vie. Les habitans
parlent 4 langues ; le méxicain eft la principale.
La capitale fe nomme Leon ; fes autres villes font
Grenade, Segovica Neuva, Nicaragua, Réatejo,
Nicoya, Mafoya , Jaïn , & Porto-San-Juan. Ses
rivières font l’Y a re , l’Yarpa, & le Défaguadero.
Elle a trois ports fur la mer du fud, & une grande
habitation des Indiens du pays , qu’on appelle le
Vieux-Bourg. Cette province y produit beaucoup
tle fucre & de cacao qui paffe pour le meilleur des
Indes. C ’eft entre les rochers de fes côtes qu’on
pêche le petit poiffon à écailles qui fournit la pourpre.
Wareraffure qu’il y a des arbres d’une fi pro-
digieufe groffeur, que 12 hommes fe tenant par
la main , peuvent à peine les embraffer. (M. D. AL)
N i c a r a g u a , lac de l’Amérique feptéritrionale,
-dans l’audience de Guatimala, au gouvernement
de Nicaragua; il a. fon flux & reflux, comme la
mer. La tête de ce lac n’eft qu’à 4 lieues de la mer
du fud. On lui donne environ 80 lieues de circuit ;
& les vaiffeaux y peuvent naviger commodément.
Dans la grande île fituée au milieu de ce lac, &
-qui porte du cacao & des fruits délicieux , on
trouve un volcan qui vomit beaucoup de flammes,
& n’eft guère moins confidérable que celui de
Guatimala.
NICARAGUA, autrement nommée Léon de "Nicaragua
, ville de l'Amérique feptentrionale, dans
la province de Nicaragua dont elle eft la capitale ,
avec titre d’évêché , à 12 lieues de la mer du fud.
Les maifons de cette ville four fort bien bâties,
mais baffes, dans la crainte continuelle des trem-
blemens de terre. On en compte plus de 1200 , la
plupart accompagnées de jardins & de beaux vergers.
Le commerce des deux mers y fait régner
l ’abondance ; & la beauté du climat en fait un fê-
jour délicieux. Les habitans vivent dans une douce
molleffe, paffant une partie du jour à dormir dans
leurs-jardins fous des ombrages frais, à nourrir des'
oifeaux, à faire bonne chère du poiffon du la c , &
des autres produélions admirables du pays. Ils ne
font troublés dans leurs plaifirs que par la crainte
d’un volcan vdifîn, qui leur a fouvent caufé beaucoup
de mai. Des Flibuftiers Anglois pillèrent,
cette v i’le en 1685. Long. 291, 24; lat. 12 , 26.
(.Ma s s o n d e M ô k t -î l i i ê r s .)
N I C NICARIA , 011 Nic a r ie ; île de TArchipel,
entre l’ïle de Samos & celle de Tine.
Cette île a environ 60 milles de circonférence,
fuivant M. de Tournefort, d’après lequel nous en
pouvons parler favamment. Elle eft fort étroite, &
traverfée dans fa longueur par une chaîne de montagnes
qui lui a fait donner autrefois le nom d'ile
longue & étroite, doliche & rnacrés.
Ces montagnes font couvertes de bois, & fournirent
des fources à tout le pays. Les habitans ne
vivent que du commerce de ce bois , & font fl mi-
férables, qu’ils demandent l’aumône dès qu’ils font
hors de leur île. Ils recueillent peu de froment,
affez d’orge, de figues, de miel, de cire ; mais
apres tout, ce font de fottes gens , groffiers, & à
demi fauvages. Ils font leur pain à mefure qu’ils
veulent dîner ou fouper. Ce pain n’eft autre chofe
que des fouaces fans levait!, qu’on fait cuire à demi
fur une pierre plate bien chaude r fi la maîtreffe de
la maifon eft groffe, elle tire deux portions de-
fouaces, une pour elle, & l’autre pour fon enfant r
on fait la même honnêteté aux étrangers.
Cette île n’a jamais été bien peuplee. Straîton en
parle comme d’un pays inculte, donr les pâturages
étoient d’une grande utilité aux Samiens. On 11e
croit pas qu’ily ait préfentementplusde 1000 âmes.
Nicaria n’a pas changé de nom ; elle s’appelle
Icaria , comme autrefois ; mais les Francs qui ne
favent pas le grec, corrompent la plupart des noms-.
Tout le monde fait qu’on attribue ce nom à Icare,
fils de Dédale, qui fe noya aux environs de la mer,
qui pour la même raifon fut nommée Ica ri en ne.
Srrabon enferme dans cette mer les îles de Lercs
& de Cos. Pline ne l’étend que depuis Samos-
jufqu’à Mycone. M. Bochart eft le feu! qui dérive
le nom d’Icarie d’un mot phénicien icaure
qui fignifie poijfonneîrx ; ce qui pourtant convient
affez à un nom grec que lés anciens ont donné à fa
même île.
Tous les habitans de Nicarie font du rite grec, &
leur langue tient plus du grec littéral, à ce qu’on
dit, que celle des autres îles où le commerce a fait
établir plusieurs étrangers, qui ont introduit une
infinité de mots & de terminaisons de leur pays. On
ne s’eft jamais embarraffé de conquérir cette île r
il y a beaucoup d’apparence qu’elle a luivi le deflin
de celle de Samos fa voifine & fa nTaîtreffe.
L’île manque de port. L ’une des principales calanques
eft à Fanar, où étoit l’ancienne ville Dra-
canon. ~
Strabon, lïv. x ïv , va g. 63 9 , affure qu’il y a voit
dans Nicaria un temple de Diane, appelé Tauropo-
liant ; 8c Callimaqne n’a pas fait difficulté de dire
que de toutes les îles, il n’y en avoir pas une de
plus agréable à Diane que celle-ci. Goltzius a donné
le type d’une médaille repréfentantd’un côté une
Diane chaffereffe , & de l’autre , une perfonne
affife fur un taureau, avec cette légende On
pourroit prendre cette perfonne pour Europe ;
mais félon la conjecture de Nonius, c’eft plutôt la
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même Diane , le taureau marquant l’abondance
des pâturages de lile , & la proteclion de cette
déefle.
Le fanar ou fanari de Nicaria ((puvcipt], lanterne ,
fanal') eft une vieille tour, qui fervoit de fanal
pour éclairer le paffage des vaiffeaux, entre cette
île 8c celle de Samos ; car ce canal eft dangereux
quand la mer eft groffe , quoiqu’il ait 18 milles
de large.
Les Nicariens n’ont ni cadi, ni Turcs chez eux.
Deux adminiftrateurs annuels font toutes les affaires
du pays. Ils paient environ cinq cents écus de
capitation, outre une centaine pour la taille, 8c
our avoir la liberté de vendre leur bois hors de
’île. Long. 4 3 ,5 5— 44 lat. 3 7 ,2 8— 46.
NI CASTRO , en latin Neocajlrum ; petite ville
d’Italie , au royaume de Naples , dans la Calabre
ultérieure, à 2 lieues du golfe deSainte-Euphémie,
avec un évêché fuffragant de Reggio, à 8 li. f. de
Cofenza. Elle fut prefque ruinée, en 1638, par un
tremblement de terre. Long. 33 , 30 ; lai. 38,10.
Cette ville a échappé aux défaftres de la Calabre
, du moins je ne la trouve dans la lifte ni
des villes détruites, ni de celles qui furent ruinées
en partie. (JL)
NICE (comté de) : ce comté a fait durant plufieurs
fié clés partie de la Gaule Narbonnoife , & enfuite
du comté de Provence, dont il fut démembré en
1388 , par les habitans du pays qui fe donnèrent à
Amedée VII', comte de Savoie. Ses bornes font
au nord , le marquifatde Saluces ; le Piémont propre
à l’eft ; la Méditerranée au fud, & la Provence
à Toueft, Son étendue du feptentrion au midi, eft
d’environ 13 lieues, Sl celle d’orient en occident
d’environ 18. Nice eft fa capitale, & quoique le
pays foit entrecoupé de hautes montagnes , il eft
fertile en vin & en huile. Enfin , il feroit admirable,
s’il étoit plus peuplé.
Caffini ( Jean-Dominique ) , ou le grand Caffini,
naquit dans le comté de Nice en 1625 , & fuç ap-
pelé en France par M. Colbert en 1666. Il a été le
premier des aftrbnomes de fon te ms; mais il com-
pîença, comme les autres, par l’Aftrologie. Puif-
qu’il fut naturalifé dans ce royaume , qu’il s’y maria
, qu’il y eut des enfans , Sc qu’il eft mort à Paris
, on peut le compter au nombre des François.
i| a immortalifé fon nom par fa méridienne de
Saint Pétrone à Bologne : elle fervit à faire voir
les variations de la vîteffe du mouvement de la
terre autour du fbleil.
Il fut le premier qui montra par la parallaxe de
Mars, que le foleil doit être au moins 333 millions
d^e lieues de la terre. Il prédit le chemin que devoir
tenir la comète de 1664. C ’eft lui qui découvrit
quatre fatellites de Saturne ; Huyghens n’en avoir
apperçu qu’un, & cette découverte de Caffini fut
célébrée par une médaille dans Thiftoire métallique
de Louis XIV,
Il publia de nouvelles tables des fatellites de Jupiter
fort perfeélionnées, çlétêrFnina Jg révolu-
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tion de Jupiter & de Mars fur leurs axes. Enfin , il
enrichit TAftronomie de diverfes méthodes très-
ingénieufes. je
En voyant la comète de 1680, il prédit au roi
qu’elle fuivroit la même route qu’une autre comète
obfervée par Tycho-Brahé en 1577. C’étoit une
efpèce de deftinée pour lu i, que de faire ces fortes
de prédirions à des têtes couronnées.
II mourut en 17 12 , âgé de 87 ans, fans maladie,
fans douleur, par la feule néceffité de mourir ;
& en mourant, il eut la gloire de laiffer des enfans
diftingués dans TAftronomie.
N i c e , ancienne & forte ville aux confins de !a
France 8c de l’Italie, capitale du comté de même
nom, avec une bonne citadelle, un évêché fuffragant
d’Embrun , & un fénat qui eft comme démocratique.
Les habitans fe donnèrent à Amédée V I I ,
comte de Savoie, en 1388 ; 8c depuis ce tems, elle
eft demeurée aux ducs de cette maifon. François I°r
Taffiégea par terre en 1343, tandis que les Turcs
la preffoient du côté de la mer. Barberouffe II
n’ayant pu prendre la citadelle, faccagea la ville.
Le maréchal de Carinat la prit en 1691; elle fut
rendue au duc de Savoie en 1696. Le duc de Ber-
wick la prit en 1706 ; elle fut rendue par le traité
d’Utreçht au roi de Sardaigne. Les François la reprirent
en 1744 , & l’ont rendue par le traité d’Aix-
la-Chapelle. Elle eft fituée à l’orient de l’embouchure
du V a r , fur un rocher efearpé , à 33 lieues
f. o. de Turin, 28 f. è. d’Embrun, 33 f. o. de
Gênes , 33 n. e. d’Aix , 176 de Paris. Long, félon
Caffini, 23, 35,30,; lat. 4 3 ,4 1 , 30.
Les Phocéens, fondateurs de la ville de Mar-
feille, voyant leurs colonies accrues confidérable-
j ment, s’étendirent le long de la côte, & ayant
trouvé fur le Var un endroit fort agréable , ils y
fondèrent la ville de Nice , Niccea , ail retour d’une
expédition contre les Saliens 8c les Liguriens. C ’eft:
une ville bâtie dans une fituation des plus avanta-
geufes, par la beauté de fes collines, la fertilité
du pays, 8c la bonté de l’air qu’on y refpire, Les
Romains, faifoient, leurs délices de ce lieu , où
croiffent en abondance tous les fruits que produit
l’Italie. Elle avoit la plus grande célébrité du tems
de Ptolomce ; mais aujourd’hui elle eft entièrement
déchue de fon ancienne dignité. Il y a un
château fort cù les habitans pourroient fe retirer
au befoin. L’enceinte de Nice eft fort petite. Outre
la cathédrale , il y a un grand nombre d’églifes
anciennes. On y en compte jufqu’à 20, tant pa-
roiffes que ccuvens. Il y a aufli plufieurs hôpitaux.
On y v c ’t encore les ruines des grands fauxbcurgs
. qu’elle avoit autrefois.
N i c e d e l à P a i l l e , petite ville d’Italie, dans
le Montferrat, aux états du roi de Sardaigne , entre
les villes d’Acqui 8c d’A fti, fur le Belbo. Long. 25 ,
59; lat.,4 4 , 43.
NICÉE. Voye{ I s n i c h .
NICHABOURG, N i s c h a b o u r g , o u N e t s - ÇHABOURG, car on écrit ce mot de plufieurs
N n n ij