
70 I R] L armes 4 réfolurent de fecouer le jôiig du parlement
A nglois : ils prétendirent , avec • jultice ,
devoir partager les prérogatives , de la Grande-
Bretagne j & participer à fa liberté,. Ces troublés,
qui ponvoient devenir dangereux chez une nation
brave & que l’on avoit aigrie , furent af-
foupis quelque tems par la prudence. du minif-
tere : mais lëuri confiance .& la Tage. politique du
gouvernement' Anglois , les-, ont portés,- au terme
de leurs voeux par la révocation de 'l aâe d’un des
régnes préeédens., qui affujéti^'pit rirlandq au par-
le’ment d’Angleterre. Gèt événement ne peut manquer
d’accroître la puiffance de l’empire Britannique
, en même tèms qu’il établit fa liberté fur
une bafe plus folide. Dublin eft la capitale de
l’Irlande.
s l a long. Ôe ce pays* fui vaut M. de Lille, eft
depuis’ y d. io y- jufqu’à. 12 d. 3'* Sa laß. mérid. eft?
par les f i d, 2'©/, Sa laß„fepient. eft par les. 5 5 d.
2.0'. • ' $ -'iï ' : V « Vr ‘ r." V; . ] ?. p- •
J’ai indiqué ci-deiïus un bon livre fur l’Iiiftoire
naturelle d’Irlande ; ceux qui voudront connoître
fes- antiquités facrées & profanes , les liront dans
Pft'érîus' V un des plus fàvans hommes du. x v i i c
fiècle , & qui a le plus fait d’honneur à fa patrie;;
fës écrits , en particulier fes annales , ont inimor-
talifé fon nom. Il mourut comblé d’honneyr & de
gloire le 21’ mars- 165 3 , à foixante-quinze ans:
Cromwell le fit enterrer folepmellfment dans l ’abbaye
de Weftmunfter,
- Warceus a publié un ouvrage qui n’eft pas
exempt de préjugés fur les écrivains qui ont illuf-
tté l’îriande 'depuis le iv c fiècle jufqu’au XVIIe. Il
parott 'âfiêz vrai que les Saxons d’Angleterre oiit
reçu des Irlandais leurs cara&ères ou lettres, &
conféquerriment. les fources de cette érudition profonde
qui caraiSérife la nation Britannique, tandis
que leurs maîtres vinrent; à tomber dans une extrême
décadence* je juge cette décadence, parce
quë-:l& vie de Gothéfcalque, moine, de l’abbaye
: d’Orb?wL,cfaite par Üfférius en 16502,çftiepremier
livre* k tîïi qu’on ait imprimé.en Irlande; mais aufli
depuis ce tems , le'goût des arts & des feien ces a
feMs faveur dans cette île , & y-à jeté dé belles, &
profundes racinés. (R.)
IROQUOIS, nation confidérable de l’Amérique
feptentrionale , autour du lac Ontario, autrement
dit de Frontenac , & le long de la rivière qui,porte;
les éàuxdè ce lac dans le fleuve dcS. Laurent, que-
les François appèlent par cette raifon la rivière des
tr&qumr.’Ils ont âït nord les Algonquins;, à l ’eft la
nouvelle Angleterre, au fud le nouveau Jerfey &
la Penfylvame , à Toueft le lac prié-.
Ces barbares çompofent cinq nations. Les plus,
proches des Anglois font les Aniez ; à vingt lieues
de-là font les Annegouts; à deux journées plus
lern font les Oînontagties, qui ont pour voifins les
Goyagonins ; enfin lés derniers font les Tfonno-
jîionans, à cent lieues des Anglois. Les uns & les >
autres font des fauvages guerriers, allez unis en-s i
1 r o
tr’enx, tantôt attachés aux Anglois., 8c tantôt aux
François, félon qu’ils croient y trouver leurs intérêts.
Le pays qu’ils habitent eft aufli froid qu’à Quebec.
Ils vivent de chair boucanée, de bied d’Inde, &
des fruits qu’ils trouvent dans les bois & fur les
montagnes. Ces hommes fiers. & nés pour la liberté
, ne reconnoiffênt ni roi, ni chef : toutes leurs
affaires générales Te traitent dans des affemblées de
vieillards & de jeûnes-gens. S’ils fouffrent jamais
un chef, ce n’eft que dans leurs expéditions militaires.
Ils choififfent alors le plus brave, le plus
confommé dans l’art des combats , & fa puiffance,
très-limitée d’ailleurs, ceffe aufti-tôt qu’ils ont dé-
pofé la hache. Leurs armes font la fléché, le caffe-
tête, ou maffue, 6c les armes qu’ils tiennent de
l’Europe, tels que le fabre, l’épée, le môufquet.
Ils font partagés par familles , dont les trois principales
font la famille de l’ours, celle de la tortue,
& celle du loup. Chaque bqurgade eft compofée
de ces .trois familles , & chaqiie famille a fon chef.
Leur plus grand commerce eft en caftors, qu’ils
troquent contre de l’eau - de - v ie , qu’ils aiment
paftiopnémenr.
Leur argent & leur monnoie confifte en grains
de porcelaine, qui viennent de la côte de Manathe.
Ce font des burgos,,. forte de limaçons de mer,
blançs ou violets, tirant fur le noir. Ils en font
aufli leur principal ornement: ils fe peignent le
vifage de blanc,, de noir , de jaune , de bleu , 8c
fur-tout de rouge, mais principalement lorfqu’ils
vont au combat.
■ Les Loquois font paillon nés pour le jeu, Ces
h ©..mine s fs modérés, îi ■ maîtres deux-mêmes , fi
dffintéreffés., deviennent au jeu forcenés, avides,
turbuleas. Ils y perdent tout ce qu’ils' ppffèdent,
jufqu’au repos oc- la raifon. Leur religion admet
deux principes, le bien & le mal. Ainfi ce premier
être, dont ils ont une idée confufe, règle à fon gré
les événement de la vie. S’ils éprouvent quelque
malheur, l'homme £en-haut Va v o u lu difent-ils ;
quelquefois c’eft un fleuve, une forêt, la lune. & le
foleil qu’ils adprept. Ils. femblent. avoir une idée,
de-l’aut-re v ie : le guerrier courageux ,■ le,chaffeur
infatigable, pofledera à fa mort une- terre abondante
qui, fans culture , lui offrira toutes les déli-»
ces de la vie. L’homme qui aura vécu fans gloire
& dans l’indolence, fera relégué dans un climat
aride &- ftérile,où il fera fans ceffe. affiégé par la
maladie. les befoins. Super ftitieux, par ,confé-
: quent ignorans , ils attachent une grande importance
aux fonges; c’eft , félon, eux., une manière
dont la divinité manifefte fes intentions & leur
découvre l’avenir. Tout rêve da;ns cette nation,
parce que chaque rêveur eft prophète. Malheu-
renfement ces fonges ne font qu’un moyen infaillible
de venger les quereller particulières ; 8c tout
homme qui aura rêvé qu’il doit en affommer un
iautre, il doit F-affommer à coup (fur. C ’eft ainfi
îquë la .fuperftitiojfl dans tops les pays > çhe^
I r o
toutes les nations, fait toujours le ntaîheür des
hommes. On ne calculera jamais combien les
idées religieufes ont fait couler de fane. Avec les
rêveurs, fes prophètes , fes prêtres & fes tyrans ,
ce malheureux globe ne devroit plus être qu un
immën-fe défert. . ~ Q ,
L ’Iroquois femb-le ne refpirer que la chaffe & la
guerre. Son fang , toujours agité , veut du lang,
èu celui des animaux , ou celui des hommes; ra-
jjiiliarifé dès fes plus tendres années avec toutes les
efnèces de périls , il les brave tous j il envifage la
mort d’un oeil tranquille, & ne craint point de
mourir , mais de mourir fans gloire. Son tempérament
infatigable acquiert encore de la force par
des exercices continuels. Son caraciere mélancolique
élève fon imagination & fon courage; mais
les Européens, toujours barbares jufques dans
leurs careffes & leurs1 bienfaits, ont altéré ce peuple
robufte. L’eau-de-vie, ce poifon deftruékur,
les a abrutis, les a énervés : ils l’aiment avec paf-
fion ; & lorsqu’elle .a enflammé leur fang , malheur
alors à ceux même qui ont cherché à les corrompre
par ce funefte breuvage ; ils deviennet
furieux ; ils font redoutables., terribles ! Cette
nation cependant méritoit bien qu’on refpeâat fes
moeurs! Falloit-il que l’avidité Européenne cherchât
à perdre fon caraélère ? L’Iroquois poffédoit
ces vertus précieufes qui font le lien de la fociété :
hofpitalier, bon ami, grand guerrier , doué d’un
efprit v if & pénétrant, il étoit propre à tout, & on
én pouvoit faire une nation refpeâable. Leurs
femmes mêmes, femblent dignes d’être les compagnes
d’un pareil peuple. Elles, favent fouffrir avec
un courage qui étonner elles fe croiroient déshonorées
fi , dans les douleurs les plus cruelles de
l’enfantement, elles laiffoient échapper une plainte,
.lin cri. Si c’eft une injure de dire à un guerrier ,
tu as fu i , ce n’en eft pas une moins fanglante de
dire à une Iroquoife , tu as crié en accouchant.
Les captifs que ces peuples font à la guerre,
s’ils ne font adoptés de perfonne, font bientôt
condamnés à la mort. Dans le premier cas/, ils deviennent
les frères , lés enfans des familles dans
lefquelles ils font entrés ; & on ne met point de
différence entre ces enfans adoptés & les autres :
dans le fécond cas , on les. prépare à la mort par
les moyens ]esJ plus propres à leur faire regretter
la vie. La meilleure chère, les traitemetis & les
noms les plus doux, tout leur eft prodigué. Souvent
même ils fe marient, & on leur donne'des
filles ou des veuves. Un héros enfin vient dire au
malheureux que le bûcher l’attend: mon frère, lui
dit-on , prends patience , tu vas ■ être brûlé : mon
frère , répond le prifonnier, c'efl fort bien , je te
remercie. Les femmes fur-tout font dans une joie
inexprimable. Ce fexe foible, femble par-tout plus
Cruel & plus barbare en raifon de fa forblefle. Celle
à qui le prifonnier eft livré , invoque aufli-tôt
l ’ombre d’un père, d’un époux, d’un fils. Approche,
crie-t-elle à cette ombre, je te prépare un fejlin :
I S A ( 7 f
■ viens boire à longs traits le bouillon qiie je te deJîinÀ
Ce guerrier va être mis dans la chaudière : on lui
appliquera des haches ardentes fur tout le corps : on.
lui enlèvera la chevelure : on boira dans fon crâne ;
tu feras vengée 6* fatisfaite. Cette furie fond alors
fur le patient qui eft attaché à un poteau près d’un
btafier ardent ; elle le mutile, le frappe avec un
rafinement de cruauté qu’on ne peut attendre que
d-une femme en fureur. Au milieu de fes tour*
mens, le héros chante fa gloire & fes anciens exploits;
L’ivreffe de Tentlioufiafme femble fufpen-
dre fa douleur ; & jufqu’au dernier foùpir, il montre
une infenfibilité que l’on croiroit au-deffus des
forces humaines. Telles font les moeurs de ces peuples
que ma plume ne peint qu’avec douleur. Loin,
de chercher à les civilifer, on leur a porté des
vices qu’ils ne connoâffoient pas : on en a fait des
tigres, quand on pouvoit en faire des hommes*
Comme c’eft l’intérêt plus que l’amoiir de l’humanité
, qui conduit les Européens dans ces climats
fauvages , 011 n’a réufli encore à faire que deux
colonies d’Iroquois chrétiens , l’une à la montagne
de Mont-Réal, & l’autre an Sault de Saint-Louis.
( M d S S O N D E M o r V I L L I E R S . )
IRSINGEN , abbaye immédiate de Suabe , ordre
de Saint Benoît, près de la ville impériale de
Kaufbuern. L’abbé eft prélat de l’empire.
IRSON , ville de Perfe. Selon Tavernier, long.
8 0 ,3 5 ; lat. 36 , 50. Il ajoute que l’air de cette
ville eft très-bon, & qu’il y a des vivres en abon-,
dance. '
IR T ICH , qu Irtts , grande rivière d’A fie,
dans la Sibérie. Après avoir a'rrofé une vafte étendue
de pays depuis fes deux fources , qui font vers
le 47e degré de latit. félon quelques-uns, ou félon
le P. Gaubil, à 46-, 4 , 8c à 112 d. 12' 48^ de
long. , elle fe jète dans le fleuve O b y !, à 60 d. 40'
de latitude ; fes eaux blanches & légères abondent
en poiffons, fur-tout en efturgeons & en faumons
délicieux.
Pierre le Grand, empereur de Ruflie , confidé-
rant que l’Irtieh lui pouvoit être d’une grande
utilité pour fonder un commerce avantageux éntrè
fes étatSi & les autres pays de l’Orient, fit faire,
en 1715 , de diftanee en diftance, le long.de cette
rivière , des établiffemens qui feroient d’une toute
autre utilité entre les mains d’une nation libre 8c
commerçante.
IRTIS , ville ' d’Afie au Mogoiiftan, à qui le
traduéteùr de Timùr-Beg donne 130 deg. de longitude,
8C 36 deg. 40' de latit.
Irtis. Voye1 Irtich.
, IR WIN , Irva , ville d’Ecoffe ,' capitale de la
province de Cuninghain , avec un port qui ne peut'
fervir qu’à des barques. Elle eft fur la rivière de
même nom, à 21 li. f. o. d’Edimbourg, 107 n. o.
de Londres. Elle envoie un député au parlement.
Long. 12 , 50 ; lat. 5 6 ,5 .
ISABELLE, petite ville de l’Amérique, dans
l’île Saint-Domingue, fur la.Jahja, bâtie par