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valides , Vautre vis-à-vis le Jardin du Roi. Je ne
doute point qu’à la fuite des tems on n’en jète
un troifièrae fur la rivière, qui de la place de
Grève débouche dans la Cité.
Il conviendroit auffi de former une place publique
au point de concours des fept rues de la
nouvelle Comédie, des Foffés M. le Prince, des
Cordeliers , des Foffés-Saint-Germain , dés Boucheries
, des Quatre-Vents, & de celle de Condé.
L’ornement de la v ille , la falubrité de l’a ir , le
concours prodigieux des voitures de toute efpèce,
l ’affluence du peuple en montrent affez la nécef-
fité. Il feroit à fouhaiter auffi qu’en réunifiant dans
un grand marché, qui y feroit defîiné, les bouchers
qui longent de droite & de gauche la rue
des Boucheries, on rendît au public cette rue qui
eft une grande communication, & qui eft en quelque
forte interdite au public en é té , par l’odeur
fétide & prefque meurtrière qu’elle exhale.
Au centre de Paris, à l’endroit d’une des plus
grandes communications entre les deux parties de
la v ille , au foyer pour ainfi dire des mouvemens,
s’élève la mafle informe & caverneufe du grand
Châtelet. Une rue immenfe qui de l’extrémité du
fauxbourg Saint-Denis à la barrière d’Enfer tra-
verfe dans fon plus grand diamètre une des plus
grandes villes de l’univers, eft interceptée vers fon
milieu par la conftruélion lourde & mauflads dont
nous parlons ; des poteaux, un cloaque, une caverne
remplie d’un air fétide & croupiflant, y
interdifent le paflage aux voitures, & y preffent
les pas des citoyens entaffés. Ne croiroit-on point
à le voir être encore aux fiècles de barbarie ? Que
fera-ce fi nous ajoutons que ce lugubre repaire eft
un des grands tribunaux de juffice de cette capitale
, & de toute la province qui l’environne 1 On
bâtit coup fur coup des falles de fpeâacles qui
«’élèvent rapidement en différens quartiers de la
v ille , 8c on réduit les organes de la loi dans une
demeure noire, infeéle» mal féante ? Détruifons
cette mafiTe enfumée , débarraflbns les accès, affai-
aiiffons l’emplacement, & confacroqs ailleurs un
temple à Thémis. Si Varchiteâure doit déployer
fa magnificence, c’eft dans un fanéhiaire d’où le
citoyen attend fa fûreté,. attend le maintien de fes
propriétés, de fon honneur, de fà liberté.
Parlons enfin de la coutume pernicieufe que
l ’on y a de eonferver l’eau pour la provifion des
maifons dans de grands vaineaux de cuivre très-
profonds 8c obfcurs, qui, mal étamés , dont l’étamage
» par négligence, fouvent par une mau-
vaife économie, n’étant point renouvelée à teras
o u imparfaitement réparée, engendrent les plus
terribles maladies, maladies d’autant plus meurtrières
qu’on en 'ignore la caufe. Que de viâ'imes-
■ de l’infoiBciance ou de l’oubli des prépefés , que
de fantés altérées, dégradées , que de morts précipitées
? La. lifte.* fi elle étoit connue * feroit fré-
anir. ILn’y a point à héfiter: il faut adopter des
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Vaille aux d’une autre matière , de bois, par exemP
pie, de pierre, de terre cuite.
La hauteur des maifons, hors de proportion
avec la largeur des rues, y entretient Une perpétuelle
humidité , les rend fort boueufes , & par-là
même très-incommodes. Ajoutez à cela l’efpèce
de complot dé 3000 fiacres q u i, dans leurs cour-
fes, conjurés contre les citoyens , tiennent conf-
tamment deux de leurs roues dans le ruiffeàu ,
8c qui édabouffimt de la tète aux pieds les paf-
fans, déterminent d’autant mieux ceux qui le peuvent,
à ufer de leurs voitures. Cet objet ne fe*.
roit point indigne de la vigilance de la policé.
A l’extrémité du Cours la Reine, une pompe à
feu , placéé au bord de la Seine, 8c imitée de celles
qu’on voit à Londres 8c en Hollande, puife ÔC
élève une partie des eaux dont on fait ufage à
Paris. Le réfervoir en eft à Chaillot. c’eft delà
! qu’elles defcendent par des canaux qui fe fubdivi-
: fent dans la ville.
Une compagnie de Négociansformée en 1785 ,
fous les aufpices du Gouvernement , pour faire le
commerce des Indes, fait revivre dans cette capitale
l’ancienne compagnie de ce nom , à l’ombre
d’un privilège qui lui a été oétroyé pour fept années.
Paris a des relations de commerce fort étendues.'
Ses principaux objets d’exportation font les magnifiques
tapiffçries de haute 8c baffe lifte des Gobe*
lins , les glaces qu’elle polit, l’orfèvrerie, la porcelaine
r ïes marchandifes de modes 8c de bijouterie.
La librairie y forme une branche de commerce
très-confidérable. On en tire beaucoup d’ouvrages
de marqueterie, de tableterie, beaucoup de voU
tures ou carrofles. La rubanerie, la chapellerie,'
la bonneterie, les fabriques de galons d’or 8c d’argent
, 8c d’autres articles de luxe y ont aflëz d’activité.
Unebonne partie du commerce s’y fait par
les fix corps de marchands , qui font les Drapiers,
les Epiciers, les Merciers, les Pelletiers , les Bonnetiers
, les Orfèvres affujettis à des réglemens
qui n’aftreignent point les autres clafles de mar-;
chands»
Il n’y a guere de villes dans le monde où il fe
fafle un commerce de banque plus, étendu qu’à
Paris; 8c le trafic de piaftres que cette ville fait
avec l’Efpagne , en accroît encore l’aéHvité.
Paris s’eft. beaucoup accru depuis un certain
nombre d’années ; il s’accroît même encore chaque
jour. Il eft indubitable que l’aggrandiffement
ex ce fii f de la capitale énerve le royaume. La
richefte 8c la population viennent s’y engoufrer.
Dans les villes les arts utiles langui Sent, la culture
fouftre dans les campagnes î C ’eft une tête
coloftale qui attire à elle tous les fucs defiînés à
l’entfetien du corps entier. Des taxes pouffées hors
des bornes fur les comeftibles, fur. les objets de
confbnwnatipn , ries impôts additionels fur les matériaux
à bâtir, font des moyens violens;.ce ne
font que des palliatifs,, & des palliatifs pruels qui
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retombent d’ailleiirs fur ceux des citoyens ( &
ceux -c i font le plus grand nombre) fur ceux,
dis-je , dont Paris eft le féjour nécenaire , à rai-
fon de leur pofition, de leurs affaires, de leurs
emplois, de la convenance, 8c de ce que cette
ville eft centre d’adminiftration pour eux 8c comme
capitale du royaume, 8c comme capitale de
province. Donnez de la confidération à la magif-
trature dans les provinces ; attachez-y les^ principaux
citoyens, en leur donnant part 'à l ’adnai-
fûftration de leur pays ; convertiflez en loi la résidence
de ceux qui en rempliflent les poftes les
plus éminens, 6c dont la préfence influe fur le
bien-être des citoyens , fur leur tranquillité, fur le
bon ordre, fur la plus prompte expédition des
affaires ! C ’eft l’unique moyen d’arrêter les progrès
de la capitale, 8c de porter la vie dans le fein
l u royaume.
La ville de Paris , avec le territoire circonvoifin,
forme un gouvernement particulier affimilé aux
gouvernemens généraux , indépendant de celui
de l’Ifle de France, 8c dont le gouverneur ne prend
Jjes ordres que du roi.
Les routes qui fe rendent à Paris font larges ,
bien dreflees, 8c plantées de grands ormes, qui
par l’agrément de leur feuille 8c de leur ombrage,
pourroient en faire comme autant d’avenues fort
.agréables : mais deftinées à l’utilité publique , elles
aje font que fervir l’avarice de ceux qui, fous prétexte
d’en émonder les arbres, les élaguent impitoyablement
jufqu’à la cime, 8c les mettent en
tonte réglée, comme on met un bois en coupe
réglée.
Si maintenant l’on veut avoir encore de plus amples
détails fur cette ville fameufe, on peut consulter
un grand nombre d’écrivains, qui depuis
long-tems fe font emprefles de donner des defcrip-
tions de Paris, plus ou moins prolixes, plus ou
moins bien faites ; d’éclaircir toute fon hiftoire ,
de décrire fes monumens , de peindre les moeurs
rie fes habitaps,
Jean de Hautevillea, je crois , rompu la glace
dans un ouvrage intitulé Archithrenms, & publié
en 1 5 1 7 , in-40. Gilles Corrofet, imprimeur, 8c
îe.préfident Claude Fauchet, fuivirent l’exemple
•d’Hauteville. Nicolas Bonfous augmenta l’ouvrage
de Corrofet fon collègue, 8c le remit au jour en
1588. Le fuccès des faftes de Paris anima Jacques
du Breuil, religieux bénédiébn de Saint-Germain-
des-Prés , 8c lui fit entreprendre le théârrpdes antiquités
de cette v ille , qui parut en i6j.z , i/z-49.
8c c’eft la feule bonne édition.
Depuis , trois autres grands ouvrages ont
été compofés pour éclaircir l’hiftoire de Paris.
Le premier, de Claude Malingre, parut en 1640,
in-folio , fous le titre d’antiquités de la ville (Le Pa-
ris. Le, fécond , intitulé Paris ancien 6* moderne , eft
de Henri Sauvai , avocat au parlement. Son ouvrage
dans leguel il traite, article par article, de
|O.U£ ce qui concerne la ville de Paris , a paru
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long-tems après la mort de l’auteur, favoir, en
1724, en 3 volumes in-fol. Le troisième, commencé
par dom Félibien , religieux Bénédidirf de
la congrégation de Saint Maur, eft une hiftoire
fuivie de Paris. Cette hiftoire a été continuée par
dom Lobineau, religieux de la même congrégation
, 8c imprimée en 172s-,.en 5 volumes in-Jot.
Le S. Grand-Colas en a fait un abrégé en 2 vol.
in - il , qui ont été imprimés en 1728, 8c fuppri-
més aufli-tôt.
Il y a plusieurs autres defcriptions particulières
de Paris: celle de François Colletet qui a auffi
donné en 1664, en 2 vol. in- 12 , un abrégé de$
annales 8c antiquités de Paris. On eftime en particulier
la defcription de cette ville que M. de la
Mare, commiftaire au châtelet, a mis à la tête d^
fon excellent traité d'e la police.
La defcription de Paris par Germain Brice , dont
on publie fréquemment de nouvelles éditions, ?
fait tomber toutes les précédentes ; celles de Jean
Boifteau, de Georges de Chuyes, d’Abraham de
Pradel, de Claude le Maire, 8cc. On peut joindre
à la defcription de Brice les 24 planches gravées*
en 1 7 14 , par ordre de M. d’A rgenfon, lieutenant
de police, ainfi que celles de l’abbé de la Grive ,
les cartes de D. Coûtant 9 8c le voyage pittorefque
de Paris. 1
Le père Monfaucon a parlé plufieurs fois de
Paris dans fon antiquité expliquée. Il y a auffij
divers morceaux a ce fujet dans les mémoires de^
Infcriptions. Ceux même de l’académie des Sciences
, contiennent des difçuffions fur la grandeuf
de Paris 8c de Londres ; mais ce qui yaut beaucoup
mieux, ee font les EJfais fur Paris de M. de
Sainte-Foix , 8c les nouveaux EJfais fur cette ville
par M. Ducoudray, publiés en 1783 , 1 vol. Oit
peut voir auffi le Tableau de Paris par M. Mercier
, dont l’ouvrage précieux à beaucoup d égards
préfente tant de vérités utiles. La meilleure édition
eft celle de la fociété typographique de Neuchâtel
» 8 vol. in-8°.
Ajouterai-je qu’on a auffi une hiftoire de l’é-
glife de Paris, compofée par Gérard Dubois , qui
parut en 2 vol. in-fol. en 1690 8c 1 7 10 , quoiqu’elle
ne finiffe qu’à l’an 1283. Enfin on a publié,
en 6 vol. in-folio, l’hiftoire de l’univerfité
de Paris jufqu’ep 1600, par Çéfàr-Egafte du Bou-
lay. Cétte hiftoire a été cenfùrée l’an 1667 par la
faculté de Paris ; mais cette cenfure ne lui a fait
aucun tort dans l’efprit du public. On a auffi une
hiftoire abrégée de 1’Univerfité , par M. Crevier.
é m
Paris en Ardennes. Voyeç Bastogne.
PARME ( le duché de ) état d’Italie, borné att
nord pat le Pô qui le fépare du duché de Milan,
à l?eft par le duché de Modène, au fud par l’état de
Gênes, à l’oueft de rechef par le Milanès. C ’eft
un pays délicieux qui fit partie du royaume des
Lombards.
Lorfque Charlemagne fe fut rendu maître de
D d d d ij