
442 N A V Port, après avoir traverfé la vallée de Roneè-
vaux. La Navarre eft une des plus belles provinces
d’Efpagne, & la feule oh lés chemins foient
beaux ; ces chemins font l’ouvrage de-M. le comte
de Gâches, qui en a été viceroi. Il a fallu fendre
le coeur des montagnes, percer les rochers, fur-
monter des obftacles immenfes pour mettre ces
routes dans l’état où elles font.
. Ce Royaume a des fources fa lé es d’un bon produit.
On diftingue fur*rout celles de falines de Oro,
qui font très-abondantes 8c en grand nombre. Il
s.y trouve aufli des fontaines minérales chaudes
& froides dont les eaux font très-faiutaires. Ge
pays produit du blé, du vin , de l ’huile d’olive ,
diverles efpèces de fruits & du miel. Les pâturages
font bons & rendent l’entretien du bétail
avantageux.
Les habitans font polis, fpirituels, adroits, laborieux
, & très-propres aux fciences 8c aux affaires.
Ils parlent la langue bafque.
La Navarre eft gouvernée par un viceroi. C ’eft
un pays d’états, qui jouit de grands privilèges,
Se a un confeil fouverain. La capitale en èft Pam-
pelune.
Inigo-Arifta eft le premier qui ait régné dans la
haute Navarre, & fes defcendans en jouirent juf-
qu’en 1234. En 1316, Jeanne , comme fille de
Louis Hutin, devint héritière de ce royaume,
qu’elle apporta à fon mari Philippe, comte d’E-
vreux. En 1512, Ferdinand s’en empara fur Jean
lire d’Albret, qui en étoit roi, du chef de Catherine
de Foix fa femme, dernière héritière de
Charles, comte d’Evreux. Le pape le féconda dans
cette entreprife ; & leur prétexte fut que ce prince
étoit allié 4e Louis X I I , ce fauteur dti concile de
Pife excommunié par Jules I I , ainfi que tous fes
adhérens. Louis XII fecourut Jean d’Albret; mais!
l ’activité du duc d’Albe rendit cette entreprife inutile
, & força le roi de Navarre & la Palice , à lever
le fiège de Pampelutte. Catherine de Foix difoit au
roi fon mari, après la perte de ce royaume : « dom
» Jean , fi nous fuftions nés , vous Catherine , 8c
» moi dom Jeân , nous n’aurions jamais perdu la
v Navarre. »
Récapitulons en deux mots l ’hiftoire de ce royaume.
Les Navarrois fe donnèrent à Inigo , qui commença
le rovaume de Navarre. Enfuite trois rois
d’Arragon joignirent à l’Arragonois , la plus grande
partie de. la Navarre , dont les Maures Muful-
mans occupèrent le refte. Alphonfe le Batailleur,
qui mourut en 1134, fut lé dernier de ces rots.
Alors la Navarre fut féparée de l’Aragon, 8c redevint
un royaume particulier, qui paffa depuis
par des mariages, aux comtes dè Champagne ,
appartint à Philippe le-Bel , & à la maifon de
France; enfuite tomba dans celles de Foix &
d’Albret, & eft abforbée aujourd'hui dans la monarchie
d’Efpagne. (R.) Navarre , la baffe : c’eft une des mérindades
ou- bailliages, dont tout le -royaume de Navarre
N A V étoit compofé. Elle eft féparée de h Navarre Espagnole
par les Pyrénées. Ce pays fut Occupé dès
premiers par les Vafcons ou Gafcons, lorfqu’ils
payèrent les monts, pour s’établir dans la No-
vempopulanie, fur la fin du v T fiècle : ânftl tous
les habitans font 'bafques, 8c parlent la langue
bafque , qui eft la même à peu-près que celle des
Bifcayens efpagirols.
Tout ce que Jeân d’Albret Sc Catherine reine
de Navarre fa femme, purent recouvrer des états
que Ferdinand, roi d’Arragon & de Caftille, leur
enleva en 15 1 2 , fe réduifit à la Baffe-Navarre,
qui n a que huit lieues de long fur Cinq de large,
& pour toutes villes celles de Saint-Jean Pié-de-
Port, de Saint-Palais, & de là Baftide de Cia-
îence : Henri IV qui en avoit hérité de fa mère ,
là laifîa à Louis XIII, qui l ’iinit à là couronne
avec le Béarn en 1620.
Ce petit pays eft montueux & prefqûe ftérile ;
il eft arrofé par h Nive & la Bidoüfe. Henri d’A lbret
, fils de Jean, en fit un pays .d’états, conformément
à 1 ufage qui èft obfervé dans-la Haute-
Navarre; & ce privilège fubfifte toujours.
Par une fuite des prétentions des rois de France
fur la totalité de la Navarre , comme ayant fuccédé
aux droits de la maifon d’Albret, ils prennent le
titre de rois de France Sc de Navarre. (R.)
N a v a r r e ( château de ) , beau château bâti
près d’Evreux , par la maifon de Bouillon. (R.)
NAVARREINS, ou N a v à r r i n x , petite ville
: de France dans le Béarn , fur le Gave d’Oléron ,
à cinq lieues de cette ville, dans la fénéchauffée
de Sauveterre : elle fut bâtie par Henri d’Albret
roi de Navarre , dans une plaine très-fertile. Il y
a dans cette ville un état major. Long. 16 , 50 3
lat. 43 , 20.
NAVAS DEL-MARQUÈS. Voye^ La s -Na v a s -
d e l -M a r q u e s .
N a v a s d e T o l o s a , montagne d’E fpagne,
dans la partie feptentrionale de FAnclaloufie> à l’o-
rient de Sierra Môrena. Elle eft remarquable .par
la viétoire que les chrétiens y remportèrent fur les
Maures le 16 juillet 1212, fous les ordres d’Al-
phonfe , roi de Caftille.
NAVASA, iflë de l’Amérique feptentrionale, à
8 degrés de la ligne. Elle eft fort petite, toute
hérifiee de rochers , 8c n’a pour verdure que quelques
arbriffeaux. On met entre les merveilles du
monde une fontaine qui eft en mer, à une demi-
lieue de cette île : elle peut être à 16 pieds de profondeur,
& jaillit fi abondamment, que l’on puife
fort eau douce au milieu des flots de la nier. (/?.)
Nà UEN , -ville d’Allema gne , dans l’éleélorat
de Brandebourg, & dans la moyenne Marche,
au cercle de Havelland : elle eft environnée de
champs fertiles & de prairies abondantes , qui la
font trafiquer beaucoup en grains , denrées ,8ç
beftianx : de fréquens incèndies l’ont déTolee.
NAVE S, Èourg de France dans le Limoufin 9
au didcèfe 8c à une lieue nord de Tulle-,
N A U
N AU G A TO , royaume du Japon dans la grande
ifie Niphon , dont il. eft la partie la plus occidentale.
Sa ville capitale eft Amauguchi, ou Amau-
gu c i, une des plus riches villes de l’empire, dont
on met la long, à 148 , 20 ; Int. 45 , 54.
N A V IA , port d’Efpagne dans l’Àfturie, aux
frontières de la Galice : près de ce p.ort on voit
lin bourg ûiiié dans une plaine ; ce. bourg eft entouré
"de murailles.
NAUM, ou N a u n , rivière de la grande Tar-
tarie , qui prend fa fource au midi d Albafiuskoi,
ville des Ruffes ruinée, arrofe lè bourg auquel
elle donne fon. nom;, 8c finit par fe joindre au
Chingal, qui fe décharge dans le fleuve Amur.
NAUM B O U R G , ville d’Allemagne, dans le
cercle de haute-Saxe , en Mifnie, autrefois impériale
, avec un évêché fuffragant de Magde-
bourg, qui,a été féculafifé. Elle eft fur la Sale, a
J 5 lieues n. e. d’E rfort, 22 f. o. de Wittemberg,
25 o. de Drefde. Long. 2 9 ,5 4 ; lat. 5 1 ,1 2 . L’é-
vêche a 12 lieues de long, fur 6 de large. Les -
éleéieurs. de Saxe , après l’établiftement de la religion
réformée, l’ont regardé comme un des pays
incorporés à l’éleélorat. Le chapitre des chanoines
s’eft partagé à Naumbourg 8c à Zéitz. Le terroir-..
de cet évêché eft fertile en grains 8c en vins. Il
comprend 5 villes 8c 121 villages.
N a u m e o u r g , petite ville d’Allemagne, au
cercle du bas-Rhin , dans l’éleélorat de Mayence,
au baiilage de Fritzlar. (R.)
N a u m b o u r g , petite ville de Siléfie, cap.itale
du cercle de même nom , fur le Bober, dans la
principauté de Sagan. (Æ.)
N a u m b o u r g , b a i i l a g e d’Allemagne, dans le
comté de Sponheim. (J?.)
NAUPLIA. Voyc[ A r g o s . .
NAUROUSE, lieu de France , en Languedoc,
où l’on a établi le point de partage des eaux qu’on
a afîemblées pour fournir au canal qui fait la jonction
de la mer Océane avec la mer Méditerranée. 1
C ’eft une. petite éminence fituée fur la route qui
conduit du bas au haut-Languedoc , 8c d’où il part
deux vallons. Ce canal, qui eft profond de deux
toifes, en a feizs;. d’ouverture, huit de bafe, 8c
environ 800 de longueur,
N AXER A. Voyei N a g e r a .
NAXKOW. Voye^ N a s k o w .
N AXOS, ou N a x i e , N*i-a? par les. Grecs, Naxus
par les Latins , N a x ia dans le moyen âge , 8c Naïxe
par les François ; île confi,déra,ble fituée au milieu
de l’Arçhipel -, à 37 dég. d’élévation, Sc à environ
o milles de la pointe feptentrionale de Paros :
fon circuit eft de plus de 100 milles ; c’eft-à-dire ,
de près d è 3.5 lieues françoifes , 8c fa largeur eft
de 30 milles, qui font 10lieu.es d.eFrance. C ’eft
la plus grande , la plus fertile 8c la pliis agréable
.de toutes les Cyçlades.
Les principales chofes qui rendent Naxos célèbre
,, font la hauteur de fes. montagnes , la quantité
de marbre blanc qu’qn en tire ? la beauté de
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fes plaines, la multitude des fontaines & des ruiG
féaux qui arrofent fes campagnes , le grand nombre
de jardins remplis de toutes fortes d’arbres fruitiers,
les forêts d’oliviers, d’orangers, de lim o --
niers , de figuiers, de cédrats, de mûriers , 8c de
grenadiers. Tous ces avantages qui la diftinguent
de toutes les, autres, lui ont acquisse nom de Reine
des Cyçlades. Cependant cette île n’a jamais eu que
peu de commerce, parle défaut d’un bon port où
les bâtimens pufTent être en fureté.
Naxos , quoique fans port, étoit line république
très-florifîante, 8c maîtrefle de la mer, dans le
tems que les Perfes pafsèrent dans rArçhipel. II
eft vrai qu’elle poftedoit les îles de Paros 8c d’An-
dros , dont les ports font excellens pour entretenir
8c recevoir les plus grandes flottes,
Pendant la guerre du Péloponèfe, Naxos fe déclara
pour Athènes avec les autres ifles de la mer
Egée , excepté Milo 8c Théra; enfuite elle tomba
fous la puinance des Romains; 8caprès la bataille
-de Philippe, Marc-Antoine la donna aux Rho-
diens,. Cependant il la leur ôta quelque tems après,
parce que leur gouvernement étoit trop dur. Elle
fut foutnife aux empereurs romains , 8c enfuite aux
empereurs grecs, jufqu’à la prife de Conftanti-
r'nople par les François 8c par les Vénitiens en
1207. Trois ans après ce grand évènement,-comme
les François travailloient, fous l’empereur
Henri, à la conquête des provinces 8c places de
terre ferme, les Vénitiens maîtres de la mer, permirent
aux fujets de la république qui voudraient
équiper des navires , de s’emparer des ifles de
l’Archipel 8c d’autres places maritimes, à condition
que les acquéreurs en feroient hommage à
ceux à qui elles appartenoient, à raifon du partage
fait entre les François 8c les Vénitiens. Marc
Sanudo , l’un des capitaines les plus accomplis
qu’eût alors la république, s’empara des ifles de
Naxos , Paros , Ântiparos , Milo , l’Argentière ;
Siphanto , Policandro, Nanfio, Nio 8c Santorin»
L’empereur Henri érigea Naxos. en duché, 8c donna
à Sanudo le titre de duc de l'Archipel 8c de prince
de l’empire. Ses defcendans régnèrent dans la
même qualité jufqu’à Nicolas Carceiro, neuvième
- duc de Naxos, qui fut aflaffiné par les Ordres de
François Crifpo, qui s’empara du duché, 8c le
tranfmit à fa poftérité. Elle en jouit jufqu’à Jacques
Crifpo, vi.ngt-un 8c dernier duc de l’A rchipel,
dépouillé par les Turcs, fous l’empereur Sélim I I ,
8c mort à Venife accablé de chagrin.
Sous ce dernier duc de Naxos, les Grecs fe-
couèrent le joug des Latins pour fubir celui de la
Porte-Ottomane. Le grand-feigneur y mit pendant
quelque tems un officier qui gouverna cette ile en
fon nom. Dans la fuite Naxos a eu la liberté de
■ créer des magiftrats tous les .ans ; enforte qu’elle
fait, fous la domination des Turcs, comme une
petite république à part. Ses magiftrats fe nomment
éfiitropes ; ils ont une autorité fort étendue, étant'
maîtres d’infliger toutes les peines, j.ufqu’à celle de