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di&in, dans une diftèrtation corographique, de
Italiâ medii oevi, que Muratori a publiée, penfe
que la nouvelle ville de Modène eft dans le même
endroit que I ancienne, du moins en partie ; l’opinion
commune eft qu’elle en eft à quelque
diftance: mais on n’eft pas d’accord fur la fituation
de l’ancienne | parce qu’il ne refte à Modène aucun
veftige d’antiquité , aucun aqueduc, ni autre chofe
femblable, fi ce n’eft quelques inicriptions qui ont
étéünférées dans le Tréfor de Muratori.
Cette ville fut enfuite fucceffivement foumifé
aux empereurs, aux papes, à la république de
Venife , aux ducs de Milan., à ceux deMantoue,
à ceux de Ferrare & à quelques petits princes particuliers.
Elle fut déchirée par les faéüons , quelquefois
prête à devenir déferte.
Les princes de la maifon d’Eft furent élevés dans
le xm e fiècle à la fouvèraincté de Modène, qu’ils
poffèdent encore aéluellement à titre de fief de
l’empire. C ’eft cette illuftre maifen q u i, régnant
à Ferrare , protégea d’une manière fi diftinguée les
grands hommes de l’Italie, 8c fur-tout l’Ariofte 8c
le Taffe. Aufli les deux poëmes fameux de Roland
le furieux & de la Jérufalem délivrée font-ils pleins
des éloges de ces princes ; 8c la généalogie de
cette maifon y eft toujours tirée des plus grands
héros du poëme, ou même d’Heâ'or le Troyen.
La plupart des princes de cette maifon ont contribué
à l’embelliflement de Modène. L’empereur,
les François , le roi de Sardaigne fe font emparés
fucceffivement de cette ville dans les guerres de
ce fiècle. La ville de Modène eft agréable, Bien
bâtie, décorée de fontaines & de portiques où l’on
marche très-commodément.
Le palais ducal eft le plus bel édifice de Modène,
mais il n’eft point achevé. An refte, il eft
enrichi de belles peintures, & en particulier de
morceaux précieux du Carrache, du Guerchin ,* du
Tintoret, du Baffan, de Jules Romain, du Titien,
du Guide, & autres grands maîtres de lTtafie. La
galerie eft une des plus intéreflàntes qui exifte , par
les. beaux morceaux de peinture, de fculpture,
d’antiquité, d’hiftoire naturelle & de curiofités dans
pliifièurs genres , quelle offre au voyageur. Le
médailler eft un des plus curieux que l’on connoiffe ;
&. la bibliothèque , qui eft publique , contient au
moins 30,000 volumes. Les manuferits, en fort
«rand nombre, font dans une pièce voifine. La
cathédrale eft un très-lourd gothique.
Cette ville a été la patrie d’hommes illuftres en
pliifièurs genres. On nomme Falloppe, Sadolet,
Sigonius , Caftelvetro, le Molfa 8c le Taffone.
Falloppe ( Gabriel} tient un des premiers rangs
entre Tes anatomiftes. Il mourut à Padoue en 15.62.,
âgé de 39 ans. Quoique la plupart de fes oeuvres
foient pofthumeSy elles font très-précieufes aux
amateurs de lranâtomie. Us recherchent avec foin
fédition de Venife de 1606- en 3 vol. in-foî.
Sadolet (Jacques), fecrétaire de L é o n X , fut
.«mpîoyé dans les négociations importantes, 8c
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parvînt ù la pourpre en 1536. I l finît fes jours §
Rome en 1547, à 72 ans. Ses ouvrages de théologie
8c de poéfie ont été publiés à Vérone en 3
vol. in-40. Ils ne font pas tous intéreffans, mais
ils refpirent le goût de la belle latinité.-
Sigonius ( Charles ) fe montra P un des plus fa-
vans littérateurs du XVIe fiècle, & mourut en
1584,3 1 âge de 60 ans. Perfonne n’a mieux approfondi
les antiquités romaines. Tous fes ouvrages-
ont été recueillis à Milan en 173.2.1733. 8c 1734.
lis forment 8 vol. in-fol. .
Caftelvetro (Louis),mort en 1571» eft principal
lement connu par fon commentaire lur la poétique
d’Ariftote, dont la bonne édition eft de Vienne en
Autriche. C ’ét-ok auffi fon ouvrage favori. On_dé-
féra ce fubtil écrivain à Tinquifition,. pour avoir
traduit en Italien un traité de Mélanchton. Les
inquîfitions littéraires font les moyens les plus
courts pour jeter les peuples dans la barbarie. Nos
têtes ne font pas auffi bien organises q.ue celles
des Italiens : d’ailleurs, nous ne fommes encore
qu’au crépufeule des jours, de lumière ; que deviendrions
nous, fr l’on éteignoit ce nouveau flambeau;
dans nos climats ï
Molfa ( François-Marie) fut l’un des bons poëteS'
du XVIe fiècle. La nature l’avoit doué d’un heureux
génie, que l’étude perfeélionna. 11 réuffit également
en profé 8c en vers , dans le férieux & dans le
comique. Ses élégies font dans le gpût de celles-
de Tibulle. Il mourut en 1544.
Le Taflone ( Alexandre ) , dont fai' déjà parlé *
mit au jour à Paris fa Secchia rapita , en 1622. Oit
en a fait nombre d’éditions. Celle qui parut 4
Ronciglione, deux ans après, paffe pour la meilleure.
La tradùâion de ce poëme par M. Perrault,
eft exaéle , mais feche, a fiez fouvent peu françoife,
& prefque toujours dépourvue d’agrémens. Le-
Taflone mourut dans fa patrie en 1635. Antoine-;
Louis Muratori a écrit fa vie. Voyeç Mutina.
L’etat de Modène a environ 20 lieues de long
fur 10 de large. Il fut érigé en duché, en 1452^
par l’empereur Frédéric III. Il confine aux duchés,
de Parme 8c de Mantoue , à l’état de PEglife, au-
grand duché de Tofcane , 8c à la république de-
Lucques. Il renferme le Modenois, ou le duché
de Modène proprement dit, la province de Fri-
gnano, la vallée de Carfagnana , le pays de So-
raggio , le duché deRegio, la principauté de Cor-
regio , Ta principauté de Carpi, 'îe comté de Ri-
: v o lo , le duché de fa Mirandole , 8c la principauté
de Novellara. On doit même y ajouter Ta principauté
de Mafia, qui a paffe par alliance de la
maifon Cybo dans la maifon d’Eft.
Le pays abonde en bleds 8c en vins. En 1768
tous lesbiens eccléfiaftiques , acquis-depuis 1620-,
y ont été fournis aux impôts comme tous les autres
biens, 8c de petits monaftères furent fup-
primés.- ■ ; . „ . •.
Le duché de Modène eft au moment de piaffer
dans la maifon d’Autriche, par le mariage quis’eftj
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fait de l’archiduc Ferdinand , gouverneur de Mila
n , avec la fille 8c unique héritière du duc régnant
de Modène.
Au mont Gibbius, on trouve des fources dont
les eaux fe chargent d’huile de pétrole qui fur-
nage , 8c qu’on y recueille. On la nomme en latin
olcum petroe, petroleum, 8c en italien oglio di pir-
tra. Il n’y a que trois endroits en Europe où il fe
trouve de pareilles fources. (R.)
MODERN, ville de la baffe-Hongrie , au comté
de Presbourg, fituée au pied du mont Krapack.-
On y compte environ 350 maifons ; 8c ce n’efl
que depuis 1607 qu’elle a rang parmi les villes. n . . . . MODICA , petite ville de Sicile, dans le val
de Noto, à l’orient de la ville de ce nom, au
nord de Sichili, 8c au midi oriental de Syracufe,
fur la rivière de Modica, avec titre de comté.
C ’eft l’ancienne Mutica. Long. 33 , 34; lat. 36 , « B I 118 g M O D O N , ancienne 8c forte villè de G rèce,
dans la Morée, avec un bon port fûr 8c commode
, 8c un évêché fuffragant de Patras.
Pline l’appelle Mecona, 8c les Turcs l’appellent
Mutum. Elle aeffuyébien des révolutions. Les In-
fubriens s’emparèrent de Metona dans les anciens
tems. Les Ulyriens ravagèrent enfuite cette v ille , Sc
emmenèrent fes habitans en efclavage. Trajan , touché
de leurs malheurs , les rétablit, leur accorda
'des privilèges, 8c les laiffa fe choifir un gouvernement
arilto'cratique. Elle conferva fes immunités
parla condefcendance de Conftantin.Elle fut fou-
mife à l’autorité de l’empereur grec en 1125..Elle
tomba fous la puiffance des Vénitiens en 1204, 8c
fous celle de Bajazet en 1498. La république de
Venife la reprit fur les Turcs en 1686 ; mais elle a
reconnu de nouveau la domination du grand-fei-
gneur, à qui elle appartient encore aujourd’hui.
Elle eft fituée fur un promontoire avancé dans la
mer de Sapienza, à 5 lieues n. o. de Coron, 38 :
i . o. de Napoli de Romanie , 8c 20 du cap de Ma-
tapan. Long. 49 ,20 ; lat. 36, 58. (/?.)
MODRA , ville libre 8c royale de la baffe-
Hongrie, dans le diftriéî fupérieur du comté de
Presbourg-, au pied des monts Krapacks, 8c au
-voifinage d’un bon vignoble. Il n’y a pas de ville
dans le royaume qui, de l’an 1619 à l’an 1705
inclufivement , ait eu plus lieu qu’elle d’en déplorer
les troubles ; elle a été, dans cet intervalle,
maltraitée à cinq repriîes ; 8c l’an 172.9 encore , un
•accident fortuit la réduifit à - peu-près toute en
.cendres. (R.)
MODRUS , Merufîum , ville de . la Dalmatie
Rongroife, au diftriâ d’Ottpfchatz , fur la rivière
.de Lecko, 8c au pied du mont Capella. Elle eft
munie d’un çhâtéau , & honorée d’un fiège épifeo-
pk| * mais elle n’eft plus , comme autrefois, la capitale
d’un comté particulier. (R.*)
M O DZYR , ville de Pologne, dans la Lithuanie,
jfy.r le Pripeçz, chef-lieu d’un territoire de mêmp
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nom , qui eft fertile 8c bien cultivé. Modzyr eft fituée
dans un marais3entre Turowà l’occident, 8c
Babica à l’orient. Long. 4 6 ,4 5 ; lat. 52 , 5. (R.)
MOECKERN, petite ville du duché de Mag-
debourg , dans le diftdâ de Jérichau , à 3 lieues de
- Magdebourg. (Æ.)
MOEDLING , ville d’Allemagne, dans la baffe-
Autriche , au quartier du bas-Wiener Wald. (/?.)
MOE LB Y , rivière de Suède , dans l’Oftro-
Gothie. On l’appelle autrement Rubro , 8c elle eft
remarquable parles perles que l’on.y pêche, (ié.)
M O E LCK, petite ville d’A llemagne, dans la
baffe-Autriche, au quartier du haut-Wiener-Wald ,
avec un château. Elle eft fituée fur le Danube , 8c
fur la route de Vienne à Lintz , à égale diftance de
l’une 8c de l’autre de ces villes. Il y a près de la
v ille, fur une hauteur, une abbaye de Bénédictins
, dont l’abbé prend le titre de primat d’Autri-
che. (R.)
MOELENHAGEN , dans la feigneurie de Star-
gard, a donné le nom à une branche de la maifon
des comtes de Holftein. (J2.)
MOELLEN. Voye{ 'Mollen.
MOELLENBECK, en Weftphalie, dans le
, comté de Shavenbourg , à une lieue de Rinteln,
étoit un couvent qui a été fécularifé, 8c dont les
revenus font employés à l’entretien de l’univer-
fité de Rinteln , 8c des miniftres de l’églife réformée.
(Rl) . - ,
MOEN , Moone , M o w , Muen , ou Mone-
D anoise , île du royaume de Danemarck , dans
la mer Baltique; Stege en eft la capitale. Il y a
dans cette île une fortereffe 8c plufieurs villages.
Long. 30 d. 40 ; lat. de 54, 56 à 55 d. 81. (Æ.)
MCERINGEN , petite ville d’Allemagne , dans
la principauté de Calenberg, au quartier de Goet-
tingen. Il y a une maifon d’orphelins. (/?.)
KlCERIS ( lac) , lac d’Egypte, à l’occident du
NiL Le roi Moeris le fit creufer pour obvier aux
irrégularités des inondations du Nil.
Hérodote, liv . I I , cap. c x l, fur la.bonne foi
des gens du pays , lui donne 180 lieues de circuit.
Diodore de Sicile, /iv. l,p a g . 4 7 , répète la
même chofe : cependant Pomponius Mêla, mieux
informé, ne donne à ce lac que 20 mille pas de
tour,' qui font à-peu-près 10 ou 12 lieues communes.
Moeris, dit cet hiftorien latin , aliquando
campus , nunc lacus viginti mïllia paffuum in circuitu
patens ; 8c c’eft auffi ce qui a été vérifié par des
obfervations récentes de nos voyageurs modernes.
Deux pyramides, dont chacune portoit une
ftatue coloffale placée fur un trôjne , s’.élev.oient de
3 09 pieds au milieu du lac , 8c o.ccupoient,. dit-
on , foijs les eaux un pareil efpace. Elles prou-
voient du moins par - là qu’on les avoir érigées
avant que le creux eût été rempli, & juftifioient
qij’un lac de cette étendue ayoit été fait, du moins
en partie, de,main d’homme.
Ce lac communiquoit au Nil par le moyen d’un
canal qui avoit plus de 15 ftades, ou 4 lieues de
A a a ij