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tems où élit S ont été faites ; le bénitier eft remarquable
par la repréfentation d’une grenouille qu’il
y a au fond , & qui eft fi bien imitée, que les
voyageurs s’y méprennent.
Narbonne étoit ci-devant une place très-forte,
mais depuis que la frontière a été reculée par la conquête
du Rouftillon, les fortifications étant devenues
inutiles, ont été négligées. Il n’y a plus aujourd’hui
qu’une bonne muraille flanquée de quelques
baftions. Le principal & prefque l’unique
commerce de cette ville confifte en bleds. C ’eft
l ’entrepôt de tous ceux qui viennent du haut Languedoc
par le canal roy al, ainfi que ceux qui fe
xécoltent dans le pays ; de-là on les renvoie par la
Robine jufqu’à la mer , puis en Provence , en
Rouftillon, & même en Italie. Les falines de Pé-
riac fourniflent du fel qui fe débite dans tout le
haut Languedoc. On recueille aufli dans ce dio-
cèfe beaucoup 'd’olives, du falicot, peu de vin ,
mais un excellent miel, connu fous le nom de
miel de Narbonne, qu’on contrefait prefque partout,
& qu’il faut prendre fur les lieux mêmes pour
l ’avoir dans toute fa délicatefle & fa pureté.
Narbonne a donné fon nom à la province ou
Gaule Narbonnoife, dont elle étoit la ' capitale ,
& à cette partie de la mer Méditerranée qui mouil-
loit les côtes de la province narbonnoife, & que
Strabon appelle mare Narbonenfe. Cette ville étoit
la plus ancienne colonie des Romains dans la
Gaule tranfalpine. Elle fut fondée l’an de Rome
636, fous le confulat de Porcius & deMarcius, par
l ’orateur Licinius Craftus , qui avoit été chargé de
la conduite de la colonie.
Il donna à Narbonne, en latin Narbo, le fur-
jiom de Mar tins 8c de Decumanorum Colonia, à
caufe qu’il y établit des foldats vétérans de la dixième
légion , furnommée Martia. Narbonne fut
pendant quelque tems le boulevard de l’empire
romain contre les nations voifines qui n’étoient pas
encore foumifes ; c’eft Cicéron qui nous l’apprend
dans fon oraifon pour Fonteius. Pomponius Mêla
qui vivoit fous l’empereur Claude, parle de cette
ville comme d’une colonie qui l’emportoit fur les
autres ; voici fes termes : fed ante fiat omnes Ata-
tinorum Decumanorumque Colonia , unde olim his
terris auxilium fu it, nunc & nomen & decus ejl Mar-
tius Narbo. On voit par-là que Narbonne s’appe-
loit non-feulement Decumanorum, mais Atacino-
rum Colonia , à caufe de la rivière Atax ou Aude,
fur laquelle cette ville avoit été bâtie. On nom-
moit en conféquence fes habitans Attacini.
Narbonne après les premiers Céfars, fut obligée
de céder la primatie à Vienne für le Rhône,
a qui les Romains avoient donné de grandes prérogatives
; mais depuis Conftantin, Narbonne fut
reconnue la métropole de tout le pays qui eft entre
le Rhône & la Garonne.
Cette ville vint au pouvoir des Vifigoths fur la
fin du règne de Valentinien I I I , au milien du V e
fiècle y & ils l’ont confervée jufqu’à la mort de leur
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roi Rodoric, tué en Efpagne par les Sarrafins. Ces
derniers conquérans ayant paffé les Pyrénées l’ait
721 , ils établirent une colonie de mahométans
à Narbonne , qui devint une place d’armes au-
delà des monts ; enfin ils en furent chaftes par
Charlemagne. Lors du déclin de la race de ce
prince, les comtes de Touloufe & de Carcaflone,
& même plufieurs vicomtes, eurent part à la fei-
gneurie de Narbonne & de fon territoire ; mais
l’archevêque y dominoit principalement, ce qui
dura jufqu’à la fin du X I e fiècle. On fait la fuite
de l’hiftoire de Narbonne. Jeanne d’Albret apporta
les droits du vicomté de Narbonne à Antoine de
Bourbon , père d’Henri IV roi de France , qui
réunit à la couronne fes biens patrimoniaux.
Il y avoit autrefois à Narbonne grand nombre
de bâtimens antiques, un capitole , un cirque, un
amphithéâtre, &c. mais tout cela a été ruiné, &
on s’eft fervi des matériaux pour bâtir les fortifications
de cette ville , qui étoit un boulevard de la
France dans le tems que les Efpagnols occupoient
Perpignan. Cependant Narbonne a encore con-
fervé un plus grand nombre d’inferiptions antiques
qu’aucune ville des Gaules, & on y en dé-
terrre de tems à autre ; mais il n’y refte pas la
moindre trace de fes anciens monumens.
Cette ville eft fituée dans une plaine environnée
de montagnes.
L’archevêché de Narbonne eft confidérable par
fon ancienneté, & c’étoit autrefois le feul qu’il y
eût dans le Languedoc , par fa primatie, par fon
droit de préfider aux états de la province , & par
fon revenu qui eft d’au-delà de 150,000 livres. Il
a dix fuffragans.
Montanus de Narbonne vivoit dans les commencement
de la chûte de l’éloquence romaine ;
c’étoit un génie rare , mais peu exaét.
Carus ( M. Aurelius ) , élu empereur en 282
étoit natif de Narbonne. Il eft connu par des
vi&oires fur les Sarmates & les Perfes, & pour
être mort d’un coup de foudre dont il fut frappé à
Ctéfiphonte , après feize mois de règne.
Les tems modernes n’offrent à ma mémoire ni
orateurs, ni gens de lettres jjluftres , natifs de
Narbonne. Il faut pourtant en excepter Bofquet
(François) évêque de Montpellier, mort en 1676,
& un des plus favans prélats de France au x v n *
fiècle. Nous avons de lui l’hiftoire de l’églife gallicane
depuis Conftantin , avec ce titre : Ecclefi'ct
gallican# hijloriarum liber primus , apud Joann. Ca-
mufat , 1633 , in-$°. C ’eft la première édition ; la
fécondé eft chez le même libraire, en 1636, in-40.
Un paflage que M. Bofquet retrancha de cette
fécondé édition, en la failant réimprimer, montre
que s’il ménàgeoit les abus , il ne les ignoroit pas.
Il montre, dis-je , que cet homme illuftre demeu-
roit d’accord , que le faux zèle des moines étoit la
première caufe des traditions fabuleufes , qui ont
couvert il’obfcurité l’origine de l’églife gallicane*
{Ma s s v n d e Mo r v i l l i e r s ,)
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Narbonne ( golfe de ) , en latin Narbonenfe
mare ; c’eft une partie du golfe de Lion : il commence
au port ou cap de Canfranqui, & finit au
cap de Cette.
NARDO , en latin Neritum, ville du royaume
de Naples , dans la, terre d’Otrante , dans une
plaine, à 4 milles de la côte du golfe de Tarente,
à 9 au n. de Gallipoli, & à 15 f. o. de Lecce, avec
titre de duché, & un évêché luffragant de Brindes,
mais exempt de fa jurifdiâion. Elle fut prefqu entièrement
détruite par un tremblement de terre en
1743. Long. 3 5 ,4 4 \ lat. 40» *8.
NAREA, E n a r e a , ou E n a r i a , car M. Lu-
dolf préfère ces deux derniers noms ; c’eft un des
royaumes d’Afrique dans l’Abyflinie, entre le huitième
& le neuvième degrés de latitude fepten-
trionale.
NARENTA , petite ville de Dalmatie , dans
l’Herzegovine, autrefois avec un évêché fuflra-
gant de Ragufe, mais il n’exifte plus depuis qu’elle
appartient aux Turcs. Elle eft fur le golfe de même
nom, à 24 lieues n. e. de Ragufe, 21 f. e. de Spa-
latro.
Cette ville fut anciennement nommée Naro 8c
Narona. Son territoire confifte en une vallée d’environ
30 milles de longueur, que le fleuve Narenta
inonde & fertilife dans certains mois de l’année.
Du tems de Cicéron, Narenta étoit une forterefle
de conféquence, comme on le voit dans la lettre
où Vatinius lui mande la peine qu’il avoit eue à
emporter cette place. Elle fut une des villes où les
Romains envoyèrent des colonies après la conquête
du royaume d’Illyrie. Dans la fuite, elle
eut des fouverains indépendans des rois des deux
Dalmaties. Elle dépend aujourd’hui des Turcs.
Long. 36, 4 ; /rfr.43,3 5 .
N a r e n t a , fleuve de Dalmatie, qui fe nommoit
autrefois Naro ou Naron. Il baigne la ville de Narenta,
& fe décharge dans le golfe de ce nom par
diverfes embouchures.
N a r e n t a , golfe de la mer de Dalmatie; il eft
entre les côtes de l’Herzegovine au nord, celles de
Ragufe a1 l’orient, celles de Sabioncello au midi,
& l’île de Liefina à l’occident.
NAR EW , rivière de Pologne , qui prend fa
fource dans le duché de Lithuanie , traverfe les
palatinats de Podlaquie & de Mazovie, 8c va fe
jeter dans ,le Boug, au-deflùs de Sérolzeck.
N a r e w , p e t i t e v i l l e d e l a p e t i t e P o l o g n e , a u
p a la t in a t d e Podlachie o u d e Bielsk,
N A R G O , petite île de l’empire de Ruflie, dans
le duché de Livonie, dans le diftriél de Wirland.
NARIM , petite ville de Ruflie dans la Sibérie ,
bâtie en 1596 dans une île du fleuve Oby ; elle eft
fortifiée avec des paliffades & des tours de bois, &
deftinée pour la perception du tribut des »ftiak.es
établis dans fes environs.
NARIME, ouNa r ym , pays de laTartarieen
Sibérie , au nord du fleuve Kéta , 8c au midi de la
N A R 437 contrée d’Oftiaki. On n’y connoît qu’une feule
ville ou bourgade de même nom, fituée dans une
île de l’Olby. Ce pays n’eft qu’un trifte défert.
N ARNI, petite ville d’Italie, riche, afTez belle ,
& peuplée d’environ trois mille âmes, 355 milles
de Rome, eft bâtie en amphithéâtre : Pline l’appelle
Narnia ; mais il dit qu’on l’appeloit autrefois
-Nequinum , à caufe de la férocité de fes habitans »
qui aimèrent mieux égorger leurs enfans que de les
donner par compofition à des ennemis qui alloient
prendre leur ville. Elle eft fituée dans le duché de
Spolette, dans l’état eccléfiaftique, & a un évêché
fuffragant du pape. On y compte 7 églifes paroif-
fiales outre la cathédrale , 7 couvens d’hommes &
5 de filles. L’an de Rome 454, le conful M. Ful-
viusPetunius triompha des Néquiniens 8c des Sam-
nites confédérés. Elle réfifta plus heureufement aux
forces d’Annibal dans le tems qu’il ravageoit l’Italie
; mais dans le XVIe fiècle , l’armée de Charles V
6 des Vénitiens s’en rendit maître, & y commit
des ravages inexprimables ; elle eft heureufemént
reflùfcitee de fes cendres : on y voit encore quelques
reftes d’un pont magnifique pour joindre deux
collines; on le dit confirait par Augufte, après la
défaite des Sycambres : il étoit bâti de grands
quartiers de marbre joints enfemble par des bandes
de fer fcellées en plomb. On trouve dans des
voyageurs que l’arc du milieu a 160 pieds : M.
de la Lande, qui l’a mefuré en 1765 , n’en a reconnu
que 83. Martial en parle dans uneépigram-
me à Quintius, lib. V I I , 93.
On en a publié à Rome en 1676 une defcriptioii
in-40. Ce pont eft bâti fans ciment, de larges
blocs d’une pierre blanche dont eft formée la
montagne de cette ville : elle reffemble au marbre
blanc.
Outre l’empereur Nerva, cette ville a donné
naiflance à François Carduli , dont la mémoire
étoit prodigieufe ; & à Gattamelata , fameux général
des Vénitiens , qui remporta pour eux différentes
viâoires, & à qui l’on a élevé une ftatue
de bronze à Padoue. Les familles Cardoli, Car-
doni, Scotti, Mangeni, Vipera, diftinguées en
Italie, viennent de Narni.
Cette petite ville a produit quelques gens de
lettres, mais elle doit principalement fe vanter
d’avoir donné naiflance à l’empereur Nerva. Vieillard
vénérable quand il monta fur le trône pour
remplacer un monftre odieux, il fe fit adorer par
fa fagefle, par fa douceur, 8c par fes vertus. Il
mit le comble à fa gloire en adoptant Trajan,
l’homme le plus propre à honorer la nature humaine
: c’eft ainfi que le premier Antonin adopta
Marc-Aurèle.
Il y a un aqueduc de 15 milles de long , qu’on
a percé au travers des montagnes , & qui fournit
de l’eau à plufieurs fontaines. ( Ma s s o n d e
M or v il l ie r s .')
NARO , N ara. y ville de Sicile, dans la vallée
de Mazzara, près de la fource de la rivière de