
I l recouvra fon royaume pauvre , déchiré , 8c
dans la même fubverfion où il avoir été du rems
de Philippe de Valois , de Jean & Charles V I . ,
& fon changement de religion ne le garantit pas
de plusieurs attentats contre fa vie. Les finances
de l’état diflipées fous Henri III. n’étoient plus
qu’un trafic public des reftes du fang du peuple
, que le çonfeil des finances partageoit avec
les traitans. En un m o t, quand la déprédation
générale força Henri IV . ,à donner l ’adminiftra-
tion entière des finances au duc de S u lly , ce
miniftre aufli éclairé qu’ intègre trouva qu’en
1596 , on levoit 150 millions fur le peuple ,
pour en faire entrer environ 30 dans le tréfor
royal.
Si Henri IV . n’avoit été que le plus brave
prince de fon tems , le plus clément, le plus
d ro it, le plus honnête homme , fon royaume
étoit ruiné , il falloit un prince qui fût faire la
guerre & la paix , connoître toutes les bleffares
de fon état & connoître les remedes -, veiller fur
les grandes & les petites chofes , tout réformer
& tout faire ; c’eft ce qu’on trouva dans Henri.
I l joignit l’adminiftration de Charles le Sage à
la valeur & à la franchife de François I. 8c à
la bonté de Louis XII.
Pour fubvenir à tant de befbins , Henri IV.
convoqua dans Rouen une affemblée des notables
du royaume, & leur tint ce difcours digne de
l’ immortalité , & dans lequel brille l’éloquence
du coeur d’un héros :
» Déjà par la faveur du c i e l , par les confeils
» de mes bons ferviteurs, & par l’épée de ma
» brave nobleffe dont je ne difiingue point mes
» princes, la qualité de gentil-homme étant
» notre plus beau titre , j’ai tiré cet état de la
y» fervitude & de la ruine. Je veux lui rendre
» fa fortune & fa fplendeur participez à cette
» fécondé gloire , comme vous avez eu part à la
3) première. Je. neVous, ai point appellés, comme
» raifoient mes prédéceffeurs , pour vous obliger
» d’approuver aveuglément mes volontés , mais
33 pour recevoir vos confeils, pour les croire ,
33 pour les fu iv re , pour me mettre en tutelle
» entre vos mains. C’eft une envie qui ne prend
33 guere aux rois , aux vi&orieux & aux barbes
» grifes*, mais l’amour que je porte à tous mes
33 fujets, me rend tout poflible & tout honorable.
Au milieu de ces travaux & de ces dangers
continuels , les Efpagnols furprirent
Amiens. Par fa vigilance, par les foins infatigables
& par l ’économie du duc de Sully ,
qu’on ne peut comparer qu’ au grand Necher, il
vint à bout d’aflembler une floriflante armée. Il
reprit Amiens à la vue de l ’archiduc Albert , &
de-là il courut pacifier le refte du royaume. Il
conclut à Vervins la paix avec l’Efpagne , & ce
fut le premier traité avantageux que la France
fit depuis Philippe-Augufte.
Alors il mit tous fes foins à faire fleurir fon
royaume , & paya peu-à-peu toutes les dette*
de la couronne, fans fouler les peuples. La juf*
tice fut réformée *, les troupes inutiles furent licenciées
; l’ordre dans les finances fuccéda au
plus odieux brigandage ; le commerce & les arts
revinrent en honneur. Henri IV . établit defr
manufactures de tapifferies , & de petites glaces
dans le goût de Venife. I l fit creufer le canal de-
Briare , par lequel on a joint la Seine & la Loire.
Il aggrandit & embellit Paris. Il forma la place
royale : il fitconftruire ce beau Pont où les peuples
regardent aujourd’hui fa ftatue avec atten-
drilfament. I l augmenta S. Germain , Fontainebleau
, & fur-tout. le Louvre où il logea , fous
cette longue galerie qui eft fon ouvrage , des
artiftes en tout genre. Il eft le vrai fondateur de
la bibliothèque royale , & en donna la garde à
Cafaubon.
| f e Béarnois, que les papes avoient excommunié,
leur fit lever l’excommunication fur Venife.
Il protégea la république nailfante de la Hollande,
l’aida de fes épargnes , 8c contribua à la faire
reconnoître libre & indépendante par l’Elpagne.
Déjà, par fon rang, par fes alliances, par fes armes
il alloit changer lefyftême de l’Europe, s’en rendre
l’arbitre 8c mettre le comble à fa gloire
quand il fut affafiiné au milieu de fon peuple par
un fanatique effréné, à qui il n’avoit jamais mit
le moindre mal. Il eft vrai que Ravaillac , qui
trancha les jours de ce bon ro i, ne fut que l’inf-
trument aveugle de i’ efprit du tems qui n’étoic
pas moins aveugle. Barrière , C h âte l, le Chartreux
nommé Ouin, un vicaire de S. Nicolas-
des-Champs, pendu en 1595, un tapiffier en
159^ » un malheureux qui étoit ou qui contre-
faifoit l’infenfé, d’autres dont les noms m’échappent
, méditèrent le même affaffitat : prefque tous
jeunes gens & tous de la lie du peuple , tant la
religion devient fureur dans la populace & dans
la jeuneffe.
Ceux donc qui reprochent encore amèrement à
Henri IV . fes amours, ne font pas réflexion
que fes foiblelfes Turent celles du meilleur des
hommes , qu’ il maintint toujours les opinions
de S u lly , contre les fantaifies de fes maî-
treffes •,& lôrfqu’elles faifoient les acariâtres , il
leur dit fouvent qu’ il aimerait mieux avoir perdu
dix maîtreffes comme elles , qu’ un ferviteur
comme M. de Sully qui lui étoit néceffaire pour
les chofes bonnes & utiles.
Les deux femmes qu’ il époufa fucceffivement
lui cauferent bien des chagrins domeftiques. Sa
fécondé femme, Marie de Médicis, fut l’une
des princefïes contre lefquelles il avoit formé des
obje&ions , en examinant avec Rofni quelle
femme lui conviendroit.
» Le duc de Florence a une nièce qu’on dit
» être affez belle ? mais étant d’une des moin-
» dres maifons de la chretienneté qui porta ti-
» tre de prince , n’y ayant pas plus de 80 ans ,
» que fes devanciers n’étoient qu’ au rang des
33 plus illuftres bourgeois de leur v ille , 8c de
3> la même race de la reine-mere Catherine qui
33 a tant fait de maux à la France 8c encore plus
33 à moi en particulier, j’appréhende cette al-
33 liance , de crainte d’y rencontrer auffi mal 3> pour moi , les miens 8c l’état.
Les habitans de Pau defiroient d’avoir dans
leur ville une’ ftatue d’Henri IV . On leur a
donné celle de Louis X IV . au bas de laquelle ils
ont mis dans leur jargon : Celui-ci eft petit fils de
notre bon roi Henri. (R.)
PAVESAN , ( l e ) ou l e P a v e s e , contrée
d’Italie dans le Milanez , entre le Milanez propre
au nord, le territoire de Bobbio au fu d ,
le Lodefan à l’ e f t , & la Laumeline à l’oueft -,
c’eft un territoire extrêment fe r tile , dont Pa-
vie eft la capitale. Partie de cette contrée appartient
au duc de Savoie. (R.)
PAVIE , ancienne v ille d’ Italie au duché
de Milan , 8c la capitale du Pavefan, avec un
évêché fuffragant de Milan. On ne diroit pas
aujourd’ hui qu’ elle a été le féjour de plus de
vingt rois, &*la capitale de leur royaume. Elle
e ft fur le Téfîn , à 8 lieues S. de Milan , 10 N.
O. de Plaifance , 25 E. de Turin, 2.0 N. de
Genes. Long. 26. 40. lat. 45.10.
Cette v ille eft munie d:une citadelle à l’an^
tique & d’ un château. On voit fur la place de
la cathédrale une ftatue équeftre $ que quelques-
urls difen.t d’Antonin le pieux , d’ autres de Marc
Aurele.
L’univerfité de Pavie , fondée par Charlemag
n e , comprend fept collèges. Elle eft renommée
par fa faculté de droit. Le château dont nous
avons parlé , fut bâti par Jean Galeas , premier
duc.de Milan, qui fut encore le fondateur de
la magnifique chartreufe de Pavie , fupprimée
dans ces derniers tems , par l’empereur Jofeph
I I . C’eft devant cette ville que François I. rut
fait prifonnier par Charles-Quinten 1525. Cette
v ille n’ a pu fe relever du fac que lui donna le
vicomte de Lautrec en 1527. Le duc de Savoie
8c le prince Eugène la prirent en 1706. Les François
la reprirent en 1733. Réunis aux Efpagnols
ils la prirent de nouveau en 1745 > mais les
Autrichiens s’en rendirent maîtres en 1746.
Pavie eft la patrie de quelques hommes de lettres
, entr’ autres de Boèce , Cardan ( Jérôme ) ,
Menochius ( Jean Etienne ) , & de Guidi ( Charles
Alexandre ).
Boëce, un des meilleurs écrivains latins de
fon tems, naquit au v» fiécle, & fut élevé au trifte
confulat de Home en 487, 510 8c 511. I l nous
refte de lui les cinq livres fur la confolation de
la philofophie, qu’ il compofa pour adoucir la
rigueur de fa prifon.
Cardan , né en 1501, eft connu par un grand
nombre d’ouvrages recueillis ën 16(33 , en 10 volumes
in-folio, C’eft un mélange de fujets où
régné beaucoup d’efprit, d’érudition, de vanité,
de faux jugemens & d’extravagance. Plein de
crédulité à l’ aftrologie judiciaire , on dit qu’il
fe laifla mourir de faim , pour accomplirTon ho-
rofcôpe, le 21 feptembre 1576- Son livre de la
fu b tilitè , que Jules Scaliger a fi fort dénigré ,
eft le feul ouvrage de Cardan , qui puifle être lu.
Menochius, né en 1576 , fe fit jéfaite en 1593,
à 17 ans , 8c mourut à Rome en 1656, à 80 ans*
I l a mis au jour un commentaire fur l’Ecriture-
fainte , dont la meilleure édition eft celle du P.
Tournçmine, en C/19 > x vo^
Guidi, eft mort comblé de biens à F refcati,
le 12 Juin 171Z , à 63 ans. On a de lui des poé-
fies italiennes, très-eftimées.' (R.)
P a v i e , petite ville de France dans l’Armagnac
, au diocefe d’Auch', dans l ’Aftarac. (R . )
PAUL , ( S a i n t ) petite v ille de France , en
Provence , à. 2 lieues, O. de Nice-, & 3 d’Antibes.
Long. 24. 48. lat. 43. 40. (R )
P a u l , ( S a i n t ) abbaye de France , au diocefe
de Befançon. Elle eft de l’ordre de Saint
Auguftin, 8c vaut 18000 liv. ( R. )
P a u l , ( S a i n t ) riche monaftere d’Allemagne,
dans le duché de Cannthie , 8c dépendant de
l’archevêché de Saltzbourg. (R ) .
P a u l , ( S a i n t ): belle riviere & contrée de
l ’Afrique , dans la Guinée./ Les vailfeaux vont
s’y approvifinner d’eau & de ris. ( R. )
P a u l , ( s a i n t ) o u p l u t ô t Sa n - P a o l o ,
v ille de l’Amérique méridionale au Bréfil, dans
la capitainerie de Saint-Vincent. C’ eft une ef-
pece de république indépendante des Portugais.
Us payent cependant un tribut au? roi de Portugal
-, on ne les connoît guere f parce qu’on
ne peut pénétrer dans le pays à caufe des bois
8c des montagnes inaccefïibles qui les environnent.
Long. 333. 50. lat. mérid. 23. 15.
P a u l , ( S a i n t ) ou San Paolo , bourgade de
l’Amérique méridionale, fur le bord de Ja r ivière
des Amazones, à trois journées à l’eft de
Peyas. Le pape Benoît X IV y a érigé un évêché
en 1745. (R.)
P aul , ( S a in t ) bourg de F ran c e , dans
le haut Limofin. (R .)
P a u l , ( S a i n t ) baronnie & juftice feigneu-
riale dans le haut pays de Foix. ( R .)
P a u l - t r o i s c h â t e a u x , ( S a i n t ) petite
v ille de France au bas-Dauphiné dans le Valen-
tinois , capitale du Tricaftinois, avec un évêché
fuffragant d’Arles , dont S. Sulpice fut le premier
évêque. Elle eftfïtuée furlepenchant d’une
colline aux frontières de la Provence , k une
lieue du Rhône, 5 S. E. de Viviers, 7. S. de
Montelimar , ijm de Paris. Long, fuivant Caf*
fini 22. 30'. 30". lat. 44. 20. (R.)
P a u l d e V a r a s , ( S a i n t ") village de la
Breffe , lieu du mandement de fon flom. ( R. )
P A U L A , P a u l e , ou P a o l a , petite v ille
d’ Italie au royaume de Naples, dans la Calabre 3F f f f ij