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de France , dans la Franche-Comté, fur la route
de Lyon «à Strasbourg, à diftance pr.efqu’égale de
Befançon 8c de Genève, à 8 lieues de Do le , 10
de Châlon , 3 d’Orgelet, 4 de Poligni, & 14 de
Befançon. Elle eft fur la petite rivière de Solvant.
Sa fituation eft une des plus agréables de la province;
1 air y eft pur, le fol très-fertile , les céteaux
qui l’environnent produifent d’excellens vins
blancs. Le voifinage des plaines de la Breffe qu’elle
touche d un côté, & de l’autre celui des'montagnes
, qui font une fuite du Jura, aux pieds def-
quelles elle eft placée, la rendent très-abondante
en toutes fortes de gibier 8c de volailles exquifes.
Son commerce avec la Suiffe, en b led , vins 8c
eaux-de-vie, y entretient l’aifance : elle eft d’ailleurs
fort bien bâtie.
Qubiquè nouvelle en apparence, elle eft cependant
très-ancienne félon Gothaire-, religieux de
Saint-Am and, de la congrégation de Cluni, dans
lbn poème intitulé Ligurinus, feu de gefiis Friderici
Barberouffe; félon G ollut, mémoires desBoürgui-
gnons , & Chifflet, hiftoire de Befançon , elle étoit
déjà très-peuplée en 382 , qu’y mourut Saint Déliré
, archevêque de Befançon , faifant la vifite de
fon diocèfe. Il fut inhumé dans l’églife qui porte
.encore fon nom , & qui conferve fes cendres. A
cette époque, Lons-le Saunier avoit plus de deux
lieues dé circuit, 8c s’étendoit au levant fur une
hauteur qu’on nonïme Rishebourg, où l’on recon-
noit encore dans un long efpace des veftiges de
bâtimens, 8c où l’on retrouve fréquemment, pour
peu qu’on fouille , des jnédailles, des pièces de
monnoie, des vafes de cuivre.
C ’étoit dans cette partie , près d’un puits d’eau
falée encore très-abondant, qu’étoient placés autrefois
les bâtimens dés fauneries, démolis en 1291
par les princes de Bourgogne. Sans être absolument
détruites, ces falines ne fubfiftèrent dès-lors
que dans un état bien imparfait, 8c pour ainfidire
dans leurs triftes reftes , jufqü’en 1733 ? qu’elles
furent rétablies par ordre de Louis X V fur un autre
p lan , & dans un lieu différent. C ’eft-là qu’elles
attirent les regards de tous les étrangers par le
mécanifme ingénieux & fimple qui y réunit les
eaux de'trois Sources falées, les fait monter à plus1
de trente pieds de hauteur, 8c les' diftribue fous
trois ailes de bâtimens de plus de douze cents pieds
de longueur chacun , où à l’aide des vents 8c d’une
filtration continuelle dans' des épines difpofées'
avec art, elles fe dépouillent de leurs parties hétérogènes,
8c parviennent à des ,canaux fouterreins
qui les conduifent dans de vaftes chaudières , fous: j
îefquelles un feu ménagé les criftallife 8c les réduit
en fel. Ce fel eft vendu dans une partie de la province
& dans les cantons Suiffes. Le fel d’epfum
& la potaffe qui s y fabriquent font enlevés pour
les verreries du Dauphiné & du Beaujolois.
L o n s - l e - S a u n i e r é t o i t d é jà u n e v i l l e d e g u e r r e
c o n f id é r a b l e e n 1 .3 6 4 , c o m m e o n l e v o i t p a r u n
t r a i t é e n t r e T r i â a n d e C h â l o n & P h i l i p p e de V i e n n e
, „ L O N fon frexe. Elle foutint un fiège très-long en i 637;
ou les habitans aimèrent mieux fubir rfn affaut
général, que de fe rendre. Elle n’a jamais paffé au
P° rV01k de fe,s e? nemis que par affauts ou par fur-
pnles. Quand elle capitula aveé le baron d’Offon-
■ viile , en 139.5 >Ç eft qu’il avoit fait entrer furtivement
ans la ville , pendant la nuit, un corps de
■ trpVp,7 eil tendit ni::"—:. Get attachement inviolable
a tes. .iouverains lui valut, en 1500:, des
lettres due remerciement très honoraldés de l’empereur
Maximilien, pour avoir généreufement fecouè
e joug des François , qui s’étpient auparavant em-
parés du chatéau‘& de la ville.
En 1572 , elle repoufta encore leurs efforts avec
la meme valeur, mérita du roi d’Efpagne de nou-
velles itiarques de bonté, & en obtint, par fon
confeil de ville , des privilèges diftingués. Il ne lui
relie plus de fe s anciennes fortifications ; qu’une
.redoute , quelques pans de murs , & des foffés conv
verras en jardins,
jfi||f§ ville eft le fiège d’un baillage-, & d’un
prelidial : il y a prévôté, jurifdi&ion des gabelles ,
** a*c*'es > fubdélégation, une maifbn de Bénédictins
de la congrégation de C lu n y , deux cou-
vens de 1 ordre de Saint François, un monaftère-
de religeufes du tiers ordre, un chapitre de darnes
nobles, un collège très-bien monté, où fe font
formes, comme élèves ou comme profeffeurs , plusieurs
^hommes connus- dans les lettres ; un corps
de prêtres où ne peuvent .être reçus que les fil$.
des plus anciens bourgeois, & d’après les preu--
ves les plus rigoureuies de leur ancienneté. L e
prieure de 1 ordre de Saint Benoît vaut 3400 liv«-
au titulaire.
On a eu fouvent fe projet de placer un évêque'
dans cette ville., & d’y ériger un chapitre royaL
Cet honneur manque moins au clergé qui s’eftr
toujours diftingué dans la province par fes moeurs
& fes lumières , qu’à la ville qui en deviêndroir
plus intéreffante, & au diocèfe qui, étant d’une
trop vafte étendue, auroit fans doute befoin , dans
cette partie la. plus 'éloignée, de la capitale, dura
troisième fuffragant à l’archevêque de Befançon ,
qui épargneroit pour les ordinations, les difpenfes,
& les autres affaires eccléfiaftiques, beaucoup de
frais , d’embarras & de voyages*
Ce qui excite la euriofité des étrangers, après
les falines, 'c’eft Fhêtel-dieu, édifice en pierres de
taille, élevé fur le modèle de celui de Befançon ,
mais d’un deflin plus correéï, plus régulier , &
dans Fintérieur duquel on remarque une propreté ,
un ordre dans le fervice , & des foins fi religieux
pour les malades', qu’il eft l’ambition de tous
les foldats en route 8c de tous les infirmes de k
province.
Le couvent des Cordeliers, où font les tom-
beaux de la maifon de Vienne, mérite encore Fat- -
: tention des étrangers, ainfi que la nouvelle églifè
paroiffiale , dont le plan peut-être eft trop magnifique,
Dans l’ancienne paroifie, on remarque des
l o N catacombes de la plus haute antiquité , une fii-
perbe châffe d’argent du x i v c fiècle", monument
précieux de la piété de nos pères 8ç de l’habileté
des artiftes ; une croix d’argent haute de trois pieds,
d’un travail étonnant, que l’on croit, par une tradition
confiante , avoir appartenu autrefois à la
cathédrale de Genève, 8c avoir été achetée fort
chèrement lorfque la réformation s’introduifit dans
la ville. > .
Le peuple de cette ville eft laborieux, induf-
trieux, appliqué au commerce ; la jeuneffe naturellement
gaie, fpirituellé, guerriere , aimant les
lettres 8c les arts avec paffion, manque moins de
talens que d’émulation & de fecours ; fon efprit
& fon goût fe font remarquer jufques dans fes
divertiffemens. C ’eft la feule de la province qui
ait fu préparer à fon oifiveté même des délaffe-
mens utiles, & affocier'les amufemens à l'inf-
truêfion. . '
A côté d’une vafte falîé richement meublée,
devenue le rendez - vous de tous les citoyens
honnêtes , ouverte aux étrangers , & confacrée
aux jeux permis, font deux autres pièces en forme
de bibliothèques publiques & de cabinets littéraires,
où en tout tems on fournit gratis à quiconque
les demande les gazettes, les journaux ,
& toutes les nouvautés que les directeurs éclairés
de cet établiffement ont foin d’y recueillir.
L’amas des bons livres qu’ils y raffemblent
s’en groffit tous les jours, & dans peu d’années,'
fi leur zèle fe foutient, ils laifferont a la ville un
dépôt bien précieux , & au refte de la province
le modèle d’un établiffement prefque fans frais,
du moins onéreux fans réclamations , au gré de
..tous les efprits & de tous les âges. On y voit plus
communément remplie la falle des leâures que
celle qui eft abandonnée aux joueurs. De -là, le
goût des lettres fe répand avec fuccès, les efprits
fe poliffent, & l’afpérité comtoife s’y eft effacée
plus que dans aucune autre ville de la province.
Long. 23, i< , lat. 46 , 36.
Omette ville prend fon nom d’une auge , ou me-
fure d’eau fàlée, laquelle en terme de faunerie,
s’appelle long. Gollut dit qu’un long contient vingt-
quatre muids.
L’abbaye de filles de Sainte-Claire, établie au
XIIIe fiècle, fut mitigée par le pape Urbain IV ,
d’où, on les furnomme Urkanifits.
Saint Defiré, évêque de Befançon au quatrième
fiècle, patron de la v ille , y eft né : c’eft encore
la patrie de l’abbé Guyon , auteur de plu-
fieurs ouvrages. Jacques Baulot ou Baulieu , né en
1651 dans un ham-eau du baillage de Lons-le-Saunier,
fi connu depuis fous le nom de Frère Jac-
ques'l'Hermitey célèbre lithotomifte de France, eft
le premier qui a fi bien opéré la taille latérale. :
il eft mort à BefariÇon à l’âge de foixante - neuf
an s , après avoir reçu des médailles d’or des villes
d’Amfterdarn, de Bruxelles, &c. & de différens
p r in c e s .
L O R 437
D» Chifflet, dans fon Vejontîo ; nous apprend
qu’autrefois on battoit monnoie à Lons-le-Saunier.
On a découvert en 17 6 1, près de Lons-le-Saunier
, une forte de mine de bois fofîile très-abondante.
M. de Ruffey, favant académicien de D ijon
, Fa examinée en naturalifte. Ce bois fe rapproche
beaucoup de la nature des charbons de
pierre. On le trouve à trois pieds de la furface
de la terre dans l’étendue de deux lieues , en tirant
du côté de la Breffe ; & l’épaiffeur de la couche
eft de trois à quatre pieds. Les veines de cette
efpèce de charbon paroiffent autant de piles de bois
placées, tant fur le penchant des collines que dans
la plaine, & Fon reconnoît encore facilement les
efpèces de ce bois, qui font du chêne, du charme
, du hêtre & du .tremble , efpèces qui font les
feules qui croiffent dans ce canton de la Franche-
Comté.
Une partie de ce bois eft façonnée en régale, une
autre en bois de corde , 8c une autre en fagotage*
Chaque forte eft rangée féparément ; toutes les bûches
ont confervé leur forme ; leur écorce paroît
encore; on diftingué facilement les cercles de la
fè v e , 8c jufqu’aux coups de hache donnés pour façonner
les huches.
La quantité de ce bois eft très-confidérable : on
en a déjà tiré huit à dix mille voitures.'
Le charbon dans lequel le bois s’eft changé , eft
excellent pour fouder le fer. On a aufli réufTi à en
extraire de l’alun.
M. de Ruffey attribue cet amas de bois abandonnés
, à la ceffation du travail des falines de Mont-
morot, qui fourniffoient avant le v m e fiècle tout
le fel néceffaire à la province; on a. recommencé
à les exploiter depuis quelques années , 8c on brûle
à préfent fous les chaudières de cette faline plus de
cinquante mille cordes de bois par an.
Le poids des piles aura affaifté le terrein en même
tems que les couches latérales fe feront multipliées
par l’addition des terres que les pluies 8c les orages
auront fait defeendre des montagnes. L’huile de
ces végétaux combinée par une digeftion lente
avec leurs parties terreufes 8c les acides minéraux ,
fe fera convertie en bitume folide. Une fucceffion
de tems plus longue auroit fait difparoître probablement
les fignes auxquels on reconnoît que ce
fofîile a été bois. Voyeç le premier volume des Mém.
de f Acad, de Dijon 1769. (R.j
LORBUS , ville d’A frique, au royaume de Tunis
en Barbarie. Le mot Lorbus paroît corrompu
de urbs ; Marmol, tom. I I , lïv. v j , c h .x x x , entre
dans d’affez grands détails fur cette v ille , &
dit qu’on y voyoit encore de fon tems de beaux
reftes d’antiquité, “Elle eft dans une plaine très-
fertilexen bled, à 60 li. o. de Tunis. Long, 2.6, 3 5 ;
lat. 35 , 35. (/?.)
L O R C A , ancienne ville d’Efpagne, au royaux
me de Murcie. Elle eft fort délabrée, quoique fîruée
dans un pays fertile, fur une hauteur, au pied de
laquelle coule le Guadalentîn, à 6 U. de la mer,