
i9i L E Y eft poffible d’imaginer de plus cruel. La famine 8c
la pelle les réduiSrent à l ’extrémité, fans leur faire
perdre courage. Ils mandèrent leur trille état au
prince d’Orange par le moyen des pigeons, pratique
ordinaire en Alie , & peu connue des Européens
; enfuite iis firent la même chofe que les
Hollandois mirent en ufage en i672,lorfque Louis
XIV étoit aux portes d’Amllerdam, ils percèrent
les digues ; les eaux de l’HTel, de la Meufe & de
l’Océan, inondèrent les campagnes , & une flotte
de deux cent bateaux apporta du fecours dans leur
ville par-deflus les ouvrages des Efpagnols. Vainement
ceux - ci entreprirent de faigner cette valle
inondation, ils n’y purent réuflir , & Leyde
célèbre encore tous les ans, le jour de fa délivrance.
La monnoie de papier qu’elle fabriqua
avec la légende admirable qui peignoit les fenti-
mens qui l’animoient, libertatis ergo, fut toute
'échangée pour de l’argent quand la ville fe trouva
libre. ‘ r ,
Elle eft très - avantageufement fituee fur le
Rhin, dans une plaine, au milieu des autres villes
de la Hollande , à une liene de la mer, 3 de
D é lit, 6 f. e. de Harlem., 7 o, d’U trecht, 8 f. o.
d’Amfierdam , 6 n. o. de Rotterdam , & 9 de
Dort. Long., fuivant Zumbac, 22 d. 8' , 48 ; lut.
32 d. 12', - ( 1*
L’univetfité de Leyde eft une des plus célèbres de
l’Europe. II femble que tous les hommes célèbres
dans la république des lettres , s’y font rendus pour
la faire fleurir, depuis fon établiffement jnfqu’à nos
jours. Jean Douxa, Jofeph Scaiiger , Saumaife,
Adrien Jjtnius , Pierre Eoreft , Rembert Dodo-
née, François Rapheleng , Jean Cocceius, François
Gomar, Paul Merula, Charles Clufins, Con-
rard Vorflius, Philippe Cluvier, Jacques Armi-'
nius , Jacques Golius Daniel Heinfius, Dominique
Baudius, Paul Herman , Gérard Noodt,
Schultens, Burmann, Vjtriarius , s’Gravefande &
Boerhaave, dont les grands élevés font devenus
les médecins des nations ; je ne dois pas oublier
de joindre à cette lifle incomplette, les Gronovius
& les Voflins, nés dans l’académie.
’ Les Gronovius nous ont donné tous les auteurs
clafliques, cum notis variorum; mais nous devons
à Jacques, mort en 17 16 , âgé de 71 ans, un
nombre étonnant d’autres ouvrages , dont vous
trouverez le catalogue dans les Mém. du P. Njce-
ron, tit. II. le me contenterai de citer.IgTréfor
des antiquités grecques, Lugd, Bat. 16 37, en 13
vol.in-fol. Les meilleures éditions des anciens géographes
, Scylax , Agathamer, Palmerius, Mané-
thon , Etienne de Byzance , Pomponius Mêla,
Arrien , & la belle édition de Marcellin , Lugd.
Bat. 1693 , in-folio , & celle d’Hérodote, Lugd.
Bat. 1 7 1 5 , in-folio, font le fruit des veille? de
çct illuftre littérateur.
Voflius (GérardJean), doitapparteniràEeyde,
quoique ne dans le Palatireat, parce que fon père
?çmmcna en Holland?, n’ayant que fix mois, &
l e z : qu’il y mourut en 1649, âgé de 72 ans. On con-
noît les ouvrages latins fur l ’origine de l’idolâtrie,
les fciences mathématiques, les arts populaires,
l’hiftoire du pélagianifme ; les hiftoriens grecs
latins, les poètes grecs & latins, le recueil étymologique
de la langue latine, &c. On les a raffem-
blés à Amfterdam, en 6 vol. in-folio. Il lailfa cinq
fils , Denis, François , Gérard, Matthieu , &
Ifaac, qui entre eux & leur père ont rempli le
x v i i e fiècle de leurs ouvrages. C ’eft à Ifaac que
M. Colbert écrivit en 1663 : « Monfieur, quoique
» le roi ne foit pas votre louverairt, il veut néan-
>>„moins être votre bienfaiteur, & m’a commandé
m de vous envoyer la lettre de change ci-jointe,
» comme une marque de fon eftime, & un gage
» de fa proteéfion. Chacun fait que vous fuivez
» l’exemple du fameux Voflitis votre père , &
» qu’ayant reçu de lui un nom qu’il a rendu illuf-
» tre par fes écrits, vous en confervez la gloire par
» les vôtres, &c. » Ifaac Voftius mourut à "Windfor
en 1 6 8 8 ,3 7 1 ans.
Pour ce qui eft de Jean Douze ( Jan Vander
Doës ) , que j’ai mis à la tête des hommes q u i,
nés dans le fein de Leyde, ont fait fleurir cette
ville ^ il faut ajouter ici que fon nom lui eft doublement
cher, non-feulement comme celui d’un
aimable poète & d’un favant, qu’on nommoit pour
fon érudition le Varron de la Hollande ; mais fur-
tout celui d’un grand capitaine , au génie duquel
elle fut redevable de fa liberté. Le prince d’Orange
hii confia la défenfe de cette place, dans le fameux
fiège des Efpagnols dont j’ai parlé-, & que Requé-
fens commandoit, Vander Do ë s , ne trompa point
l’opinion favorable qu’on ayoit de lu i, il défendit
conftamment fa patrie avec la même valeur & la
même fageffe. EXoué d’un fang froid admirable,
au milieu des plus grands dangers, il foutenoit le
courage de fes compatriotes, & répondoit en vers
au bas des lettres que le général Efpagnol lui adref-
foit pour fe rendre, tout ce que l’efprit pouvoit
diéler d’ingénieux, & de propre à tromper foii ennemi.
Il mourut comblé de gloire en 1597, à l’âge
de 5 2 ans.
LEYME , abbaye de bernardines , à 9 li. n. e,
de Cahors.
LE YO AN G , ville de la Chine, la principale de
la province de Leaotung.
LEYRAC , ville de France , dans le haut-
Armagnac , & dans l’Eaufan , à 4 lieues n. de
Le&oure. ($.)
LEYTE f i a ) , rivière d’Allemagne: elle a fa
fource aux confins de )a Styrie & de la baffe-
Autriche, & finit à Owar., où elle fe joint à une
branche du Danube, qui forme le Schut.
LEZ ( le ) i Où Letz , en latin ]ledits ; petite
riviçre de Languèdoc ; elle a fa fource dans les
Cévennes, copule près de Montpellier, & va fe
jeter dans la mer par l’étang de Thau. Voyt£
Hadrien d? Valois, Not. GaIH* , fM f
^ 7f LEZADOIS
L E Z
-LEZADOIS ( l e ) , petit pays de France dans le
çomté de Foix.
LEZ A T , petite virile d u 1 pays de Foix, fur
la Leze, â trois lieues eft de Rieux, avec une
riche abbaye de l’ordre de C lu n y , fondée vers
4LEZIGNAN, petite ville du diocèfe & à 5 lieues
n. o. de Narbonne. A
LEZINA, ou Liesina , Pharia, île de la Dal-
:matie, dans le golfe de Venife, a huit milles de la
terre-ferme., n’ayant que feize milles dans fa largeur,
foixante-dix milles de longueur, & cent trente
de circuit. On y recueille en abondance des oliv
e s , du fafran, du miel, du grain, environ
tous les ans 5000 muids de vin. Ses habitans font
'vifs & robuftes. L'île a onze bourgs bien peuplés,
avec de riches églifes. Liefina eft la capitale de
l’île.
Le fiège épifcopal, fous la métropole de Spa-
latro, fut érigé en 1140, fous Eugène III,
confirmé par Innocent I I I , en 1178. Le port, qui 1
eft affez fréquenté, fut creufé en -1,597, des deniers
des habitans.
Demetrius , originaire de cette î le , roi de l’Il-
lyrie | combattit long -teins contre les Romains
pour la liberté de fa .patrie. Liefina fut faccagée
en 1353 , par les Génois. En 1500, les Turcs
vinrent l’attaquer ; mais le général Pefara les défit
entièrement. Depuis l’acquifition qu’en fit le doge
Pietro Orféolo I I , en 994, elle a effuyé bien des
révolutions : la domination de la république de
Venife fur cette î l e , rie fut folidement établie
qu’en 1421. Elle y envoie tous les ans deux
nobles Vénitiens, ions le titre de comte ou de
provéditeur, & de camerlingue. Voye1 Liesina.
[ r .)
LEZOU , ancienne petite ville de France en
Auvergne, dans la Limagne , près de l’Ailier , à 4
.li. e. de Clermont, avec une collégiale.
. LIANCOURT , bourg de France, éleélion & à
une li. f. de Clermont en Beauvoifis.
LIANNE ( l a ) , petite rivière de France* en
Picardie ; elle tire ;£o,fource des frontières de
•l’Artois , & fe jète dans la Manche, au-deffous de
Boulogne. ‘
LIBAN ( l e ) , Libanus, montagne célèbre d’A-
fie , aux confins de la Paleftine & de la Syrie.
Nous ne nous arrêterons point à ce que les anciens
géographes difent du Liban & de l’anti-Li-
ban, parce que rios modernes en ont beaucoup
mieux connu la fituation & l’étenduei.
Ils appellent le Liban les plus hautes montagnes
fle la Syrie ; c’eft une chaîne de montagnes qui
‘courent le long du rivage de la mer Méditerranée
, du midi au feptentrion. Son commencement
eft vers la ville de Tripoli, & vers le cap Rouge;
fa fin eft au-delà de Damas, joignant d’autres montagnes
de l’Arabie déferte. Cette étendue du couchant
à l’orient, eft environ fous le 35e degré de
latitude.
Géographie> Terne IL
L I B ï93
L’anti-Liban., ainfi nommé à caufe de fa fituation
oppofée à celle du Liban , eft une autre fuite
de montagnes qui s’élèvent auprès des ruines de
Sidon , & vont fe terminer à d’autres montagnes
du pays des Arabes, vers la Trachonitide, fous le
34e degré.
Chacune de ces montagnes eft d’environ cent
lieues de circuit, fur une longueur de 3 5 à 40 lieues*
ce qui eft facile à comprendre , fi on fait réflexion
qu’elles occupent un efpace fort vafte , en trois
provinces qu’on appelloit autrefois la Syrie propre,
.a Codé-Syrie, & la Phénicie , avec une partie de
la Paleftine.
De cette façon, le Liban & l’anti-Liban pris
enfemble, ont à leur midi la Paleftine ; du côte
du nord, l’Arménie fnineure ; la Méfopotamie
ou le Diarbeck, avec partie de l’Arabie deferte
font à l’orient, & la mer de Syrie du côté du couchant.
,
Ces deux hautes montagnes font féparées l’une
de l’autre , par une diftance affez égale par-tout ;
& cette diftance forme un petit pays fertile, auquel
on donnoit autrefois le nom de Calé - Syrie, ou
Syrie creufe ; c’eft une profonde vallée , prefque
renfermée de toutes parts. Voye\ de plus grands
itètails dans Relandi Paleftina, les voyages de Maun-
drell, le voyage de Syrie & du mont-Liban , par
la Roque. Lucien parle d’un temple confacré à
Vénus fur le mont Liban , & qu’ il avoit été voir.
L’empereur Conftantin le fit démolir.
Dom Calmet croit que le nom de Liban vient
du mot hébreu leban ou laban, qui veut dire
blanc, parce que cette chaîne -de montagnes eft
couverte de neiges. (R.)
LIBANOVA , bourg de Grèce , dans la Macédoine
& dans la province de Jamboli, fur la côte
du golfe de Conteffa, au pied du Monte-Santo. Le
bourg eft pauvre 6c dépeuplé ; mais c’eft le refte de
Stagyre, la -patrie d’Ariftote , & cela me fuffiroit
| pour en parler. (/?.)
L 1B A T T E , ou ChilonGI : terme ufité dans
quelques provinces d’Ethiopie , pour fignifier un
amas de maifons, de cafés, ou plutôt de baffes
chaumières conftruites de branchages , enduites de
terre graffe, & couvertes de chaume. Elles font environnées
d’une haie de gvoffes épines,laquelle
haie eft très-épaiffe, pour empêcher les animaux
carnafliers de la franchir ou de la forcer. Il n’y a
dans chaque café qu’une porte , que l’on a foin de
fermer avec des raifeeaux de groffes épines : car
fans toutes ces précautions , les bêtes dévoreroient
les habitans. Ces amas de cabannes font faites en
manière de camp, & tracées par les officiers du
prince, qui en ont le commandement & l’infpec-
tion. Voye^en les détails dans les relat. de l'Ethiopie.
Tout ce qui en réfulte, c’eft que ces miférables,
comparés aux autres 'peuples , ne préfentent que la
pauvreté , l’horreur & le brigandage. (/?.)
LIBAU, Liba , place de/Curlande , avec un
. port fur la mer Baltique & aux frontières de la
B b