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Marini, ( Jean-Baptifte) connu fous le nom de
Cavalier marin , naquît à Naples en 1569 , & fe fit
de la réputation par fes poéfies italiennes ; on eftime
fur-tour fon poème d’Adonis : il eft mort en 1625.
Borelli ( Jean-Alphonfe ) , célèbre mathématicien
, eft connu de tous les gens de l’art par deux
excellons traités, l'un de motu animalïum, & l’autre
de vi percujfionis, imprimé à Rome en 1680, i/2-40.
Il mourut dans cette ville le 31 Décembre 1699.
Gravina ( Janus Vïncentius ) , littérateur & célèbre
jurifeonluire , a été fuccellivement comblé de
bienfaits par Innocent XII & par Clément XI. Il
mourut à Rome en 17 18 , à 58 ans. On regarde
fes trois livres de l’origine du droit, originum juris
lïbrï très y comme le plus excellent traité qui ait paru
jufqu’ici fur cette matière.
Rofa ( Salvator ) , peintre & graveur, naquit en
1615 ; il a fait des tableaux d’hiftoire , mais il a
principalement réufti à peindre des combats , des
marines, des fujets de caprice, des animaux, des
figures de foldats-, 8c fur-tout des payfages, dans
leiquels on admire le feuiller de fes arbres ; on a
auâi quelques morceaux gravés^de fa main. Il mourut
à Rome en 1673.
Bernin (le Cavalier ou le Chevalier), né en
1598, mort en 1680, étoit un génie bien rare par
fes talens merveilleux dans la fculpture & l’archi-
teclure. Il a embelli Rome de plufieurs monumens
d’archireélure qui font l’admiration des connoif-
feurs ; tels font le maître-autel, le tabernacle, 8c
la chaire de l’églife de Saint-Pierre; la colon a de
qui environné la place de cette églife ; les tombeaux
d’Urbain VIII & d’Alexandre V I I , la ftatue équef-
tre de Confiantm, la fontaine de la place Navone,
& c. tous ces ouvrages ont une élégance, une ex-
preflion admirable. Perfonne n’a donné à fes figures
plus de v ie , plus de tendreffe, & plus de vérité.
Louis XIV l’appela à Paris en 1-665 > Peur travailler
au deffein du Louvre, & le récompenfa
magnifiquement, quoique les défi?os de Claude
Perrault aijent été préférés aux liens pour la façade
de ce bâtiment.
Le Pergolèfe, un des plus grands muficiens de ce
fiècle : fon mérite fupérieur & prématuré parut un
crime aux yeux de l’envie. On fait quel’école de
Naples eft la plus féconde en génies pour la mu-
fique, mais perfonne ne l’a porté plus loin que le
Pergolèfe , dans l’âge où l’on eft encore fous la dif-
cipline des maîtres, par i-a facilité de la eompofi-
tion , la fcience de P harmonie, & la richeffe de la
mélodie. Sa mufique parle à-Tefprit, au coeur, aux
pallions. Ses ouvrages les plus connus font la ferva
Padrofia; il maefiro di mufica, intermèdes ; un Salve
7egma, & le Stàbat mater, qu’on regarde comme
fon chef-d’oeuvre ; il eft mort à l’âge-de 22 ans, en
finiffant la mufique du dernier verfet.
On tire de Naples d’excellens macaroni, des
effences, du favon , des fleurs artificielles , quelques
étoffes de fo ie , des cuirs , des cordes à
boyaux, des confitures, de petits anis, dits diable-
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tins, des raifins fecs , des figues. Le feî n’y coûte
que 2 fols 4 deniers la livre, le muid de vin ne
paie que quarante-fix fols, monnoie de France,
pour droits d’entrée. Le poiffon de mer y abonde ,
& en général, il n’eft point de grandes villes où
l’on vive à meilleur compte. Il étoit réfervé à ce
fiècle de lumière & de philofophie de voir abolir
à Naples le droit fcandaleux d’afyle qui y étoit
attribué aux églifes : il a difparu en 1783. Cette
falutaire ordonnance a été précédée de l’éiabliffe-
ment d’une académie des Sciences 8c Belles-Lettres
qui y fut fait en 1780.
Le golfe & la baie de Naples eft une des plus
agréables qu’on puiffe voir ; elle eft prefque ronde,
d’environ trente milles de diamètre. Les côtes font
couverts de forêts 8c de montagnes. Le haut promontoire
de Surrentum fépare cette baie de celle
de Salerne. Entre l’extrémité de ce promontoire
8c l’ile de Captée, la mer fe fait jour par un détroit
large d’environ trois milles. Cette île eft comme
un vafte mole fait pour rompre la violence dés
vagues qui entrent dans le golfe. Elle eft en long",
prefque dans une ligne parallèle à Naples. La hauteur
excelîive de fes rochers fert d’abri contre une
grande partie des vents 8c des ondes.
Virgile, qui compofa à Naples une partie de foh
Enéide, a pris fans doute de cette baie le pian de
ce beau havre , dont il donne la defeription dans
fon premier livre ; car le port Lybien n’eft que l'a
baie de Naples en petit.
Eft infecejfu longo locus , infula portum
Ejftcit objeélu laterum , qui bu s- omnis ab alto ]
Frangitur, inque finit s feindit fefie unda reduélos, 1
U inc atquc hinc va fl a rupes geminkque miriantur
In coelum fçopuli, quorum fub vertice là te ,
Æ quor a tuta filent, tum fylvïsfcena corujcbs,,
Defuper, horrentique atrum nemus imminet umbrâ ,
&c. Æneid. /. 1. v. 163.
Aux environs de Naples, & près du lac Agnano,
on trouve la fameufe grotte du Chien. On la nomme
ainfi, parce que l’on y eft dans l’ufage de faire
voir fur des chiens le danger de cette grotte. Elle
n’a que dix pieds d’enfoncement dans un ter-
rein fahloneux , neuf pieds de haut à l’entrée &
beaucoup moins dans le fond , fur environ quatre
pieds de large. Un chien que l’on prend par les
pattes & que l’on tient couché dans la grotte * y
perd le mouvement en deux minutes de tems ; il
y périt fi on l’y retient plus long-tems. Un coq
qu’y mit M. l’abbé Nollet, fut fùnbqüé tout d'un
coup & fans retour. Un flambeau s’y éteint. Le
P. de la Torré juge que les vapeurs qui s’exhalent
du fo l, font vitrioliques & métalliques. (f2.)
NAPLOUSE , ancienne ville de la Paleftine',
dans une vallée fertile en oliviers. Elle eft à 10 11.
n. de Jérufalem. Ç ’eft la même que Siehem o-ii
Sichari de l’écriture. Cette ville a eu le nom de
Flava Gafarea , que lui donna l’empereur Flavie-n-
Domitien.; on en a des médailles avec des inferip-
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fions abrégées. Flavice Neapolis Syr'uz P alobftinct ; enfin
, elle fut Amplement nommée Neapolis, d’où
vient que les Arabes l’appellent Naplos. Elle eft
fans murailles ,.fans portes , au fond d’une vallée
entre deux montagnes; On y trouve encore quelques
Juifs famaritains. Voye^ Thevenot & le père
Nau , Koyage de la Terre-Sainte. Long. 5 6 ,4 0 ; lat.
3 * »4*.
NAPOLE. Voyes^ N a p o u l e .
NAPOLI DE ROMANIE, ville forte de Grèce,
dans l’ancienne Argie, qui eft aujourd’hui la Sac-
cartia ou la Ramanie mineure y riche contrée de la
Mbrée. De tomes les villes de l’ancienne Argie,
Napoli eft pour ainfi dire la feule qui ait- confervé
jufqu’à prèfent des reftes de fa première fplendeur.
Les anciens l’appeloient Anaplia, 8c Ptolomée,
/. I I I , c. *y/, la nomme Nauplia. Cette ville fut
bâtie, par Nauplio, fils de Neptune 8c d’Amimone ,
dans l’endroit le plus reculé du golfe, appelé communément
1t golfe de Napoli, & par Ptolomée Ar-
golicus finus, iat le haut d’un petit promontoire qui
fe fépare en deux pointes. Elle eft habitée par des
Turcs, des Grecs & des Juifs.
Napoli a un petit château, un archevêque grec ,
& un très-bon port; Elle a paffé fous la domination
de différens princes. Elle fut prife en 1205 parles
'Vénitiens. En 1539, la république l’abandonna au
grand-fegineur pour acheter la paix. Elle la reprit
en 1686, mais Napoli retourna aux Turcs en 1715.
' Elle eft fituée à 19 li. n. e. de Mifitra, 21 f. o.
d’Athènes. Long. 49, 59 ; lat. 37, 45. -
N a p o l i d e B a r b a r i e . Voye^ N a b e l .
. Na po l i-di-Malves ia , chez les Grecs modernes
Monembasia , anciennement Epidaurus , eft !
une affez petite- ville de la Morée, fituée près du
golfe de Nepoli. C ’eft la meilleure fortereffe de
tout le pays. Ses vins, connus fous le nom de vins
de Malvoifie , ont été célèbres dans tous les tems.
Elle a un affez bon port, & fut célèbre par fon
temple d’Efculape. (Æ.)
NAPQULE ; ce nom eft commun, i°. à un golfe
dans la mer Méditerranée, fur la côte de France ,
à l’entrée duquel font les îles de*Sainte-Marguerite
& de Saint-Hônorat ;-2°. au cap près duquel eft le
golfe ; 3°. au village qui eft fur la côte occidentale
du même golfe. Quelques-uns ont cru que le v illage
nommé la Napoule, étoit l’ancienne Athéna-
polis. Il y a un fort, & un petit port. {R.')
NAR , petite ville de Pologne, en Mazovie, fur
le B u g , à 18 lieues o. de Bielzk.
N A R A , riche & belle ville du Japon, dans l’île
de Niphon , à 10 li. n. de Méaco. Long. 150 , 50 ;
lat. 36, 10.
NARANGIA, ville d’Afrique, au royaume de
Fez', dans la province de Habad, à 3. milles d’Exa-
gen , près du fleuve Licus.
NARBONNE, en latin Narbo , ville de France,
dans le bas-Languedoc, avec un archevêché, dont
(Celui qui en eft revêtu prend le titre de pijjïiiat, 8c
préfide aux états de Languedoc. Narbonne eft à 1^
N A R 435 lieues n. e. de Perpignan, 19 f. 0. de Montpellier
30 e. p. f. de Tonloufe, & 161 f. e. de Paris. Long.
félon Caffmi, 20, 32 , 30 ; lat. 43., 1 1.
Mais cette ville mérite que nous entrions dans
dè plus grands'détails. Située fur un canal tiré
de la rivière d’Aude jufqu’à la mer , ouvrage
des Romains, elle eft à 2 lieues de la Méditerranée
, près du lac nommé par Pline & par Mêla
Rubréfus ou Rubrènfis , 8c en françois Vétang de la
Rubinne. Il formoit autrefois 1111 port dans lequel
les vaiffeauX afrordoient; ce qui procuroit aux états
de Narbonne le moyen de faire un grand commerce
dans toutes les provinces qui font fur la
mer Méditerranée jufqu’en Egypte ; mais il y a
long-tems que ce port a été bouché, la mer s’étant
retirée de fes côtes où les navires ne peuvent plus
aborder à caufe des bas fonds.
Cette ville , qui eft petite & médiocrement peuplée,
eft le fiègé d’un gouverneur particulier 8c
lieutenant de ro i, d’une recette, d’une viguerie,
d’une maîtrife particulière des eaux & forêts, &
d’une maréchauffée, & c . Indépendamment de la
cathédrale , on y compte 5 paroiffes , 2 églifes collégiales
, .un collège dirige par les Doélrinaires , 2
féminaires gouvernés par les Lazariftes , beaucoup
de couvens des deux fexes, plufieurs hôpitaux &
maifons de charité. On entre dans Narbonne par
quatre portes, & la Robine la diyife en deux parties
; l ’u n e appelée le bourg, & l’autre la ciré, qui
fe communiquent par trois ponts ; favoir , celui
des Carmes, celui de la Chaîne, 8c celui des Marchands.
L’églife métropolitaine , qui n’eft pas encore
achevée, eft remarquable par la hauteur de fes
voûtes, fa largeur 8c la hardieffe de fa conftruc-
tion. L’oftenfoir eft fi grand quil faut huit prêtres
pour le porter. Cette églife renferme plufieurs
beaux maufolées, entr’autres celui de Phillipe-le-
Hardi, fils de Saint Louis, mort à Perpignan en
1285. Ce prince y eft repréfenté en marbre blanc ,
revêtu de fes habits royaux, & couché , tenant de
la main droite un long feeptre, 8c de l’autre fes
gants. Les quatre faces de ce momunent placé au
milieu du choeur, font ornées de bas-reliefs admirables
, pour le tems où ils ont été exécutés , &
figurent lé convoi, auquel il paroît que le roi Plii-
lippe-le-Bel afiifta.
Le palais archiépifcopal eft une efpèce de fortereffe
compofée de plufieurs corps de logis, &
environné de plufieurs tours quarrées ; les murailles
dé la cour font parfemées de quantité d’inf-
criptions & d’autres reftes d’antiquités romaines
qu’on y a enchâffées. Le jardin eft fpacieux : on
y remarque un fuperbe tombeau de marbre blanc
également antique, en forme d’autel, avec une
ni'che de marbre, au travers de laquelle les prêtres
payens rendoient leurs oracles, par .un trou
quarré qui paroît au milieu. L’églife collégiale &
abbatiale de Saint-Paul, pofsède des tapifferies
fort 'anciennes, & d’un excellent goût pour le
I i i ij