
d o r é e d u r o i G e o r g e s I I . S a p o p u l a t i o n s ’ é l è v e à
p lu s d ’u n m i l l i o n d 'h a b i t a n s . L e s g r a n d s v a i f f e a u x
r em o n t e n t ju f q u e s d a n s l a v i l l e p a r l a T a m i f e .
On y compte cent quarante-fept paroiffes de la
religion anglicane, cinq églites luthériennes ; fa-
v o ir , une Danoife , une Suédoife, une Ham-
bourgeoife, une Savoyarde, & celle de Saint-
Jâmes, Sec.
Elle a treize hôpitaux, 8c près de cent maifons
deftlnées à venir au fecours des néceffiteux. Le
charbon de terre y eft affez généralement fubllitué
au bois pour le chauffage , ce qui couvre communément
la ville d’une efpèce de nuage épais
dont l’odeur fe répand au loin , 8c qui n’eft point
fans inconvéniens. Les puits y font rares, les eaux
pour l’ufage des habitans lbnt élevées de la Tamife
par une pompe à feu , 8c deftri buées dans
une moitié de la ville: la machine de Chelfea,
les canaux de Ware , Mai yborn , Tyburn , 8c
Hydçparck fourniffent aux autres quartiers, La
bourgeoifie jouit de très-grands privilèges.
Les deux parties de la ville communiquent par
trois grands ponts, le pont de Londres, le pont:
de Weftminfter, & le pont de Black-Friers-Bridge.
Le premier a feize arches, huit cens pieds de
longeur, 8c trente de largeur, avec un pont-levis,
prefque au milieu. Celui de Weftminfter fut commencé
en 1739, 8c achevé en 1751. Il na pas
moins de mille deux cent trente pieds de longueur,
8c cinquante - huit de largeur, il eft accompagné
de trotoirs pavé de larges pierres, 8c élevés d un
pied fur le milieu deftiné aux chevaux 8c aux voitures.
Celui-ci eft compofé de quinze arches, 8c
il eft pourvu de bancs pour ceux qui veulent fe
repofer. Entre les ponts de Londres 8c de Weft-
minfter eft celui de Black-Fryers-Bridge, commencé
en 1760; c’eft un ouvrage d’une hardieffe
extraordinaire.
Le nom de cette v ille , chez les anciens, fut Lon-
dinitm 8c Au gu fia. Trinobantum. C ’eft le fiège d’un
évêché. La tour de Londres eft dans la cité, quartier
habité principalement par les marchands. G’éft
une antique fortereffe, au bord de la Tamife , au
milieu de laquelle s’élève une groife tour quarrée.
Elle a environ un mille de circuit. On y conferve
les archives du royaume, les joyaux de la couronne
, 8c les ornemens qui fervent au couronnement
des rois. D ’ailleurs elle fert d’arfénal, on y
bat monnoie, 8c l’on y renferme les prifonniers
d’état. Quelques batteries en défendent les approches
du côté de la Tamife.
Non loin de-la eft la douane qui rapporte con-
fidérablement, 8c dont les bâtimens ne fe font
remarquer que par leur grande étendue.
A la defeente du pont de Londres eft le monument
ou la colonne de fe u , érigée pour perpétuer
le fouvenir de l’incendie de 1666 qui dura
trois jours entiers , 8c réduifit en cendres plus de
vingt-trois mille maifons. Cette fameufe colonne
à deux cents pieds de haut 8c quinze pieds de diamètre.
On y monte par un efcalier de marbre
noir pratiqué dans l'intérieur. La bafe eft chargée,
d’inferiptions en latin 8c en anglois.
La bourfe eft le plus bel édifice en ce genre qui
exifte en Europe. Derrière la bourfe eft la banque ,
où l ’on prétend qu'il y a quatre millions fterling
en efpèces. Un gouverneur, un lieutenant, 8c
vingt - un directeurs en ont l’infpeélion ; elle fut
établie en 1664.
Le bel hôtel du lord-maire fut commencé en
1739. Mais ce qui frappe davantage à Londres,
c’eît le port 8c la magnifique bafilique de S. Paul ,
qui eft la fécondé églife du monde , 8c ne le cède
qu’à S. Pierre de Rome. Le vaiiTeau a cinq cents
pieds de longueur, 8c deux cent cinquante de largeur
à la croifée. La hauteur totale de l’édifice
jufqu’à l’extrémité de la croix qui termine le dôme,
eft de trois cent quarante pieds. Le diamètre intérieur
de la coupole eft de cent pieds ; elle en a cent
quarante-cinq extérieurement. Ce fomptueux édifice
eft bâti de pierre de Portland, qui reffemble
affez à celle de Tonnerre par la blancheur 8c la fi-
, neffe du grain. Il fut commencé en 1670 8c terminé
en 172.5.
L’églife de Weftminfter eft un des plus beaux
vaiffeaux gothiques qui exiftent; C ’eft la fépultUre
des rois d’Angleterre, 8c le lieu de leur couronnement.
Ce nom Lignifie rnonafièreJîtué à l'occident ;
c’étoit en effet une célèbre abbaye, autrefois éloignée
de Londres d’environ mille pas, à préfent
elle fe trouve renfermée dans fon enceinte. Elle a
les franchifes 8c fa police particulière. Le Parlement
s’y afîèmble dans le palais qui appartenoit à l’abbé ;
chacune des deux chambres a fon appartement fé-
paré : c’eft dans celui de la chambre haute qu’eft
le trône du monarque. C ’eft auffi dans le palais de
Weftminfter que s’affemblent les tribunaux fupé-
rieurs , au nombre de quatre ; la chancellerie , le
banc du ro i, le banc des communs-plaids -, 8c l’échiquier.
Chacun de ces tribunaux offre les ftatues des
anciens rois anglois les plus fignalés par leur amour
pour la juftice.
L’églife de Weftminfter , réunit les cendres des
rois à celles des grands-hommes, qui ont illuftré
l’Angleterre. Entre leur nombreux monumens , on
y distingue celui de l’immortel Newton : l’infcrip-
tion du Maufolée fe termine par çes mots pompeux,
mais vrais : gratulentur Jibi mortales tantum extitijje
humant generis decus.
L’églife du Temple 8c celle de Saint Etienne de
Walbrock font confidérées comme de très - beaux
monumens de l’architeâure gothique. Celles de
Saint-Martin in the-.Fieîds, de Saint-George
in-Bloomsbiiry, de Saint-George fur la place d’Har
novre, 8c celle d e . Covent - Garden doivent être
comptées parmi les plus remarquables de cette
ville.
Dans l’hôpital du Chrift, on inftruit 8c on entretient
gratuitement neuf cents garçons ,8c deux
cents filles. Dans celui de Saint-Barthélemi, qui eft
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un très-bel édifice , on reçoit jufqu’à fix mille
malades.
Il ne refte prefque plus rien du palais de Whife-
Jiall, qui fut confumé par les flammes en 1697 ; 8c
la demeure du roi, près de l’Eglife de Weftminfter
8c du parc Saint-James, ne fe fait nullement
remarquer. C ’eft un affemblage de corps-de-logis
en briques, fans fimétrie, fans enfemble, fans au
curie décoration j on le nomme cependant lé palais
Saint-James. Près delà, dans le Cliaring - Croff,
on voit une belle ftatue équeftre en bronze de
Charles I.
,Le parc Saint-James eft fort peu de chofe. Une
prairie .traverfée par un cariai, 8cplantée de quelques
rangs d’arbres , forme tout ce jardin célèbre.
Le palais .de la reine étoit précédemment l’hôtël
de Buckingham, queie roi George III acneta en
J762, pour une fomme de 28000 livres fterlings.
La ville de Weftminfter y qui ne forme maintenant
qu’une même ville avec Londres , n’eft cependant
point fous la jurifdiéfion du lord-maire ,
mais fous celle du chapitre de Weftminfter, qui
élit un juge fuprême, dont la charge eft à vie. Elle
envoie deux députés au parlement. La ville ou
fauxbourg de Sqntwarck en députe un pareil nombre
, 8c la C ité , où Londres proprement dite , en
envoie quatre , ce qui fait huit députés pour la
totalité de la ville. ,•
Les trottoirs qui régnent des deux côtés des
rues, font une attention pour le peuple , beaucoup
trop' négligé ailleurs. C ’eft par une fuite de ces mêmes
attentions que tous les édifiçés publics , .ou
facrés ou profanes, toutes les maifons royales,
celles des princes, ont des horloges avec de grands
cadrans, qui, indiquant l’heure à la claffe inférieure
du peuple, lui évite la dépenfe ou l’embarras
d’une montre.
Les plus beaux hôtels de Londres, font celui
de lord Che.fterfield, celui du duc de Bedford,
ï’hôtel Montaigu, 8c celui de Sommerfet. L’hôtel
Montaigu eft devenu le fameux mufceum britanhicum,
8c renferme une colleâion ineftimable d’hiftorre
naturelle, de médailles, de manuferits, de deflîns,
de livres, 8c d’une multitude d’objets curieux en
tout genre.
Londres n’a ni troupes, ni garde, ni guet, 8c
l ’ordre s’y entretient. Durant la nuit, elle* n’eft
furveillée que par quelques vieillards ,' qui n?ont
pour toutes armes qu’une lanterne 8c un bâton
creux, 8c qui, crient les heures. ..
La fociété royale de Londres , établie par Char-,
les II en 1660 , tient un des premiers rangs entre
les fociétés favantes de l’Europe. Elle réunit les
hautes fciences 8c les’belles-lettres. Elle a une nom-
breufe bibliothèque , & un cabinet d’hiftoire naturelle
très-précieux.
•La fociété des Antiquaires fut fondée fous la
reine Elifabeth , 8c s’occupe des monumens antiques,
ou du moyçn âge qui exiftent en Angleterre.
Géographie. Tome II.
-1 La fociété'des arts eft extrêmement nombfeufe,
Son objet èft l'encouragement de l’agriculture , des
arts, des manufaéhires 8c du commerce. Dans la
lifte de fes membres , on lit le nom de cent vingt
pairs delà Grande-Bretagne.
Il y a d’ailleurs une académie de deftin, de peinture
8c de fculpture , 8c des écoles publiques , où
Fon enfeigne gratis toutes yfortes- dé métiers aux
pauvres. Londres a vu naître lé célèbre Milton,
Fr. Bacon , Pope, Halley, Thomas Morus , Thomas
Brown , &c.
Cette ville eft divifée en vingt-fix quartiers
préfidés chacun par un alderman, d’entre lefqueis
on choifit tous les ans, le jour de Saint-Michel,
le; lord-maire, toujours tiré de la nobleffe. C ’eft
le premier magiftrat de Londres ; il a fous lui deux
fhérifs qui font comme fes lièutenans.
Le fauxbourg de Soutwarck, qui fait partie de
la ville de Londres , n’eft cependant point fous la
jurifdiéUon du lord Maire. Ce quartier de la ville
a plus de 2 li. de long, en y-comprenant la nouvelle
Londres, à l’oppofite du quartiers. Paul, 8c dnt
parc Saint-James. Il envoie deux députés au parlement.
Depuis 1766 y teins auquel fut achevé le
nouveau pont, il a reçu 8c reçoit encore des ac~
croiffemens cohfidérables. C ’eft là que font les
fameux jardins de Vaux-Hall, du Fax-Hall, dont
nous parlerons dans un inft’arit.
Chelfea, derrière le, parc Saint - James , a un
grand 8c bel. hôpital pour les foldats de terre, que
l ’âgé ou les infirmités mettent hors de fervice;
Ceux qffon ne peut ÿ recevoir, reçoivent 8 livres
fterlings 8c demi par an de cet hôpital. D’ailleurs ,
la fociété dps-; apothicaires de Londres a à Chelfea
un beau jardin des plantes , qu’on prétend être le
plus complet qui exifte. La marine royale a aufii
un hôpital, mais hors de Londres , à Gréenwich :
l’admiration s’y trouve partagée entre la magnificence
des bâtimens, la beauté de la fituation , 8c
le détail infini des attentions pour tout ce qui peut
contribuer à la falübrité, à la propreté, à l’agréa
ment. Un incendie y a caufé de grands dommages
dans ces dernières années.
A une demi-lieue de-Weftminfter font les rians
jardins de Renelag t ils font peu étendus, mais très*-
variés. Il s’y trouvé un fallon en rotonde , d’environ
cent quatre-vingts pieds de diamètre. Le centre
en eft occupé par une cheminée , portée fur
quatre colonnes, 8c qui s’élève au-deffus d’un grand
brafiër. Un ampliitéatre y eft deftiné à un corps de
muficiens: trois étages forment intérieurement la
hauteur du fallori. Un écu , argent de France, que
’ l’on donne en entrant, paie le café, le th é , le
chocolat, le pain , le beurre, 8c en général les ra-
fraîchiffemens qui font fervis, foit dans l’arène de
la rotonde , foit dans les différens réduits qui la
divifent.
Le fallon de Waux-Hall, de la même forme
que celui de Renelag, eft moins étendu, mais fes
jardins font plus grands, 8c éclairés la nuit par quinze G s