
gérations aux poëtes anciens , & furfout au chagrin
d’Ovide. En effet, le fable de la mer Noire
eft de même couleur que celui de la mer Blanche
, & fes eaux font auffi claires. En un mot,
fi les côtes de cette mer qui pafTent pour fi dan-
gereufes, paroiffent fombres de lo in , ce font
les bois qui les couvrent, ou le grand éloignement
qui les font paroxtre comme noirâtres.
Il y a apparence que dans l’ état de perfection
où l’on a porté la navigation , on y voyageroit
aujourd’hui auffi furement que dans les autres
mers, file s vaifTeaux étoient. conduits par de bons
pilotes. Mais les Grecs & les Turcs ne font
guere plus habiles que Tiphys & Nauphius
qui conduifirent Jafon, Théfëe, & les autres
héros de la Grece, jufque fur les côtes de la
Çolchide ou de la Mingrélie.
Les Grecs & les Turcs ont prefque les mêmes
maximes-, ils n’ont pas l’ufage des cartes marines,
& lâchant à peine qu’une des pointes de la bout-
foie fe tourne .vers le nord , ils perdent, comme
l ’on d it , la tramontane, dès qu’ ils perdent les
terres de vûe. Ceux qui ont le plus d’expérience
parmi eux , fe .croyent fort habiles quand ils
favent que pour aller à Oczakow il faut fe diriger
an nord en fortant du canal de la mer
Noire , que pour aller à Trébifonde, il faut
détourner à droite.
Si l’on dit que les vagues de la mer Noire
font courtes, & par-conféquent violentes -, toujours
eft-il certain qu’elles font plus étendues &
moins coupées que celles de la mer Blanche,
laquelle eft partagée par une infinité de canaux
qui font entre les îles. voyez M e r N o i r e . (R.)
P O N T -FA R C Y , voyez p o n t f a r c y .
PO NT » F R A E T , P ont - F ret , o u P ont-
F ract , v ille à marché d’Angleterre dans
l ’Yorck-shire, fur l’Are , à 60 lieues au nord-
oueft de Londres. Son nom lui vient à ce
que l’on prétend , d’ un pont-de bois qui fe rompit
dans le tems du pafîage de Guillaume, archevêque
d’Yorck , neveu d’Etienne, roi d’Angleterre.
I l y avoit autre-fois dans cetre ville
un château , où Richard II. fut affaffiné en 1400-,
ce château a été détruit dans les guerres civiles
fous le régné de Charles I . P ont-Fraet envoyé
deux députés au parlement d’Angleterre. Longit.
% IX. Ut . 53. ,37.
Branïhall, ( Jean ) primat d’Irlande, naquit
dans cette v ille en 1593. fes ouvrages ont été
imprimés in-folio, (R.)
PONT-GIBÂIJT , petite ville de France,
en Auvergne, élection de /Clermont, fur la
ririere de Frioule. I l y a dans fon Vojfinage
une fource d’eaux minérales ferugineufes & une
mine d’argent. (R.)
PO N T -L E -V O Y , voye% p o n t l e v o y .
P O N T -M IL V IU S , M0 LV1US o u M u l v i u s ,
pont d’ Italie fur le tibre près de Rome. Ce pont
eft célébré dans 1 hiftoire, fur-tout parla yiftoire
que Conftantiny remporta fur le tyran Maxence.
Aujourd’hui ce pont eft vieux , fort fimple , &
n’eft remarquable que par quelques inferiptions-
que l’on y voit fur des tables de marbre. Le pont
ancien a été détruit , c’eft fur fes fondemens
qu’ on a bâti celui d’aujourd’h u i, à qui on a
donné le nom de Ponte Molle. De ce pont à Rome
il y a deux milles ou deux tiers de lieues. Tout
ce chemin peut être regardé comme le faubourg
de Rome, parce qu’on y voit des deux côtés prel-
que continuellement des maifons de plaifance,
qu’on appelle vignes , & entr’ autres celle du
pape Jules III. - (R.)
PONT - A - MOUSSON , Mufjipontum ,
ville de France dans la Lorraine , avec titre de
marquifat, fur la Mofelle qui la divife en deux
parties, dont une eft du diocèfe de T o u l, &
l’autre du diocèfe de Metz , à 6 lieues au N. O.
de Nancy , 70 E. deParis. & 5 fud oueft de
Metz.
Elle tire fon nom d’ un pont par lequel elle
communique à la montagne de Mouflon. C’eft
le fiége d’un bailliage, d’une Maîtrife-des-eaux-
& forêts, d’une recette des finances, d’une recette
des bois. On y compte 4 paroiffes, une
églife collégiale, deux feminaires , un très-beau
collège ci-devant aux Jéfuites, deux abbayes,onze
couvens & un hôpital. Il y avoit une université
fondée en 15 7 a , par le duc de Lorraine Char-»
le I I I -, mais elle a été transférée à Nanci en
1768, immédiatement après la deftruCtiqn des
jéfuites.
L’empereur Charles IV , qui dès l’an 135:4
avoit érigé Pont-à-Mouffon en marquifat , le
créa bientôt après cité de l’empire , avec les
prérogatives des autres cités ; il confirma cette
création à Prague en 1373 , déclarant qu’ il n’en-
tendoit pas que l’honneur qu’ il faifoit à cet endroit
affoiblît les droits du comte ou duc de Bar s
marquis de Pont-à-Mouflon.
En 1776, il y fut établi une des branches
de l’éçole royale militaire fous la direction des
chanoines réguliers du fauveur, l ’autorité du mi-
niftre de la guerre, & l’ infpeétion du gouverneur
de l’école royale militaire de Paris.
Lé commerce manque dans cette v ille & e l lé
eft peu riche & peu peuplée. Longit 23. 40 ,
laiit. 48. 56.
Ç’eft ici qu’ eft né en 158a Jean Barclay • il
f i t un féjour d e dix années à Londres, où le roi
Jacques le combla de faveurs. I l revint enftiite
en France , & de-là il alla à Rome où il mourut
en 1620.Ses principaux ouvrages fon. t 0 Argenis^
2® un recueil de poëfies en,trois livres, 30 S a t i ricon
Euphormionis, 40 Notoe in Statii The-
h aident. Sa profe eft plus eftimée que fes vers (R.)
PO NT-DE -LA-RE IN E , petite ville d’Efi»
pagne au royaume d’Aragon , fur la rivière
d’Arga , qu’on y paffe fur un pont à quatre
lieues de Pampelune. Cette petite yijle a été
nommée Cares pat les Romains. Son terroir produit
d’excellent vin rouge. (R.)
PONT = S. - E SPRIT, v ille de France au
bas Languedoc, dans l’Ufege ou l’Ufegais. C’eft
une place forte fur la rive droite du Rhône,
qu’on y paffe fur un pont très-renommé à 8 lieues
nord-eft d’Ufez, à 20 nord-eft de Montpellier,
& à 136 de Paris.
Le Pont-S.-Efprit , qui a un gouverneur
particulier & lieutenant de roi, renferme environ
800 feux. C’eft un paffagé fur le Rhône , & on y
voit le dernier pont de pierre qui foit aujourd’hui
fur ce fleuve, n’y ayant au-défions que des ponts
de bateaux. Quatre baftions font le plan de
la citadelle, & .renferment l’églife du S. Efprit,
de laquelle la ville a pris le nom qu’elle
porte aujourd’hui. Long. 22. 20. lat. 44. 8.
Le pont de cette ville eft d’ une belle Confi-
truCtion , à caufe de la largeur , de' la profondeur
, & de la rapidité du neuve. Il a 420 toifes
de long , fur 2 toifes 4 pies 4 pouces de largeur.
I l eft loutenu par vingt-fix arche , dix-neuf
grandes & fept petites qui font aux extrémités
tk fgrment les rampes. Ce pont, dont l’ufage
eft interdit aux voitures chargées , fut commencé
en 1205, & bâti d’offrandes qu’on
faifoit alors à un petit oratoire dédié au S.. Efprit.
I l fut achevé vers l’an 1309.
Le pape Nicolas V . dans une bulle qui accorde
beaucoup d’ indulgences à ceux qui iront
vifiter l’églife du S. Efprit, dit que Dieu touché
du malheur des fideies qui faifoient naufrage
en cet endroit du Rhône, avoit envoyé un ange
pour marquer le lieu où il faloit faire un pont
cc bâtir une egjife, ainfi qu’un hôpital. Cet ange
uvoit été un bon & digne citoyen qui chercha
le bien de fon pays, enforte que le pont,
l ’églife & l ’hôpital furent bâtis & fondés dans
cet endroit. Pour fornir à l’entretien de ces
trois objets, on lève un droit fur le fel qui paffe
fous ce pont, ce qui monte à environ 8000 livres
par année. Ce lieu s’appel loi t auparavant favour-
nin du port , ou Amplement le p o rt, nom qui
eft demeuré à u n . monaftere voifin.
Il y a au-deffous du Pont-S .-Efprit un territoire
de cinq à f i x lieues d’étendue le long du Rhône
qui dépend d’Avignon •, pour le fpirituel •, mais
pour le temporel il eft de la province de Languedoc
, & du reffort du parlement de Touloufe (R.)
PONT - SAINTE - MAXENCE , petite
vile de l’île de France , fur l’O ife , au diocefe
de Beauvais , à deux fieues & demie de Senlis,
fiege d’une prévôté qui reflortit au bailliage de
Senlis. On paffe la riviere fur un très-beau pont
terminée en 1785. La v ille eft marchande , peuplée
, & forme un gouverneur particulier.
Long, 20. 14. lat. 49. 18.
Cette petite ville s’ appelloit Saclna Maxentia
du tems de l’auteur des gefles de nos rois de la
première race, qui dit qu’Ebroin , awfii-tôt
après la mort du roi Childéric , vint a Sainte-
Mai-xence,y tua les gardes du pont , 8c pafia au-
delà du côté d’Amiens. Il y a apparence que
c ’eft le plus ancien des pafîages de l’Oife avec
Pontoife, & qu’il eft plus ancien que celui
de Creil & de Beaumont. Ce pourroit être celui
que tenoient les troupes romaines iorqu’elles
venoient de Beau vais ou d’Amiens à Senlis. Une
vierge chrétienne appellée Maxentia , y fouftric
Je martyre dans le tems des perfécutions. Il y a
fur la route de Senlis une chapelle fous fon invocation
-, cette chapelle a été rebâtie & dediée
en 1706.
Pont-Sainte-Mayence eft la patrie de Guëriny
chevalier de l’ordre de S. Jean de Jérufalem ,
évêque de Senlis, & chance lier de France fous le
régné de Philippe-Augufte. Les hiftoriens de
fon fiécle lui donnent la principale gloire de
la journée de Bouvines , où il rangea l’ armée du
roi en bataille en qualité de lieutenant général ;
mais en qualité d’évêque de Senlis , il fe mit
en prières dans l’oratoire du roi pendant tout le
tems que dura le combat. (R.)
PONT - DE - ROY AN , petite v ille , ou
plutôt gros bourg de France , dans le Dauphiné ,
chef-lieu du marquifat de Royanès, fur la petite
riviere de Borne, qui tombe dans l’ Isère. (R.)
PONT-DE -SÉ , voyez P o n t - d e - c é .
PONT-SÜR-SEINE , en latin moderne Pons
ad Sequanam, petite ville & magnifique château
de deFrance en Champagne aux bords de
la Seine, à 8 lieues deTroyes , 23 au fud-eft de
Paris, deux & demie à l’orient & au-deffus de
Nogent. Le furintendant Bouthillier de Chavi-
gni y a fait bâtir une fuperbe château, qui eft du
deffin & de l’ exécution de le Muet, un des habiles
architectes françois de Ion tems. Long. 21.
12. latit. 48. 26. (R.)
PONT - SUR - YO N N E , petite & très’
chétive v ille de France au diocefe de Sens , aux
confins de la Champagne & du Gatinois , fur la
gauche de l’Yonne & à 3 petites lieues de Sens.
Long. 20. 58.' latit. 48. 13.
Dans la vie de S. Loup archevêque de Sens , il
y eft nommé Pons Syriacus. ( R. )
P on t d e Tr a jan , pont magnifique que l’empereur
Trajan fit faire fur le Danube, & dont
Dion Caflius ( Hijl. rom. I. L X F I l I . ex. X iph i-
lino) a ébauché la defeription.
Les pilés de ce pont, qui étoient de pierre
(lapide quadrato) étaient au nombre de vingt ,
& chacune , fans y comprendre les fondemens,
avoit 150 pieds de hauteur fur 60 de largeur : il y
avoit.entre chacune un efpacede 170pieds, 8c
elles étoient jointes par des arches ou ceintres.
Ce pont du tems de Dion Caflius n’étoit d’aucun
ufage : on n’y paffoit plus , & il n’en re£-
toit que les piles qui prouvent encore fon ancienne
magnificence. Enfin l ’empereur Adrien
craignant que fi les Barbares yenoient à fe rendre