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Pic pus, dont ces religieux ont reçu le nom, que
le peuple leur a donné, malgré tous leurs foins
à garder celui de Pénitens.
En prenant le chemin de la v ille , on paffe devant
une maifon nommée ReuillL Dom Mabillon
rapporte dans fa diplomatique, que les rois de la
première race avoient un palais en cet endroit,
Sc que ce fut dans ce palais que Dagobert répudia
Gomatrude l'a première femme , à caute de fa
ftèrilité , & qu’il prit en fa place Naïuilde, une
des fuivantes de cette reine ; il neft refté aucuns
vcftiges dsrce palais.
La première chofe remarquable que l’on trouve
en rentrant dans la ville , eft l’Arlènal : il fut bâti
par Charles V en même tems que la Baftille, C ’eft
dans ce lieu que l’on fondoit autrefois l’artillerie
pour la défenfe du royaume, & l’on y garde encore
les poudres & les canons. Les jardins de
l ’A rfenal, qui font allez agréables font ouverts
au public. Au milieu dé ce château étoit une tour,
qu’on appeloit la tour de Billi. Le tonnerre étant
tombé àefîus le 19 de juillet 1538 , mit le feu à
plus de 200 caques de poudre qu’on y confer-
v o it , & cette tour fut ruinée jufqu aux tondemens.
Les fonderies furent bâties en 1549 > par ordre
d’Henri II.
Le couvent des Céleftins , maintenant évacué,
eft contigu à l’Arfenal. Quelques auteurs difent
que ce lien avoit été occupé auparavant par les
Carmes de la place Maubert, qui l’abandonnèrent
afin d’être plus près de runiverfité , où ils alloient
étudier pour obtenir des degrés. Le nommé Jacques
Marcel ayant acheté cette place en 1318, y
avoit établi lès Céleftins nouvellement venus d’Italie.
Le roi Charles V leur donna de très-grands
biens , fit conftruire l’èglife , & y mit la première
pierre. Cette églife offre aux curieux une multitude
de tombeaux & de maufolées dignes de re-
marque , foit par i’a-rt, (oit par les perfonuages
dont ils perpétuent la mémoire. On y diftingue
le monument confacré à Henri II & Catherine
de Médiçis. Ce font les trois grâces qui Apportent
une urne qui renferme leurs coeurs. Çe bel
ouvrage eft du Pu jet. Cette églife eft de toutes
celles de la France, celle qui renferme le plus de
monumens funèbres.
La paroiffe de Saint-Paul, qui eft celle de tout
le quartier, étoit la paroiffe royale du tems que
les rois occupoient l’hôtel de Saint-Paul, ou le
palais des Tournelles. L ’églife , qui eft d’une maçonnerie
épaiffe 5c gothique, fut élevée fous le
rè»ne de Charles VI. Elle renferme les cendres
du* maréchal de Biron , décapité fous Henri IV.
Affez près de-là eft le couvent des filles de
l’Àvé-Maria- Ces religieufes font de l’ordre de
Sainte Clairç , & vivent dans une très-grande aufi
térité , ne mangeait jamais de viande & ne portant
point de linge, Outre qu’elles vont nuds
pieds, fans fandales & fans aucune chauffure,
elles ont l’étroite obfervançe d’un Alençe perpé-
P A R tuel pour lequel le beau fexe n’eft point né.
A quelque diftance de ce couvent, on traverfe
la rivière fur le Pont-Marie , appelé ainfi de Chrif--
tophe Marie, qui en jeta les fondations en 1613.
Ce pont eft de pierres de taille , & compofé
de cinq arches. Il ne fut achevé qu’en 1635. Les
tr.otoirs en ont été mal-à-propos chargés de mai-
fons. Une partie de ce pont fut emportée la nuit,
au mois de mars 1658 , & quantité de perfonnes
y périrent; on a rétabli les deux arches, mais on
n'y a pas élevé de maifons. Les autres devroient
être abattues.
L’île Saint-Louis, où ce pont conduit, appartient
en propre à l’églife cathédrale. Toutes les
maifons qu’on^ y voit ont été bâties dans le dernier
fiècle ; ce n’étoit auparavant qu’une prairie
affez baffe , qui fervoit de promenade au menu
peuple ; toute n ie eft revêtue, dans fon enceinte ,
d'un quai folide de pierres de taille ; les rues qui
partagent l’île font droites & aboutiffent à la rivière.
On fort de cette île par le pont de la Tournelle ,
, l’un des trois qu’on a confiruits pour y communi-
! quer ; il eft de pierre de taille avec un trottoir de
chaque côté pour les gens de pied ;on lui a donné
le nom de Thurnelle, à caufe d’une tour qui fe
trouve de l’autre côté de 1 îie , & dans laquelle on
enferme ceux qui font condamnés aux galères, en
attendant que la chaîne parte pour Marfeille.
La porte Saint - Bernard eft un arc de triomphe
dédié à Louis X IV .'I l fe trouve à peu de
diftance du pont de la Tournelle, & caufe plus
d’embarras qu’il n’apporte d’ornement aux abords
de la ville.
La rue de Seine conduità celle de Saint-Viêlor
où l’on trouve la célèbre abbaye de ce -nom.
Cette maifon eft fort ancienne: Louis - le-Gros,
roi de France , y ht élever de grands bâtimens ,
& lui donna des biens confidérables : il fit confi
mire une églife , en 1113 , dans le même endroit
où il refte encore une chapelle ancienne derrière
le choeur. Guillaume de Champeaux, archidiacre
de l’églife de Paris , & depuis évêque de Châlon ,
fut le premier qui inftitua la congrégation de‘Saint
Viâor , fous la règle de Saint Anguftîn. Les ja r dins
de cette maifon font fort fpacieux, & la bibliothèque
eft préeieufe par le choix des livres qui
la compofent L églife deSaint-Vi&or fut relevée en
15 1 7 , fous François I , & elle n’eft point achevée.
Au delà de Saint-Vi&or eft l’hôpital de la Pitié &
celui de la M:féricorde.
Près de là eft le jardin royal des plantes . établi
par Louis XIII en 1626. Il eft muni de ferres
chaudes & froides, Il s’y fait annuellement un
cours de botanique. Ces jardins font accompagnes
d’un cabinet d’hiftoire naturelle, dont les bâtimens
ne répondent ni à la richeffe de la eolleéfton , ni
à l’étendùe & à la beauté aêlüelfe des jardins : reG
ferrés & infuffifans jufqu’à nos jours, M. le comte
çlç Bpffon les prolongea jufqu’à la rivière ; il les
çmbellit 9
P AR embellit, les orna d’un baffin pour les plantes aqua- |
tiques , 6c rendit le jardin royal le plus complet
qu’il y ait dans le monde. Sa ftatue qu’on y voit
fur l’efcalier du cabinet, figureroit beaucoup mieux
fous le porche d’un édifice de belle ordonnance >
confacré aux fciences dont il recula A fort les limités
, & dans lcfquelles il n’eut même point de concurrent
dans aucun Aèçle ni chez aucune nation.
Il n’eft qu’un feul cas où on puiffe élever une ftatue
publique à un perfonnage célèbre de fon vivant <x
fous fes yeux : c’eft lorfque, ainfi qu à ce 5^ . J
homme , elle lui eft décernée par le voeu public.
JL/infcription grayée fur la plinthe eft celle-ci :
M a JE S T A T I N A T U R Æ P A R IN Ç E N IU M ,
On connoîtra inceffamment la néceffité de jeter
*in pont fur la Seine, en face du jardin du Roi, pour
laxommunication du fauxbourg Saint-Marceau &
du quartier Saint-Viéfor j avec lç fauxbourg Saint-
Antoine.
Non loin de-là, au fauxbourg Saint-Marceau ,
fe voit la manufacture royale des Gobelins, ou fe
fabriquent les tapifferies de la Couronne, & où fe
font ces belles teintures en écarlate, qui nont ja-
mais pu être égalées nulle part. Ce double çtabliffe-
ment confolidé feulement & perfectionné fous le
m.iniftère de M. de Colbert, avoit été forme des
le X V e fiècle, par les freres Gobelin , célèbres teinr
turiers, qui apportèrent à Paris le fecret de la teinture
écarlate qui porte le,ur nom , ainfi que la petite
riyjere au bord de laquelle ils fe fixèrent. L e-
dit de Louis XIV portant réglement pour ,cçt eta-
bliffement, eft de 1667, -
' L’églife de Saint-Marcel, qu’on voit au fauxbourg
de fon nom, a été fondée par Rolland,
comte dç $ la y e , neveu de Charlemagne, qui fit
beaucoup de bien aux chanoines qu’il y mit, Çette
églife étoit autrefois, fous le titre de faint Clément;
mais le corps de S. Marcel, évêque de Paris, y
ayant été trouvé, elle en prit le nom qu’elle a
toujours confervé depuis ; ç’eû une des quatre
collégiales dépendantes de 4’archevêché. Pierre
Lombard , furnommé le Maîtfe des fentenc'çs, eft
enterré dans l.e choeur de cette églife : les bacheliers
en licence font obligés d’affiner au fervice fo-
lepmel qu’on dit pour lui tous les ans, &. ceux
qui y manquent font condamnés à une amende. ,
Le couvent des Cordelières eft dans ce quartier.
Thibaut V I I , comte de Champagne & de Brie ,
le fonda premièrement à Troyes , d’où il fut transféré
à Paris peu de tems après. Marguerite de Pro?
vence, femme de Saint Louis , fit commencer l’é-
glife ; & Blanche fa fille , veuve du roi de Caftjlle,
qui y prit le voile, donna de grands biens pour
l’augmenter. Ces religieufes font hofpitalières &.
fuivent l’ordre de Saint François : Saint Médard eft
paroiffe de tout ce quartier.
On trouve enfuite l’églife de Saint-André-des-
Ecoffois, dans laquelle on a élevé un monument
Géogr. Tome IL
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611 l'on a dêpofé le chef de Jacques I I , roi d Angleterre.
Le quartier de l’univerfité, l’un des plus anciens
de Paris, occupe un très-grand efpace, qui fait
prefque la quatrième partie de la cité ; il en etoit
même féparé autrefois comme un lieu particulier ,
avec lequel la communication n’étoit pas tout-a-
fait libre, parce que les écoliers excitoient fouveut
des tumultes qu’il n’étoit pas aifé d’appaifer. Phi-
lippe-Augufle , avant fon départ pour la Paleftine ,
ou il alla avec Richard , coeur de lion , roi d’Angleterre
, pour*faire la guerre aux Sarrafins , ordonna
qu’on enfermât ce quartier de murailles ; ce
qui fut exécuté en 1190. Il fut entouré de fofles
profonds & de murs tres-folides, foutenus de fours
d’efpace en efpace avec des portes , qui étoient
autant de petites fortereffes. Il ne refte plus rien
de ces murailles , & l’on a comblé les fofles fur
lefquels on a élevé des maifons.
Le collège des Bernardins , qui a donné fon
nom à la rue des Bernardins & à la porte Saint-
Bernard , eft d’ancienne fondation & appartient à
l’ordre de Cîteaux. L’édifice d e l’églife eût été un
des beaux gothiques qu’il y ait en France , s’il
eût été achevé. En fortant des Bernardins, on
trouve à gauche l’égiife de Saint - Nicolas - du-
ChardoHnet, ainfi nommée de ce que le premier
bâtiment fut élevé dans un lieu inculte & rempli
de chardons. Les chanoines de Saint-Viétor,ù qui
ce terrein appartenoit ,1e donnèrent vers l’année
1243 , poury bâtir une paroiffe: le féminaire qui
eft à côté de cette églife, eft le plus ancien de
Paris. Cette églife a le tombeau de le Brun.
A une petite diftance eft un autre féminaire
dit des Bfons-JLnf&ns, dirigés par les P P. de la Mi-,
féricorde de Saint Lazare.
La place Maubert, que l’on trouve au bas de
la rue Saint-Viàor, a tiré fon nom, fuivant quelques
hiftoriens, d’Albert-le-Grand, qui fut en fon
tems la gloire de l’univetfité de Paris. On dit que
çc doâeur .après avoir enfeigné à Cologne .v in t
ici continuer les memes exercices , & que la claffe
n’étant pas affez fpacieufe pour contenir tous^ le*
écoliers qui le venoient écouter, il fut obligé de
faire fes leçons au milieu de cette place , qui a été
appelée flece Mauiert, comme qui diroit place de
maître Aubert j c'eft aujourd’hui un des marché*
de la ville.
Les Carmes, qui ont leur couvent dans ce lieu-
là , ont été originairement fondes par Saint Louis ,
qui les avoit amenés de la Paleftine. La reine Jeanne
, femme de Philippe-le-Long, leur laiffa de très-;
grands biens par fon teftament de l’année 1349,
6 Sur le penchant de la montagne Sainte-Gene-'
v iè v e , eft le collège de Navarre , fondé l’an 1304,
par la reine Jeanne de Navarre, femme de Philippe-
le-Bel. La chaire publique de phyftque expérimentale
fut fondée pour M. l’abbé No llet, qu’on y vit
long-tems entre des flots d’auditeurs. L’amphithéâtre
, quoique très-vafte, ne fuffifoit point au eon