3.8 . J E N nent y faire l’échange de leurs marchandîfesl
L ’ivrognerie & la fainéantife font aufli communes
ici que dans toutes les autres villes de la Sibérie,
& cette maladie honteufe, fuite cruelle du plai-
fir , y fait d’affreux ravages. Les habitans paffent
pour être rufés & trompeurs, ce qui leur a valu
le furnom de Skowsniki, c’eft-à-dire , des gens qui
.voient à travers les chofes. ( Ma s s q n d s M o.r~
V I L L I E R S . )
JENISSEIA. Voye^ Jeniseskoi;
JÉNIZZAR, ville de Grèce, dans la Macédoine,
près du golfe de Salonique, dans le Corné-
ùolitari, bâtie fur les ruines de l’ancienne Pella,
patrie d’Alexandre-le-Grand. Elle eft à 5 li. f. o.
de Salonique, 7 n. e. de Caravéria. Long. 40 ,
12 ; lut. 40, 38.
Jénizzar , petite ville de Grèqg, dans la Janna,
& qui eft l’ancienne P tierce de Theffalie. (/?.)
JÊNKIOPING, ou Joe n k io r in g , Janocopia /
ville ouverte de Suède, dans la province de Sma-
lând, fur le lac Wette r,, avec une citadelle, à 22
li. n. o. de Calmar, 18 f. e. de Falkioping. Long.
31 , 5«; ; lut..5 7 , 22.
JENO, ville & château de la haute-Hongrie,
vers les frontières de laTranfylvanie, fur la rivière
de Kerès, entre Gyalay & Thémelwar.
Cette ville , qui a une fabrique d’armes confidé-
rafele, a la vingt-huitième place à la diète. {R.')
JENPENG , belle ville de la Chine, cinquième
métropole de la province de Fokien. Elle eft bâtie
en forme d’amphitéâtre, au bord de la rivière de'
Min. Elle a fept villes dans fon diftriâ. Long. 13 c,
é ; lat. 2,6,34. (f|.)
JENUPAR, royaume & ville d’A fie , dans la
péninfule de-ri’Inde, en-deçà du Gange, fous la
domination du grand Mogol.
JER A , rivière d’Allemagne, dans le duché de
Wolfenbuttel, qui prend la fourçe dans la principauté
d’Halberftadt.
JERICHÀU, ville & baillage d’A llemagne,
dans le duché de Magdebourg, fur les frontières
du Brandebourg.
JÉRICHO (cercle de Jéricho), dans la baffe
Saxe, au duché de Magdebourg ; il eft fitué au Levant
de l’Elbe , & entouré de la Marche, de la principauté
d’Anhalt & d’une partie du cercle de
haute - Saxe , chacun des deux diftriâs , 4ans lef-
quels il eft divifê, a unç chambre particulière de
juftice provinciale..
Jéricho , appelée par les Arabes Rihiba , ville
d’Afie dans la Paleftine, bâtie par les Jébuféens,
à deux lieues du Jourdain , & à fept de Jérufalem,
dans une vallée agréable & fertile. Ce n’eft plus
qu’un amas de méchantes huttes , habitées par des
Arabes très-miférables. Ce fut la première ville du
pays de Çhanaan, que Jofué prit & faccaga; on en
rebâtit une nouvelle dans fon voifinage. Vefpa-
fien la détruifit, Hadrien la répara. Cette ville fut
encore relevée fous les empereurs chrétiens, &
ijéÇQrée d’wq fiège épifcopal | mais finalement les
J E R Sarrafins, dans la Terre - fainte, ont détruit lé
fiège & la ville.
La rofe de Jéricho louée dans l’Ecriture, ne préfente
point celle à laquelle lés modernes donnent
vulgairement ce nom, & qui eft tune efpèce de
thlafpi de Sumatra & de Syrie.
Jofephe obferve que le territoire de cette ville
etoit fameux par l’excellence de fon baume. Pline
rapporte, d’après Théophrafte, que cet arbriflèau
baliâmifère ne fe trouvoit que dans ce lieu-là ,
& qu’il n’y avoit que dans deux jardins, dont
l’un étoit de vingt arpens (il falloit dire de dix
arpens , car il a mal rendu le mot grec ■ srù'epcv ) ,
& l’autre de moins encore ; mais ce n’eft ni Jéricho
, ni Galaad, ni la Judée, ni l’Egypte qui
font le terroir naturel de cet arbriffeau, c’eft l’A rabie
Heureufe. Apparemment que l’on cultivoit
cet arbre dans les jardins de Jéricho , & qu’il y
profpéroit. En tout cas les chofes ont bien changé :
il n’y a plus de jardins à Jéricho, ni de baume en
Judée ;.tout celui que nous avons en Europe vient
de la Mecque & de l’Arabie Heureufe, & pour
dire quelque chofe de plus, le mot hébreu %ori ,
que nous avons rendu par baume, eft un mot
générique qui fignifie feulement toute gomme ré-
lineufe ; ainfi le baume de Jéricho, de Galaad, de
Chanaan, n’étoit qu’une efpèce de térébenthine
dont on le fervoit pour les bleffures & quelques
autres maux.
Jofephe prétend encore que les environs de Jéricho
reffembioient au paradis terreftre, tandis que
félon Suidas ils étoient pleins de ferpens & de vipères
; cependant Jericho eft très - fameufe dans
1 Ecriture-faintç ; Moyfe l’apèle la. ville des palmiers.
Notre Sauveur y fit quelques miracles , & ne dédaigna
pas d’y loger chez Zachée dont la foi mérita
de juftçs louanges ; c’eft à Jéricho qu’Hérode le
Grandi, ou l’Iduméen, avoit fait bâtir un fuperbe
palais dans lequel il finit fes jours l’an de Rome
750, après trente-fept ans d’un règne célèbre par
d’illuftres ck d’horribles allions. (Æ.)
JERiuiEN , ville d’Afie , dans la Tartarie, fur
les bords de la rivière d’Ilac ; elle eft affez grande,
C ’eft l’entrepôt du commerce entre les Indes & la
partie feptemrionale de l’A fie , de la Chine, de la
grande Tatarie 81 de la Sibérie.
JERSEY, île d’Europe, fituée dans la Manche
ou canal de Saint-Georges, à cinq lieues de dif-
tauce des côtes de Normandie, mais fonmife à la
couronne Britannique, & comptée dans le diftriél de
la province de Hamp. On lui donne douze milles
d’Angleterre dans fa plus grande longueur, & fix
dans fg plus grande largeur. Les Romains l’appe-
loient Cefarea: ils y ont laiffé les traces d’un camp
& diverfes médaillés. Ses côtes foin d’un accès fort
difficile; elle eft comme entourée de bancs de fable
& de rochers: il faut le fecours des pilotes du
pays pour y aborder ou pour en fortir fans péril,
Son fol très-peu fertile en grains, produit d’exçel-
iens pâturages, Si. nourrit entr’sutres des brebis
J E R 39
3ont la laine efl d’une extrême finefle. Ï1 y croît
peu de bois, peu de fruits & peu de legumes.
L ’on y brûle le vurcc ou fucus mûrirais de Pline ,
& l’on y fuppièe par le commerce a tout ce dont
on y peut d’ailleurs avoir befoin , & que le terroir
ne fournit pas. Il y a dans cette î le , en dépit de fa
ilérilité, près de vingt mille Habitans , repartis en
douze paroi'fîes. Les lieux principaux en font Saint-
Helier & Saint -Aubin. Chacun s’y livre aux travaux
ou de la pêche , ou de la navigation , ou des
manufaêlures. L’on y parle François, l’on y fuit
le droit Normand, & l’on y chérit la domination
Angloife. Un lord de la famille de Villiers porte le
titre de comte de Jerfey.
Saint Magloire, natif du pays de Galles, établit
pendant fa vie un couvent dans cette île, où il
mourut fort âgé en 575. Ses reliques furent transférées
au faubourg Saint- Jacques , dans un mo-
naflère de Bénédiétins , qui a été cédé aux PP. de
l’Oratoire ; & c’eft aujourd’hui le féminaire de
Saint-Magloire.
Waice (Robert) Poète , reçut le jour à Jerfey,
yers le milieu du x n e fiècle. I l eft l’auteur du roman
de Rou & des Normands, écrit en vers françois ; ce
livre fort rare, eft important pour ceux qui recherchent
la lignification de beaucoup d’anciens
termes de notre langue. Long. I5d. 15% 25 , lat.
49d. 14', 2o//.
JÉRUSALEM, ancienne & fameufe ville d’Afie,
capitale du petit royaume d’Ifraël, apres que David
l’eut conquis fur les Jébuféens. Depuis ce tems-
là Jérufalem éprouva bien des évènemens , & ion
hiûoire devint celle de la nation des Juifs ; voici
les pricipales époques des vicilfitudes de cette v ille,
cent fois prife, détruite & rebâtie.
David & Salomon l’embellirent ; Sefàc roi
d’E gypte, Hazaël, roi de Syrie, Amafias roi
d’Ifraël, enlevèrent confécutivement -les tréfors
du temple ; mais Nabuchodonofor ayant pris
cette v ille , pour la quatrième fois, la réduifit en
cendres, & emmena les Juifs captifs à Bahylone.
Après cette captivité, Jérufalem fut reconftruite
& repeuplée de nouveau. Antiochus le Grand,
ayant conquis la Célé-Syrie & lâ Judée, aftiégea
Si ruina Jérufalem. Eufuite Simon Machabée
vainquit Nicanor, rétablit la ville & les facrifi-
ces ; elle jouit d’une aflez grande paix jufqu’aux
démêlés d’Hircan & d’Àriftobule. Pompée s’étant
déclaré pour Hircan, s’empara de Jérufalem foi-
xante-trois ans avant Jéfus-Chrift, & démolit fes
murailles , dont Jules - Céfar permit le rétabliffe-
ment vingt ans après.
A peine la Judée fut réduite en province fous
l’obéiflance du gouverneur de Syrie, que les Juifs
fe révoltèrent, & payèrent au fil de l’épée la gar-
nifon romaine ; Alo rs , l’empereur Titus vint en
perfonne dans le pays , aftiégea Jérufalem , l’emporta
, la brûla , & la réduifit en foiitude , l’an 70
de l’ere chrétienne ; mais comme dit quelque part
M, de Voltaire,
J Ê R
Jérufalem conqüife, & fes murs abattus,
N ’ont point éternifé le grand nom de Titus ;
I l fut aimé, voilà fa grandeur véritable.
Adrien fit bâtir une nouvelle ville de Jérufalem *
près des ruines de l’ancienne, & la fit appeler
Ælia Capitolina ; cependant elle reprit fon ancien
nom fous Conftantin, & fon évêque obtint
le fécond rang des évêques de la Paleftine, l’an
614 de Jéfus-Chrift. La ville de Jérufalem fut brûlée
par les Perfes, Sc fon patriarche Zacharie fut
emmené prifonnier avec beaucoup d’autres.
Bientôt après, les Arabes fournirent l’Afie mineure
, la Perfe, & la Syrie. Omar fuccefîeur do
Mahomet, s’étant empare de la contrée de la Paleftine
, entra viélorieux dans Jérufalem, l’an 638 de
Jéfus-Chrift. Comme cette ville eft une ville fainte
pour les Mahométans, il l’enrichit d’une magnifique
mofquèe de marbre, couverte de plomb, ornée
dans-l’intérieur d’un nombre prodigieux de
lampes d’argent, parmi lefquelles il y en avoit
beaucoup d’or pur. Quand enfuite, dit M. de Voltaire
, les Turcs déjà Mahométans, s’mparèrent
du pays , vers l’an 105 5 , ils refpe&èrent la mof-
quée, & la ville refta toujours peuplée de huit
mille âmes : c’étoit tout ce que fon enceinte pou-
voit contenir, & ce que le terroir d’alentour pou-
voit nourrir. Elle n’avoit d’autres fonds de fub-
fiftance, que le pèlerinage des Chrétiens & des
Mufulmans ; les uns alloient vifiter la mofquée,
les autres le faim fépulchre. Tous payoient îm
léger tribut à l ’émir turc qui réfidoit dans la ville ,
& à quelques imans, qui vivent de la curiofité des
pèlerins.
Dans ces conjqnâures, on vit fe répandre en
Europe cette opinion religieufe ou fanatique, que
les lieux de la naiftànce & de la mort de Jéfus-Chrift
étant profanés par les infidèles , le feul moyen
d’effacer les péchés des chrétiens , étoit d’exterminer
ces miférables. L’Europe fe trouvoit furchar-
gée d’une jeuneffe hardie 8c bouillante qui ne ref-
piroit que la guerre, & q u i, livrée à tous les dérèglement
imaginables, cherchoit à les expier en
îuivant fa paffion dominante. Ces bandits , féduirs
par des prêtres fanatiques , crurent obtenir du ciel
le pardon de leurs crimes en y ajoutant d’autres
crimes; ils prirent la croix & les armes. Voyez
Croisades.
Les èglifes & les cloîtres achetèrent à vil prix
plufieurs terres des feigneurs , qui crurent n’avoir
befoin que de leur courage , & d’un peu d’argent
pour aller conquérir des royaumes en A fie; G odefroy
de Bouillon, duc de Brabant, vendit fa
terre de Bouillon'au chapitre de Liège, & Ste-
nay à l’évêque de Verdun. Les moindres feigneurs
châtelains partirent à leurs frais, les pauvres gentils
hommes fervirent d’écuyers aux autres. Cette
foule de croifésfe donna rendez-vous à Conftan-
tinople: moines, femmes, marchands, vivandiers,
ouvriers partirent aufti, comptant ne trouver fur la