
Si I S L
un grand nombre Je tortues de mer. M. l’abbé de
la Caille , qui s’y eft trouvé le 1 5 oélobre 1753,
profita de fon féjour dans cette île pour en déterminer
la latitude. Il l’a jugé e, au lieu du mouillage
ordinaire, de 7 d. 54' auftrales ; & ayant eu le
bonheur d’y obferver une émerfion du premier
fatellite de Jupiter, qui le fut aufli à Paris par MM.
Maraldi & de Lille, cette obfervation lui a fervi
à établir la longitude de ce lieu de 16 degrés 19' à
l’occident du méridien de Paris. Voyez les Mém. de
Vacad. des Sciences , année 1751. (/L)
Isle Blanche. Voyez Blanca & Branca.
Isle aux Boeufs , île de l’Amérique au golfe
du Mexique, dans la baie de Campêche, d’environ
fept lieues de long fur trois de large. Elle eft très-
fertile en plufieurs endroits, & abonde en excellons
fruits & en bétail. (Æ.)
Isle-Bouchard (1’ ) , petite ville de la baffe-
Touraine, à 7 lieues de T ou rs , au fud-oueft de
Chinon , fur la Vienne, ainfi nommée à caufe de
fa fituatlon dans une île, & de fon château bâti
au Xe fiècle par Bouchard , feigneur du lieu. Elle
a été unie au duché de Richelieu par lettres-patentes
de Louis X I I I , en 1631. On y tient quatre
foires , dont une auprès de la chapelle de Saint-
Nicaife, dite communément de Saint-Lazare.
Il s’y fait un débit confidérable de fruits fecs,
fur-tout de prunes, dont on fait des envois juf-
qu’à Paris. Il y a une commanderie de Malte de
la langue de France , & du grand prieuré d’Aquitaine
; il y a aufli trois prieurés, dont le troiflème
eft uni à la paroiffe de Saint-Gilles.
C ’eft là patrie du favant André Duchêne, à
qui notre hiftôire a tant d’obligation , mort en
2640, à cinquante-fîx ans. (R.)
Isle Dïs Chiens ; cette île , dans la mer du Sud ,
trouvée en 1616 par Jacques le Maire , n’eft autre
chofe que l’îfe des Tiburons , que Magellan avoit
découverte en' 15 20-. Les pilotes ont fouvent traité
d’îles nouvelles & impofé de nouveaux noms à
des îles qui avoient été découvertes long - tems
avant eux. Par exemple, l’rle Sainte-Apolline dans
la mer des Indes, eft la même que l’île de Bourbon.
(/?.)'
Isle de l’ÉlépHant , île de l’Indouftan, fur
la côte de Malabar. Voye^en l’article au mot Éléphant!
J'ajouterai feulement que la pagode de
cette île eft une des chofes les plus célèbres dans
les voyageurs Portugais : ils nous difent que'cette
pagode eft fur le penchant d’une haute montagne ,
où elle eft taillée daris le roc même. Selon leur
récit, elle a environ cent vingt pieds en quarré ÿ
& quatre-vingts de hauteur. Entr’aufres chofes on
y remarque feize piliers de pierre, éloignés de
feize pieds l’un de l’autre, qui ont chacun trois
pieds de diamètre ; ils femblent deftinés à foute-
nir cet édifice maflif, dont la voûte n’eft qu’un
grand rocher. Aux deux côtés de la pagode , fl y
a quarante ou cinquante figures d nommes qui
ont chacune douze ou quinze pieds de haut ; quel-
I S L ues-unes de ces figures gigantefques ont fix bras :
’autres ont trois têtes, & d’autres font monf.
trueufes à d’autres égards. On en voit qui preiï-
nent une jolie fille par le menton , fp d’autres qui
déchirent en pièces des petits enfans. Voilà l’objet
du culte des Indiens qui s’y rendent en foule ! La
fuperftition humaine fe reproduit fous toutes fortes
de formes ! (/?.)
Isle de Fer , la plus occidentale des Canaries,
par laquelle les géographes François placent le
premier méridien. Voyez Fer (île de).
J’ajoute ic i, avec M. de Mairan , qu’il feroit
fans doute plus fur & plus commode de prendre
pour point fixe un lieu plus connu , dont la pofi-
tion fût mieux conftatée, te l, par exemple, que
l’obfervatoire de Paris, & de compter enfuite la
longitude orientale & l’occidentale , en partant du
méridien de ce lieu jufqu’au cent quatre-vingtième
degré de part & d’autre ; c’eft ainfi que plufieurs
aftronomes & géographes le pratiquent aujourd’hui.
Mais outre que cet ufage n’eft pas encore
affez généralement établi, il feroit toujours important
de connoître la véritable pofition de l’île de
F e r , encore douteufe par rapport à Paris, pour
profiter de quantité d’obfervations & de déterminations
géographiques qui ont été faitesArelative-
ment à cette rie. Il réfulte des calculs de M. Maraldi
, que la partie de l île de F e r , par où l’on
fait palier le premier méridien , eft plus occidentale
que l’obfervatoire de Paris, de 19 degés
53' 9/7; M. le Monnier l’aftronome, diffère de
q' 2 i,/ avec M. Maraldi, dans la détermination de
la longitude de cette île , qu’il établit de 20 degrés
\ 30". Voyez les Mém. de l ’acad, des Sciences , ann.
1742. (if.)
Isle de Fernandez. Voyez Fernando. J’ajouterai
que cette île , quoique déferte , pourroit
être facilement cultivée, peuplée & fortifiée. Juan
Fernando, qui la découvrit en allant de Lima à
Baldivia , y mit quelques chèvres qui ont multiplié.
Tous fes environs abondent en veaux marins ; &
Fernando s’y feroit établi, fi l’Efpagne eût voulu
lui en accorder la patente.
Le célèbre Georges Anfon , lors de la dernière
guerre des Anglois & des Efpagnols, y ayant été
jeté en 1741 par une tempête affreufe, trouva ,
dans cette île abandonnée, le climat le plus doux
& le terrein le plus fertile ; il fema des légumes
& des fruits, dont il avoit apporté les femences &
les noyaux, & qui bientôt couvrirent L’île entière.
Des Efpagnols qui y relâchèrent quelques années
après, ayant été fait prifonnrers à Londres ÿ
jugèrent, comme le dit M. de Voltaire , qu’il n’y
avoit qu’Anfon qui eût pu réparer, par cette attention
générale, le mal que fait la guerre, & ils
le remercièrent comme leur bienfaiteur! Gn doit
encore au lord Anfon la meilleure defcription &
la meilleure carte , tant de cette île que de la mer
du Sud en général, & les navigateurs qui vont dans
cette mer > ne fauroient s’èn pafler. (/?.)
I S L ÎSLE DE Franck. ( L’article fuivantefl tire îune
lettre écrite fur les lieux, en 1755, à M. Dodart ,
intendant de Bourges, par M. G a u d i n , qui va
parler ici. ) i
Cette île , autrement dite Vile de Majcarenhas ,
eft fituée fur la côte d’Afrique, à 300 lieues environ
de Madagafcar , & à 40 de l’île. de Bourbon,
par les 20 d. 9', 42." de lac. méridionale, & les
<< d. 24' de long, à l’égard du méridien de Pans.
Son plus grand diamètre eft de 31,891 toifes, & fa
plus grande largeur de 22,824 toifes; de forte
quelle peut avoir 45 lieues de circuit, confprme-
ment au calcul que j’en ai fait. Elle eft ornée de
deux beaux ports, dont l’un, qui eft celui ou le
gouverneur fait fa réfidence, eft fitué dans le nord-
oueft ; & l’autre , qui eft le plus grand & le moins
pratiqué à caufe de la difficulté qu il y a pour en
fortir, dans le fud-eft. Les-Portugais ont été les
premiers qui aient découvert cette île, & nous n’avons
aucune preuve certaine qu’ils aient eu def-
l fein d’y former tin établiffement. Les Hollandois ,
depuis cette découverte, l ’ont habitée , à n’en pourvoir
douter , pendant plufieurs années ; on en juge
par des édifices & des infcriptions en leur langue ,
, que l’on voit encore aujourd’hui; on y a même
trouvé des habitations formées, fur une defquelles
| vivoit un feul Hollandois avec quelques efclaves,
■ qui apparemment avoient été oubliés lorfque les
Hollandois abandonnèrent ce pays.
Lorfque les François prirent poffeifion de cette
île , elle ne compofoit qu’une forêt immenfe , dans
laquelle font diftribuées plufieurs chaînes de mpn-
; tagnes , aufli efcarpées qu’éminentes ; la plus éle-
> vée de -toutes .a, fiiivant mes opérations, 2544
| pieds de hauteur , & la plus baffe n’en a pas moins
de 658, le tout pris à 1 horizon de la mer. Ces
montagnes produifent, dans leurs collines, des
frivières qui arrofent paffablemem bien le pays,
. &. vont fe dépofer de toutes parts dans la mer. Le
l terrein de cette île eft finueux, très-inégal, & pref-
i qu’entiérement recouvert d’une efpèce de pierres
f qui reffemblent affez au grès gris de France ; elles
■ font cependant un peu plus poreufes & moins
[ dures.- On y trouve aufli beaucoup de mines de
lie r , dont la réclufe excède de deux tiers celle
d’Europe , & a donné lieu à un établiffement de
r forges dans ce pays, qui promet un grand fuccès;
l’air qu’on refpire fous ce climat, quoique très-
çhaud , eft fort fain. Les jours d’été y font courts
par rapport à la proximité de l’équateur , pluvieux
, orageux & très-chauds; mais en récoin-
: .penfe les neuf autres mois de l’année font très-
beaux. -Les vents viennent ici prefque toujours
;. de la même partie ; c’eft le vent de fud-eft qui y
» régne le plus, & quelquefois le ventd’oueft; mais
il ne tient pas long-tems , & ce n’eft que dans la
f faifon des pluies.
Quamfon voulut établir cette. île , 011 donna 111-
: diftinâement, à chacun de ceux qui voulurent s’établir,
un efpace de terrein proportionné à leur
1 s L
état & condition, pour le défricher & le mettre
;en valeur; ce .font ces défrichés qu’on appelle,
habitations. On ne les cultive pas de la même manière
que les terres d’Europe, c’eft-à-dire que la
grande quantité de pierres qui régnent fur la fu-
perficie , ne permet pas qu’on y mène la charrue ;
mais chaque habitant achète , fuivant fes facultés ,
un nombre de noirs, efclaves, qu’il occupe à piocher
fon terrein ; & quand il eft en état, il fait les
femences , qui confiftent en bled de froment, en
r i z e n bled de turquie , & en différentes efoèces
de iégumes. Il n’y a prefque point de tems limité
pour faire lès récoltes. Dans certains quartiers,
on ramaflè le froment, tandis que dans un autre
on en eft. éloigné de plus d’un mois. 'Ces récoltes
font fouvent ravagées par les ouragans , les faute- .
relies, & les rats dont l’île fourmille ; c’eft ce qui
a obligé les Hollandois de l’abandonner ; & depuis
ce tems, ils l’appellent Vile aux rats. On y recueille
aufli du coton ; on y fabrique de l’indigo &.
du fucre, mais on n’a pas le talent de le bien raffiner;
fur les habitations, on trouve très-peu de
fruits.^Ce font des ananas, des oranges amères ,
des citrons, des pommes d’acajoux, des énangles,
des bananes, des gouïaves, & de très-mauvaifes
pêches , dont i’efpèce provient du Çap de Bonne-
Efpérance: nous n’avons point ici de fruits ^’Europe
; on a voulu’ y élever des pommiers, mais
on n’a pu y réuflir. On élève aufli fur ces habitations
toutes fortes de beftiaux , & de volailles ;
& on y voit beaucoup de lièvres, de la poule
pintade, & de la perdrix. On voit de même dans
les forêts , du cerf, du fanglier, des chèvres fau-
vages, des troupeaux de finges, des perroquets
de plufieurs efpèces , des pigeons ramiers , des
tourterelles, & des chauves-fouris d’une efpèce
tout-à-fait fingulière : elles font de la groffeur d’un,
fort corbeau; leur tête reffëmble., en petit, à celle
du renard , & leur poil à celui du bléreau ; leurs
ailes font réunies avec leurs pattes , ainfi que les
petites chauves - fouris de France, mais îe tiffu
en. eft beaucoup plus fort & plus brun : pour
l ’ordinaire elles ne font qu’un petit qu’elles, alai-
tent, & le portent attaché à leurs mammelles Sc
fous leur ventre, lorfqu’elles volent d’un endroit à
un autre pour aller chercher à manger. Quand ces
animaux font gras , on les mange avec autant de
délice qu’ils font hideux, c’eft-à-dire qu’on les
préfère au meilleur gibier de l’île. Il y a de ces
chauves-fouris qiii font fi graffes , que quatre fufti-
fent pour remplir une bouteille de pinte de leur
graiffe.; on fe fert de cette graiffe préférablement
au beurre & au fain-doux, pour préparer lçs mets :
elle eft très-bonne & très4aine.
Ées rivières de ç,e pays font peu poiffonneufes ;
pn y trouve feulement de l’anguille , un peu de
carpe , & une efpè.çe de petite écreviffe , qu’on
nomme çhevrettte ; mais en récompenfe la mer
fupplée à ce défaut, en nous procurant de très-
bonne tortiie, du latnentin , des coquillages , du