
l ’Italie, il donna Plaifance & Parme au faint-fiege,
qui en fut long-tems en poffeflion. Au refte cette
donation eft conteftée. Le duché de Parme flotta
long-tems entre les Guelfes & les Gibelins. La maifon
d’E f t ,le s Scaligor, les Palavicini, les San-
Vitali s’en difputèrent la fouveraineté qui pafla en-
iuite aux ducs de Milan.
Dans le tems de la grande confédération que le
pape Jules II fit faire contre la France en 15 12 ,
il fe fit céder Parme & Plaifance par l’empereur
Maximilien I * qui les lui abandonna faufles droits
de l’empire. Enfin, le pape Paul III donna le duché
de Parme à Louis Farnèfe , fon fils , le même
qui fut aflaffinéà Plaifance en 1347, 8c l’empereur
Charles-Quint ayant marié fa fille naturelle
avec Oéiavio Farnèfe , fils du précédent, lui confirma
la pofleflion de ce duché.
La maifon Farnèfe en a joui tant qu’elle a fub-
fifté. La reine d’Efpagne, Elifabeth Farnèfe, qui
époufa Philippe V en 1714 , fut mere de dom
Carlos & de dom Philippe, dont le premier fut
mis en pofleflion des duchés de Parme & de Plaifance
en 1 7 3 1 , malgré les proteftations du pape
qui foutenoit que c’étoit un fief mouvant du faint-
fiège, & qui devoit lui retourner à l ’époque de la
mort du dernier duc Antoine Farnèfe, qui venoit
de décéder.
En 17^6, dom Carlos ayant fait la conquête de
Naples, Parme fût cédé à l’empereur. A la mort de
Charles V I , qui n’avoit point d’enfans mâles, le
roi d’Efpagne réclamoit le Milanèz & les' autres
états autrichiens en Italie. La guerre dura fept ans,
& finit par le traité d’Aix-la-Chapelle en 1748.
La maifon d’Autriche céda les duchés de Parme, de
Plaifance & de Guaftalla , à l’infant dom Philippe ,
fécond fils du roi d’Efpagne & d’Elifabeth Farnèfe
; fon fils, l’infant dom Ferdinand , lui a fuc-
cédé dans la fouveraineté de ces duchés, & les
poffede aujourd’hui.
Les deux duchés de Parme & de Plaifance n’ont
étéféparés que dans l’intervalle de 1743 à 1748.
Le pays eft abondant en bleds, en olives , en
pâturages & beftiaux, en châtaignes & pommes de
terre. Le fromage de parmefan ne fe fait plus dans
le pays dont il porte le nom, mais à Lodi, & en
quelques autres endroits de la Lombardie. II s’y
trouve des falines, des eaux minérales, de l’huile
de petrol, des mines de cuivre & de fer. Ce petit
état a 18 lieues de long, fur 14 de large du nord
au fud.Le P ô , la Lenza, la Parme, le Taro, la
Nura, la Trebbia font les rivières qui l’arrofent.
En 1769, le tribunal de l’inquifition y fût fagement
aboli. Le fel n’y coûte q»e 4 fols 5 deniers poids 8c
monnoie de France ; nulle part il ne devroit excéder
ce prix ; c’eft un objet de première néceflîté. La
livre de Parme n’eft que les deux tiers de celle de
Paris ; le louis d’or de France y pafle pour 95 liv.
Parme capitale de tout l’état, compte environ
30,000 habitant. Elle a une citadelle, un évéché
fiiftkgant de Bologne & une univerfité, Elle eft J
fur la rlviere de Parme, à 12 lieues fud-eft de Crémone
, 14 fud-oueft de Mantoue , 29 nord-oueft
de Modene, 25 fud-eft de Milan, & 20 de Bologne.
Longitude, fuivant Defplaces 8t de la Hire,
28, 19 ; latitude 44 d . , 4 4 ', ^o1'.
Cette ville eft très-ancienne. Elle eft fituée dans
une plaine, fur l’ancien chemin romain nommé
voye Flaminienne , elle fut faite colonie romaine ,
en même-tems que Modene, l’an 379 de Rome,
& la 184 avant J. C. fous le confulat de M. Clau-
dius Marcellus, & de Quintus Fabius Labeo. Cette
ville fouflrit beaucoup durant le triumvirat, par
les infâmes cruautés des gens du parti d’Antoine.
Cicéron parle d’eux avec horreur,après avoir peint
les Parmefans comme les plus honnêtes gens du
monde. Augufte étant monté fur le trône , envoya
de nouveaux colons à Parme , qui en prit par
reconnoiffance, le furnom de Julio. Augufia Cote
nia,
C ’eft à Parme qu’on s’arrête fpéciaîement pour
voir les chefs-d’oeuvre du Correge, né à Corregio*
près de Modene, en 1494, mort en 1574; ceux
du Parraéfan, François Mazzuoli, né -à Parme en
1304, mort à trènte-fix ans : Bofchi l’appelle le fils
des Grâces ; & ceux de Lanfranc, né à Parme,
mort à Rome en 1647 ■> à Page de foixânte-fix ans.
Le théâtre de Parme, de l’archireéhire de Vi-
gnole, eft dû aux Farnèfes : il n’y en a pas de
femblable dans toute l’Italie ; il peut contenir douze
mille fpeâateurs. Le théâtre feul a 20 toifes 4 pieds
de profondeur. Au pourtour de la falle, font douze
rangs de gradins,difpofés en amphithéâtre. L’efpace
vuide qui eft dans le milieu de la falle, a 20 toifes
de long fur 9 de large. Malgré l’immenfité de ce
théâtre, il a la propriété finguliere d’être très-fàvo-
rable à la voix. Ce n’eft point fur ce grand théâtre
que l’on joue habituellement. Il eft fi vafte que l’illumination
en feroit trop difpendieufe, d’ailleurs ,
à moins d’un concours extraordinaire, il paroîtrôit
défert. L’univerfitè fut établie en 1412, & renou-
vellée par le prince Ranuzio I , de la maifon Farnèfe.
Le palais du fouverain n’eft qu’un aflemblage de
grandes mafles de bâtimens, fans régularité, fans
ornemens, fans enfemble. L’intérieur eft peu décoré.
On n’y voit plus cette fameufe galerie qui
avoit été formée par les Farnèfes. Cette colleélion
fi renommée a été transférée à Naples par dom
Carlos. Au refie on y a confervé un chef-d’oeuvre
du Correge , la Vierge de Saint-Jérôme. C’eft un des
plus vantés de l’Italie. Rien de plus vrai, de plus
vigoureux que la couleur des têtes de la Vierge,
de l’Enfant - Jéfus 8c de la Madelaine. Celle de
la Vierge , fur-tout, eft de toute beauté.
Le dôme, ou la cathédrale de Parme, eft fur-
tout remarquable par fa coupole peinte à frefque
par le Correge , ocquon regarde comme fon plus
fameux ouvrage. Il y régne une chaleur d’imagination,
une hardiefle dans les racçpurcrs, qui ont
fait depuis l’étonnement & l’admiration des plus
grands maîtres. Aujourd’hui ce bel ouvragé eft un
peu dégradé. A l’églife du Saint-Sépulcre fe voit
la madona délia feodella , tableau fameux , aufii
du Correge. | g
Le collège des nobles eft un tres-bel étabhfle-
ment de Raynuce Farnèfe , fait en 1600, pour
la jeune noblefle qui y eft formée avec foin. On y
voit un< obfervatoire & un cabinet de phyfique. La
citadelle loge une partie des troupes de l’état, qui
montent environ à 2000 hommes.
Palatfo giatdino eft une ancienne maifon de plaifance
des ducs, qui tient à la v ille , & qui a de
grands & beaux jardins. C ’eft près delà que les
François réunis au roi de Sardaigne, gagnèrent la
bataille de Parme, le 29 Juin 1734» for les impériaux
, commandés par le générai Merci, qui y fut
tué. |
Vie (Enée), antiquaire du x vi* fiecle, étoit natif
de Parme. Nous avons de lui les médailles des
empereurs 8c des impératrices, depuis Nerva 8c
Plautine, jufqu’à Lucius Verus 8c Salonine; elles
font gravées avec propreté, mais par malheur il y
en a plufieurs de faufles.
Les citoyens de Parme prétendent que Macrobe
(Aurelius Macrobius) , qui vivoit fur la fin du IVe
fiecle, étoit de leur ville ; mais U avoue lui-même
qu’il n’étoit pas né dans un pays où l’on parlât latin.
Ses faturnales font un agréable mélange de critique
& d’antiquité, mais le ftile' eft d’un fiecle où la
pureté de la langue latine étoit perdue. On a encore
de lui des commentaires fur le traité de Cicéron,
intitulé le Jonge de Scipion, qu’il a traduit en grec ,
& que Pontanus & Meurfius ont enrichi de leurs
notes. #
Cafllus, qui confpira contre Céfar, étoit aufli
de Parme. Horace' appelle Caflîus tofean, etrufei-
CaJJi, pa'rce que la ville de Parme étoit anciennement
de la Tofeanne, comme l’ont remarqué Clu-
v ie r , Lambin.
PARNASSE, célèbre montagne de G rè ce , dans
la Livadie, & en particulier dans la Phocide. Elle :
étoit confacrée aux Mufes ,à Apollon 8c à Bacchus.
Les Grecs modernes la nomment Licaoura.
C ’eft vers le lieu où étoit la ville de Delphes ,
aujourd’hui Caftri, que l’on peut juftifier le nom
de biceps, ou à deux Commets, qu’on a donné à cette
montagne. D e l’entre-deux de ces fommets fort la
fontaine Caftalienne , dont l’eau faifoit devenir
poètes ceux qui en buvoient.
M. Spon rapporte que cette fontaine coule dans
le roc où elle fait de belles cafcades. Au fond de
l ’entre-deux du rocher , ajoute-t-il, nous apperçu-
mes trente pieds au deflùs de notre tête une grande
ouverture ; c’étoit-là l’antre des nymphes que les
poètes appelloient antrum Corycium ; l’eau de la
fontaine eft excellente, le foleil pouvant à peine y
donner un quart d’heure en tout le jour, à caufe de
la hauteur de la roche, qui eft derrière & aux deux
«ôtés. Au-defious de la fource de cette fontaine, il
y a un bain quarré, à trois ou quatre degrés taillés
dans le roc.
Ce voyageur fut curieux de vifiter la cîme des
deux croupes du Parnafle, où il ne trouva que des
rochers aufli anciens que le monde, fans aucun autre
bâtiment, qu’une dixaine de huttes de bergers ;
enfuite poursuivant fon chemin fur le Parnafle en
tirant vers le nord,il avança cinq ou fix milles dans
des fonds de vallons 6c de bocages de pins, propres
à la folitude que demande la poéfie. Du refle
c’eft un terroir fec 6c ftérile.
Après ces vallons, notre voyageur entra dans
une plaine de fept ou huit milles de tour, où il vit
quelques terres labourées ; enforte qu’il avoit peine
à croire qu’il fût fur une haute montagne. Il s’arrêta
quelque tems auprès d’une belle fource , qui
poufle deux ou trois bouillons de la groffeur de la
tête, 6c fait en fortant un ruifteaif de fept à huit
pieds de large , qui roule deux ou trois cens pas
parmi les cailloux , 6c fe va jetter dans un marais
au milieu de la plaine.
Cette plaine s’étend jufqu’au pied du Licaoura
proprement d it, qui eft ordinairement couvert de
neiges toute Tannée ; il y a de cet endroit encore
pour deux heures à monter jufqu’au fommet ; de
forte que le Parnafle eft une des plus hautes montagnes
de la Grèce. On le découvre de la forte-
refle de Corinthe , qui en eft éloignée de plus de
foixante milles. S’il étoit détaché des montagnes
voifines comme le mont Athos, il paroîtroit de
plus loin. Il a de tour une grande journée de che^
min, 8c n’eft habité que vers le bas.
PARNAU. Voye^ Pernau.
PAROPAMISE , voyei Candàhar;
PAROS ( île de ), île de l’Archipel, Tune dés Cy-
clades , de quatre lieues de long fur trois de large,
1 fameufe par fes beaux marbres. Elle eft fituée entre
l’île de Naxie à l’orient, & celle d’Antiparos à l ’occident.
Pline, liv. 4 , chap. 12 , a bien remarqué la
grandeur de Tîle de Paros, en affurant que fon diamètre
n’eft que la moitié de celui de Naxos, à laquelle
il donne 75 milles de tour ; fur ce pied-là ,
Paros n’en doit avoir que treflte-fix ou trente-fept,
mefure ordinaire du pays.
On y compte environ quinze cent familles ,
taxées ordinairement à 4500 écus de capitation,
cette île eft bien cultivée : on y nourrit beaucoup
de troupeaux ; le commerce y confifte en froment,
orge , v in , légumes , féfame, 6c toile de coton.
Les François, les Anglois, les Hollandois y tien»,
nent un conful. Avant la guerre de Candie on y
recueilloit beaucoup d’huile ; mais l’armée vénitienne
brûla tous les oliviers de Paros, en neuf ou
dix ans qu’elle y féjourna.
Cette île eft pleine de perdrix 6c de pigeons fau-
vages. La viande de boucherie y eft bonne, 6c les
cochons n’y manquent pas : on y mange de même
que dans les autres îles d’excellens petits moutons
nourris dans les maifons avec du pain 6c des fruits.