
Le grand - maître, Alof de Vignacourt, fit faire,
en 1616 , un magnifique aqueduc pour conduire
de l’eau dans cette nouvelle cite. Il fortifia plu-
fieurs endroits de file ; & le grand-maître, Nicolas
Cotoner, fit de nouveaux ouvrages qui font tres-
intportans à la fureté de la place.
Depuis ce tems-là , cette petite île brave toute
la puiffance ottomane ; mais l’ordre n’a jamais été
allez riche pour tenter des conquêtes , ni pour
équiper des flottes nombreufes. Ce monaftère d il-
luftres guerriers ne fubfifte guère que des redevances
des bénéfices qu’il poffède dans les états
catholiques ; & il a fait bien moins de mal aux
Turcs, que les corfaires d’Alger & de Tripoli n’en
ont fait aux Chrétiens.
L’île de Malthe tire fes provifions de la Sicile.
La terre y efl cultivée autant que la qualité du
terroir peut le permettre. On y recueille du miel,
du coton , du millet, des figues, des oranges
qui y font délicieufes, &nn peu de bled. Elle ne
fournit point affez de vin pour fa confommatien,
& le bois y manque ; mais le gibier y eft excellent
, & la mer eft fort poiffonneufe fur les côtes.
On y fait du f e l , & l’on y pêche du corail. On
comptoir dans cette île & dans celle de Goze, en
1662, environ 5:0 mille habitans.
Les chevaliers de Malthe eurent leur origine
dans la Terre-Sainteyoif ils ne prirent d’abord que
le titre modefte de Frira kofpitaliers de S. Jean ,
titre analogue au but de leur inftitution & relatif au
vocable de leuréglife, dédiée à S. Jean. Ils furent
cnfuite connus fous le- nom de chevaliers de Saint
Jean de Jérufalem , & de chevaliers de Rhodes. Le
erand-maître de l’ordre fait hommage dek«fouve-
raineté de l’île , au roi' de Naples,comme roi de
Sicile, par une députation annuelle qui lui remet,
de la part de l’ordre, un faùoon., en figne de
tribut. .... . . ~ * ""‘‘l
Les chevaliers de Malthe font divifés en trois
clafies , les chevaliers, Les chapelains, les fervans
d’armes ; & l'ordre eft partagé en huit langues ou
nations. Il obferve la règle de S. Auguftin y & doit
être confidéré comme un ordre religieux..Le-grand-
maître fouit des droits de Souveraineté fur l rle ;
mais en ce qui concerne Ford-re, il doit fe conformer
au confeil & chapitre de Tordre. Il faut faire
preuve de nobleffe de père & de mère,, pour être
reçu chevalier. ’
L’île de Malthe a pour capitale une ville de
même nom, qui eft divifée en trois parties. ; fa-
voir, la Cité Valette , qui porte le nom du grand-
maître qui la fit bâtir en 15 66. Elle renferme le
palais du grand - maître , Farfénal, Finfirmerie y
l ’églife du prieuré de Saint-Jean , & les hôtels-ou
auberges des chevaliers des différentes langues. Le
Bourg, qui eft la plus ancienne de ces trois parties,
fe nomme ordinairement la Cité viElorieufe,,
fur-tout parce qu’en 1565 id foutint un liège de
quatre mois contre toutes les forces de Soliman I I ,
empereur des Turcs. On y trouve le palais de.
l’inquifitlon , un arfénal, & le bagne ou logefnent
des efclaves ; les Grecs y ont auffi une églife, la
plus ancienne de celles qui font dans le bourg :
File de Saint-Michel, ou File de la Sangle, ainft |
appelée parce qu’un grand maître de ce nom Fa
fait fortifier, eft vers le midi ; fes rues font pref-
que dans un alignement auffi régulier que celles-
de la Cité-Valette. Les fortifications de la ville de
Malthe font des plus régulières ; & ce qui les rend
inexpugnables, eft qu’il n’y a pas de terre à cinq1
cents pas à la ronde. Elle a deux ports : elle eft
défendue par plufieurs forts, dont le plus confi-
dérable eft le château Saint-Elme, & fa population,,
pour la totalité des trois villes , eft d’environ dix
mille habitans. 11 ne faut pas la confondre avec
la vieille Malthe , ou la Cité vieille, qui êft dans
l’intérieur de File dont elle fut autrefois la capitale
, & la réfidence de l’évêque. La vieille Malthe
fe nomme auffi La Cite notable. Quant à la capitale-
moderne , , elle eft fituée fur la cote de l’île qui
regarde la Sicile. Sa diftançe d’Alexandrie eft efti-
mée à 283 lieues de 20 au degré, en cinglant à*
Teft-fud-eft. La diftance de Malthe à Tripoli de
Barbarie, peut être de 53 lieues en tirant au fud‘ ,
un quart à Foueft. Elle eft à <? milles de la Cité
vieille.
Dapper a fitué Malthe à" 49 d. de longitude, & à
35 d. icl de latii. Cette fituation n’eft ni vraie ni
conforme à celle qui a été exa&ement déterminée-
par les- ©bfervations du P. Feutllée, fiiivant lef-
quelles la longitude de cette île eft de 33 d. 40*
o " , & fa latit.de 35 d. 54'33^. C ’eft maintenant
une ville confulérable y que les Catholiques ont
pour ainft dire en commun , & qu’on peut regarder
comme le trifte centre d’une guerre perpétuelle
contre les ennemis du nom chrétien. Oii
Fa fi bien fortifiée, qu’ellepaffe pour imprenable;
fon hôpital eft auffi beau que néceffaire à Fordre
de Malthe. (/?.)
M A L TH O N , petite ville à marché d’Angleterre,
en Yorck-Shire : elle envoie fes députés au
parlement. (JL)
MALUA: M. Baudrand écrit Malvay y royaume
d’A f ie , dans Flndouftan , où il fait partie des états
du Mogol. Ce royaume eft divifé en onze farçars.
ou provinces, & en 250 petits parganas ou gon-
vernemens, qui rendent 99 lacks-, & 6250 rou-
i pies- de revenu au fouverain.. Le pays eft fertile
en grains, & commerce en toiles blanches & eu
toiles de couleurs. Ratibor en eft la capitale. Le
’ père Gatrou la. nomme Malua,. de même que le
royaume. Il en établit la long* à 103 , 5© ; & la
: la:., à 26. (Je.)
MALVAZ1A , on Malvesia. , & par les' François
, Malvoisie , petite tille de la Grèce , fur
la côte orientale de la Morée. Elle n’eft éloignée
de la terre ferme que d’une portée de piftolet. On*
paffoit de l’une à l’autre., dans le dernier fîècle T
fiir un pont de pierre.
. L e - t e r r i t o i r e d e c e t t e î l e n ’a e n t o u t q u e t r o i s
reîlles de circuit. II ne peut donc contenir que la
plus petite partie de ces vignes célébrés, qui rapportent
les vins clairets que nous nommons w :
de Malvoipe. Mais ces plans fameux regnent^St
s’étendent à quelques lieues de là , fur la cote
oppofée depuis la bourgade Agios Paulos, julqua
Porto delle Botte. H j , . . .
On accouroit autrefois de tous les endroits de
la Grèce dans cette petite île,:pour y adorer le
dieu Efculape. Ce culte, qui la rendott fi fameufe ,
y avoit été apporté par ceux d Eptdaure. Ils parafent
du territoire d’Argos , pour venir fonder une
colonie' en ce lieu, & ils lut donnèrent le nom
de leur ancienne habitation. ' _ .
Les Latins s’étant empares de Conflanttnople,
accordèrent Rie de Malvoiiie ou l’Epidaure , à un
feigneur françois ,* nommé Guillaume. Peu de tems
apres, Michel Paléologue s’en empara ; les Vénitiens
la ravirent à Paléologue Soliman la reprit
fur les Vénitiens en 1540 , mais ils s en rendirent
de nouveau maîtres en 1690, & en 1715 -elle re-
rnffà fous la puiffance des Turcs. La capitale de
cette île eft une ville de même nom, connue aufli
fous le nom de Napoli di MalvefiaMmernbafia. ,
& chez les Turcs , Menewifche. C ’eflTtne place tres-
forte telle eft fur la mer au pied d un rocher eî-
carpé, au fommet duquel eft une fortereffe. 11 ne
faut pas confondre cette ville avec Epidaurus Limera,
qu’on appelle aujourd’hui Malvafia la vieille,
& dont les ruines fubftftent à une lieue de-la. Parmi
les ruines de cette ancienne ville , on voit encore
les débris du temple d’Efculape, ou I on yenoit
autrefois de toute'la terre pour obtenir la guerilon
des maladies les plus défefpérées.
Le port de la nouvelle Malvafia n eft pas fa bon
que celui de l’ancienne , & ne mérite pas, comme
elle le furnotn de Limera-, néanmoins cette ville
eft affez peuplée : les Grecs y ont un archevêque.
Le favant Arfenius, ami particulier du pape
Paul I I I , & qui fit fa foumiflion à l’églife romaine,
naquit en cette ville. Malvafia eft à 20 lieues f. e.
de Mifitra, & 30 f, o. d’Athènes. Lang. 4 1 , lis;
lat. 36, 50. (JL)
' MALVOISIE. Voyc( Ma lv a s ia .
M ALZIEÜ, petite ville de France, dans le Ge-
vafadan, au djocèfe de Mende , fur laTm y e ,au x
confins de l'Auvergne, à 6 lieues de Saint-Flour
(R.) -
MAMADEJ3AD , ou Mamed-Abad r petite
ville d’Àfie , dans l’Indouftan, à 5 lieues deNariad.
Ses habitans font Banians, 8c font un grand trafic
en fil & coton. (J?.)
MAMERS , Mamercicè, ancienne petite yille de
France , dans le Maine, fur la Diye. Long. ;8 , i *
}at. 48,20., (JO
M AM MINIEZ A , bourg de Grèce , dans la
Morée , fur la côte occidentale , à 10 pu 12 milles
de Patras , à 3 millps de la mer. M. Spon croit
que ce lieu étoît la ville d'Olèhus. (R.)
M A J O R E ç la ) : c’éioit pne ville d’Aftique,
au Toyanme de Maroc, à 4 lieues e.^de Salé,; on
n-’èn connoît plus que les ruines. L’an 15 15 > *es
Portugais y perdirent plus de cent bâtimens dans
une bataille navale contre les Maures, qui font
préfentement les maîtres de cette côte. (R.)
MAN (île d e ) , île du royaume d’Angleterre ,
dans la mer d'Irlande, avec un évêché qui eft à
la nomination du comte de Derby , & non pas à
la nomination du ro i, comme les autres evêques
du royaume. Auffi n’a-t-il point feancc au parlement
dans la chambre haute : il eft' préfenté à
l’archevêque d’Y o r c k , qui le facre. Les rochers
qui entourent cette île, en rendent les approches
difficiles. Elle a un gouverneur particulier.
L’île de Man a environ 30 milles en longueur
13 dans fa plus grande largeur, & 8 dans la moindre.
Elle contient cinq gros bourgs; Douglas &
Rushin en font les lieux principaux ; le terroir y
eft fertile en avoine, bétail, & gibier ; le poifton
y abonde. Voye£ fiir cette lie la defcription cu-
rieufe qu’en a fqiteM, King. Kings defcription o f
the ijle o f Man J Sa long, eft 12 d. 36' 55"; lat.
5 4 ,3 5 . . . .
L’île de Man eft nommée par les anciens Mo•
neitha, Monabia , Menavia & Menapia. Elle eft a
10 lieues de Cumberland. L’île Mona de Tacite,
n’eft point l’île de Man, c’eft File d’A n g le fe y ,
plus méridionale & fituée au couchant du pays de
G alles, & les Gallois la nomme encore Mile de
Man.fjl.')
MANÂCHIE,, ville de la Turquie afiatique,'
dans la Natolie, fituée au pied du mont Sipyle,
près du Sarabat, qui eft YHermus des anciens,
Voye{ Magnésie.^\R .)
MANAMBOULE, grand pays cultivé dans l’îlç
de Madagafcar. Flacourt. dit qu’il eft montueux ,
fertile en r iz , fuçre, ignames, légumes , & pâturages,
(/?.)
MANÀR , île des Indes, fur la côte occidentale
de Ceyia», dont elle eft une dépendance,
n’en étant féparée que'par un canal affez étroit.
Elle eft fort peuplée, Les Portugais s’emparèrent
de cette île en 1560., mais les Hollandois la leur
enlevèrent en 1658. fon g. 98 ,2 0 ; lat. 9. (-&.)
ManAR ( détroit de ) , détroit d’environ 15
lieuçs, dans la mer des Indes, qui fépare l île
de Ceylan de la prefqu’île en - deçà du Gange,
{R.)M
ANASSATE. Voye^ Anazeta.
MANBONE , ville d’Afrique, capitale du
royaume de Sabie, fur la mer, dans la Çafrerie.
(R.) m
, MANÇANARÈS (le ) , je l’appellerai pour pn
moment petite rivière d'Efpagne , dans 1 Algaria.
Elle a fa fource dans la Sierra Gadarama , auprès
de la petite ville de Mançanarès, paffe au f. o.
de Madrid , & va fe jeter dans le Xarama, autre
rivière qui verfe dans le Tage au-deffous d’AI
r^njuez. ' » , .
Lç Mançanarès, à proprement parler, n eft ni
JS n Ij