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virts. Il s’y eft tenu plufieurs conciles : l’évèque
eft préfident né des états du Mâconnoi$. Les nies
de cette ville font étroites & mal-percées ; fort n’y
compte qu’environ 8000 âmes ; elle fe fentit cruellement
des defordres que lès guerres facrées Gaulèrent
en France dans le x v i c fiècle, fiècle abominable
» auprès duquel la génération préfente, toute
éloignée de la vertu qu’elle eft, peut palier pour
un liècle d’or, au moins par fôri elprit de tolérance
en matière de religion ! Il n’eft pas polîible d’abolir
la mémoire des jours d’aveuglement, de fang &
de rage, qui nous ont précédés. Quelque fâcheux
qu’en foit le récit pour l ’honneur du nom françois
& du nom chrétien , les feules fauteries de Mâcon ,
exécutées par Saint-Point, font mieux immortali-
fêes que celles que Tibere mit en ufage dans l’ile
de Caprée , quoiqu’un célèbre hiftorien, traduit
dans toutes les langues, & cent fois imprimé, les
ait inférées dans la vie de cet empereur odieux.
Guichenon & Sénêcé ont vu le jour à Mâcon.
Guichenon ( Samuel ) s’eft fait honneur par fon
hiftoire de Brelîè & du Bugey , en 3 vol, in-fol.
à laquelle il faut joindre fon recueil des aéïes & des
titres de cette province. Il fut comblé de biens par
le duc de Savoie, pour fécompenfe de fon hiftoire
généalogique de la maifon de ce prince, én
a vol. in-fol. Il mourut en 1604, à 573ns.
Sénécé ( Antoine Bauderon ) , né à Mâcon en
1643, mort en 17 3 7, poète d’une imagination Singulière
, a mis des beautés neuves dans fes travaux
d'Apollon. Ses mémoires fur le cardinal de Retz
amufent fans intéreffen Son conte de Kaïmac, au
jugement de M. de Voltaire, eft, à quelques endroits
près , un-ouvrage à diftinguer. Quoi qu’il en
fo it, Sénécé conferva jufqu’à la fin de fes jours
une gaieté pure, qu’il appelloit avec raifon le
heaume de la vie.
Mâcon eft fituée fur le penchant d’un coteau,
aux bords de la Saône que l ’on y pafle fur un pont
de pierre. Elle eft à 5 lieues f. de Tournus , 4 e.
de Cluny j 12 de Châlon fur Saône, n n. de
Lyon , 90 f. de Paris. Long. 22 , 23 ; lat. 46, 20.
C ’eft un bien grand abus que les habitans de
cette ville foient diftraits de leur province, pour
aller difcuter leurs intérêts à 100 lieues environ de
leurs murs, à frais immenfes, en abandonnant
leurs maifons, leurs affaires, leur commerce, con-
iidérant fur-tout que le parlement de Dijon efl
interpofé entre le comté de Mâconnois, 8c le
tribunal de Paris , auquel il reflbrtit. (Æ.)
MACONNOIS ( le"), pays de France en Bourgogne
, que Louis XI conquit & réunit à la couronne
en j 476 : il eft fitue entre le Beaujolois 8ç
le Châlonnois , & féparé vers l’orient de la Breffe
parla rivière de Saône ; il eft fertile en bons vins ;
il 3 fes états particuliers. Le baillage principal du
comté de Mâconnois renfçrme 17$ paroiftes.
MM. du Ryer & Saint-Julien, connus par leurs
ouvrages, font de ce diftrifft :
André du Ryer, fieurde Malézair, différent de I
MAD Pierré du R y e r , l’un des quarante de l’académie
rrançoile , apprit, pendant (cm long féjonr à Conf»
tantinople & en Egypte, les langues turque & ara-
1 nDUS a va^u n0n*feülement la traduéfion
11 j C°înn ’ ^0nt je ne ^era* P°*nt l’éloge, mais
celle du Guliftan , ou de l’empire des Rofes de
Saadi.
M. de Saint-Julien , furnommé de Balleure, pre*
mier chanoine feculier de Mâcon en 1557 , mort
en 1593 > étudia beaucoup l’hiftoire particulière de
fon pays ; fes mélanges hiftoriques & fes antiquités
de Tournus font pleines de recherches utiles.
MACORIS, rivière poiffonneufe & navigable
de 1 île de Saint-Domingue , qui fe décharge dans
la mer à la côte du fud, à environ /lieues de San
Domingo. (/?.)
MACRA ; c’eft i°. une rivière d’Italie, aujour-
ffhui la Magra , qui fépare laTofcane de l’état de
Gênes. 20. Une île du Pont-Euxin, dans le golfe de
Carcine , félon Pline, /. i v P ch. x m . 30. Une ville
de Macédoine , aufli nommée Orthagoria , & plus
anciennement Stagna. Voye^ Stagira. (/?.)
MACRI, village de la Turquie enEurope, dans
la Romanie, fur le détroit des Dardanelles , auprès
de Rodofto. C’étoit anciennement une ville appelée
Mackronteichos, parce qu’elle étoit à l’extrémité
de la longue muraille, bâtie parles empereurs dé
Conftantinople, depuis la Propontide jufqu’à la
mer Noire , afin de garantir la capitale des infultes
des Barbares qui venoient fouvent jufqu’aux portes*
MW. ___
MACRONISI, île de Gfece dans l’Archipel ;
elle eft abandonnée, mais fameufe, & de plus
admirable pour herborifer. Pline prétend qu’elle
avoit été féparée de l’île Eubée par les violentes
fecouffes de la oeer. Elle n’a pas plus de. 3 milles
de large, fur 7 ou 8 de longueur: ce qui lui a
valu le nom de Macris ou A'ile longue. Les Italiens
l’appellent encore ifola longa. Strabon affure qu’ejle
fe nommoit autrefois Crané, raboteufe & rude ;
mais qu’elle reçut le nom A'Hélène après que Paris
y eût conduit cette belle lacédémonienne qu’il ve-
noit d’enlever. Cette île félon M. Tournefort eft
encore dans le même état que Strabon l’a décrite,
c’eft-à-dire que c’eft un rocher fans habitans ; &
fuivant les apparences , ajoute notre célèbre voyageur
? la belle Hélène n’y fut pas trop bien logée ;
mais elle étoit avec fon amant, & n’avoit pas reçu
Véduçation délicate d’une Sybarite. Macronifi n’a
préfentement qu’une mauvâife cale dont l ’entréç
regarde l’eft. M. Tournefort coucha dans une caverne
près de cette cale 8c eut belle peur pendant
la nuit, des cris épouvantables de quelques veaux
marins qui s’étoient retirés dans une caverne voi-
fine pour y faire l’amour à leur aife. (7?.)
M ADAG A SCAR , île très - confidérable fituée
fur les çôtes orientales d’Afrique. Sa long, félon
Harris, commence à 62 deg. 1 min. 15 fec. Sa lat.
méridionale tient depuis 12 deg. 12 min. jufqu’à
25 deg. 19 feç. ce qui fait 336 lieqes françoifç* de
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longueur. Elle a 120 lieues dans fa plus grande
largeur, & elle eft- fituée au nord-nord-eft 8c fud-
fud-oueft. Sa pôinte au fud s’élargit vers le cap de
Bonne-Efpérance ; mais celle du nord, beaucoup
plus étroite, fe courbe vers la mer des Indes.
Son circuit peur aller à 800 lieues, enforte que
c’eft la plus grande île des mers que nous con-
noiflions.
Elle a été vifitée de tous les peuples de l’Europe
qui naviguent au-delà de la ligne, & particuliérement
des Portugais , des Anglo is,d es Hol-
landois & des François. Les premiers l’appelèrent
l’île de Saint-Laurent, parce qu’ils la découvrirent
le jour de la fête de ce Saint en 1492. Les autres
nations l’ont nommée Madagafcar, nom peu différent
de celui des naturels du pays, qui l’appellent
Madécaffe.
Les anciens géographes l’ont aufli connue, quoique
plus imparfaitement que nous. La Cerné de
Pline eft la Mtnuthias de Ptolémée , qu’il place au
12e deg. 30' de latit. fud, à l’orient d’été du cap
IJraJfum. C ’eft aufli la Situation que nos cartes donnent
à la pointe feptentrionale de Madagafcar.
D ’ailleurs, la defcription que l’auteur du Périple
fait de fa Ménuthias , convient fort à Madagafcar.
Les François ont eu à Madagafcar plufieurs habitations
, qu’ils ont été obligés d’abandonner. Fla-
coirrt nous fait l’hiftôire naturèlle de cette île qu’il
n’a jamais pu connoître, 8c Rennefort en a forgé
le roman.
Tout ce que nous en favons fe réduit à juger
qu’elle fe divife en plufieurs provinces & régions ,
.habitées par diverfes nations, qui font de différentes
couleurs , de différentes moeurs, & toutes
plongées dans l’idolâtrie ou dans les fuperftitions
du mahométifme.
Cette île n’eft point peuplée à proportion de fon
étendue. Tous les habitans font noirs à différentes
nuances, à un petit nombre près , defcendans des
Arabes qui s’emparèrent d’une partie de ce pays
an commencement du XVe fiècle. Les hommes y
éprouvent toutes les influences dïf climat ; l’amour
de la pareflë & de la fenfualité: les femmes qui
s’abandonnent publiquement n’en font point déshonorées.
Les gens du peuple vont prefque tous
nuds ; les plus riches n’ont que des caleçons ou
des jupons de foie. Ils n’ont aucunes-commodités
dans leurs maifons, couchent fur des nattes » ’fe
nôurriffent de lait, de riz , de racines , & de viande
prefque crue.. Ils ne mangent point de pain qu’ils
ne connoiffent pas, & boivent du vin de miel.
Les habitans de l’île fe nomment Madegajfes ©u
Malegacho. Leurs richeffes confiftent en troupeaux
& en pâturages ; car cette île eft arrofée de cent
rivières qui la fertilifent. La quantité de bétail
quelle produit eft prodigieute. Leurs moutons ont
une queue qui traîne de demi-pied par terre. La
mer , les. rivières , & les. étangs fourmillent de
poiffon.
On voit à Madagafcar prefque tous les animaux
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que nous avons en Europe, & ufi grand nombre
qui nous font inconnus. On y recueille des ci->
trons , des oranges , des grenades, des ananas admirables
; le miel y eft en abondance, ainfl que
la gomme de tacamahaca, l’encens & le benjoin.
On y trouve du taie, des mines de charbon , de
falpêtre, de fe r ; des minéraux, des pierreries,
comme cryftaux , topafes , améthyftes, grenats ,
girafoles & aigues-marines. Enfin , on n’a point
encore affe-z pénétré dans ce vafte pays, ni fait des
tentatives fuffifantes pour le connoître & pour le
décrire.
M. D u VAL , ancien greffier en chef d-u confeil
fupérieur de Vile de Bourbon , m'a fourmi la fuite
de cet article : cejl lui qui va parler.
Les cheveux crêpés des lins (les Madegaffes )
8c lès cheveux plats des autres, font aifément connoître
que les différentes peuplades de cette île
ont été formées originairement de ©affres de la
côte de Mofambique, 8c d’indiens des cotes de
l’Arabie & du Malabar.
Ce que l ’on dit d’une race de nègres blancs eft:
vrai; nôus en avons vu un qui pouvoit avoir quatre
pieds & demi de haut ; il avoit d’ajlleurs le
corps trop vieux, quoiqu’il ne dût pas avoir plus
de cinquante ans , pour qu’il foit poffible de géné-
ralifer d’après lui les caractères diftinéHfs de cette
race.
Le Madecaffe ou Malegache à la douceur & à
l’induflrie , joint toutes les vernis dont l’homme
habitant, un pays chaud puiffe être doué dans l’état
de nature. Des auteurs prétendent qu’il eft indomptable,
barbare, fourbe , &c. c’eft bien à tort ÿ
il faut qu’il foit pouffé à bout par le defpotifme
qu’exercent fur lui les marins, pour qu’il en témoigne
quelques reffentimens. La patience qu’il ar
malgré la bravoure qu’on ne peut lui contefter
eft la preuve la plus complète que l’on puiffe donner,
d’un côté, de fes bonnes qualités, & de l’autre
, de l’afcendant que les Européens ont für toutes
les nations des autres parties du monde. Efl - il
efelave, il perd beaucoup de fes qualités naturelles
; mais dans l’état ou il e ft, fi les travaux
que l’on en exige demandent de l’intelligence, il
eft bien préférable au Caffre.
La plus grande partie des efclaves qui font aux
îles de France & de Bourbon a été tirée de Madagafcar.
Il y a cinquante à foixante ans , on y
traitoit des efclaves pour douze à quinze piaftres
l’un dans l’autre, valeur en marchandifes, comme-
fnfils , toiles bleues , &c. Aujourd’hui ils reviennent
à cinquante piaftres ; & dans cette traite, ils
ne reçoivent que peu de marchandifes, parce que
n’ayant ni voitures ni animaux pour les porter dans
rintérieur des terres d’oii ils tirent ces efclaves,.
elles feroient à charge à un peuple infouciant qui
n?a en général d’autre propriété que quelques efclaves
8c quelques troupeaux, qui n’a pas d’idée*
de l’écrituré , & qui e n f in p o u r la- plus grande;
partie » laboure % fème * récolte , &. emmag^fuie-*