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rance ; Siona, la déeffe qui enflamme les amans
les uns pour les autres ; Lovna réconcilie les
amans brouillés ; Vara préflde aux fermens & aux
promeffes des amans ; V o ra, déeffe de la prudence
; Synia eft la gardienne de la porte du parlais
des dieux ; Lyna , délivre des dangers ; Sno-
tra eft la déeffe de la feience ; Gna efl la ménagère
de Frigga ; Sol & B il, étoient encore des
déefles. Il y avoit outre cela les déefles nommées
Valhyr'us : elles choiftffoient ceux qui dévoient
avoir la gloire d’être tués dans les combats ; enfin
, Jord & Rinda, font auffi mifes au rang des
déeffes. Outre ces déeffes, chaque homme a une
divinité qui détermine la durée & les évènemens
de fa vie. Les trois principales font Urd , le paffé ;
W erandi 3 le préfent ; & Sculde, l’avenir.
Tous ces dieux & ces déeffes paffoient leur tems
dans le féjour célefle à boire de l’hydromel, & à
voir les combats des héros admis avec eux dans le
.Valhalla ; fouvent ils alloient eux-mêmes chercher
des aventures, dont quelquefois Us fe tiroient très-
mal ; ils combattaient des géants , des génies, des
magiciens, & d’autres êtres imaginaires , dont cette
mythologie eft remplie.
L ’Edda parle enfuite d’un tems appelé ragnaro-
■ fcur? ou le crépufcule des. dieux : ce tems eft annoncé
par un froid, rigoureux & par trois hivers affreux ;
îe monde entier fera en guerre & en difcorde ; les
frères s’égorgeront les uns les autres, le fils s’armera
contre fon père, & les malheurs fe fuccéde-
rQnî jufqu’à la fl a du monde. Un loup monftrueux
nommé Fends, dévorera le foléil ; un autre monf-
tre eraportera.la lune ; les étoiles difparoîtront ; la
terre Si les montagnes feront violemment ébranlées
; les géants & les monftres déclarent la guerre
aux dieux réunis ; & Odin lui-même finit par être
dévoré. Alors le monde fera emhrâfé, fera place
à un féjour heureux appelé Gimle, le c ie l, Où il y
aura un palais d’or pur : c’eft-là que feront ceux
d ’entre les dieux qui auront furvécuà la ruine du
monde qu’habiteront les hommes bons & juf-
tes: pour les méchans , ils iront dans le Naftrande,
bâtiment vafte, conftruit de cadavres de ferpens ,
«il coule um fleuve empoifenné, fur lequel flotteront
les parjures & les meurtriers ; d’où l’on voit
que ces peuples diftinguoient deux d eu x, le Valhalla
& le Gimle ; & deux enfersNiflheim &
Kaflrande.
Les idées de ces peuples fur la formation de la
terre & la création de l’homme, n’étoient pas
moins fingulières que le refte de leur dodrine.
Voici comme en parlent leurs poètes : « dans l’au- 3> rare des flècles., il n’y avoit ni mer, ni rivage,
ni zêphirs rafraîchiflàns, tout n’étoit qu’un vafte
»abîme fans herbes Sc. fans femences. Le foleil
» n’avoit point de palais ; les étoiles ne connoif-
v foiené point leurs demeures ; la lune ignorait
3» fon pouvoir; ; alors il y avoit; un monde lumi-
» neux &,enflammé du coté du midi ; de ce monde
» des torrens 4 e feux étineelans s’éconloien t fans
I S L » cefle dans l’abîme qui étoit au feptentrion ; en
» s éloignant de leur fource, ces torrens fe congc-
» loient dans l’abîme, & le rempliffoient de fco-
; » ries & de glaces. Ainfi l’abîme fe combla ; mais
; » il y reftoit au-dedans un air léger & immobile,
» & des vapeurs glacées s’en exhaloient : alors un
: » foufle de chaleur étant venu dû midi, fondit ccs
. » vapeurs, & en forma des gouttes vivantes , d’où
” naquit le géant Ymer ». De la fueur de ce géant
il naquit un mâle & une femelle , d’où fortit une
race de géans méchans , ainfi que leur auteur
Ymer. Il naquit aufli une autre race meilleure
qui s’allia avec celle d’Ymér: cette race s’appela
la famille de Bor, du nom du premier de cette famille
, qui fut père d’Odin. Les defcendans de
Bor tuèrent le géant Ymer, & exterminèrent toute
fa race, à l’exception d’un de fes fils & de fa famille,
qui échappa à leur vengeance; les enfans
de Bor formèrent un nouveau monde du corps du
géant Ymer ; fon fan)* forma la mer & les fleuves
; fa chair fit la terre ; fes os firent les montar
gnes ; fes dents firent les rochers ; ils firent de fon
crâne la voûte du c ie l, elle étoit foutenue par
quatre nains nommés Sud> Nord, Eft. & Oueft ;
ils y placèrent des flambeaux pour éclairer cette
voûte ; ils firent la terre ronde, & la ceignirent de
l’Océan , fur les rivages duquel ils placèrent des
geans. Les fils de Bor fe promenant un jour fur
les hors de la mer, trouvèrent deux morceaux de
bois flottans , dont ils formèrent l’homme & la
femme ; l’aîné des fils de Bor leur donna l’ame &
la vie le fécond, le mouvement Si la fcience ;
le troifième, la parole , Tome, la vue, la beauté ,
& des vêtemens. Cet homme fut nommé Askus, &
fit femme Embla : tous les hommes qui habitent la
terre en font defcendus.
La fécondé partie de l’Edda, ou delà mythologie
iflandoife , eft remplie d’aventures merveilleu-
fes , & d e combats des dieux avec les géans. Ces
détails font fuivis d’une efpèce de diâionnaire
poétique, dans lequel les noms des dieux font
mis avec toutes les épithètes qu’on leur donnoit;
Snorro Sturlefon l’avoit compilé pour Fufage des
Iflandois , qui fe deftinoient à la profeffion do fcal-
des ou de poètes»
A l’égard des monceaux contenus dans l’Edda
de Sæmund Sigfuffon, qui font parvenus jufqu’à
nous, la première de ces pièces eft un poème appelé
volufpa, c’eft-à-dire l’oracle de Vola ; c’eft
un poème de quelques centaines de vers qui contient
le fyftême de mythologie qu’on a vu dans
l ’Edda des Iflandois. Cet ouvrage eft rempli de
défordre Si d’enthoufiafime ; on y décrit les ouvrages
des dieux, leurs fondions, leurs exploits,
le dépériffement de l’univers, fon embrâiement
total, & fon renouvèlement, l’état heureux des
bons, & les fupplices des méchans.
Le fécond morceau eft nommé havamal, ou
difcours fublime ; c ’eft la morale d’Odin qui l’a-
vo it, dit--on, apportée de la Seythie fe patrie.
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lorfqu’ il vint faire la conquête elfes pays 3n Note! ;
on croit que fa religion étoit celle des Scythes,
& que fa philolophie étoit là même que celle de
■ Zamolxis, dé Dicènæus, & d’Anacharfis. Nous
.allons en rapporter les maximes les plus remarquapbles.
. . .
« L’hôte qui vient chez vous a-t-il les genoux
u froids , donnez-lui du feu : celui qui a parcouru
» les montagnes a befoin de nourriture & de vete-
w meûs bien féchés. ' . .
» Heureux celui qui s attire la louange & la fcnen-
« hommes ; car tout ce qui dépend
M tain. _ ,
» Il n’y a point d’ami plus fur en voyage qu une
» grande prudence ; il n’y a point de provifion plus
» agréable. Dans un' lieu inconnu, la prudence
» vaut mieux que les tréfors ; c eft elle qui nour-
» rit le pauvre.
» Il n’y a rien de plus inutile aux fils du fiecie ,
s? que de trop boire de bière ; plus un homme
boit, plus il perd de raifon. L’oifeau de l’oubli
» chanté devant ceux qui s’enyvrent, & dérobe
» leur'âme. ,
» L’homme dépourvu de fens, croit quil vivra
» toujours s’il évite la guerre ; mais fi les lances
9* l’épargnent, la vieilleffe ne lui fera point de
w quartier»
» L’homme gourmand mange fa propre mort ;
tî Si l’avidité de l’infenféeft la rifée du fage.
» Aimez vos amis, & ceux de vos amis ; niais ne j
3» favori fez pas l’ennemi de vos amis.
» Quant j’étois jeune, j’étois feul dans le monde ;
w il me fembloit que j’étois devenu riche quand
»> j’avois trouvé un compagnon ; un homme fait
3» plaifir à un autre homme»
» Qu’un homme foit fage modérément, & qu’il |
» n’ait pas plus de prudence qu’il ne faut ; qu’il ne
î> cherche point à {avoir fa deftinée, s’il veut dor-
s) mir tranquille.
w Levez-vous matin fi vous voulez vous enrichir
si ou vaincre un ennemi : le loup qui eft couché ne
» gagne point de proie , ni l’homme qui dort de
» victoires.
» On m’invite à des feftins lorfque je n’ai béai
foin que de déjeuner; mon fidèle ami eft eelui
st qui me donne un pain quand il n'en a que
» deux.
w II vaut mieux vivre bien , que "long - tems ;
s» quand ira homme, allume fon feu , la mort eft
w chez lui avant qu’il foit éteint.
si II vaut mieux avoir un fils tard que jamais :
w rarement voit-on des pierres fépulcraîes élevées
» fur les tombeaux des morts par d’autres mains
» que celles de leurs fils.
3i Les richeffes paffent comme un clin d’oe il; ce
î> font les plus ineonftantes des amies. Les trouai
peaux périffent, les pareils meurent ; les amis-
ne font point immortels ; vous mourrez vous-
» même : je cannois une feule chofe qui ne
1 S L 7 ? m meurt point, c’eft le jugement qu’on porte des
» morts.
» Louez la beauté du jbur quand il eft fini ;
» une femme* quand vôus l’anrez connue ; Une
33 épée , quand vous l’aurez effayée ; une fille ,
3ï quand elle fera mariée; la glace , quand vous
» l’aurez traverfée ; la bière , quand vous l’aû-
» rez bue.
3i Ne vous fiez pas aux paroles d’une fille , nx
» à celles que dit une femme; car leurs coeurs
» ont été faits tels que la roue qüi toürnë ; la lé-
3i géreté a été mife dans leurs coeurs; Né VOUS
» irez ni à la glace d un jour , ni à un ferpent
» endormi, ni aux car elfes- de celles que vous
>i devez époufer, ni à une épéè rompue, ni au
» fils d’un homme pûiffâüt, ni à un champ nou-
3i vellement femé.
- 3> La paix entre l'es feitimes malignes eft comme
» de vouloir faire marcher fur là glace un che-
3i val qui ne ferait pas ferré, ou comme dé fe
3i fervir d’un cheval de deux ans, ou comme
3i d’être dans une tempête avec un vaiffeau fenS
n gouvernail.
si 11 n’y a point de maladie plus cruelle que de
» n’être pas content de fon fort.
» Ne découvrez jamais vos chagrins au mé-
3i chant, car vous n’en recevrez aucun foulage-
» ment.
3i Si vous avez un ami, vifitez-le fouvent ; le
si chemin fe remplit d’hérbës , & les arbres le cou-
3i vient bientôt, fi l’on n’y pafle fans cefle.
3i Ne rompez jamais le premier avec votre ami ;
3i la douleur rbrige le coeur de celui qui n’a que lui-
3i même à confùltér.
»311 n’y à point d’homme vertueux qui n’ait quel-
» que vice, ni de méchant quelque vertu.
3i Ne vous moquez point dû vieillard, ni de vo-
; 3> tre aïeul décrépit ; il fort fouvent des rides de la
; 3i peau des paroles pleines de fens.
» Le feu chaffë les maladies ; le chêne la
si ftrangurie; la paille détruit les enchantemens;
3i les runes détruifent les imprécations ; là terre
; si abforbe les inondations ; la mort éteint les
i 3i haines 33»
Telles étoient les maximes de la théologie & dé
la morale de ces peuples du Nord. Oh voit que
! l’une & l ’autre étoit adaptée au génie d’un peuple
’ belliqueux, dont la guerre faifoit les délices: il
n’eft donc pas fiirprenànt qu’une nation nourrie
■. dans ces principes, fe foit rendue redoutable à
toute la terre, & ait fait trembler les Romains mê-
, mes, ces vainqueurs & ces tyrans du refte de Tuni-
vers. La crainte de l’opprobre dàns ce monde , Sc
des fupplices réfêrvés dans l’autré à ceux qui pé-
1 riffoient d’une mort naturelle ; la vue de la gloiré
S i du bonheur deftinés à ceux qui mouraient dans
les combats , dévoient néceffairemènt exciter chez
les Scandinaves, un courage à qui rien ne pouvoir
1 réfifter. Un roi de Danemareït établit à Jomsbourg
; | une république propre -à former des foldats ; il y