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plus précieux en diamans, en odeurs exquifes , en
eflences, en étoffes précieufes, ne peut être comparé
avec la magnificence de "leurs vêtemehs, &
de tout ce qui contribue à leur parure. Ces femmes
font d’une taille moyenne , mais prefque toutes
belles ou jolies. Leurs cheveux font noirs , fort
épais, & fi longs qu’ils defcendent au-deffous de
la ceinture ; leur peau eft d’une grande blancheur,
•leurs yeux charmans, & leur teint admirable. Elles
ont beaucoup d’efprit, aiment la mufique avec.paf-
fion , & font toutes d’une gaité aufli vive que piquante.
On n’entend de tous côtés que des chan-
fons ingênieufés & badines , & on voit danfer
avec une légèreté qui étonne. En général, rien de
plus oppofé à la mélancolie que l'humeur des habi-
tans de Lima ; &. leur goût pour la mufique & la
danfe , aide encore à faire régner la joye. Les environs
de la ville font remplis de jardins où eroif-
fent toutes les efpèces de légumes & de fruits.
Leur bonté répond à leur abondance ; d’ailleurs ,
toute l’année eft le tems des fleurs & des fruits ,
parce que les faifons étant alternatives dans les
montagnes & les vallées, les productions mûriffent
d’un côté lorfqu elles ceffent de l’autre.
Le pèçe Feuillée, M. Frezier, & les lettres édifiantes
, ainfi qu£ d'om- Ulloa , inftruiront en détails
plus étendus ,' du gouvernement de Lima , de fon
audience royale, de fon commerce, de fes tribunaux
civils oc eccléfiaftiques, de fon univerfité, de
fes églifes , de fes hôpitaux , & de fes. légions de
moines , aufli fuperftitieux qu’ignorans & fuper-
bes ; de la .quantité de couvens de filles qui n’y
font guère moins nombreux ; enfin des moeurs dif-
folues qui régnent dans un pays oit la fertilité,
d’abondance dê toutes chofes , la richeffe & l’oifi-
v e té ,n e peuvent infpirer que l’amour & la mol-
leffe., -• p
On n’y éprouve jamais l’intempérie de l’air, les
nuages y couvrent ordinairement le c ie l, pour
garantir ce beau climat des rayons que le foleiLy
.darderoit perpendiculairement. Ces nuages ne font
quelquefois que s’abaiffer en brouillards , pour rafraîchir
la furface de la terre, fertile en toutes fortes
de fruits délicieux de l'Europe & des îles Antilles
, oranges, citrons , figues , raifins , olives,
ananas, goyaves, patates, bananes, fendies., melons
, lucumos, chérimolas, & autres.
Les campagnes de la grande vallée de Lima offrent
des prairies vertes toute l’année , ici tapiffées
de luzerne , là des fruits dont nous venons de parler
: la belle rivière de Lima arrofe cette vallée
par une infinité de canaux pratiqués au milieu des
-plaines.
En un mot, Lima donneroit l’idée du féjour le
plus riant, fi tous ces avantages n'étoient pas troublés
par de fréquens tremblemens de terre, qui
doivent inquiéter fans ceffe fes habitans. Il y en
eut- un le 17 juin 1678, qui ruina une grande
partie- de la ville. Celui de ,1687 démolit prefque
éntiéreijiç.nt. les édifices publies. Depuis,, la. plu-
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part des maifons des particuliers y ont été faites
généralement d’un feul étage, & feulement couvertes
de rofeaux, fur lefquels on répandue la
cendre, pour empêcher que la rofée ne paffe à
travers.
Enfin, le 2,8 octobre 1746, on entendit à Lima,
fur les dix heures & demie du foir, un bruit fou-
terrein qui précède toujours, en ce pays-là , les
tremblemens de terre, & dure afl'ez long-tems pour
qu on puiffe fortir des maifons. Les fecouffes vinrent
enfuite , & furent fi violentes , qu’en quatre
à cinq minutes de tems , il n’eft refté de toute cette
capitale, que vingt maifons fur pied. Soixante-quatorze
églifes ou couvens , le palais du vice-roi,
l’audience royale, les hôpitaux , les tribunaux, &
tous les.édifices publics, qui étoient plus élevés &
plus folidenient bâtis que les autres, ont été ruinés
dé fond en. comble.
Le Callao, ville fortifiée & port de Lima, à
deux lieues de cette capitale, futvraifemblablement
renyerfé par les, mêmes fecouffes; dans le même
tems où le tremblement fe fit fentir, la mer s’éloigna
du rivage à une grande diftance ; elle revint
eniuite avec tant de furie , qu’elle fubmergea treize
des vaiffeaux qu’elle avoir laiffés à fec & fur le côté
dans le port. Elle porta quatre autres vaiffeaux fort
avant dans les terres, où elle s’étendît à une de
nos lieues , rafant entièrement Callao & englou-
tiffant tous fes habitans, au nombre d’environ cinq-
mille , & plufieurs de ceux de Lima qu’elle trouva
fur le chemin.
Les.ofcillations. que fit la mer- jufqu’à ce qu’elle
eut repris fon afliète naturelle, couvrirent les ruines
de cette malheureufe ville de tant de fable:,
qu’il refte à peine quelque veftige de fa fituation.
On avoit trouvé .déjà onze cents qitarante-un corps
enfevelis fous fes décombres , au départ du premier
vaiffeau qui porta cette trifte nouvelle en
Europe ; j’ignore combien on en a déterré dans
la. fuite.
Mais on a travaillé infenfiblement à tirer des
ruines de Lima là plus grande partie des effets précieux
qui y ont été enfouis, & à rebâtir les édifices
publics plus bas quils. n’étoient avant cet
accident.
Cette ville a à l’orient les hautes montagnes des
Andes, autrement appelées Cordelières ; elle eft
àrrofée par la belle rivière qui defeend de ces hautes
montagnes , au fùd eft. Va grande vallée de Lima,
dont nous venons de parler.
La pofitiorr de' cette ville fur la carte d’Amérique
publiée en 1700 par M. Halley, revient à 78
deg. 40' de long, occidentale du méridien de Paris ;
& fuivant le P. Feuillée, la long, eft 275 d. 35'
jo '1 ; lat. 12 d. 3 min. i6u. Selon Caflini, la long.
de cette ville eft 299e1 1 min. o" ; lat. 1-2 d. 1 min. 15" . ( M a s s o n d e M o r v i l l i e r s I).
Lima ( Audience de ) , grande province du Pérou,
dont Lima eft la capitale. Cufco le fut autrefois,.
Cette province eft bornée au nord par L’Au,-
L I M dîence de Q u ito , à l’orient par la Cordelière des
Andes, au midi par l’Audience de los Charcas, &
à l’occident par la mer du fud. Les principales montagnes
qu’on trouve dans cette Audience, font la
Sierra & les Andes. La rivière de Moyabamba prend
fa fource dans cette province ; & après avoir été
groflie des eaux de plufieurs autres rivières , elle
va fe jeter dans celle des Amazones.
Lima (la vallée d e ) , appelée aufli avant Pi-
zarre , la vallée de Ritnac , du nom de l’idole qui
y rendoit des oracles : o r , foit par la corruption
du mot, foit par la difficulté aux Efpagnols de dire
Rimac, ils ont prononcé Lima : cette vallée s’étend
principalement à l’oueft de la ville de Lima
jufqifà Callao, & au fud jufqu’à la vallée de Pa-
chacamac. La luzerne y vient en abondance, &
fert à nourrir les bêtes de charge pendant toute
l’aunée. _
Lima ( la rivière de ) , belle rivière de l’Amérique
méridionale au Pérou , dans l’audience &
dans la vallée de Lima : elle defeend de ces hautes
montagnes de la Cordelière des Andes, paffe au
nord de la ville de Lima, & le long de fes murailles
y elle arrofe toute la vallée par un grand
nombre de canaux qu’on a pratiqués, & va fe
jeter dans la mer au nord de la ville de Callao,
détruite par le tremblement de terre de 1746,
où elle fournit de l’eau pour l’aiguade des vaiffeaux.
Lima , ou Ponte de Lima , petite ville de
Portugal, dans la province entre Minho & Douro.,
au fond d’un golfe que forme à fon embouchure
la rivière de Lima ,' qü’on croît le Lèthè des anciens.
C ’eft la capitale d’un petit pays nommé
Lima.
LIMAGNE ( l a )1, contrée de France, dans la
baffe-Auvergne , le long de l’Ailier. Elle eft d’environ
quinze lieues d’étendue du nord au fud, &
renfermée entre l’Ailier & la Dore. Ses lieux: principaux
font Clermont , Riom , Iffoire , Vie le-
Comte , &c. Grégoire de Tours appelle ce pays la
Limane , en latin Lima nia.. C’eft une des plus agréables
plaines & des plus fertiles qu’il y ait en France
, ce qui eft caufe qu’elle eft très-peuplée. Mais
Sidonius Apollinarius, Lib. IV ,epift. 2 1 , en a fait
une trop belle defeription pour que j;e puifle la fup-
primer. Taceo , dit-il,. territoriurn , viatorïbus molle ,
fruâluofum arctorïbus ,.venqtoribus voluptuofum, quoi
montium cingunt do>fa pa.fc.uis,datera vinetis, terrena
villis-, fàxofa caftellis, opaca luftris ,. aperta culturis,
concava fontibus, abrupt a fluminibus , quod denique
hujufmodi eft, ut femel vifum advenis multi> ,. patrÎÆ
oblïvionem feepe perfuadeas..
Le roi Chijdebert avoit coutume de dire : « Qu’il
v ne defiroit qu’une chofe avant que de mourir,
» qui étoit de voir cette belleLimagne, qu’on dit
» etre le chef-d’oeuvre, de. la nature, & une. efpèce
» d’enchantement »v
Ce pays eft abondant .en vins, en bleds, en
ch an v re s en pâturages &. en. fruits qui y font
L I M délicieux : la marmelade d’abricots de Riom eft
renommée dans le royaume.
La Limagne fe glorifie d’avoir donné naiffance
à plufieurs illuftres perfonnages ; tels que Domat,
Pafcal, Savaron , Genebrard , Sirmond, dont les
noms feuls font l’éloge. (Af. D . M.)
LIMAT ( le ) , rivière de Suiffe qui a, deux four-
ce s , l’une au comté de Sargans , fur les .confins
des Grifons; l’autre au canton dé Glaris. De ces
deux endroits fortent les deux rivières de Linth
& de Mag, qui, par leur réunion au-deffous du
laç de Vahleftadt, forment le Limât proprement
dit. Cette rivière traverfe le lac de Zurich , pâffè
à Zurich, à Bâden, & fe perd dans l’Aar. (R .)
LIMBACH , Lindova , ville de la baffe-Hongrie
, dans le comté de Szalad, au centre de champs
& de vignes de bon rapport, fous la feigneurie
des princes d'Efterhafy. Elle eft d’une vafte enceinte
, bien bâtie Sc fort peuplée.
LIMBEX ( le ) , petite rivière de l’Amérique ,
dans l'ile Saint-Domingue, au quartier des Fran-
çois.
LIMBOURG (comté de) , petit pays d’A llé-
■ magne, fitué dans le cercle de Weftphalie & dans
l’enceinte du comté delà Marck,fous la feigneurie
du comte de Bernheim , qui en prête hommage
au roi de Pruffe. Il eft compofé de dix à douze villages,
auxquels préfident un bourg & un château
de.fon nom , bâtis dans le XIIIe fiècîe , pour le s..
enfans d’un comte dlfenbourg , meurtrier d’un
éledeur de Cologne, & puni comme tel. Dans
cette catafttophe , arrivée l’an 122$, la fucceflion
de ce comte ayant été perdue pour fès enfans , un
duc de Limbourg , leur oncle , prit foin d’eux , 8c
leur acquit, dans le comté de la Marcît, les domaines
qui forment Te comté dont il s’agit.
Ce comté peut avoir environ cinq lieues de long
fur quatre de large.. La plus grande partie con-
fifte en montagnes fertiles & couvertes de beaux,
bois;.on rencontre aufli de belles prairies , d’ex-
ceMens pâturages, & de bonnes terres labourables.
Le gibier- de toute efpèce y abonde. A peu
de diftance de Limbourg, on trouve- de l’albâtre
noir & blanc ; & au bord de Lenne eft un moulin
pour le feier & pour le polir. Le chef-lieu du comté
eft le château de ofribourg, fitué fur une haute
montagne, au pied de laquelle eft le bourg de
même nom , dans lequel' eft une paroifle réformée.
{Ma s s o n d e M o r v il l ie r s .)
Limbourg ( duché de ) , ce duché eft environné
de l’évêché de Liège, du duché de Juliers r
& touche également à celui de Luxembourg. Une
partie appartient à la maifon d’Autriche , & l’autre
eft poffédée par les états généraux. La partie Aur
trichienne confifte en montagnes, en vallées, en
terres labourables , & fur-tout en très-gras pâturages.
On y fait des fromages excellens.. Ses mines
de fer font d’un Bomrapport, & le fèr eft travaillé
dans le pays même. Le principal fleuve qui arrofe
ce dijtché., eft la Meufè , qui reçoit les rivières