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aux palais de Saint-Paul Si des Toutnelles, dont
les bâtimens furent vendus à différens particuliers,
& fur l’emplacement defquels on perça de nouvelles
rues.
Les rois de la race des Carlovingiens demeurèrent
rarement à Paris. Robert, frère du roi Eudes,
étant comte ou gouverneur de Paris, s’en rendit
le maître abfolu , & laifîa fa fucceflion à Hu-
gues-le-Grand. Ces princes avôient un palais dans
cette ville , à l’endroit où l’on rend la juftice ; auprès
étoit une chapelle dédiée à S. Barthelemi, où
Huges - Capet', avant que de parvenir à la couronne
, établit pour y faire le fervice , les moines
de Saint-Magloire qui étoient errans, ruinés > &
chaffés de Bretagne par les Normands.
Hugues-Çapet, qui fut comte de Paris, ayant
été élu roi en 987 , Si n’ayant prefque d’autre domaine
que celui dont il avoit hérité de fon père,
continua de réfider à Paris comme il avoit fait
avant que de monter fur le trône, ce qui a été fuivi
par fes fuccefleurs ; ainfi il y a plus de fept cent
cinquante ans que Paris eft continuellement la capitale
du royaume & la réfidence fuppofée de nos
roisi Les grands fauxbourgs , qui furent bâtis au
midi Si au feptentrion de la Seine, demeurèrent
tout ouverts plus de deux cens ans après la mort
de Hugues-Capet.
Ce fut Pilippe-Augufte qui fit fermer de murailles
ces fauxbourgs, ce qui forma deux nouvelles
villes , l’une du côté du midi, qui fut nommée
l’Unïverfité, parce que les maîtres qui y- enfei-
gnoient les fciences s’y étoient établis avec leurs
écoliers., quoiqu’il n’y eût point alors de collège
fondé ; celui de Sorbonne eft le plus ancien. Cette
enceinte fut confidérablement augmentée fous le
règne de Charles V , dit le Sage, qui enferma les
églifes de Saint-Paul & de Saint-Germain - l’Auxer-
rois, de Saint-Euftache, de Saint-Martin, de Saint-
Nicolas-des-Champs, & quelques autres, dans la
nouvelle enceinte qu’il fit faire. Du tems de Louis
XIII, on enferma les Tuileries Si Saint-Roch dans
la v ille , & l’on fit bâtir les portes de la Conférence
, de Saint - Honoré, de Richelieu , & de
Montmartre , lefquelles font détruites aujourd’hui ;
celle de la Conférence le fut en 1730 , & celle de
Saint-Honoré en 1732.
Du Boulay prétend que le Louvre avoit été
confirait dès la première race de nos rois ; c’eft
un fentiment qu’il appuie principalement fur des
lettres du roi Dagobert I , dont l’authenticité n’eft
pas trop reconnue : il eft vrai qu’elles font rappelées
dans des lettres moins fufpe&es de Charles-
le-Chauve 3 ainfi en admettant ces dernières, on
donnera toujours au Louvre une époque bien antérieure
au règne de Philippe-Augufie. Il paraît
enfin que le château eft plus ancien que ce prince ;
& R igord, que l’on cire pour prouver que cette
raaifon lui doit fon origine ,. ne dit autre chefe,
fin on qu’il y fit bâtir cette tour, fi connue depuis
fous le nom de grojfe tour du Louyre^Çomme nos
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rois ont toujours aimé la chafle, cette maifon p'ou-
voit bien d’abord avoir été deftinée aux équipages
de celle du loup , d’où lui feroit venu le nom de
Lupara ; fi cette étymologie n’eft pas vraie, elle
n’eft pas au moins contre toute vraisemblance.
Quoi qu’il en foit, fi le Louvre ne fut pas
commencé, il fut rétabli en 1214 par Philippe-
Augufte, hors de la v ille , à l’extrémité de la va-
renne du Louvre. La grofle tour bâtie près du
château , fur la rivière, fut nommée la tour du
Louvre ; elle défendoit l’entrée de la rivière conjointement
avec celle de Nefle, qui étoit vis-à-vis.'
Ce fut dans la tour du Louvre que Ferrand, comte
de Flandre, fut enfermé après la bataille de Boj
vines, que Philippe-Augufte gagna fur ce prince
fon feudataire , qui s’étoit révolté contre lui : cette
tour fervit depuis à garder les tréfors de quelques-
uns de nos rois, & fut renverfée quand le roi François
I jeta les fondemens des ouvrages qu’on, appelle
le vieux Louvre , en 1528. Henri I I ,. fon fils,
employa les architectes les plus renommés de fon
tems, pour rendre ce bâtiment auffi régulier que
magnifique : fes fuccefleurs Charles IX , HenriIV
& Louis XIII , l’augmentèrent & l’embellirent
confidérablement. Louis XIV Si Louis XV le continuèrent
: le premier entreprit ce qu’on appelle U
nouveau Louvre ; il ne le finit point, mais il éleva
le périftyle.
La façade du Louvre eft un chef-d’oeuvre d’ar-
^chiteélure ; Si le chevalier Bernin , appelé de Naples
à Paris par Louis XIV , pour en donner les
defiins , ayant vu ceux de Perrault , témoigna au
roi combien il étoit furpris qu’il l’eût fait venir de
fi loin, tandis qu’il avoit auprès de lui des hommes
capables de concevoir d’aufli grandes chofes.
Il fut affez généreux pour vouloir que le projet de
M. Perrault fût exécuté, & il en eft réfulté la plus
belle face de palais qui exifte en Europe. Chacune
des deux pierres qui terminent le fronton , a 5 4
pieds de long. Le périftyle eft formé de colonnes
corinthiennes couplées , Si tanelées.
Il conviendrait que l’efplanade qui règne au-
devant , libre au peuple, fe propageât par une
pente doucement inclinée, au lieu de fe terminer
brufquement par une maufîade terrafle contournée
par une très-lourde baluftrade., qui dérobent
en partie l’afped du palais de deflus le quai &
vers le bas de la rué des Poulies. Le plan de tout
l’édifice eft un quarré parfait, & la cour qu’il!
renferme a 63 toifes en quarré. Nous ignorons
quel eft le fiècle qui y verra mettre la dernière
main.
Les galeries du Louvre, commencées par Henri
IV pour la communication du Louvre avec les
Tuileries, ont 227 toifes de longueur. On y
tranfportera inceflamment la colleâion fie tableaux
qui ferment le cabinet du roi.
L’ancien projet fut de réunir le Louvre aux Tuileries
du côté du nord, par une fécondé galerie
parallèle à la première, d’où eût réfulté un palais
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immenfe l renfermant une cour également im-
menfe. Abandonnant ce projet bien moins grand
qu'il n’eft gigantefque , ouvrons une belle rue
q u i, des barrières du Louvre , correfponde au
donjon des Tuileries.
La paroifle du Louvre & des Tuileries , oi par
conféquent la paroifle royale , eft Saint-Germain-
l’Auxerrois fituée en face du Louvre. On tient Ion
origine pour inconnue. Il eft comme certain qu on
appeloit Amplement du nom de Saint-Germain,
dès le VIIe fiècle , l’églife qui étoit bâtie en ce
lieu! Quelques-uns croient que Childebert la fonda
fous l’invocation de Saint Vincent ; mais il n’y 'a ,
à ce que l’on prétend , aucun indice avant le x iv
fiècle, qu’on y eût honoré ce Saint. Le bâtiment
de cette églife , tel qu’on le voit a prefent, eft de
différens liècles. C ’eft un fort mauvais gojhique.
La grille qui ferme le choeur, eft un chef-d’oeuvre
de ferrurerie. Malherbe, le Sculpteur Sarrazin, &
M. le comité de Caylus, célèbre antiquaire, y font
inhumés. .
Les premiers fondemens du palais des Tuileries
furent jetés l’an 1564, par 1 ordre de la reine
Catherine de Médicis , en un lieu fort négligé, ou
pendant long-tems on avoit fait de la tuile. Elle
prit, pour exécuter fon deflein, Philibert de Lorme
& Jean Bulan., tous deux François, & les plus
habiles architeétes de leur tems. Il ne fut com-
pofé que du gros pavillon quarré du milieu, de
deux corps-de-logis qui ont une terrafle du cote du
jardin, & de deux autres petits pavillons qui les
fuivent. Ces cinq corps qui forment ce palais,
avoient de la régularité & de la proportion. Le gros
pavillon du milieu , couvert en dôme quarré, eft
orné de trois ordres de colonnes de marbre ;
favoir, l’ionique , le corinthien & le compofite,
avec un attique encore au-defliis. Les colonnes
du premier ordre font bandées & ornées fur les
bandes de diverfes fculptures, travaillées fur le
marbre. Du côté du jardin, ces mêmes ordres ne
font que de pierre. Dans la reftauration de ce palais
que Louis X IV fit faire en 1664 fur les defiins
de Louis le V a u , dont François d’Orbay a eu
toute la conduite, on ajouta à ce pavillon le troisième
ordre avec un attique, afin que l ’exhaufle-
ment répondît à tout le refte : on fit le veftibule
Si le grand efcalier.
Aujourd’hui toute la face de cet édifice eft com-
pofée de cinq pavillons. & de quatre corps-de-
logis de 168 toifes trois pieds de longueur, dont
l’architeéhire eft traitée diverfement ; ce qui n’empêche
pas que le tout enfemble ne préfente un
beau développement. C ’eft-dans ce palais que fe
donnent les concerts fpirituels. Il s’y trouve d’ailleurs
une des plus belles faites de fpeébcles du
royaume.
Au-devant, & fur toute la longueur du château
, règne une terrafle peu exhauflee, dont le
bord eft garni de bonnes ftatues, & de vafes de
\fL plus belle forme. Les jardins ont été deflinés
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par le célèbre Lenotre; ils font ornes de terrafles,
de baflius & d’eaux jailliflaptes ; de groupes, de
thermes , de vafes , de ftatues :• ces morceaux en
marbre blanc, & tous des meilleurs maîtres. Outre
les groupes d’Hamadriades , les vafes, le berger
& le Dieu Pan , qui bordent la terrafle le long
du château , on voit dans ces jardins Annibal, près
duquel eft une urne, qui contient les anneaux des
chevaliers Romains tués à la bataille de Cannes;
Jules-Céfar , les quatre faifons, deux prêtrefles
vêtues à l’antique; les figures couchées du Nil,
du Tibre,.dé la Seine & de la Loire;l’enlèvement
d’Orithie par Borée , Enée qui fauve fon père
Anchife de l’embrâfement de Troyes , le Tems
qui enlève la Beauté, Lucrèce qui fe donne la
mort en préfence de Collatinus fon mari. Enfin ,
la Viéloire & la Renommée fur le pont tournant,
placé à l’extrémité des jardins. Ces jardins ont 360
toifes de longueur, & 168 de largeur.
Au-delà des Tuileries, près des bords delà rivière
, eft le Cours , appelé communément le
! Cours de la Reine. Marie de Médicis le fit planter ,
pour fervir de promenade. Il eft long de 1800.
pas , Si compofé de trois allées , que forment
quatre rangées a ormes , faifant enfemble 20 toifes
de largeur.
Proche le Guichet, on trouvoit deux églifes,
dont l’une Saint-Nicolas du Louvre deflervie par
des chanoines, Si l’autre Saint-Thomas du Louvre *
avec un chapitre dans la rue ce de même nom r
font aujourd’hui réunies fous le titre de Saint-Louis
du Louvre, en une feule églife, où fe voit le mau-
folée du cardinal de Fleuri. %
Le quartier Saint-Honoré a été ainfi nommé de
la rue de ce nom , Tune des plus grandes de Paris ,
dont l’extrémité donne dans la rue de la Féron-
nerie. On y voyoit dans les derniers tems la croix
du T iro ir , au coin de la rue de l’A rbre-Sec, appuyée
fur l’angle d’un pavillon. Son nom a fort
varie dans les anciens titres , tantôt c’eft la croix
du Traikouer, Trayoir, tantôt la croix du Triouer,
Tiroer. C ’eft-là que fe rendent les eaux d’Arcueil,
qui paflènt .fous le pavé du Pont-Neuf.
En avançant dans la même rue, on trouve l’é-
glife des pères de l’Oratoire, qui furent établis à
Paris par le cardinal de Berulle, le 11 novembre
1611. Cette maifon eft comme le chef-lieu de la
congrégation en France. Un peu plus haut, on
voit l’églife de Saint-Honoré, qui n’a rien de remarquable
que la richefle de fes canonicats, &
le maufolée du cardinal Dubois, dont on n’eût
pas dû perpétuer la mémoire par un monument.
L’églife eft fort au-deflous du médiocre.
Le Palais-Royal qu’on découvre enfuite fut bâti
de fond en comble pour fervir de logement au
cardinal de Richelieu : il fut d’abord nommé hôtel
de Richelieu, enfuite Palais-Cardinal , & finalement
Palais-Royal, depuis le féjour qu’y eut fait
ü COUr fous la régence de la reine Anne d’Au*
triche, Î1 avoit été donjié à Louis XIII par le car-
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