
2 2 0 L I T liabitans , Lithavi , ou Litavi. Ils ont remplacé
les anciens Gelons, qui faifoient partie des Scythes.
.
C ’eft un grand pays d’Europe, autrefois indépendant
, mais fournis aujourd’hui à deux couronnes
, /avoir la petite Lithuanie au royaume de
Pruffe ; & la grande Lithuanie, qui a titre de duché
, au royaume de Pologne. Tout ce pays a environ
cent cinquante lieues.de long, 8c cent lieues
de large ; il eft borné au nord par la Livonie, la
Çourlande, & partie de l'empire Ruffien ; à l’orient
par le même empire; au fud-eft 8c au midi
par la Ruffie polonoife ; au couchant par les pala-
tinats de Lublin 8c de Poldaquie, le royaume de
Pruffe , 8c la mer Baltique.
Hartnoch nous a donné en latin la defcription
de cette contrée fi long-tems'inconnue ; mais fon
ancienne.hiffoire eft enfevelie dans la plus profonde
obfcurité»
Nous favons feulement en général que les ducs
de Ruffie fubjuguèrent la Lithuanie dans les fièçles
barbares , 8c l’obligèrent à lui payer un tribut qui
çonfiftoit en faifceaux d’herbes , en feuilles d’arbres
, 8c en une petite quantité de chauffures faites
d’éc.orces de tilleul. Ce tribut parut rude aux Lithuaniens
, apparemment parla manière dure dont
on le levoit ; car il n’étoit pas difficile à payer.
Quoi qu’il en foit, leur chef Erdivil prit Tes armes
, fecoua le joug, fe rendit maître d’une partie
de la Ruffie en 12 17 , 8c exigea de.sRuffes le
même tribut que la Lithuanie leur payoit précédemment
Ringeld , un des fïicceffeurs" d’Erdivil, ayant
pouffé fes conquêtes dans la Pruffe , dans la Ma-
zo v ie , 8c dans, la Pologne, prit le titre de grand
duc de Lithuanie. Mendog, qui fuccéda à Ringeld,
marcha fur fes traces ; mais à la f in l e s pillages
continuels qu’il faifoit fur {es yoîfins,. attirèrent
leur haine , 8c les chevaliers T'eutoniques profitant
des circQnftances favorables , l’attaquèrent fi vive-
çneni, que Mendog , pour fauve.r fés propres états,
fe déclara chrétien, 8c fe mit avec fon duché.,
fous la proteââon dTnhoc.ent IV qui tenoît alors
le liège de Rome..
Ce p o n t i f e q u i venoit de déclarer, de fâ
propre autorité, Haquin. roi de Norwège, en. le
faifant enfant légitime., de bâtard qu’il, étoir,
n’héfita pas de protéger Mendog ; & voulant
imiter en. quelque manière la grandeur de. l ’ancien
fénat romain , il le créa roi de Lithuanie,,
mais roi. relevant- de Rome., « Nous, recevons,
s? dit-il dans fa bulle du 15 juillet 1251-., ce nou-
5; veau royaume de Lithuanie,. au droit 8c à la
» propriété de Saint Pierre., vous prenant fous
» notre prpt.eélion,, vous, votre femme, 8c vos
» enfans ».
Cependant la. Lithuanie ne. fut point encore un
royaume , malgré l’é.reâion du pape, Mendog
même abandonna bientôt le chriftianifme, 8c reprit
la Çourlande fur lès chevaliers Teuteniques
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affoiblis. Les fucceffeurs de Mendog maintinrent
Cei conquêtes, 8c les étendirent.
L’un d’eux, Jagellon, s’étant rendu redoutable à
la Pologne , 8c craignant les viciffitudes de la fortune
, offrit aux Polonois de recevoir le baptême
8c d’unir à ce royaume le duché de Lithuanie, en
époufant la reine Hedwige. Les Polonois acceptèrent
fes offres ; Jagellon fut baptifé à Cracovie le,
12 février 1386. Il prit le nom dUladiflas, époufa
Hedwige , 8c fut proclamé roi de Pologne : par ce
moyen la Lithuânie fut réunie à la Pologne, 8c
le paganifme qui avoit régné jufqu’au tems de
Jagellon en Lithuanie, peut-être plus fuperfiitieu-
fement que chez aucun peuple du monde , s’abolit
infenfiblement, 8c prit une teinture de. chriftia-/
nifme. Jagellon gagna, par fon exemple, par fa
conduite, 8c par fa libéralité, un grand nombre,
de fes fujets à la foi chrétienne ; il faifoit préfent'
d’un habit gris à chaque perforine, qui fe con-
vertiffoit. T
Enfin , fous Cafimir I I I , fils de Jagellon, les Polonois
convinrent qu’ils ne feroient plus qu’un
même peuple avec les Lithuaniens ; que le roi fe-
roit élu en Pologne ; que les Lithuaniens auroient
féance 8c fuffrage à la diète * que la mônnoie fe-
roit la même ; que chaque nation fuîvroit fes anciennes
coutumes, 8c que les charges de la cour 8c
du duché de Lithuanie fijbfifteroiènt perpétuellement,
çe qui fe pratique encore aujourd’hui. T e l
eft en deux mots tout ce qu’on fait de fhiffo.ire de
la Lithuanie.
La grande. Lithuanie porte le titre de grand duché,
parce qu’elle a dans fon étendue plufièurs
duchés particuliers , très-anciens x 8c dont la plupart
ont été les partages des cadets des grands
ducs. Elle eft partagée aujourd’hui en neuf par
latïnats.
On y parie la langue efolavonne, maïs fort corrompue
; cependant lès nobles & les habitans des
viliês parlent polonois ; 8c c’eft dans cette, langue
que les prédicateurs font leurs fermons.
Le duché de Lithuanie eft un pays uni, coupé
de lacs 8c de grandes rivières très-poiffonneufes *
dont- quelques-unes vont defoendre dans la mer
Noir.e , 8c les autres dans la mer Baltique. Les lacs
font formés par la fonte des neiges , Tèau coule
, dans de.s lieux creux, 8c y demeure. Les principaux
fleuves, font le Dnieper , autrement dit
le Boryftène , 8c le Villa ; l’un 8c l’autre pren-
nent. leurs fources d'ans la Lithuanie. La Dwine
la traverfe, & la Nieme.n qui s’y forme de plu-
fieurs. rivières, va fe, perdre dans le golfe de Cour-
. lande.
Le pays fait grand commerce de potaffè,donc
on fe fert aujourd’hui en'France pour les. leffi-
: ves., 8c. qui altère le linge ; beaucoup dè. bled-,,
8c furt-out dt; bled farraftn. La grande quantité
de miel qu’il fournit , fert à faire différentes boif-
fons, fur-tout de l'hydromel*. On y trouve aufii
d’excellens pâturages , ce qui" fert. à l’cntretièni
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d*un bétail prodigieux, 8c fur-tout des rhoutons
dont la laine eft très-fine. Les lacs 8c les rivières
font fort poiffonneux, 8c les forêts abondent en
ours , loups, fangliers , buffles , chevreuils, 8c
fur-tout en gelinotes ; par malheur l’a&ivité des
habitans ne répond guère à la bonté du terroir. Les
meilleures terres reftent en friche ; le foin.fe gâte
fur lés riches prairies ; 8c on a fi peu de foin des
forêts , que fouvent elles deviennent la proie des
flammes. Toutes les denrées font à fort bon marché,
mais le pays manque d’argent, 8c on n’y
prête qu’au plus haut intérêt. .
; La religion dominante eft la catholique romaine :
dp’ y trouve cependant, beaucoup de Luthériens,
dé Réformés, de Juifs, de Turcs , de Sociniehs,
8c de Grées fur-tout qui y jouiffent des plus grands
avantages.
Le commerce du pays confifte en bled , en
miel , en cire , en potaffe. en peaux de zibelines
, de panthères , de caftors ,- d’ours, 8c de
loups , que les étrangers viennent chercher fur
les lieux.
Les Lithuaniens ont une maniéré de labourer,
qui leur eft commune avec les habitans de la Ruf-
iié blanche ; ils coupent dans l’été des rameaux
d’arbres 8c de buiffons ; ils étendent ce bois fur
la terre, 8c couchent par-deffus de la paille , pour
le couvrir pendant l’hiver ; l’été fuivant ils y mettent
le feu ; ils fement fur la cendre 8c fur les charbons
, 8c auffi-tôt ils paffent la charrue par-deffus.
C ’eft ainfi qu’ils engraiffent leurs terres , tous les
fix ou huit ans , ce qui leur procure d’abondantes
récoltés.
Il paroît de ce détail que le duché de Lithuanie
doit être regardé comme un pays qui peut fournir
toutes les chofes néceffaires à la vie ; maïs cet
avantage n’eft que pour les nobles; les payfans
y font encore plus malheureux qu’en Pologne;
leur état eft pire que celui des efclaves de nos colonies;
ils ne mangent que du pain noir comme
la terre qu’ils enfemenceut, ne boivent que d’une
Lierre déteftable, ou du mêdon , breuvage de
miel cuit avec de l’eau, portent des chauffures
d’écorces de tilleul, 8c n’ont rien en propriété.
Un feignéur qui tue quelqu’un de ces malhheu-
reux, en eft quitte pour une légère amende. La
moitié de l’Europe eft encore barbare ! il n’y a pas
lorig-tems que la coutume de vendre les hommes
fubfiftoit en Lithuanie; on, en voyoit q u i, nés libres
, vendoient leurs enfans pour foulager leur
mifère, ou fe vendoient eux-mêmes, pour pouvoir
fubfifter.
11 y a encore en Lithuanie des principautés particulières
qui font gouvernées par leurs propres
princes , telles font Sluck, Niefwil'fch, 8cc. (AI a s -
SON D E M o RV IL L IERS . )
Lithuanie (p e tite ) , ou L ithuanie Prussienne
, portion orientale- du royaume de Pruffe,
aux confins de la Samogitie 8c de la Lithuanie polo
aoife , 8c renfermant dix-huit villesJf foixante-
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deux baillages 8c cent cinq paroiffes , dans une
étendue de vingt-quatre milles d’Allemagne en
longueur, & de huit à douze en largeur. Elle comprend
, foit en tout, foit en partie, des contrées
jadis appellées Schalau, Nadrau & Su dan ; contrées
q u i, fous ces noms anciens, n’ont pas fait
grand bruit dans le monde. Sous le nom de Lithuanie,
ce-pays mérite un peu plus d’attention;
il a le meilleur fol de toute la. Pruffe , 8c il eft le
mieux cultivé du royaume. Dépeuplé par la pelle
q u i, l’an 1709 , fit tant de ravages en Pologne 8c
à la ronde, il devint, peu d’années après , un des
objets particuliers des foins , des fecours 8c des
bienfaits du roi de Pruffe Frédéric-Guillaume. La
fageffe de ce prince ayant d’abord vifé à repeupler
la province, l’on y vit accourir, dès l’arr
172.0 , line multitude de François , de Palatins,,
de Franconiens 8c de Suiffes, qui fur la foi des édits?
8c fous la prote&ion des ordonnances de ce roi jufle
8c bon , allèrent y fonder des colonies heureufesc
Quinze mille cinq cens Saltzbourgeois , perfécutés-
dans leur patrie , y furent encore attirés l’an 1732 ,.
8c tous ces nouveaux habitans, affociés au petit refte
des anciens , ne tardèrent pas à donner à la contrée
plus de profpérité qu’eile n’en ayoit jamais
eu, 8c à rembourfer ainfi bien amplement an loi
de Pruffe toutes les avances qu’il avoit faires pour*
leur établiffement. Bientôt les hameaux , les villages,
les villes, s’y multiplièrent: bientôt les arts 5c métiers y profpérèrent : bientôt le commerce1
y fleurit : bientôt l’agriculture y fut remife en vigueur.
Il y eut des terreins défrichés, des marais
defféchés , des forêts extirpées ; 8c pour ^donner
aux produélions du pays le mérite de la diverfité,
chacun des colons s’y diftingua par l’exercice dé
fon talent national. Le Saltzbourgeois eut les champs
les mieux cultivés , le Suiffe eut les troupeaux les
mieux nourris , 8c le François fe livra, par préfé-
férence, au négoce, aux arts §c métiers , oc à la
plantation du tabac. Il fort chaque année de cette
province des milliers de boeufs, de vaches, de bre-
. bis 8c de chevaux ; des milliers de facs de grains ,
8c des tonneaux de beurre 8c de fromage, 8c quantité
de tabac en feuilles , de draps, de toiles 8c de
cuirs préparés. Les villes de Memel, de T ilfit,
d’Inftersbourg 8c de Gumbrnnen , en font les principales.
La liberté de confcience y règne ; mais il
y a beaucoup moins de catholiques que deluthé-'
riens 8c de réformés. La maifon d’Anhalt-Deffau
poffède dans cette province un territoire de cinq à
fix milles de circuit, dont le bourg de Bubainen
eft le chef-lieu , 8c dont les revenus annuels vont
à 20000 rixdallers. (/?.)'
LITLEBOURG, bourg d’Angleterre, au comté-
de Nottingham , fur la rivière de Drefte, à 8 milles
de,. Lincoln.
LITOMYSL, ou Leitomichel, ville de Bohème
, au cercle de Chrudim. Elle appartient avec
fes villages aux comtes de "Waldftein. C ’étoit autrefois'
le fiège d’un évêché, érigé par l’empereur.