
gré s , a une fi grande latitude, ne font que d*en-
viron trois lieues •, ce ferait donc cinq cens lieues
à faire. Prenez une lieue par h eure, dans un tems
où le nord n’ a 'pas de nuit , on paffera l’ancien
détroit d’Anian, qui fépare l’Afie de l’Amérique,
au plus tard dès le commencement de ju ille t,
on accordant deux mois de navigation à caufe
des glaces & des obstacles imprévus. Si l ’on ne
veut pas hiverner en Amérique , rien n’empêche
de repaffer ce même détroit devant le cap Scha-
laginsk oi, au commencement d’août, pour fe
trouver au premier oétobre à la hauteur de la
nouvelle Zemble , qu’on peut repaffer jufqu’au
quinze de .ce même mois , d’où l’on regagnera
l ’Europe ou la baie d’Hudfon.
Voici donc les moyens que nous préfentons
aux nations Européennes qui voudront s’afliiref
du nouveau-monde par le pôle Arétique.
C eft de ne prendre pour cette expédition que
des volontaires bien prévenus des dangers & des
difficultés de cette navigation, mais déterminés
a ies affronter -, d’y encourager les officiers par la
promeffe de marques ou de places d’honneur ; les
matelots par une paie double , avec l’attente
d’une récompenfe au retour du voyage •, de joindre
à cet aiguillon le frein des peines capitales
contre les l’editieux.
A ces navigateurs on doit réunir deux habiles
mathématiciens , foit pour prendre exactement
le s latitudes & les longitudes, foit pour faire des
recherches & des obfervations utiles aux progrès
du commerce & des fciences. Ne fût-ce qu’une
fbciété marchande qui entreprît cette expédition,
un fouverain y contribuera fans doute, du moins
pour les frais des favans qui peuvent en rapporter
des lumières utiles au gouvernement.
Cet armement devroit être compofé de deux
frégates & d’un y a ch t, ou brigantin léger &
bon voilier. Il faudroit garnir un des vaiffeaux ,
en-dehors, de feuilles d’acier poli , foit pour résilier
au choc des glaçons , foit pour gliffer entre
les montagnes de glaces , & frayer le paffage
aux deux autres bâtimëns. Ces vaiffeaux devraient
tirer peu d’eau , s’il étoit poflible, pour les parages
où la mer n’auroit pas de profondeur. Ils devraient
être pourvus chacun de trois ou quatre
chaloupes savoir des provifions d’eau-de-vie , de
bon vinaigre , & des remèdes anti-fcorbutiqnes,
iavec deux bons chirurgiens pour les adminif-
trer. I l faudroit apporter des viandes moins fa-
lées qu’à l’ordinaire , parce qu’ au nord elles ne
fe corrompent guere ; & ces viandes feraient
plutôt du boeuf que du porc. Ces vaiffeaux devraient
être équipés de tous les inftrumens né-
ceffaires à la peçhe de la baleine, pour entretenir
l’ exercice qui prévient les maladies de l’équipage.
I l ne faudroit pas manquer d’artillerie
& d’armes, mais pour la défenfe & non pour
l ’attaque , avec la précaution de ne jamais tirer
Je canon fur les côte« inconnues & fauvages, de
peur d’ en effaroucher les habitans , comme ils-
l ’ont été fans doute fur les terres Auftrales ,
qu’on a données pour défertes, après en avoir
fait fuir les hommes & les animaux par le bruit
inoui des décharges d’artillerie. Au lieu de ces
épouventails on devroit attirer les fauvages par
des careffes & par des préfens d’ uftenfiles de fer :
on aurait fur le s vaiffeaux quelques perfonne*
de différentes nations Européennes , mais instruites
des langues de la Tartarie ou de quelques
langues fauvages. On pourrait renvoyer la
brigantin en Europe dès l’ inflant où l’on aurait
paffé le cap Schalaginskoi, & reconnu les
cotes de l ’Amérique ; les avis qu’ il portero.it
donneraient le loinr de préparer un nouvel envoi
pour le printems fuivant. Enfin il ferait à
fouhaiter qu’on pût former quelques établiffe-
mens dans les îles voifines de celle de Bering ,
pour avoir un entrepôt sûr & commode, un lieu
de rafraîchiffement, une flation d’hivernement;
mais il faut toujours placer ces fortes d’établif-
femens dans la zone tempérée, foit en Amérique
à l’ouefl de, la Californie , foit vers le continent
de l’Afie , s’ il eft poflible de s’y établir fan*
faire ombrage & fans y porter la guerre.
La mer Pacifique, qui s’étend entre” l’Afie &
l’Amérique , ouvre feule la route du commerce
entre les quatre parties du monde. Au nord elle
offre un vafle continent de l’Amérique à découvrir
, à fonder* -, au fud , les terres auftvales du
nouveau monde ; à l’orient, le Mexique & le
Pérou ; à l’occident, le Japon , les Philippines,
les Moluques. Elle eft dans toute fon étendue
femée d’une infinité d’ îlés -, l’Efpagne & la Hollande
y ont fait toutes les conquêtes , tous les
établiffemens qu’elles pouvoient délirer, & peut-
être plus qu’ elles n’en pouvoient garder ou pof-
fëder fans s’aftoiblir. Les autres nations de l ’Europe
ne doivent efpérer de s’établir dans ces régions
que par la route du nord. La navigation
aéluelle des Indes , e f t , par les-chaleurs & la
longueur de la route, un gouffre par la mortalité
des hommes & la dépenfe des vivres ;
elle laiffe un trop grand intervalle entre les
voyages pour la communication des métropoles
avec les colonies. Tout invite donc à tenter la
route du nord -, quand elle fera ouverte , il faut
chercher fur la mer Pacifique deux îles, l’une au
voifinage de la Californie , l ’autre plus près de
l ’Afie ; toutes les deux entre le quarante-cinq
& le cinquantième degré de latitude.
Les pays tempérés conviennent mieux aux
établiffemens des Européens , qui doivent choifir
un climat analogue à celui de leur patrie. Qu’on
compare la population des établiffemens des Hol-
landois , & même des Efpagnols , fous la zone
torride arec çelle des colonies Angloifës ;
combien celles-ci l ’emportent pour le nombre
8c l’aélivité des hommes ? il faut un pays doux,
arrofé de rivière s, 8c çouYert de bois , où l’on
ptiiffe conftruire. & avitailler des vaiffeaux :
alors les voyages au fud , à l’efl & à l’oueft ,
ne feront que des promenades ; 8c dans i’efpace
de dix ans , on fera plus de découvertes , plus
de progrès dans le commerce , qu’on n’en a fait
depuis deux cens ans.. . ' ^ '
Le capitaine Cook a tenté, inutilement le paf-
fage du nord , par la mer du fud , en i77®% Jjj
a reconnu le Cap g lacé, dont il a détermine la
latitude à 70 dégrés 29 minutes, fur les parages
de l’Amérique. I l a reconnu fur les cotes d’A-
üe le Cap nord, dont il a fixé la latitude à 68
degrés 56 minutes, & la longitude à 180 dégrés
51 minutes. Il a touché au cap Tehukotskoi-
Nossy dont il a trouvé la latitude de 66 dégrés 6
minutes, la longitude dei 90 dégrés 22 minutes ,
& qu’ il annonce pour le cap le plus oriental de
l ’Afie.
Ce célébré.-navigateur Angîois , bat en ruine
la prétendue riviere du Martin d’Agiiilar , à la
latitude de 43 dégrés 10 minutes , par 23 5 degrés
5$ minutés de longitude, qu’ il a reconnu être
une large entrée ou détroit. Il détruit également
le prétendu détroit de Jean Fuca , à la latitude
de 48 dégrés 15 minutes, & par les 235 dégrés
3 minutes, de long. Voici fes propres expreflions.
Les géographes ont placé le prétendu détroit de
Fuca à la latitude ou nous nous trouvions T mais
nous ne découvrimes rien qui reffemblât à un détroit
, & il eft hors de toute probabilité qu’ il y
en ait un. ( 22 mars 1778. ) H annonce aufli
comme imaginaire , 8c controuvé .le détroit de
Fonte.
Dans cette expédition , Cook découvrît au
nord-oueft de l’Amérique une riviere navigable
à laquelle on a donné fon nom , & qu’ il a reconnue
julqu’ à 61 dégrés 30 minutes de'latitude,
& à 210 de longitude. I l fit aufTi la découverte
des îles Sandwich dans la mer du fud. ( R. )
PASSAGE, petite v ille d’Efpagne , dans le
Guipufcoa, à un quart de lieue de S. Sebaftien ,
avec un port. Long. 1 5 ,4 2 •, lac. 4 3 ,2 5 . (R )
PASSÀIE , voye\ Passage.
PASSAROWITZ, petite v ille de la Turquie
Européenne, dans’ la Servie , fur la Morave ,
remarquable par le traité de paix que les Impériaux
& les Turcs y conclurent en 1718. ( R. )
PASSARVANT ou PASSAROEVAN , ville
des Indes dansl’île de Java. Long. 134. 30 fat.
mérid. 7. 30. ( R. )
PASSAVANT , bourg & belle feigneurie ,
dans la principauté de Montbelliard , fous la
fbuveraineté de la France , à huit lieues nord-
oueft , de Montbellia’ d. Il s’y trouve à Auxelle
une caverne très-curieufe, de 35 pas de profondeur
, fur 60 de largeur -, aux voûtes de laquelle
font f u (pendus, des blocs de glace d’ un
bèl effet -, mais la plis grande abondance des
glaces qui s’y trouvent , fe forme du petit,ruif-
leau qui paffé dans la caverne. II coûle en
hiver , 8c fe gèle en été. Au fond de la caveine
on voit des pierres qui imitent des ecorces e
citron confit. Quand le brouillard s’y m anirelte,
c’eft un pronoftïc de pluie pour le lendemain.
( R. )
P a s s a v a n t , nom de quatre bourgades en
France ; l’ une dans l’Anjou , à trais lieues do
Montreuil-Bellay i l’autre en Champagne , au
diocèfe de Châlon-, la troifieme av ec une pré vote
royale dans la Franche-Comté, a 6 lieues nord-
eftde Befançon ; la quatrième , dont nous avons
parlé,dans la principauté de Montbelliard. (R. )
PASSAW , v ille , & état fouverain d Allemagne
, dans la Bavière , aux confins de 1 Autriche
& de laBohême. La v ille eft libre, 8c impériale
, l’état eft fous la puiffance de fon evê-
que qui eft prince de l’empire. Le ftége épifco-
pal de.-Pafftw fut établi en 737 » a l a c ^u^e
l’ancien archevêché de Lorch , qui prit fin avec
la ville de ce nom, détruite par les Huns. Les
évêques de Paffaw étoient luftragants de Saltz-
bourg -, mais en 172.8 , ils obtinrent du pape Be-
nois X III, de ne relever que du S. Siège , & en
1732 , Clément X I I confirma la bulle de fon
prédéceffeur, contre laquelle protefta^ l’archevêque,
de Saltzbourg. Aux diètes de l’Empire il*
fiégent entre les évêques de Ratifbonne & der
Trente. Leur revenu s’élève , à ce que l’on
affure, à 80000 écus d’or. Le chapitré eft compofé
de 23 canonicats»
Paffaw , en latin P a ta v îi , eft une ville
forte & bien bâtie, fituée fur le Danube , au
confluent des rivières d’Inn & d’ I lt z , qui la
divifent en trois parties qui forment comme trois
villes contiguës : Paffivw , Illftadt & Innftadt.
Sa cathédrale paffe pour une des plus magnifiques
églifes de l’Allemagne. En 15 52 il s’y fit
une paix de religion , dite la tranfaélion de Paj-
faw , qui fût fans effet. Le duc de Bavière battit
les Impériaux près de cette ville , en 1703 „
& prit la place en 1704. Cette v ille eft à
lieues eft-fud-eft de Ratifbonne ,3 2 eft nord-
eft de Munich , 5.4 oueft de Vienne. Long. 31 ,
9 ; lat. 48, 26.
Près de Paffaw , on pêche dés perles dans la
riviere d’Iltz. Cette pêche appartient à l’eleéteuc
de Bavière & à l’archiduc d’Autriche. ( R. )
PASSENHEIM, ville de Pruffe, dans l’Ober-
land& dans le grand bailliage d’Ortelsbourg, au
bord du lac de Szoben a fa fondation eft duxive.
fiécle , mais fa profpérité , fréquemment troublée
par la guerre, la pefte & les incendies ,-në
paraît avoir encore pris aucune confiftance.(R.)
P a s s e n h e i m , ou B a s s e n h e i m , feigneurie
avec un château dans l’éleétorat de Trêves,
au bailliage de Coblentz , avec titre de comté.
Ce petit état eft du cercle de Weftphalie , &
fes comtes font membres de lanobleffe de ca
cercle. Les autres domaines de ces princes, font :
Olbrück , Koenigzfeld, & Bornheim, dans le