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de même nom. La menfe abbatiale en fut feutre
»perpétuité à l’archevêché de Trêves en 1^79.
Cette abbaye fut fondée par Pépin , 'a la
priere de la reine Berrhe fa femme. Son fils
s’étant révolté contre lu i , il lui fit couper les
c.heveux , & le relégua dans ce nouveau mc-
naftere. C’eft aufli dans ce même lieu qu’en
l ’empereur Lothaire , fils de Louis le Débonnaire
, après avoir bouleverle l’Europe fans
fuccès & fans gloire , fe fenvant affaibli, vint
Te faire moine. Il ne vécut dans le froc que
fix jours| & mourut imbécile, après avoir régné
en tyran.
Les empereurs fes fucceffeurs honorèrent les
abbés de Pruim du titre de princes dufaint empire.
Les biens de cette abbaye ayant prod:
gieufement augmenté , devinrent l’objet de la
cupidité des archevêques de Trêves , qui en
font aujourd’hui les titulaires.
Cette abbaye eft une des plus régulières de
l ’ Allemagne : on y montre la femelle d’ un
des fouliers qu’on dit êtpe de Noire-Seigneur
Jëfus-Chrift , donnée au roi Pépin par le pape
Xacharie, & il en eft fa t mention dans l.e
titre de la fondation du monaftere.
Une autre fingularité de cette abbaye , eft
la fondation d’un orato re fou.terrei'n de! l’an
1097. .In honore fanclomm vigtntt quatuor Je-
niomm. Voyez le voyage littéraire de doin
Mat-renne. Longit. de ce lieu 24. 1 ]'• lotir.
50. 13'. Cette abbaye reçut ton nom du Bourg
de irritym . qui en eft voifm. (R-)
PRURHEIN , contrée d’Allemagne , dans le
cercle du bas-Rhin & dans le CraL.hgau , 1 é-
leftetir palat n & l’évêque de Spire en pofie-
dent chacun une portion. Le bailliage de Bret-
ten eft dans celle du premier , & la ville de
Bruchfal eft dans celle du fécond -, celle c i,
d’ailleurs eft remarquable par le f.jour qu’y
firent les armées de l’empereur & de 1 empire
en 1735 ; lors du liège de Philipsb ourg , elles
s’ v cainrerent Sc s’y retranchèrent lans fauver
là placé -, mais fi les niouvcmen.s de l’empire
dans ce rte occafion ne furent pas efficaces, au
moins font-ils les derniers qu’ une guerre déclarée
lui ait fait faire contre la France. (R.)
PRUSEok B r:RSE .villeautrefois capitale de
la Bith’ -nie , St auionrd’hui la plus g 'ande &
la plus belle de la Turquie, dans la Natolie.
Les mofqnées y font 'belles , & la plupart
couvertes de plomb. Il y a un férail ban par
Mahomet IV . Les fontaines y font fans nombre
& prefque chaq; ë maifon a la benne.
Les 'rues font bien pavées, ce .qui n’ eft pas
ordinaire cher les Tires. Les. faut bourgs font
plvs g-ands & pins peuples que la V4'U| , ils
.font habrés par des. Arméniens , des Grecs 8c des T ni fs - Les premiers ont uneeghle , les
Grecs en ont trois , 8c les Juifs ont qua re
lynagogues. On compte plus de 40 mille âmes
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dafisi Prufe. C’eft la réfidence d’un pacha >
d’un aga des janiffaires & d’ un cadi.
Le nom de Prufe , & la fituarion au- pie du
mont Olympe, ne permettent pas de douter
que cette ville ne foit l’ancienne P ruja, bâtie
par Prufias roi de Bithynie.
Les médailles de cette ville , frappées aux
têtes des empereurs roma’ns , montrent bien
qu’elle leur rut attachée fidèlement. Les empereurs
grecs ne la pofféderent pas fl tranquillement.
Les Mahoméians la pillèrent, 8c la ruinèrent
fous Alexis Comnene. L’empereur A ndronic
Comnene , à ce que dit Nicétas, la fit faccâger
a l’occafion d’ une révolte qui s’y étoit excitee,
Après la prife de Conftantinople par le comte
de Flandre, Théodore Lafcaris , dçfpote de
Romanie , s’empara de Prufe à l’a:de du fui-
tan d’Iconium , fous prétexte de conferver les
places d’Afieà fon beau-pere Alexis Comnene,
furnomme Andronic. Prufe fut afliegee par Bern.
de Bracheux , qui avoit mis en fuite les troupes
de Thépdore Lafcaris. Les citoyens firent
une fi belle réfiffance que les Latins furent«,
contraints d’abandonner le f ie g e , 8c la place
rèfta à Lafcaris par la paix qu’ il fit en 1214,
avec Henri II. empereur de Conftantinople ,
& frere de Baudouin.
Prufe fut le fécond fiege de l’empire turc en
Afie. L’ii iuftre Othoman qu’on peut comparer
aux héros de l’antiquité , fit bloquer la ville
par deux forts , 8c obligea Berofe gouverneur
de la p ace de capituler en 1326.
Tamerlan conquit Prufe■ fur Bajazet au commencement
du x v . lieclé.
On lit dans les annales des fultans , qu’ il y
eut un fi grand incendie à Prufe en 1490 , que fes
vingt-cinq quartiers furent réduits en cendres.
Zizime, cet iiluftre prince othoman,fils de Maho?
met II. difputant l’empire à fon frere Bajazet II.
fe fai fit de la v ille de Prufe , pour s’affûter de
la Natolie •, mais Acomath gênerai de Bajazet, le
battit deux fois dans ce même pays, 8c peu
de rems après il eut encore le malheur , de
tomber en 1494, entre les mains du pape.
Dion , orateur 8c pliilofophe , naquit dans
cette ville. I l vécut fous Vefpafien , Dom tien ,
& Trajan qui le confidéroir , & q u i s ’en*re-
tenoiîlbu vent avec lui. 11 compofaen latin quatre-
vingt oraifons, orationes., que nous avons encô e 8c qui ont été imprimées à Paris, en 1604 8c 1623
in-fol. z. vol. Mais on n’y retrouve par cette pureté
de langage, cette grandeur de feiuimens
cette nobieffe de f t y le ,. en un mot, cette éloquence
romaine du beau fiécle de Cicéron.
Prufe étoit aufli la patrie d’Afclépiade, un
des célébrés médecins de l’antiquité, il étoit contemporain
de Mithrïdate, & ne vo.ulut point
aller à fa cour , où l’ on tâcha de l’attirer pàg
des promeffes magnifiques. Il ne croyoit point
que l’spne fût diiiin&e de la naatiere. Il çompofa
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pofa plufieurs livres qui font tous perdus.. P line
, Celle & Galien en ont cité quelques-uns.
Apulée, Celfe & Scribonius Largus, lui donnent
de grandes louanges. F 'o y e ^ B u r s e .
PRUSSE, royaume d’ Europe, finie le long
-de la mer Baltique , 8c qui s’érënd depuis les
frontières de la Poméranie , jufqu’à la Samo-
gitie 8c à la Cour lande avec laquelle il confine
aujourd’hui par la petite riviere d’Aa. Le
royaume de Pologne le borne au midi.
La plus grande partie de lâ Prujfe. confifte-
en plaines. Les diftriéls fitués à l’ orient 8c au
midi font montueux 8c couverts" de bois. Le
terroir y abonde en toutes fortes de grains, 8c
on n’y manque'pas de fruits. On y éleve beaucoup
de beftiaux , de beaux chevaux fur tout,
& le pays offre de vaftes plantations de tabac
& de houblon. On ramaffe d’ailleurs de l’ambre
jaune fur fes côtes.
La religion dominante de ce royaume eft la
Luthérienne évangélique : le commerce y eft -
fur un allez bon pied , fur-tout en y combinant
l’exportation & l’importation de la Pologne
qui ne peut fe faire que par la Prujfe , &
les fabriques s’y multiplient 8c s’y perfeélion-
nent chaque jour.
L’ordre royal de Prujfe eft celui de l’Aigle,
noir, créé par Frédéric I , à Koenigsberg, la
veille de fon couronnement. Il a pour marque
une croix d’ or émaillée en bleu, femblable à
la croix de Malte , avec quatre aigles noirs
éployés aux quatre angles intérieurs. Cette croix
eft fufpendue à un la’ ge ruban orangé. Les chevaliers
portent d’ailleurs une croix ou étoile brodée
en argent fur le cô’ é gaTuche de l’habit.
La Prujfe ftit habitée du tems de Tacite & de
Pline , par les Goths, les Ælyens & les Vene-
des : ceux-là étoient germains, mais les Vene-
des étoient Sarmates ou Efclavons. Çïaciti Germania,
c. 45, 46. Pline, hift. nat., liv. 37,
c. 2.. ) Ce pays fut connu dès-lors aux Romains
pat l’ambre ( fuccinum , glefum ) qui lui a été
particulier de tout , tems j fqu’ à nos jours. Le
nom de Prujfe eft Efçlavon , Sarmarique ou
Polonois qui font la même nation. Il a la même
lignification que Po ! ufßa. , près de la Ruflie,
de même que Poméranie fignifie près de la
mer.
Depuis la grande migration des peuples , dans
le cinquième fiecle , on ne trouve en Prujfe
que des nations Slaves ou Venedes, j"fqu’au
treizième fiecle dans lequel elles Furent fub-
juguées & converties au çhriftianifme par les
chevaliers de l’o dre Teutonique, que Conrad,
duc de Pologne & de Mafo/ie, appela à fon
fecours , contre les invafions des Prafliens. Cet
ordre conquit toute la Prujfe 8c la pofféda j.if-
qu’ à l’an 1440. Ce fût alors que s’étant, rendu
odieux aux Pruffiens par fa tyrannie, la plus
grande partie des Prufiieùs fe fouleya 8c fe ibu*
Gé°gr% Tom. IL
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piit à Câiimîr, roi de Pologne. Après de longues
guerres , le roi de Pologne garda , par
le traité de paix de 1466, la partie de la Prujfe
qui a été appellée enfuite la Prujfe Polonoife ou
la Prujfe royale, qui contient les diftriéb* appelles
enfuite Palatinats de Pomérellie., de Ma-
riembourg, & de Culm , fitués des deux côtés
de la Viltulc , & dont les principales villes
font Dantzig, Elbing 8c Thorn. Il laiffa à l’ordre
Teutonique la partie ultérieure de la Prujfe ,
appellée enfuite Prujfe ducale dont capitale
eft Koenigsberg.
Les chevaliers 8c le grand-maître de l’ordre
Teutonique pofféderent ce pays jufqu’ à l ’an
1525. Mais à cette époque , le grand-maître A lbert,
margrave de Brandebourg , quitra l’or-,
dre , renonça à fes voeux , embraffa la religion
Luthérienne , . 8c époufa la fille de Sigifmond
J , roi de Pologne \ 8c n’ayant maintenu juf-
que-làla Prujfe que par l’afïiftance de fon coufin
l’Ele&eur dé Brandebourg, il obtint enfin que
Sigifînond, vainqueur de l’ordre , lui affuràt la
Prujfe à titre de duché 8c de fief de Pologne ,,en
y aboliffant l’ordre Teutonique, lequel fe retira
en Allemagne, où il a encore de grands bailliages 8c fon fiége principal à Mergentheim, proteftant’
de tems en tems contre la poffeflïon de la Prujfe par
la maifon de Brandebourg.
La lignée du duc Albert s’éteignit en 16 11, 8c le duché de Prujfe fut transféré dans la même
qualité féodale par le roi de Pologne à Jean
Sigifmond , éleveur de Brandebourg , le plus
proche parent , 8c en même tems gendre du
dernier duc de Prujfe. Le fils & le petit-fils
de Jean Sigiftnond , les éleâeurs de Brande-
bourg , Gèorge-Guillaume 8c Frédéric-Guillaume
, continuèrent à poffeder le duché de
Prujfe comme un fie f de la Pologne -, mais
comme ils fe trouvèrent continuellement vex«és
par des fujets inquiets 8c les Polonois envieux ;
l’éleéleur Frédéric - Guillaume , qui a enfuite
par fa fageffe & fa valeur jette les fondemens
de la grandeur de la maifon de Brandebourg , 8c s’eft acquis , à jufte titre , le furnom de
grand , profita de la longue guerre que Les
Polonois avoient peine à foutenir contre les
Suédois. Il vint à leur fecours contre Charles
- Guftave, roi de Suède , 8c en reconnoiffance
de l’afliftance qu’ il leur donna, Jean Cafimir ,
roi de Pologne, renonça par le traité de Welau ,
conclu en 1657, à la fùpériorité féodale de la
Prujfe, 8c reconnut l’éleéleur de Brandebourg
pour duc fbuveraïn de la Prujfe, n’en réfervartt
a la Pologne que la réverfion. quand toute lignée
mafculine de Brandebourg feroit éteinte,
i Cette glorieufe maifon ayant enfuite aggran-
d i'& confolidé fes états , fur -tout intérieurement
par les excellens arrangemens économiques
8c militaires qui font connus , au point
que le grand éledeur Frédéric-Guillaume joua
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