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Il eft certain qu’on doit la mettre au rang des anciennes
villes ; puifqu’avant l’an 1000, elle figuroit
déjà comme un lieu confidérable , & la principaîe
place du Loudunois fournis à l’obéîffance des comtes
d’Anjou.
Cette v ille , fituée entre la Dive & la Creufe.,
eft le liège d’un baillage , d’une éleâion , d’une
prévôté royale. Il s’y trouve une êglife collégiale ,
deux paroiffes, 8c une commanderie de l’ordre de
Malte. Elle fe fit confidérer dans les guerres civiles
du feizième fiècle, & par fa fituation , & par
fon château , que Louis XIII démolit en 1633. Le
couvent des Ürfulines la rendit fameufe dans la
même année, par la pofleflion imaginaire de plufieurs
de fes reJigieules, & par l’inique condamnation
d’y^bain Grandier, curé de Loudun qui fut
une des malheureufes victimes de la haine du cardinal
de Richelieu, qui le fit brûler vif. On pour--
roit oppofer ce feul trait de la vie du grand minière
de Louis X I I I , à tous les éloges d’ufage, fi
fades & fi bas que lui prodiguent nos académiciens
lors de leur réception à l’académie françoife.
Loudun eft fituée fur une montagne à 12 li. n. o.
de Poitiers, 15 f. o. de Tours, 62 fi. o. de Paris. Long. 17, 42 5 làt. 47, 2.
Cette ville eft la patrie de plufieurs gens de lettres
, parmi lefquels je ne dois pas oublier Bouil-
laud ( Ifmael) qui pofledoit la théologie , l’hiftoire,
les belles-lettres & les mathématiques. Ses voyages
eu Italie, en Allemagne, en Pologne, & au levant
, lui procurèrent des connoiffances qu’on n’acquiert
que par ce moyen. Il mourut à Paris en
1694 , âgé de 89 ans. Son éloge fe trouve parmi
les hommes illuftres de Perrault.
Chevreau ( Urbain ) favant & bel efprît, qui a
eu une réputation qui ne s’eft pas foutenue ; l'h’f- toire du monde, fon meilleur ouvrage, fouvent
réimprimé, fourmille de trop de fautes pour qu’on
puiffe le louer. M. Chevreau eft mort en i y a i , à
quatre-vingt-huit ans.
Macrin (J e a n ) , un des meilleurs poètes latins
du feizième fiècle, au jugement de M. de Thou ,
qui a fait fon éloge ; fon vrai nom étoit Maigret r
il s’appella M'actïnus dans fes poéfies latines, d’où1,
lui vint le nom de Macrin en françois, qui lui eft
demeuré. Il mourut de vieilleffe dans fa patrie en
1.5 5'5* , ,
Renaudot ( Théophrafte ) , médecin, mort en
165-3- à foixante-dix ans, commença le premier , en
16 3 1 , à publier les nouvelles publiques fi connues
fous le nom de galettes.. Il a eu pour petit- fils,
l’abbé Renaudot, favant dans l’hiftoire-& les langues
orientales, mort à Paris en 1720, âgé de
foixante-quatorze ans.
Les frères jumeaux , Scévole & Louis de Sainte-
Marthe , fils du premier Scévole , enterrés tous les
deux à Paris à S. Severin dans le même tombeau ,
furent très-illuftres par leur favoir. On a d’eux
l ’hiftoire généalogique de la maifon de Bourbon-,
U Qallia■ ChrijUana pleine d’érudition-, & plufieurs.
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autres ouvrages. Scévole mourut à Paris en 1650,
à foixante-dix-fept ans, & Louis en 1656. '
Leur père Scévole leur avoit fervi d’exemple •
dans la culture des fciences. C ’eft lui qui réduifit
Poitiers fous l’obéiffance d’Henri IV , & qui fauva
la ruine de Loudun , où il finit fes jours en 1623 ,
âgé de foixante-dix-huit ans. On doit le mettre au
rang des meilleurs poètes latins de fon fiècle.-
C ’eft une famille bien noble que celle de Sainte-
Marthe , car elle n’a produit que des gens de
mérite, qui tous ont prolongé leur carrière dans
le fein des mufes, jufqu’à la dernière vieilleffe,
w
LOUDUNOIS , ou Lodunqis , contrée de
France, dont la capitale eft Loudun. La petite
rivière de Dive la fépare de l’Anjou & du Poitou,
Le Loudunois a fa coutume particulière , à laquelle
le parlementa tantôt égard, &. tantôt point.
De Lauriere a fait un commentaire fur cette coutume
, avec une'hiftoire abrégée du p ay s , qui eft
ce qui nous intéreffe le plus ici, (/?.)
LOUGN ON, rivière qui prend fa fource dans
les montagnes de Vofges, traverfe une partie du
comté de Bourgogne, paffe à Pefme, •& fe jère~
dans la Saône à trois lieues au-deffous de Gray
près de Pontailler. (Æ.)
LOUGRES , village de ta principauté de Mont-
belliard, en Franche-Comté, à deux lieues de la
ville même de Montbelliard. Il eft remarquable par
une fource d’eaux médicinales, appellée la faine
fontaine, à caufe de fes vertus falutaires, (/L)
LOUHANS, ou Loans, Lovincurn ,. ville de la
Breffe châlonnoife en Bourgogne , dans une efpèce-
d’île formée par les rivières de Seille, de Salle &
de Solvans, à 6 lieues de Châlon, 4 deToumus, 9
de Mâcon , 4 de Saint-Amour. Il y a un dépôt pour
les marchandifes qui paffent de Lyon en Suiffe &
en Allemagne , pendant les quatre foires franches-
de Lyon, Cette ville appartenoit anciennement &
la maifon de Vienne- ; Henri d’Antigny lui accorda
, en 1269, des franchifes & privilèges au-
torifés par le comte de Bourgogne , & Hugues de
Vienne, lire de Pagny, duquel elle relevoit immédiatement.
MM. de Saint-Jofeph y ont le collège èc une
penfion qui eft en réputation- Elle a d’ailleurs:
un hôpital & quelques manufactures.. Elle a vifc
naître Régnant de Louhans-, dominicain , qui tra-
duififau XVe fiècle-le livfe de la, Confolaiion de
Boëce.
Gabriel Gauchat, chanoine de- Lan grès , abbéV
de S. Jean de Falaîfé, meilleur prédicateur qu?au-
tenr;
On marche à couvert dans toute la. viHe,. par la-,
faillie du premier étage dé chaque maifon, ainfij
qu’à Berne , à Bologne, à P a d o u e à Modène ,,
par les portiques qui accompagnent les rues :,
mais cette précaution a fes inconveniens r- ces.
avances ou portiques obfcurciffent l’intérieur des.
maifons, es diminuent, la falubrite, 8c rendent
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moins fûrs pendant la nuit les trajets qu’on a à
faire dans l’intérieur de la ville. (Æ.)
LOUISBOURG , Arx Ludovicinia, ville d’Allemagne
, au cercle ,de Suabe, dans le duché de Wir-
temberg, bâtie en 1708, avec un très-beau château.
Elle eft à trois lieues de Stutgard, & fut
quelque tems la réfidence de la cour. (/£.)
Louisbourg, petite v ille de l’Amérique fepten-
trionale , capitale de lî le Roy ale, ou cap Breton.
On la nommott précédemment le Havre à l Anglois.
Elle eft fituée au détroit, ou paffage de
Fronfac, qui fépare L’île Royale de l’A cadie, fur
une langue de terre qui forme l’entree du port,^&
qui eft très-bien fortifiée. Le port a pour le moins
une lieue de profondeur, 8c on y trouve depuis
fix jufqu’à dix brades d’eau. H eft défendu par
plufieurs batteries; d’ailleurs, le gouverneur de
J’îie , le confeil 8c. l’état-major, avec une bonne
garnifon, font leur réfidence à Louisbourg. Les
rues de cette ville font larges & régulières , mais
les maifons, à f exception des cafernes , font en
bois. Louisbourg fut prife en 1746» Par ^es
glois, après cinquante jours d’une vigoureufe de-
renfe. Ce ne fut point une opération du cabinet
des miniftres de Londres , comme le remarque
M. de Voltaire ; ce fut le fruit de la hardieffe des
négocians établis dans la nouvelle Angleterre. Ils
armèrent quatre mille hommes, les foudoyerent,
les appovifionnèrent, & leur fournirent dès vaif-
feaux de tranfport. Tant une nation commerçante
8c guerrière eft capable de grandes chofes! Cette
ville retourna à la France par le traite d Aix-la-
Chapelle, mais elle a été reprife par les Anglois
en 1758. La long, de Louisbourg, à 1 egard de Paris
, eft de 4 h . , 8 ', 27", félon M. Delifle, dans
les mémoires de l’Académie des Sciences, ann»
^LOUISIANE ( la ) , vafle contrée de l’Amérique
feptentrionale , que les Efpagnols comprenoient
autrefois dans la Floride. Le P. Charlevoix en a
donné une defeription détaillée dans fon Hiftôire de
}a nouvelle France.
Fernand de Soto , Efpagnol, q uila découvrit,
mourut dans le pays, & les Efpagnols ne fongè-
rent pas à s’y établir. Le P. Marquette, jéfuite,
& le fieur Jolîet, habitans de Québec, y abordèrent
en 1673. Dix ans après, M, de la Sale per-
feéliona cette découverte, & nomma cette vafte
contrée la Louyjiane. En 1 7 18 ,1 7 1 9 §£■ 1720 , la
France y projetta un rétabliffement qui n’eut point
de fuccès: cependant ce pays paroît un des meilleurs
de l’Amérique ; il eft traverfé du nprd au
Jùd par fe Miffifiipfi Le P. Hennepin, Réçollet,
a donné, en 1683 , une defeription de la Loui-
fiane, qui a grand b.efoin de correélions.
Jôliet & le P. Marquette partirent enfemble du
lac Michigan, entrèrent dans la rivière des Renards
qui s’y décharge, & la remontèrent jufques vers fa
fource. Apres quelques jours de marche, ils fo
jrsmbarquèrent.fiir Iç Buifcçnfing, & navigant-tou-
L O U h ? jours à l’oueft, ils fe trouvèrent fur le Mifliflipi,
qu’ils defeendirent jufqu’àux Akanfas. Le 9 avril
1682, M. de la Salle reconnut l’embouchure du
Mifliflipi, & déboucha, comme on l’avoit prévu „
dans le golfe du Mexique. En 1699 > A lberville
, capitaine de vaifleau, arrivant par ce golfe ÿ
Remonta le Mifliflipi jufqu’aux Natchez.
La Louifiane eft bornée au midi par le golfe du
Mexique, au levant par la Floride 8c la Caroline
, au couchant par le nouveau Mexique ,
au nord par le Canada , & par des terres inconnues
qui doivent s’étendre jufqu^à la baie d’Hudfon.
Il n’eft pas pofîible de fixer fa longueur avec pré-
cifion , mais fa largeur commune eft de deux cents
lieues. A la baffe Louifiane les brouillards font
très-fréquens au printems & en automne ; l’hiver
eft pluvieux, & accompagné de loin en loin de
foibles gelées : la plupart des jours d’été font
témoins de violens orages. Les chaleurs n’y font
point telles qu’on les préfumeroit à cette latitude-
Le pays eft couvert d’épaiffes forêts , coupé dé
rivières. innombrables , & fouvent rafraîchi par
des vents de nord. Les maladies d’ailleurs y font
rares. Cependant il y a beaucoup d’eaux fta-
gnantes, & d’ailleurs beaucoup d’infeâes. Les
viandes y éprouvent une putréfaftion rapide. L3
végétation y eft forte, le fol vafeux, les forêts recèlent
une grande quantité d’oifeaux & de bêtes
fauves, mais le bled, n’y réuflit nullement.
La haute Louifiane commence à l’eft du Mifliflipi,’
un peu au - deffous de la rivière d’Iberville. On y
cultive le tabac avec fuccès.
Les François ont conftruit plufieurs forts dans la
Louifiane, le long du Mifliflipi ; celui de la Balife,
qui défend l’entrée du fleuve; le fort Rofalie,au
35^degré de latitude , pour contenir les Natchez.
Celui des Illinois, an 45e degré de la'titude, eft
bâti de pierre, avec de belles cafernes 8c des ma-
gafins.
Les principales nations fauvages de la Louifiane
font les Illinois , les Afiiniboils , ou Affenipouels ,
les Panis, les Padoucas, les Canfès, les Canis,
les Ghichaquas. On l’a nommée Louifiane’du nom
de Louis XIV , feus le règne duquel elle fut découverte.
Le gouvernement céda, en 17 10 , à M. Crozat
le privilège, exclufif du commerce de ce pays pour
feize ans : mais M. Crozat ayant remis au roi fon
privilège , il accorda , en 1717 , la propriété de la
Louifiane à la compagnie d’Occident qui donna
naiflan.ee à celle des Indes , ne s’en réfervant que
la foi & hommage. La compagnie des Indes en
fit une rétroceflion au roi en 1730. Par la paix de
1763, la Louifiane, à l’orient du Mifliflipi, fut
cédée aux Anglois, 8c depuis la France a cédé à
l’F.fpagne la partie qui eft à l’occident de la mêmç
rivière,
En général, on trouve dans la Loufiane des palmiers,
des chênes, des cflâtaigners, des frênes,
des mûriers, des Amples, 8c des plantes incon-
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