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l’on verra quil a été parfaitement dans mes idées
fur cette mer de l'Oueft.
« La nouvelle carte de M. de Lille fait voir la
» poffibilité d’une continuité de terrein entre l’Afie
jj & l’Amérique ; un canal qui n’eft point fans île
jj fépare l'Afie d’une terre qui ne peut être autre
» que l’Amérique. La traverfée des RulTes de
» l’Afie à l’Amérique, où ils ont abordé, nous
jj prouve que les terres peuvent s’étendre dans un
j) fens conforme à celle de Moncacht-Apé; &
j> celle où ils ont touché en revenant, pourroit
j> bien être celui des hommes barbus, qui allaient
jj couper du bois jaune , à moins que l’on ne
jj veuille fuppofer quelque île plus méridionale 8c
jj plus voifine des îles du Japon, ces hommes
jj ayant une reflemblance fi marquée avec les Ja-
j> ponois & les Chinois.
jj Au refie, je ne puis diffimuler que la partie
jj de cette carte dreflee fur l’extrait de la relation
jj de l’amiral Efpagnol de Fonte, ne s’accorde en
jj aucune façon avec la relation que Moncàcht-
j> Apé m’a faite de fon voyage. Le bon fens que
j> je connus à cet homme, qui n’avoit ni ne pou-
jj voit avoir aucun intérêt à m’en impofer, me fit
jj ajouter foi à tout ce qu’il me dit ; 8c je ne puis
jj me perfnader autre chofe, finon qu’il alla fur les
j> bords mêmes de la mer du Sud, dont la partie la
jj plus feptentrionale peut fe nommer, fi l’on veut,
jj mer de l’OueJi. La belle rivière qu’il a defcendue
jj eft uu fleuve très-confidérable que l’on n’aura
jj-point de peine à découvrir, lorfqu’une fois on
jj fera parvenu aux fources du Miflouri ; 8c je ne
jj doute point qu’une femblable expédition, fi elle
jj étoit entreprife, ne fixât entièrement nos idées
j> fur cette partie de l’Amérique feptentrionale &
jj fur la fameufe nier de l’Oueft, dont on parle
jj tant dans la Louifiane , & dont il’paraît que l’on
jj defire la découverte avec ardeur. Pour moi je
jj fuis porté à croire qu’elle n’exifte qu’en imagi-
j> nation ; car enfin,, où veut-on qu’elle foit ? Où
jj la trouver ? Je ne vois aucune place dans tout
jj l’univers que dans les rêveries de l’amiral de
jj Fonte vers le nord oueft de Santa-Fé. Mais' fup--
jj pofons qu’il y ait quelque étendue de mer de
» ce côté qui entre dans la partie feptentrionale
jj de l’Amérique, cette mer de l’Oueft doit être à
jj préfent bien refferrée dans fes bornes, depuis
» qu’on fait que le Miflouri prend fa fource à
jj 800 lieues du fleuve Saint-Louis, & qu’il y a
jj un autre fleuve appelé la belle rivière, qui a un
» cours oppofé & parallèle a celui du Miflouri,
jj mais au nord, & que cette belle rivière tombe
» à l’oueft dans une mer , dont la côte va gagner
jj l’ifthme dont on a parlé, & qui par cette def-
jj cription n’annonce que la mer du Sud ou Paci-
jj fique , & c’eft-là la mer de l’Oueft, &e ».
11 n’eft pas néceflaîre d’accompagner ces remarques
d’aucunes réflexions ; chacun eft à même
d’en faire. Voye£ les Mém. & Obferv. géograph. 6»
critiques de M, En gel, (Tqy cet article efi tiré, (TL)
M E R
M e r P a c i f i q u e . Voye| M e r d u S u d .
M e r R o u g e , golfe de l’Océan méridional,
entre l’Afrique & l’Afie ; il s’étend depuis le dé-1
trait de Babel-Mandel, jufqu’à l’ifthme de Suez.
Les anciens l’ont nommé finit s Arabiçus , le
golfe d’A rabie, parce que les Arabes en ont occupé
les deux côtés,. Les Turcs la nomment la met
de Suè{, & plus communément la mer de la Mec-
que , parce que cette v ille, pour laquelle ils ont
une fingulière vénération, eft fituée près de cette
mer.
On eft en peine de favoir d’où vient ce nom-
de mer Rouge. Pline, liv. V I , ch. 28; Strabon ,
liv. X V I , pag. 52,0, & Quinte -Curce, liv. X ,
avancent, fans aucune preuve, qu’on nomma'
cette mer Rouge, en grec Erythrea , d’un certain
roi ErythrOs , qui régna dans l’Arabie. Les modernes
ont à leur tour cherché plufieurs étymologies
de ce nom , dont les plus fàvantes font apparemment
les moins vraies. Il en eft de cette mer r
comme de la mer Blanche , la mer Bleue, la mer
Noire, la mer Vermeille, la mer Verte, &c. ; le'
hafard , la fantaifie , ou quelque événement particulier
, a produit ces noms bizarres, qui ont eniuite
fourni matière à l’érudition des critiques.
Il eft plus important de remarquer que l’on a>
uelquefois étendu le nom de mer Rouge au golfe
erfique & à la mer des Indes ; faute de cette attention
, les interprètes ont repris fort mal-à-propos
plufieurs endroits des anciens auteurs qu’ils
n’ont pas entendus-
M. de Lifte place la firuation de la mer Rouge ,
félon fa longueurà 5,1 degrés du méridien de Paris.
Abulféda a donné la defcription la plus détaillée
& la plus exaâe de cette mer, qu’il nomme’
mer de Kolfdm, parce que cette ville eft fituée k
l’extrémité de la côte feptentrionale.
Tout le monde lait le fameux miracle du pafe
fage de la mer Rouge, lorfque le Seigneur ouvrit
cette mer , la deffécha, & y fit pafler à pied fec
les Ifraélites , au nombre de 600 mille hommes v
fans compter les v ie il la r d s le s femmes 8c les
en fans.
Divers critiques, verles dans la connoiflançe du
génie des langues orientales, ont cru pouvoir interpréter
fimplement le texte de l'Ecriture, quelque
formel qu’il paroiffe. Ils ont dit que Moïfe y
qui avoir été long-tems fur la mer Rouge dans le
pays de Madian, ayant obfervé qu’elle avoit fou,
flux & reflux réglé comme l’O céan, avoit fag.e-
ment profité du teins, du reflux , pour faire pafler
le peuple Hébreu ; & que les Egyptiens, ardens à
la pourfuite des H ébreux, s’y étant témérairement
engagé, furent enveloppés dans fes. eaux lors du
reflux, & périrent tous, comme dit l’hiftorien fa-
cré. C ’eft du moins ainfi que les prêtres de Memphis
le racontoient, au rapport d’A r ta p a n e apui
Eufeb. prctpar. liv. I V , ch. xvij-
Jofephe, dans fes antiq. liv. I I c h . dernier, après
avoir rapporté l’hiftoire du paflage de la mer
M E R Roüge, telle que Moïfe l’a racontée, ajoute qu’on
iie doit pas regarder ce fait comme impoffible ,
parce que Dieu peut avoir ouvert un paifage aux
Hébreux ,à travers les eaux de cette mer, comme
il en ouvrit u n , long - teins après, aux Macédoniens
conduits par Alexandre , lorfqu’ils pafîerent,
la mer de Pamphilie. O r , les hiftoriens qui ont
parlé de ce paflage des Macédoniens, difent qu’ils
entrèrent dans la mer , 8c en côtoyèrent les bords,
en marchant tout le jour dans l’eau jufqu’à la ceinture.
Arrien , lib. I , de exped. Alexandrie remarque
qu’on n’y fauroit pafler quand le vent du midi
fouffle ; mais que le vent s’étant changé toùt-à-
coup , donna aux foldats le moyen d’y pafler fans
péril. C ’eft peut-être la réflexion de Jofephe, qui
a fait croire à quelques anciens , 8c à divers modernes,
à Saint Thomas par exemple, à Toftat, à
Grotius , à Paul de Burgos , à Génébrad, à Vata-
ble 8c à plus d’un ra.bin , que les Ifraélites ne paf-
ferént pas la mer Rouge d’un bord à l’autre; mais
feulement qu’ils la côtoyèrent & remontèrent pendant
le flux, de l’endroit où ils étoient à un autre
■ endroit un peu plus haut, en faifant comme un
demi-cercle dans la mer.
On ne manque pas de favans qui/e font attachés
à réfuter cette opinion. Voye^ les principaux commentateurs
de l’Ecriture jur IExode, ch. xiv. Voyc^
en particulier la difîertation de M. Leclerc, 8c
celle de dom Calmet fur le paflage de la mer
Rouge* Voye[ RoUGE. (/?.)
M e r . d é S i c i l e '; quoique ce nom convienne
à toute la mer dont la Sicile eft environnée, on le
donne principalement à celle qui eft à l’orient 8c
au midi, jufqu’à l’île de Malthe. (Rd)
M e r d u S u d , vafte partie de l’Océan , entre
l’Amérique 8c l’Afie. Elle a été découverte le 25
feptembre 15 13, par Vafco Nullés de Balboa, efpagnol.
La dénomination de mer du Sud, en elle-
même très-inexaâe, lui fut donnée par oppofition
à la mer du Nord. Voye£ M e r d u N o r d .
Les Efpagnols l’ont aufli nommée mer Pacifique,
fur le rapport de Magellan qui, dans une longue
navigation , n’y avoit éprouvé aucune tempête.
Elle a un grand golfe que l’on appelle la mer
Vermeille. Le golfe de Kamtfchatka peut être aufli
tonfidéré comme faifant partie de cette mer.
La mer du Sud communiqué à l’Océan qui lave
les côtes de l’Europe , i°. par la mer des Indes,
au midi de l’Afrique 8c de l’Afie ; 20. par la mer
Glaciale, au nord de l’Afie 8c de l’Europe ; 30. par
le détroit de Magellan ; 40. par le midi des îles
qui font au midi de ce détroit ; 50. enfin , il peut
fe faire qu’il y ait au nord de l’Amérique, par la
baie de Hudfon 8c par celle de BafEn, un paflage
vers cette mer.
Il y a long-tems qu’on tâche de découvrir le
paflage de la mer du Nord à celle du Sud par le
nord-oueft. Les Efpagnols inftruits des tentatives
fréquentes que les Anglois avoient déjà faites dans
le x v ie fiècle, en furent allarmés, 8c prirent la
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réfoltition de le chercher eux-mêmes par la me t
du Sud , dans la vue que s’il s’y en trouvoit effectivement
un , de le fortifier fi bien qu’ils en de-
meuraflent les maîtres. Ils équipèrent , pour cet
effet, quatre vaiffeaux de guerre qu’ils mirent en
mer le 3 août 1640 au port de Callao , fous la
conduite de. Barthelemi de Fuente, alors amiral
de la Nouvelle-Efpagne. Cet homme célèbre n’a
pas trouvé le paflage qu’il cherchoit ; mais les autres
découvertes qu’il fit, jointes à celles des Rufe
fes en 1 7 3 1 , nous donnent la connôiffance de
prefque toute la partie feptentrionale de la mer du
Sud, 8c le dénouement de la difficulté fur la manière
dont le nord de l’Amérique a pu être peuplé
, rien n’étant plus aifé que de franchir le détroit
qui la fépare de l’A f ie , du moins dans les
tems*. de glace où ce détroit eft gelé.
Cependant les Anglois n’ont point encore abandonné
l’efpérance de trouver le paflage à la mer
du Sud par le nord-oueft ; 8c c’eft un objet fur
lequel le parlement a tâché d’encourager les recherches.
Il promit, par un aéle pafle en 1745 ,
une récompenfe magnifique aux navigateurs de la
Grande-Bretagne qui en feraient la découverte.
Ceux qui proposeront des vues fur cette matière ,
font dans le cas d’obtenir une gratification , quand
même leurs ouvertures n’auroient pas les degrés
d’utilité qui font fpécifiés dans l’aêle. Il fuffit que
leur fyftême puiffe être de quelque avantage aü
public, pour que les commiffaires aient le droit
de leur affigner une récompenfe proportionnée au
mérite de leur travail. Foyer P a c i f i q u e ( mer \
(* • ) , • / •
M e r d e T i b é r i a d e , o u L a c d e T i b é r i a d e ,
8c dans Saint Mathieu , ch. v j , jlr. 18 M e r d e
G a l i l e e , à caufe que la Galilée l’enveloppoit du
côté du nord 8c de l’orient. On la nomme encore
lac de Généçareth, ou de Gênéçar, Ce n’eft en effet
qu’un petit lac auquel Jofephe , de bello judaïc.
lib. I I I , cap. x v iij, donne environ douze milles
de longueur, & deux de largeur; il étoit fort
poiffonneux. S. Pierre, S. André, S. Jacques, 8c
Saint Jean , qui étoient pêcheurs, exerçoient leur
métier fur ce lac. Notre Seigneur y étoit fou v en t,
Math., x v , 29 ; Marc, j , 16 ; Jean , vj , 1 ; Luc ,
vj. Le Jourdain entrait dans ce la c , 8c en fortoit
en fuite ; mais il alloit fe perdre dans le lac Af-
phaltite. (R*j
M e r d e T o s c a n e , partie de la nier Méditerranée,
le long des côtes occidentales 8c méridionales
d’Italie , depuis la rivière de Gênes jufqu’au
royaume de Naples. Elle baigne les états du grand-
duc , 8c l ’état du faint-fiège de ce côté-là. On y
trouve Pile d’E lbe, 8c quelques autres. Elle étoit
connue des anciens fous les noms de mare Tufcum,
mare Thyrrenum , mare Infefum. (R.j
M e r V e r m e i l l e , grand golfe de l’Amérique
feptentrionale , dans la mer du Sud , au f. o. du
Nouveau-Mexique, au n. o. du Vieux-Mexique ,
8c au couchant de la prefqu’îlc de Californie. M, de