44 J O R Au relie, il eft fouvent fait mention de Joppé dans
'’ancien & dans le nouveau Teftament, ainfi que
dans rhiftoire des croifades. •
JORGIANE, rivière d’A fie , dans la Perfe,
qui donne fon nom à une ville qu’elle arrofe,
& fe décharge dans la mer Cafpienne, à 86 d.
ds long, & à 38 de latit. La ville de fon nom
qu’elle baigne, eft dans la Coraffane. Longit. 85;
latit. 37.
JOSAPHAT ( la vallée de ) , vallée de la Pa-
leftine, entre Jérufalem & la montagne des Oliviers.
Cette vallée eft affez longue, mais elle n’a
que très-peu de largeur. Ce mot de Jofaphat fi-
gnifie Jugement de Dieu , & n’eft autre chofe'
qu’une expreffion fymbolique dans le fameux
paffage de Joël, chap. i i j , 2. Ainfi , dans le
même prophète , & dans le même chapitre, 14,
la vallée de carnage, -vallis zoncujjioriis ^;ne peut
fe prendre que métaphoriquement. D ’après ce
paffage, pris à la lettre, quelques rêveurs ont
cru que le jugement univerlel fe feroit dans cette
étroite vallée.
Josaphat , abbaye de France, fondée en 1120
au diocèfe & à une lieue nord de Chartres. Elle
eft de l’ordre de «S. Benoît.
JOSAS ( la ) , petit canton de l’île de France ,
entre la Seine & la Beauce, au fud & à l’oueft
de Paris. Le nom de cette petite contrée vient de j
Jofedum ou Metiofedum, que l’on croit être Meu-
don.
JOSEPH (Saint), île de l ’Océan oriental , entre ;
les îles Marianes. On la nomme aufti Saypan. Son I
circuit eft de vingt-cinq lieues, & c’eft une des
plus peuplées des îles de l’Archipel de S. Lazare.
Latit. 15 ,20 .
JOSEPHSTADT, ou Jostadt , bourg de montagnes
, en Mifnie, près d’Anneberg, au cercle
d’Ertzeburge. (i?.)
JÔSSE (Saint ) fur-mer, abbaye de Bénédictins
, diocèfe d’Amiens, à 2 li. o. de Montreuil.
JOSSELIN, Jofcelini Caflrum , ville de Bretagne
, capitale du comté de Porhoët. Long. 14 d.
58'; lat.47 d. 59'.
Cette ville contient cinq à fix mille habitans :
une fabrique de chapeaux, & une autre de très-gros
draps y font fubfifter , fans les enrichir , quelques
fabricans : elle pourroit fortir de cet état de médiocrité
, fi la rivière d’Ouft qui la traverfe, étoit
rendue navigable ; ce qui n’exigeroit pas de grandes
dépenfes , & faciliteroit l’exportation de fes
denrées & des fers que fourniffent plufieurs forges
voifines. Il n’y a nulle proportion entre les propriétés
de fes habitans & celles de fon clergé. L’é-
glife y compte une abbaye de chaïioines-réguliers
de la congrégation de France, une abbaye de Bé-
nédiélines, un couvent de Carmes , deux couvens
de filles, quatre prieurés : une maifon de retraite s’y
établit, pour ajouter aux vices de fa conftitution
politique.
Joffelin a une fénéchauffée q ui, dans certains |
j o s cas, reffortit au fiège royal de Ploè’rmel ; une
fubdélégation de l’intendance de Bretagne, un
hotel-de ville qui n’a qu’un maire éleélif & plufieurs
autres officiers, un hôpital beaucoup moins riche
que fes inutiles prieures. Cette ville députe aux
états de Bretagne, & a d’ordinaire une garnifon
de cavalerie.
Le château mérité d’être v u , & fon efcarpement
taillé dans le ro c , d’être admiré. La devife & les
armes de Rohan, prodiguées avec peu de goût fur
fa façade gothique, attellent aÏTez qu’il a été bâti
par les princes de cette maifon * & non par le
connétable de Cliffon, comme on le dit. La patience
, plus que l’art, a vaincu la difficulté qu’op-
pofoit au travail minutieux de fon architeélure
l’efpèce de granit dont il eft'conftruit. C ’eft au refte
le monument de fon efpèce le plus entier & le plus
beau qui fe voie en Bretagne.
Joflelin eft du diocèfe de Saint-Malo, & a quatre
paroiffes. On remarque dans l’églife de celle de
Notre-Dame le maufolée d'Olivier de Cliffon,
• connétable de France , & de Marguerite de Roha'U
fa femme. Ce monument, exécuté en marbre
blanc , a été mutilé pendant les guerres civiles que
le calvinifme & l’intolérance fufeitèrent il y a
deux fiècles. Son travail n’eft pas fupérieur ; mais
il eft une preuve du progrès qu’ont fait les arts
depuis 1407, époque de fon éreélion. On ne peut
douter qu’il ne fût l’ouvrage des meilleurs artiftes
de ce tems, puifque ce connétable étoit le plus
riche feigneur de France, & que par fon tefta-
ment il avoit ordonné qu’on lui élevât un magnifique
tombeau. Cette même églife de Notre-Dame
poffède une croix à donble branche & un calice
fort riche , dont-le travail paroît être du commencement
du x v e fiècle. Ceux qui aiment les arts,
peuvent les confidérer comme des monumens précieux
, qui fixent le point où celui de l’orfèvrerie
étoit alors parvenu.
L ’ancien château de Joffelin fut pris & détruit,
en 1168, par Henri , roi d’Angleterre. Ce prince
ayant enlevé le duché de Bretagne au comte Eudon
de Porhoët, feigneur de Joffelin, prit & rafa cette
v ille , & en chaffa les habitans en 1170. Eudon la
rebâtit en 1173. La branche aînée des comtes de
Porhoët , princes de la maifon de Bretagne, &
poflêffeurs de Joffelin, s’éteignit dans Eudon I I I ,
en 1231. Les branches cadettes fubfiftent encore
avec éclat dans la perfonne de M. le maréchal
prince de Rohan-Soubife, dans celles des princes
de Guémené, de Rochefort, de Montbazon & de
Polduc, dont eft le grand-maître aéluel de l’ordre ‘
de Malte.
Joffelin paffa dans la maifon de Fougères par le
mariage de 'Mathilde, fille d’Euden I I I , avec
Geoffroy, baron de Fougères, & n’y refta que
jufqu’en 1253 , que le mariage de Jeanne de Fougères
, héritière de fa maifon, le porta dans celle
de Lufignan. Gui dé Lufignan , comte de la Marche
& d’Angoulême, ayant été condamné à perdre
j a s
tous fes biens pour crime de félonie, Joffelin fut
poffédé par le roi de France, & fucceflivement
par plufieurs princes de la maifon royale. Pierre
de France, comte d’Alençon, le vendit en 1370
au connétable Olivier de Cliffon : celui-ci ne laiffa
que deux filles. L’aînée, Béatrix, ayant époufe
Alain V I I I , vicomte de Rohan, fit rentrer cette
ville dans la maifon à laquelle elle^ avoit primi- •
tivement appartenu : elle l’a poffédée jufqu en
1645 > que Marguerite de Rohan , héritière de fa
branche, époufa Henri de Chabot, qui prit le nom
& les armes de Rohan, & devint propriétaire de
Joffelin & du comté de Porhoët, qui font encore
poffédés aujourd’hui par M. le duc de Rohan-
Chabot.
Cette ville efttdevenue célèbre dans rhiftoire,
par le combat des Trente , qui fe donna dans la
lande de Mi-Voye, à une lieue de fes murs. Ce
combat eft un des plus mémorables faits d’armes de
l’ancienne chevalerie. Jean de Montfort, aidé des
Anglois , difputoit la Bretagne à Charles de Blois :
line trêve avoit fufpendu les hoftilités , & cependant
les Anglois dévaftoient le pays. Le maréchal
de Beaumanoir, qui commandoit une garni fon bretonne
dans Joffelin, fe plaignit à Bembro , qui en
commandoit une d’Anglois dans Ploërmel, & lui
reprocha les défordres que commettoient fes gens.
Bembro reçut mal ces plaintes ; une querelle s’alluma
entr’eux , & amena un défi. L’un d’eux pro-
pofa un combat de trente contre trente : il fut accepté
; on convint du jour & du lieu du combat,
& les Anglois & les Bretons fe trouvèrent au rendez
vous , le 27 mars 13 50. Les premiers eurent
d’abord l’avantage; mais leur chef Bembro ayant
été tué , la fortune changea. Montauban, écuyer
breton , termina Je combat en montant à cheval &
rompant les rangs des Anglois, dont la plupart
furent tués & le refte fait prifonniers. Voye^ fur ce
combat les différentes hiftoires de Bretagne, de
Dargentré, Morice-Lobineau, & c . , & celle de
France , de l’abbé Velly. Ces hiftoriens s’étant
bornés à raconter fimplement ce fingulier combat,
nous ne croyons pas hors de propos d’ajouter ici
quelques réflexions qu’ils auroient dû faire.
Les hiftoriens anglois ne font nulle part mention
de ce combat ; & il eft très-furprenant qu’ils aient
gardé un tel filence fur un fait de guerre où les Anglois
s’étoient diftingués.
Les hiftoriens bretons ne l’ont connu que par
un manuferit écrit plus d’un fiècle après l’événement
(en 14 70 ), dont l’auteur n’a conféquem-
ment pu être inftruit que par une tradition déjà
^éloignée.
La première de ces remarques feroit prefque
douter de la réalité du combat ; la fécondé en rend
l’hiftoire au moins très-fufpeéle. En vain diroit-on
que la croix élevée fur le champ de bataille & fon
infeription, font des preuves que le combat a eu
lieu ; rien ne feroit moins convaincant : il faudroit
remonter à l’origine de cette croix , à fa première
J o s 4s érection. Celle qui fubfifte aujourd’h u i, ou plutôt
qui eft tombée en 1775 , eft certainement d une
date très-poftérieure à l’époque du combat : il refte-
roit à prouver qu’elle n’a fait que fuccéder à une
plus ancienne ; fans cela on pourroit dire : quand
le public eut connoiffance du manuferit qui ap-
prenoit ce fingulier fait d’armes , l’admiration qu’il
excita, donna naiffance à cette croix, & devant
fon origine a une tradition orale , elle aura per-r
pétiié cette tradition par fon exiftence même ; on
y aura enfuite ajouté, 'car l’hiftoire ne dit point
qu’on ait enterré les Anglois morts dans le champ
de bataille ( il y avoit des églifes voifines , & les
Anglois étoient catholiques ) ; & cependant le
peuple vous montre le lieu de leur fépulture, qu’il
nomme le champ des Anglois.
En voulant bien admettre, avec les hiftoriens
bretons, la réalité du combat, il ne réfulte du
récit qu’ils en font qu’un chaos de doutes, dont
quelques-uns ne feroient rien moins que capables
de ternir la gloire des combattans bretons. Suivant
ces hiftoriens , on combattit de part &. d’autre fur
un feul rang. Suivez leur récit, & vous ferez tenté
de croire que les Anglois fe mirent fur plufieurs
hommes de profondeur. Les trente étoient-ils fur
un ou plufieurs rangs ? Premier doute. Les trente
étoient armés de pied-en-cap, c’eft-à-dire félon les
notions connues , chargés de cafques, de cui-
raffes , de braffards. Avec cette armure fi pefante,
il femble qu’ils ont combattu à pied, ce qui eft,
finon impoflible, au moins fort difficile & fort incroyable.
Le feul d’Argèntré dit avoir lu dans une
vieille chronique en v e rs , que les trente combattirent
à cheval ; mais d’après ce témoignage,
il ne décide pas même la queftion : les autres hiftoriens
n’ont pas feulement foupçonné qu’on dût
la faire. Les trente ont-ils combattu à pied ou à
cheval ? Second doute.
Les chevaliers avoient le privilège & l’habitude
de ne vuider leurs querelles qu’à cheval. Jufqu’alors
ils n’avoient combattu que de cette maniéré, &
cet ufage fe perpétua pour eux très-long-tems.
Après cette époque , il eft donc vraifemblable au
moins qu’au combat des trente les chevaliers fe
battirent à cheval. Cette vraifemblance acquiert un
nouveau degré de force, quand on voit les hifto-
riens convenir qu’on s’y fervit d’armes dont un
homme de pied ne pouvoit faire ufage. Faut-il em-
braffer une opinion mixte ? Suppofons que de parc
& d’autre les chevaliers combattirent- à cheval, &
les écuyers à pied, puifque les hiftoriens nous
difent aufti qu’on employa des armes dont un
homme à cheval n’auroit pu fe fervir : il reliera
à favoir fi les chevaliers étoient en nombre égal des
deux côtés ; & c’eft ce qu’ils n’ont pas voulu nous
apprendre. S’il y avoit moins de chevaliers parmi
' les Anglois que parmi les Bretons, & que ces combattans
fuffent à cheval, la partie n’étoit pas égale
I pour les Anglois , & la gloire des Bretons en feroit
I bien amoindrie. Que dire de l'écuyer Montauban,