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cours qu’y attîroît la célébrité de cet homme également
recommandable par l'es talens & par la dou-
ceur & l’aménité de fop. caraélère. La fondation de
l ’églife de Saint-Etienne-du-Mont, fituée au-deflus
de ce collège , eft li ancienne , qu’on n’en connoît
pas le tems. Le vaiffeau eft un gothique très-délicat,
mais le portail eft beaucoup trop chargé d’orne-
mens. Blaife Pafchal y eft inhumé.
De cette églife il y a un paffage de communication
dans celle de Sainte-Geneviève. C lpvisTon
fondateur , la dédia à Saint Pierre & à Saint Paul,
dont elle a long-tems porté le titre* il y mit dés
chanoines féculiers qui y demeurèrent ju(qu’au
onzième fiècle ; comme leur conduite étoit très-
irrégulière , Louis-le-Jeune les. obligea,^© vivre.en
communauté^, & de prendre la règle de Saint Au-
guftin. O it fit venir douze chanoines, réguliers de
Saint - Vi& or, pour établir cette réfoime,. dont
l’abbé Suger eut le foin , & la règle de S. Auguftin
s’y eft toujours confervée depuis dans toute fa
pureté ; enforte que cette maifon eft devenue la
première de cette congrégation en France.
L ’abbaye de Sainte-Geneviève a été fouvènt
ruinée par les Normands & les Danois, dans le
tems quelle étoit hors de la ville ; mais les Pari-
fiens , dont le zèle étoit fort grand pour leur pa-
trone , réparoient prefque auffi-tôt les dommages-
que ces barbares y avoient caufês. Le corps de
Sainte Geneviève eft derrière le grand-autel, dans
une châffe foutenue par quatre colonnes ioniques;
le tombeau de Clovis eft au milieu du choeur.
On y voit la tombe, plus remarquable encore , de
René Defcartes , le reftaurateur de la bonne philo-
fophie , & l’un des perfônnages dont la France
s’honore à plus jufte titre.
La nouvelle églife de Sainte-Geneviève eft un
des plus beaux monumens qu’on ait élevés en Europe
depuis la renaiffance des arts. Le portail fur
tout eft d’une fomptuofité & d’une richeffe qui
étonnent. C ’eft fans contredit le plus beau que l’on
connoifte après celui de Saint Pierre de Rome. Il
offre aux yeux la majefté de l’antique, que limita-
rion a tranfportée au milieu de nous. M. SouiHor
en a fourni les deffins. Le plan de cette Bafiii-
que eft à-peu-près en croix grecque; elle a 330
pieds de long, hors d’oeuvre , fur 252 de large. Le
couvent renferme une très-belle bibliothèque, avec
un cabinet fort précieux d’hiftoire naturelle , de
médailles; & d’antiques.
. Les écoles, de Droit, & celles de Médecine qui
doivent feconftruire à l ’oppofite fur le même plan ,
font d’un mauvais ftyle. Entre les unes & les autres
en face du temple, s’étend une rue que l’on fe
propofe de continuer par la rue Saint-Jacques & la
place Saint-Michel jufqu’au Luxembourg, en dé-
moliffant le féminaire Saint-Louis. L’ancienne
églife , commencée par Clovis , fut a< hevée par la
reine Clotilde, & confacrée par S. Remi.
L ’égliiè de Samt-Hilaire, paroiffe d’une partie
de ce quartier, eft d’une aptienne fondation, On
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va derlà. dans la rue Saint-Jacques, vers l’extré»
miré de laquelle on trouvoit le Petit'Châtelet, démoli
en 1783. C ’étoit une manière de fortcreffe
antique, conipofée d’une greffe maffe de bâtiment,
ouverte dans le milieu, qui fervoit autrefois de
porte à.la ville, aulli bien que le Grand Châtelet,
dans le tems qu’elle n'avoit point d’autre étendue
que file du palais ; ce bâtiment avoit été réparé par
le roi Robert, & fervoit de prifon.
L’églife Saint-Séverin eft fort ancienne, puifque
le fondateur , dont elle porte .le nom , vivoit du
tems de Clovis, qui le fit venir de Savoie pour
le guérir d’une fièvre dangereufe ,-xloni il le traita
par des prières. L’églife de Saint-Yves eft un peu
plus haut ;elle fut bâtie l’an 1347, par une con-
frairie de Bretons qui étoit alors à Paris.
En avançant dans, la même rue , on trouve lû
couvent & l’églifê des Mathurins, ou Trinitaires.
Le couvent fut fondé par Saint Louis' ; & Robert
Gaguin, général de l’ordre, fit bâtir l’églife , qu’on
a embellie depuis. On paffe enfuite devant l’églife
de Saint-Benoît, dont le bâtiment eft des plus
greffiers. A l’oppofite & fur la place Cambray , eft
le collège Royal qui doit fa fondation à François
I. D ’habiles maîtres , gagés par le ro i, y en-
i’eignent dms les langues, les fcienccs & la littérature.
On y compte 19 chaires de fondation
royale. 11 conviendroit fans doute d’y tranfpo.rter
la chaire de phyfique expérimentale établie au
collège de Navarre. Les bâtimens du collège
Royal, renouvelés dans ces derniers tems , font
d’une belle fimplicité. Les profeffeurs forment un
corps féparé de l’univerfité, à laquelle néanmoins
il reffortit en quelques points.
Le collège du Pleffis eft un des plus confidéra-
bles de l’univerfité. li fut rebâti des libéralités, du
cardinal de Richelieu. Le collège de Louis - le»
Grand , anciennement collège de C le rm o n ta p -
partenoit aux Jéfûites , fous lefquels il eut une
grande célébrité. C ’eft aujourd’hui la maifon chef-
lieu de l’univerfité, & l’on y a d’ailleurs transféré
le collège de Lifieux, dont les bâtimens furent
démolis pour former l’emplacement de la nouvelle
Sainte-Geneviève. On y a suffi réuni prefque tous
les bourfiers des collèges qui n'étoient pas de plein
exercice.
Plus haut eft le grand couvent des Jacobins
nommé originairement les Frères Prêcheurs , de
l’ordre de Saint Dominique. On voit dans leur
églife le tombeau de Humbert qui fit ceffion du
Dauphiné , pour être poffédé en fouveraineté par
un fils de France. Il feroit très-à-propos que la
rue de Saint-Etienne-des-Grès fe propageât à la
place Saint-Michel le long de leur églife & du mo-
naftëre, & qu’aux environs du féminaire Saint-
Magloire , on ouvrît une rue qui communiquât avec
le fauxbourg Saint-Marceau.
Le féminaire Saint-Magloire fut autrefois une
abbaye de l’ordre de Saint Benoît , dont la menfe
fut unie à l’archevêché de Paris. Il eft fous la dir
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eeSlion des prêtres de l’oratoire. L’églife des Carmélites
fe fait remarquer par les tableaux de grands
maîtres dont elle eft ornée, & par la nchelie de
fon grand-autel. C ’eft-là qu’eft le fameux tableau
de Madelaine pénitente de le Brun , & fon cher-
d’eouvre. La falutation angélique eft du Guide , ex
la voûte , qui offre des effets finguhers d optique ,
a été peinte par Champagne. La chapelle de la Madelaine
contient encore le tombeau du cardinal de
Berülle.
Le Val-de-Grace, d’architefiure moderne, ohre
dans fon dôme l’un de plus fuperbes monumens
qu’on .ait élevés en France dans le dernier liecle.
Il eft finie à l’oppofite des Carmélites , & occupé
par des religieufes de l’ordre de Saint Benoit , qui
avoient été fondées autrefois près du village de
Bièvre, en un lieu appelé le val profond ,& fort
incommode à caufe des marécages.:EUes fe logèrent
en 1621 au fauxbourg Saint Jacques ; & la
reine Anne d’Autriche, qui accoucha de Louis XIV
après vingt - deux ans de ftérilité, en aéhon de
grâces fit jeter les fondemens de ce; bel edmee.
La coupole de peinte à frefque par Mignard , elt
d’une grande beauté. , . c
L’O 0 fe r va do i r e royal, fitué à 1 extrémité du raux-
* bourg Saint-Jacques , fut fondé, par Louis XIV en
1667. Les quatre faces en font exactement tournées
vers les quatre points cardinaux. Les fonde-
mens en font très-profonds, à caufe des carrières
qui avoient été fouillées en cet endroit, qui
s’étendent fort avant fous les rues & les maifons ee
la ville. L’efcalier eft très-beau ; la coupe en eft
des plus favantes.
En entrant dans la ville par la rue d Enter, on
trouve la maifon des pères de 1 Oratoire , appelée
Yinflitution, & fondée en 1650 par un fêcrétaire
•de Gafton de France, duc d Orléans.
A peu de diftance de - là eft le couvent des
Chartreux, de la fondation de Saint Louis, qui
léur. donna le vieux château de Vauvert, habite ,
félon les hiftoriens de ce tems - la , par les diables
; enforte que la rue en fut nommée la rue
d'Enfer; mais fuivant la vérité, & les vieux titres
dans lefquels on lit, via inferior , ces mots ne
lignifient autre chofe que la rue Baffe, parce que
cette rue étoit plus baffe que la rue Saint-Jacques,
qu’on appeloit la rue Haute , via fuperior ; c eft auffi
pour cette raifon que l’églife paroiffiale de Saint-
Jacques eft nommée du Haut-pas 9ab a to pajfu. Les
Chartreux occupent un terrein qui eft plus'grand
qu’aucun autre des maifons religieufes de la ville
& des fauxbourgs de Paris. On vante avec raifon
les tableaux à frefque du petit cloître , malheureu-
reufement dégradés par les rivaux, dit-on, de le
Sueur, au pinceau duquel ils font dus. Dans ces
derniers tems ils ont été donnés au ro i, & détachés
du mur ; on les verra dans la galarie du Louvre.
Ce fut de cette maifon que Henri III partit
le 15 Mars 15.86 avec foixante des nouveaux pé-
nitens dont il étoit l’inftituteur, pour aller à pied
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proceffiooncllement à l’églife Notre-Dame de Chartres
, 'd’où ils revinrent deux jours apres.^
Après avoir paffè par l’endroit ou'étoit la porte
de‘Saint-Michel, qui a été abattue , on entre dans
la rue de la Harpe, où fe préfente la Sorbonne ,
rétablie magnifiquement de fond en comble par
•le cardinal de Richelieu , dont on y admire le tom -
beau , qui eft le chef -d ’oeuvre de ;Girardon. La
bibliothèque de cette maifon eft une des plus belles
de Paris. On y montre une tradtiélion françoife de
Tite-Live , manuferite , dédiée au roi Jean , & enrichie
de mignstures où règne l’or-couleur trè’s-
brillant, & dont on ignore la composition.
Le collège de Sorbonne fut fondé en 1252, par
Robert Sorbon, natif du village de Sorbonne, près
de Sens. La théologie y eft enfeignée par fix docteurs
; trois donnent leurs leçons Te matin , & trois
l’après midi. Le périftyle latéral de l’églrfe du côté
de la cour eft d’un grand goût d’architecluré. L’archevêque
eft provifeur de Sorbonne.
Entré dans la rue de la Harpe, on trouve le
collège d’Harcourt , fondé en 1280 par Racul
d’Harcourt, chanoine de l’églife de Paris. S y _
L e l’extrémité de la rue des Mathurins par l’angle
de celles de la Harpe & des Cordeliers, on
fe propofe de percer une rue qui aboutiffe au
Luxembourg & à la comédie françoife. |
Le couvent des Cordeliers eft le collège général
de l’ordre. L’èglife, d’un gothique mauffade,
mafque malheureufement, par l’excès d’une longueur
démefùrée, les magnifiques écoles de chirurgie,
qui tiennent un des premiers rangs entre les
plus magnifiques édifices de Paris , & qui paffent
avec raifon pour un modèle d’architeâure. Cett©
énorme églife des Cordeliers , auffi vuide qu’elle
eft fombre, renferme le tombeau de Jean Scot,
qui fe fit un nom lorfque l’on comptoit encore
pour quelque cHofe la philofophie d’Ariftote ; il
eft plus communément connu fous le nom du
dotteur fubtil. Ne quittons point l’article des écoles
de chirurgie , fans obferver que l’architetiure en eft
déparée par les grilles de fer mal-adroitement placées
dans les entre-colo.nnemens , & qu’il feroit
à fouhaiter qu’on fupprimât.
A l’extrémité de la rue de la Harpe, on entre
dans celle de Saint-André-des-Arts , où eft l’églifo
paroiffiale de ce nom. Ce n’étoit autrefois qu’une
petite chapelle au milieu d’un champ planté de
vignes & d’arbres fruitiers. Quelques antiquaires
croient que cette églife fut appelée Suint - Aniré-
des-Arcs, i ’Caufe d’un grand jardin qui étoit proche
de-là , où les écoliers alloient fouvent s’exer.
cer à tirer de l’arc.
Près Saint-André-des-Arts eft l’hôtel de Thou
qui fut habité par le célèbre préfident de ce nom ,
il coniïû dans notre hiftoire. C e ft de-là, c eft de
cet hôtel que font fottis de nos jours la plupart
des grands ouvrages qui ont enrichi les arts, les
fciences & la littérature., fous la conduite ti’ua
ho nulle également aftif 8t intelligent.
C c c e ij