
Aucun des grains d’Europe ne profpere dans
l ’état de Rhode - 1 fl and -, & jamais leur produit
n’a pu fuffire à la nourriture de Tes liabi-
tans. Mais les campagnes y produifent des fruits,
des légumes', des pâturages propres à élever
beaucoup de bétail, & la pêche y eft une des
principales reflburces. des habitans. Voye^ P r o v
i d e n c e - P l a n t a t i o n s .
En 1784-, l’aflemblée provinciale de Rhode-
ïfland a établi fagement en principe, que chaque
état a le droit de pourvoira Tes befoins,
’impoler des taxes, & de les le v e r , & qu’il
ne doit confier fon revenu a aucun corps. (R.)
RHODEN, voyqr R h o d e s .
. RHODES, île d’Afie , fur la côte méridionale
de la Natolie, & de la province d’Aïden-
E lli, dont elle n’ eft féparée que par un canal
de huit à dix lieues de large. Cette partie de
la mer Méditerranée s’appelloit autrefois la mer
Carpathiemie, & fe nomme encore aujourd’hui
la mer de Scarpanto. l’Jle de Rhodes a environ
44 lieues de tour , 1 6 de lo n g , 6 de large.
La v ille de Rhodes, du tems de la guerre de
Péloponnèfe, devînt bientôt la capitale de toute
l ’ ÎIe.
Maufole, roi de Carie, s’en empara par la
rufe, 8c les Rhodiens, d’afcliés qu’ils.étoient de
ce prince, devinrent Tes Tu jets. Après Ta mort
ils voulurent rétablir la démocratie, & choifi-
rent le tems qu’Artémife jettoit les fondemens
- du maufolée j mais cette reine, habile & cou-
rageufe , furprit la flotte des Rhodiens , 8c
porta chez eux le fer & leTeu.
Rhodes tomba dans la fuite fous la domination
des Grecs 8c des Romains. Elle a été très-
célebre par les beaux arts qui y ont fleuri ,
par fa marine, par Ion commerce , par l ’équité
de fes lo ix , & par fa puiflance.
, La v ille de Rhodes ayant effacé , par la commodité
de fon port , la fplendeur des autres
villes de l’ î l e , devint de plus en plus .florif-
fante par les arts & par les fciences. Ses académies,
8é fur-tout celles de Sculpture, y atti-
roient toutes fortes d’étrangers, & il en for-
toit tant de beaux morceaux, qu’on difoit que
Minerve y faifbit fon féjour. On comptoit dans
cette v ille jufqu’à'trois milles ftatues de differentes
grandeurs, toutes d’excellens artifles.
Je ne parle point des peintures & des tableaux
dont fes temples étoient remplis, chefs-d’oeuvre
de l ’art, de la main des Pàrhafius , des Protogène
, des Zeuxis , & des Apelles : Meurfius
en a publié un traité*
Vers le déclin de l’empire des Grecs, l’ île
de Rhodes eut le fort des autres îles de l’A r chipel.
Elle tomba fous la domination des
Génois, des Sarafins, des chevaliers de S. Jean
de Jérufalem qui s’en emparerent en- 1310, &,
qui furent alors appellés'chevaliers de Rhodes,
8c depuis chevaliers de M a lte , dont elle fut
la réfîdence depuis le grand-maître Foulques
de V illie r s , fous le régne de Philippe - le-
Bel roi de France jufqu’en 1522, que Soliman
l’enleva au grand-maître Villaret de l’Ile-
Adam , 8c l’obligea d’en fortir avec fon ordre :
depuis ce tems, elle eft refiée fous la domination
des Turcs. La puiflance ottomane avoit
déjà tente |plufieurs fois de s’en emparer, maïs
la valeur des chevaliers avoit rendu leurs
efforts inutiles.
L’île de Rhodes n’ efi pas bien fertile- en
grains, étant très-mal cultivée : mais il y a de
bons pâturages, & on y recueille beaucoup de
fruits, de cire & de miel. On y fait commerce
de favon, de beaux tapis, 8c de camelot. Le
ciel y eft ferem , 8c le féjour agréable. (R )
Rhodes, capitale, eft une ville belle & très-
forte firuée au nord - eft de .l’ île. Elle a un
bon port dont l’entrée eft ferrée par deux
rochers fur lefquels les Turcs ont bâti deux
tours qui défendent le paflage. Ils y entretiennent
Railleurs bonne gariîifon. Les Grecs y
ont un archévêque. Au X I Ie fiecle les Latins
y en avoient établi un de leur communion ,
mais depuis l’expulfion dés chevaliers de S.
Jean de Jérufalem , il n’y réfide plus.
Rhodes étoit fameufe autrefois par le coloffe
de ce nom l ’une des fept merveilles du monde,
C’ etôit une ftatue coloflale de bronze^confacréer
au fo le il, ou fi l’on veut à Apollon , divinité-
tutélaire de .l’île . Elle étoit haute de 7 0 coudées
, 8c placée à l’entrée du port, les pieds
ftrr les deux rochers, les vaifleaux qui entroient
dans le port, pafloient entre les jambes
du colofle. Elle avoit coûté trois mille talents y
c’eft-à-dire environ 9 0 0 ,0 0 0 livres , elle fût
renverfée par un tremblement de terre au bout
de 5 5 ans, neuf-cents ans après, c’eft-à-dire ,
l ’an 655 de J. C. Les Sarrafins s’emparèrent
de Rhodes, mirent en pièces la ftatue , & changèrent
900 chameaux de fes débris. Long, fui-
vant Street, 45, 56. 15, lat. 36. 46-, & félon
Greaves, 27. yo.
L’île de Rhodes, dans fes beaux jours, n’a pas
feulement produit d’ excellens aftiftes , mais
elle a été la patrie de grands capitaines , de
poètes, de philofophes | d’aftronomes , & d’hif-
toriens célébrés.
Timocréon de Rhodes, poète de l’ancienne
comédie, vivoit 474 avant Jefus - Chrîft j fes
écrits n’ont pas pafîe jufqu’à nous. I l nous refte
de Simmias de Rhodes , poète lyrique , qui
florifloit 3 20 ans avant l’ ere chétienne, quelques
fragmens imprimés avec lés oeuvres de
Théocrite. Pitholéon, rhodien, n’étoit pas u n ’
poète fans talens, quoiqu’ il ait été tourné en
ridicule par Horace, Sat, 10. liv. I. parce que
dans fes épigrammes il mêîoit enfemble; du
grec 8c du latin. Pitholéon eft félon toute apparence
., le même que M. Otacilius Pitholaüs,
fiont il eft parlé dans Suétone & dans Macro-
be. Il compofa des vers fatyriques contre Jules-
Géfar qui le fouffrit, comme Suétone , ch. 1x2cv.
nous l’apprend ; Fitholai cârminibus maledi-
centijfimis laceratam exijlimationem fuam ,
civilï arùmo tulit.
Je pourrais nommer Poflidônius au nombre
des philofophes de Rhodes, parce qu’ il y pafla
fa vie -, mais Strabon fon contemporain nous
aflure qu’ il étoit originaire d’Apamée en Syrie.
Apollonius , difciple de Panætius , étoit aufli
natif de Naucratis-, il fut furnommé le rhodien,
parce qu’ il féjourna long-tèms à Rhodes.
Pour Panætius , on Tait que Rhodes étoit la
patrie de ce célébré philofophe ftoïcien, 8c qu’il
fortuit d’ une, famille très-diftinguée dans les
armes & dans les lettres, comme le marque
Strabon.
Ce philofophe avoit écrit trois livres des
devoirs de la v ie .c iv ile , que Cicéron a fuivis
dans l’excellent ouvrage qu’ il nous a laifle fur
le même fujet.
Un illuftre philofophe péripatéticien, natif
de l’ île. de Rhodes ,. eft Andronicus. I f vint à
Rome au tems de Pompée 8c de Cicéron, &
y travailla puiflamment à la gloire d’Ariftote,
dont il fit connoître les écrits dans cette capitale
du monde.
Le plus fameux athlète du monde, Diagoras ,
naquit dans l’ Ue de Rhodes; il defcendoit d’ une
fille d’Ariftomène, le plus gzand héros qui eût
été parmi les Mefleniens. On connoît l’ode que
Pindare fit en l’honneur de Diagoras -, c’ eft la
V I I e des olympiques * 8c elle fut mife en lettres
d’or dans le temple de Minerve, On voit par
cette od e , que Diagoras avoit remporté deux
fois, la victoire .aux jeux de Rhodes , quatre fois
aux jeux ifthmiques, deux fois aux jeux né-
méens/, 8c qu’ il avoit été vi&orieux aux jeux
d’Athènes, a ceux d’Argos, à ceux d’Arcadie ,
à ceux de Thèbës, à ceux de la Béotie , à ceux
de l’ île d’Ægine, à ceux de Pellè&e, & à ceux
de Mégare. L’ode de Pindare fut faite fur la
couronne du pugilat que remporta Diagoras aux
jeux olympidiques de la foixante-dix-neuvième
olympiade.
Caftor le rhodien, qui florifloit vers l’an
150 avant l ’ère chrétienne , eft au rang des
chranologues célèbres -, il publia plufteurs ouvrages
tres-èftimés fur l’ancienne hiftoire 8c fur
l’ancienne chronologie grecque.
. Memnon , général d’armée de Darius dernier
roi de Perfe, étoit aufli de l’île de Rhodes -,
homme confommé dans le métier de la guerre,
il donna-à fon maître les meilleurs confeils qui
lui pouvoient être donnés dans la conjon&uré
de l’ expédition d’Alexandre.
On peut joindre à Memnon, Timofthèrte le
rhodien; il florifloit vers la cent vingt-îixieme
©lympiade., fous le régné de Ptoloraée Philadelphe,
qui le fit général de fos armées de
mer.
Clitophon. , né à Rhodes, décrivit la Géographie
de plufieurs pays.; entr’autres celle d’ Italie
& des Gaules ; ouvrages qui fe font perdus,
& qui feraient pour nous fort intéreflans. I l
avoit aufli mis au jour la defcription des Indes,
dont Plutarque 8c S.tobéë ont fait mention.
Diogenete de Rhodes, rendit par Ton génie
de fi grands fervices à fa patrie, qu’ il obligea
Démétrius Poliocertes d’en lever le liège
la première ^nnée de la cent dix-neuvième
olympiade, 8c 304 ans avant Jefus-Chrift.
Hipparque mathématicien , 8c grand^ aftro-
nome, étoit encore de Rhodes, félon Ptolémée,
& florifloit fous les régnés de Philométor &
d’Evergete rois d’Egypte, depuis la cent qua-
rante-troifieme olympiade , jufqu’à la cent cin-
quante-troifiéme , c’eft-à-dire , depuis l’an 168
avant Jéfus-Chrift , jufques à l’an 229. Pline
parle d’Hipparque avec de grands éloges. I l
laifla plufieurs obfervations fur les aftres, 8c un
commentaire fur Aratus, que nous avons encore,
Antagoras , poète de ' Rhodes, vivoit fous
la cent vingt-fixieme olympiade -, Antigonus
Gonatas , roi de Macédoine , le combla de
faveurs , 8c fe l’attacha par fes bienfaits'*- I l
ne nous refte de fes ouvrages qu’une épi gramme
contre Crantor -, le tems nous a ravi fon
grand poème , intitulé la Thébaïde.
Enfin Soficrate, dont les écrits cités par les
anciens, ont péri par l’outrage des tems, étoit
aufli natif de Rhodes -, tout prouve en un mot,
que cette v ille a fourmillé d’hommes illuftres
en tout genre.
Cette île contient fix bourgs indépendamment
de la capitale., (R.)
RHODEZ, voye^ R o d e z .
RHODOPE, montagne de la Romanie, autrefois
la Thrace. Elle Te nomme aujourd’hui
le mont Dervent. Il commence entre la Servie
& la Macédoine, d’où 41 s’avance dans la Romanie
jufqu’ à Andrinople. (R.)
RH O NE , ( l e ) Rhodanus , grand fleuve
d’Europe qui defcend du mont de la Fourche',
au Yallais , baigne la Suifle , la Savoie , la
France, où il a la plus confidérable partie de
fon cours’, & fe jete dans la mer méditerra-
née par plufieurs embouchures. I l a fa fource
à l’extrémité orientale du Vallais , aux confins
du canton d’Uri. Il coule d’abord dans des
gorges hériflees de rochers : il partage le V a l-
lais dans toute fa longeur, traverfe le lac de
Genève, 8c à cinq ou fix lieues de cette v ille ,
il s’engouffre 8c fe perd fous des rochers l’ef-
pace d’ un quart de lieue.
Le lit du Rhône s’élargit enfuite au pont
d’Arlou , enforce qu’ à Se i f l e l i l eft prefque
aufli large que la Seine à Paris ; c’eft ici qu’il
commence à porter bateau.