
pendant toute fa vie-un des premiers rôles avec
les empereurs & les rois de l’Europe , & laiI-
la a la mort, en 1688 , un bon treibr , une
marine de douze vaifleaux de guerre, 8c une
armée de vingt-cinq mille hommes , que fon
nls 8c fuccefl'eur l’électeur Frédéric I , porta
enfuite j.Tqu’ à quarante mille hommes , & s’ac-
.quit de la conndération tant dans les guerres
que dans les négociations qui précédèrent la paix
de Rifwick en 1697, 8c celle d’octobre 1713 -,
cet électeur de Brandebourg s’impofala couronne
alui-même & à fonépoufe Sophie de Brunswick,
a Koenigsberg. le 18 janvier 1701.
C eft à tort qu’on d it, dans l’ancienne Encyclopédie,
que l ’empereur Léopold érigea le duché
de P ruße en royaume. L’éleéteur Frédéric
I I I prit le titre 8c le nom de roi de fon propre
chef, comme pofléflenr du duché fouverain
de P ruße. L’empereur Léopold ne fit que le
reconnoître en cette qualité, comme firent én-
fuite fuccefïivement tous les autres fouverains
8c rois de l’Europe, & l’éleéteur ne s’adrefla
a Léopold , pour cette reconnoifiance, que parce
que l’ empereur des Romains eft regardé
comme le premier monarque de l’Europe, 8c
que fon exemple pouvoit donner le ton. Le
pape 8c l’ordre Teutonique protefterent contre
cette royauté, mais la cour de Berlin y répondit
par de bons écrits , & le titre royal de
P ruße eft à préfent reconnu par tous les États
de l’Europe, même par la république de Pologne,
l’ordre Teutonique excepté.
Le grand Electeur Frédéric-Guillaume avoit
hérité de fes ancêtres de l’éleélorat de Brandebourg
, des duchés de Prüfe 8c de Clèves ;
il y joignit, parla paix deWeftphalie, en 1648,
la Poméranie ultérieure , retombée à fa maifon
par l’extinétion des ducs de ce nom -, & des
archevêchés & évêchés de Magdebourg , de
Halberftadt, de Minden 8c de Camin que l’empire^
fecularifa par cette paix , & lui donna
en équivalent de la Poméranie citérieure qu’ il
fut obligé de céder à la couronne de Suede.
Son fils Frédéric I®r , premier roi de Prüfe acquit
pendant fon regne, le duché de Gueldres,
les principautés de Neuchâtel & de Meurs, les
comtés de Lingen 8c de Tecklenbourg par des
transfa&ions.
Le roi Frédéric-Guillaume I regarda l’économie
comme une des bàfes- les plus allurées de
Ja grandeur des fouverains. I l mit fes forces
militaires fur un pied refpeâable > & conquit
fur les Suédois le duché de Stetin, ou la partie
de la Poméranie citérieure , fituée entre
les rivières d’Oder & de Peene. I l acheta des
Ruffes la v ille de Stetin qu’ ils avoient prifes,
& s’alïura ce duché par la paix de Stockholm,
conclue en 1720 II en paya deux millions e écus à la Suede.
Son fils Frédéric I I monta fur le trône en
I74° > & fit ufage de tout ce que le pere avoit
préparé. L Europe fa voit que ce jeune prince
ayant connu l ’adverfité fous le regne de fon
Pfre. ? avoit employé fon loifir à cultiver fon
ci prit & a perfectionner tous les dons finguliers
qu il tenoit de Ja nature. On admiroit en lui
des talens qui auroient fait une grande réputation
a un particulier ; mais on igporoit encore
qu il feroit un des plus grands monarques.:A
peine eft - il monté fur le trône, qu’ il s’eft
immortalifé par fon code deloix* par l’établif-
fement^de l’académie de Berlin , par la protection
qu’.il accorda aux arts 8c aux fciences , &
p u® encore par fes exploits guerriers.
L empereur Charles V I , le dernier- mâle de
, maifon d’Autriche , étant mort la même année
, c’eft-à-dire en 1740, il réclama de l'a fille
quatre duchés en Siléfie que la maifon d’Autriche
avoit enlevés à fes ancêtres , 8c ayant
giigné les batailles de Molwitz & de Chater-
Witz , il obtint de la reine de Hongrie , par
la paix de Breslaw, conclue en 1742, la cef-
“ °n de la haute 8c de la baffe Siléfie jufqu’à
la riviere d’ Oppa. Cette ceflion lui fut confirmée
, après une nouvelle guerre , par la paix
de Drefde conclue en 1745. Après la fameufe
guerre de fept ans qu’il foutint feul contre qua*
tre des principales puiffances de l’Europe, la
pofleiïion de la Siléfie lui fut de nouveau confirmée
par la paix de Hubertsbourg, conclue
en 17Ö3. ~ '.
Après cette paix il s’éleva des troubles en
Pologne à l’occafion de l’éle&ion du roi Sta-
niflas Poniatouski, qui agitèrent tout le nord.
L’impératrice reine ayant alors pris poffeffion
du diftriél de Zips qiie les anciens rois, de
Hongrie avoient hypothéqués à la couronne de
Pologne j le roi de Prüfe 8c l ’impératrice de
Ruffie en furent déterminés à faire également
valoir les anciennes prétentions qu’ ils avoient
a la charge de la Pologne. Le roi de Prüfe réclama
particulièrement le duché de Pomèrellie &
la . ville de Danzik, que les Polonois s’étoient
appropriés à l’extindion des anciens ducs de
Pomèrellie, au préjudice de leurs plus proches
coufins 8c fucceffeurs légitimes , les ducs de
Poméranie , aux droits defquels les élëdeurs de
Brandebourg avoient fuccédé après leu* extinction.
Les trois cçurs de Petersbourg , de Berlin
8c de Vienne , firent en confëquence un traité
de partage par lequel on affura au roi de Prüf,
fe , non-feulement le duché de Pomèrellie
mais aufli le refte de la Prüfe Polonoife, favoir !
les Palatinats de Mariembourg & de' Culm
qui dévoient lui fervir d’équivalent pour la
ville de Dantzick, capitale de la Pomèrellie ,
qu’ il fut obligé de laiffer à la Pologne. Le
roi & la république y confentirent , 8c lui
cédèrent la Prüfe Polonoife par un traité folemnel
conclu à Varfovie-, le iS feptembre l'J’jf, »
8c renoncement , en même. rems à la reverfion
du royaume de, P rü fe , réfervée à la Pologne
par la paix de NV e lau , ainfi qu’ a la féodalité
des territoires de Lauenboutg 8t de Butau
Ainfi Frédéric I I réunit fous fa domination
toute l ’ancienne P tu fe , à l’ exception des v illes
de Dantzick &.de Thorn, 8c en a fait un
royaume peuplé de deux millions d’habitans,
où il fe trouve un bon nombre de villes commerçantes
8c de ports de mer , telles que.
Koenisberg , Memel, Elb ing,. Welau & c. Il
devint par là le maître de la grande riviere,
de Viftule & du commerce de la Pologne. Il
joignit par là la Prüfe à la Poméranie , 8c
confollda par ce moyen le corps de fon état,
qui n’exiftoit auparavant qu’ en parties eparfes
8c ifolées. De forte qu’ indépendamment des
provinces détachées de Clèves , de la Marck ,
de Gueldre , de Meurs, de Minden , de Lingen
& d’Oftfrife, fitués entre le Wefer 8c le
Rhin : la maifon royale de Prüft 8c de Brandebourg
poffede à préfent une monarchie trèsr
confidérable , appuyée au nord fur la mer Baltique
, & traverfëe par les grandes - rivières
d’Oder , d’Elbe , de Viftule 8c de Niemen ,
qui-.font jointes par dès canaux, ou.communi-
quent à des rivières confidérables, comme la
Netzé, la Warta , la Sprée, la Havel, de forte
qu’on peut paffer non-feulement par mer, mais
aufli par les rivières qu’on vient de nommer ,
depuis Memel & Koenigsberg , jufqu’ à Hambourg
: pofition fingulié ement avantageufe.
Le corps de cet-te monarchie , a ne point
parler dés provinces ifolées, eft un agrégat de
la P rü fe , du Brandebourg, de la Poméranie,
de la Siléfie , du duché de Magdebourg , de
la principauté de Halberftadt, du comté de'
Glatz, d’ une partie de la Luface & des palatin
nats de Pofnanie 8c de Wladiflow. Les états
Prufliens donnent une fnrface de trois mille
fix cents milles qnarrés d’Allemagne. Ils contiennent
mille villes 8c bourgs , vingt mille
v illa g e s& fix millions d’habitans. Ils fournirent
uiie armée de deux cents mille hommes & un
tréfor important. Les finances y font fi bien
réglées , qu’ en chargeant moins le peuple qu’il
ne l’eft dans aucun autre état , telles ont
fuffi pour entretenir cette grande armée fur un
pied toujours complet, en tems de paix comme
en tems de guerre*, à payer exa&ement la cour
& le c iv il, 8c à fournir au feu- roi un excédent
confidérable qu’ il emploia à foutenir la
nobleffe rurale , à faire défricher les terres incultes
, à affainir des prairies dont on ne reri-
roit aucun produit, à joindre les rivières par
des canaux , à rebâtir dans les villes toutes
les anciennes maifons, à y conftruire des ca-
fernes, ou à les décorer d’édifices magnifiques -,
à élever des fortereffes , à établir des fabriqiies
, à donner des penfions annuelles à toutes
les veuves des officiers, à tous les maîtres d’é cole
mal dotés -, à des encoaragemens pourtou-
.tes les connoiffances utiles *, 8c enfin à une
multitude d’autres bienfaits publics 8c particuliers
qui s’élevèrent à près de deux millions
d’écus par an.
I l a fait refferrer par des dignes un grand
nombre de rivières dont les eaux tenoient fub-
mergées, ou en état de marais , des terres cultivables
ou qui pouvoient former de bons pâturages.
Il les a donnés à des colons étrangers
la plupart , à qui il a fait bâtir des métairies,
à qui il a fourni le bétail 8c tous les uftenfiles
dont ils avoient bcfoin pour leur établ iffement,
avec de longues franchifes d’impôts 8c d’enrôlement.
Le long de la Warthe 8c de la Netze ,
on a retiré cent-vingt mille arpens de deffous
les eaux , qui ont procuré un etabliffement de
trois mille familles. On a opéré de même , à
fes propres dépens , le long des rivières d’Oder
, de Iiavel , d’Elbe , autour du lac de %
Madue en Poméranie , dans le marécage de
Friner au pays de Magdebourg, dans les environs
de Poftdarn , dans les marais de Drarm-
ling , où :1 a rendu à. la culture cent vingt
mille arpens de bons terreins. Pour ces dit- ...
férentes améliorations , le roi Frédéric I I a
fait bâtir cinq cents quarante villages -8c
hameaux, où il a établi quarante - deux mille
fix cents familles. Dans les fables 8c les bruyères
du Brandebourg, en retrouve avec plaifir
•des colonies flcriffantes , des hameaux bien
bâtis, des prés excellens de riches pâturages
& de nombreux troupeaux de gros 8c menu
bétail fur des diftrifts qui ne prefenroient auparavant
que des marais 8c des eaux ftagnantes.
I l a d’ailleurs avancé , à un grand nombre
de gentilshommes 8c de poffeffeurs de terres,
dans les marches de Brandebourg , en Poméranie
, 8c en Siléfie-, des femmes s’élevant à plu-
fieurs millions, pour les mettre en état de défricher
, d’ améliorer leurs terres & d’y établir des
colons. I l leur a donné ces femmes ou en
pur don, ou à raifort de un 8c de deux pour
cent d’ intérêt , • dont le produit fut deftiné à
des penfions de maîtres d’école , de veuves ou
filles de pauvres officiers. En 1786, il a fondé
deux hôpitaux pour les vieillards des deux fexes
& de tous les pays,& il aaffigné une femme de cinq
cents mille nxdalers pour leur établiffement. H a
donné aufti cent mille rixdalers pour ouvrir un canal
qui de Berlin fe dirige fur Brandebourg.
Ce prince a d’ailleurs établi un très-grand
nombre de fabriques &: de métiers à Berlin ,
à Poftsdam, 8c prefque dans toutes les villes
de fes états grandes ou petites *, il en a fou-
tenu d’autres par des avances. Ces fabriques ,
prefque dans tous les genres , fourniflent exclu-
fiyement les états Prufliens, envoient à l ’Ef