
48 J U JU , nom de deux villes & de deux rivières de
I l Chine, marquées dans l’Atlas chinois , auquel je
renvoie les curieux, fi ce nom vient à fè préfenter
dans leurs leüures.
JUAN DE PUERTORICO ( S a n ) , ou Amplement
Porto-R i c o , & Porto -R i c , île de
l’Amérique méridionale, entre les Antilles, de
quarante lieues de long fur: vingt de large,
découverte par Criflophe Colomb en oélobre
1493 ; elle éft remplie de montagnes fort hautes,
couvertes de bois , & abonde en lucre , en caffe &
fur-tout en boeuf, que. l’on tuoit autrefois pour
en avoir le cuir, en jettant la viande aux chiens.
Cette île produit le mancenifier, arbre alfez élevé,
dont le fuc laiteux qui eft entre l’écorce & le tronc
eftle plus fubtil des poifons ; mais on en trouve
le remède, en appliquant du fel fur la bleffure au
moment du coup. On y trouve plufieurs arbres
finguliers. Ses mines d’or font ou epuifées ou négligées,
faute d’ouvriers. L’air y eft tempéré, excepté
quelques mois de l’année, qu’il y fait très-
chaud. Elle appartient aux Efpagnols , & c’efl une
de leurs meilleures îles. La terre eft arrofée par un
grand nombre de rivières , dont les eaux font pures.
Cette île offre un port fûr, des rades commodes
, des côtes faciles.; fes vallées font d’une extrême
fertilité, & toutes les produélions propres à
l ’Amérique profpèrent fur ce fol profond.
La principale v ille , commencée en 15 14 , eft
Puerto-Ricco, que les François nomment Portonc.
Son port eft fpacieux, à l’abri des vents , & commandé
par une fortereffe ; mais Drak prit Puerto-
Rico en 1595 , & St dans cette ville un riche butin
; Baudouin, général de la flotte hollandoife,
eut le même fuccès en 1613. Portoric eft fituée fur
la pointe feptentrionale de l’île , à 80 lieues de
Saint-Domingue. La cour de Madrid, en 1765, a
fait fortifier cette ville; les ouvrages furent fur-tout
multipliés vers une langue étroite & roarécageufe,
le feul endroit par OÙ la place puiffe être attaquée
du côté de terre, t
En 1778 on comptent dans 1 île huit mille fix
cents foixante habitans, dont fix mille cinq cents
trente feulement étoient efclaves , foixante - dix-
fept mille trois cents quatre-vingt-quatre bêtes à
cornes, vingt-trois mille cent quatre-vingt-quinze
chevaux, mille cinq cents quinze mulets , quarante
neuf milles cinquante-huit têtes de menu
bétail,
La dîme de cette colonie , en 1768, ne rendoit
que 81,000 liv. „ elle s’eft élevée depuis à 230,418
livres ; dans les cinq mille fix cents quatre-vingt-
une plantations on recueille aujourd’hui deux mille
iept cents çrente-fep.t quintaux de fucre, mille cent
quatorze quintaux de coton, onze mille cent foi-
xante-trots quintaux de café, dix-neuf mille cinq
■ çents cinquante-fix quintaux de riz, quinze mille
deux cents feizequintaux de maïs, feptmille quatre
cepts vingt-huit quintaux de tabac, neuf mille huit
cents foixantç quintaux de melaffe. Jout cela çft
J U C peu de choie encore en comparaifon de ce qu’on
pourroit faire ; mais ces détails prouvent du moins
ce que l’on devroit attendre d’un bon gouvernement,
& combien une adminiftration ignorante,
peut, fans le vouloir, faire de mal aux peuples.
Long. 312; lat. 18, 30. (Ma s s o n d e M or-
V I L L I E R S . )
Juan de la Frontera (S an ) , ville de
l’Amérique au C h ili, au pied des Andes , dans
la province de Chicuito, près du lac de Guana-
cacho. Le terroir de cette ville eft habité par plus
de vingt mille des Indiens , tributaires du roi
d’Efpagne. On y trouve des mines d’or. Les pâturages
lont ft bons qu’on y nourrit de nombreux
troupeaux de bêtes à tlaine. On y recueille aufli
des amandes très - délicates. Elle eft à 120 lieues
de Lima, 35 n. e. de Saint-Iag0 .'Long. 311 ; lat.
mérid,^3-3 , 3 3.
JUBLAINS, ou Jublent , bourg du diocèfe
& à 10 lieues n. o. du Mans, à 2 lieues f. e. de
Mayenne. C ’étoit autrefois une ville. On y trouve
encore des édifices, & des ruines qui atteftent le
féjour qu’y ont fait les Romains.
JUBLENT. Voye^ Jublains.
JU C AO , ville de Chine, feptième métropole
de la province de Kiagnan.
JUC ATAN , Yugatan ( le ) , grande province
de l’Amérique , dans le Mexique, découverte én
partie par Ferdinand de Cordoue, en 1517 ;
elle eft vis-à-vis l’ile de Cuba. Il y a dans cette
province beaucoup de bois pour la conftruâion
des navires, du miel, de la cire, de la caffe,
& quantité de maïs : mais on n’y a point découvert
de mines d’argent, 8c l’on n’y recueille point
d’indigo ni de cochenille. La pointe du Jucatan ,
que les Indiens appellent Eccampi , gît à 21 degrés
de hauteur; elle a dans fa moindre largeur quatre-
vingts de nos lieues, 8c deux cents lieues de long.
Cette province eft moins connue par le nom de
Jucatan que par celui de campêche, port très-
dangereux à la vérité , puifqu’il eft rempli de
bancs 8c d’écueils, mais fameux par fon bois qui
eft néceffaire aux belles teintures. La péninfule
de Jucatan eft fituée depuis le feizième degré de
latitude ïeptemrionale jufqu’au vingt-deux , depuis
le golfe de Gonajos jufqy’au golfe de Trifte. Les
Efpagnols occupent la partie occidentale, 8c les
Indiens l’orientale, qui eft du côté de Honduras ;
mais ces Indiens font en petit nombre , tous tributaires
, o y , pour mieux dire, efclaves de leurs
conquérant. 11 y a un évêque Efpagnol. Les principales villes
font Mérida , capitale , Campêche , Valladolid 8c
Simancas. Voye{ Yucatan. (/?.)
JUCHING , ville de la Chine , fécondé métropole
de la province de Hon-ang , au département
de Queite.
- Juching , ville de la Chine, première métropole
de la province de Chann-Ton, au départe-? 1 ment de Ci-Nang. " " * 7ycy,
J UC JTJCU , ville de la Chine, première métropole
fle la province de Chanfi , au département de,
Tayven. . ,
JU D A , royaume confiderable de la Umnee,
en Afrique , fur la côte des Efclaves. Il y a trois
forts à trois-quarts de lieue de la mer : la defcente
à terre eft défendue par une barre que forme un
banc de fablçr Cette barre eft affreufe 8c terrible
par fes naufrages 8c par l’avidite des requins qui
y font en orand nombre. Les chaloupes ni les canots
de navires ne peuvent venir fur cette barre:
on y va avec ds petits canots faits exprès, conduits
par vingt Nègres adroits à ce métier, 8c armés de
petits poignards , avec lefquels ils fe battent contre
les requins, quand le canot vient à virer. Le fort
françois eft le premier des trois , étant au vent des
autres ; le fort anglois eft le fécond, 8c le fort portugais
le troifième. Ces trois nations y font un
commerce confidérable d’efclaves ; c’en: l’endroit
delà côte qui en fournit le plus. Les Noirs de Juda
font les meilleurs 8c les plus chers de tous les Nègres
de l’Afrique : on les eftime en Amérique, fur-
tout à caufe de leur dextérité 8c de leurs difpofi-
tions à tout apprendre en peu de tems. Juda eft
éloigné de quatorze lieues de l’échelle dite le petit
Popo. Les forts des trois feules nations qui y font
admifes font conftruits dans l’île de Gregoi. Le
royaume de Juda a fouffert de grandes révolutions.
Dahomet, forti des bois à la tête de cent mille
hommes en 1727 , s’en empara , après avoir battu,
chaffé ou fait prisonniers les poffefleurs, qui étoient
plus négocians que guerriers. Ce prince nègre a
dépeuplé tout ce pays. Au mois de décembre de
chaque année, il faifoit inviter les Européens de
fe trouver à fa cour, pour afiifter à ce qu’il appe-
lolt les coutumes , c’eft-à-dire , à. l’anniverfaire de
fon père. Là il immoloit aux mânes de fon père un
grand nombre d’hommès , de femmes, de chevaux
, boeufs, moutons, chevreaux, poules 8c
autres animaux auxquels il faifoit couper la tête,
8c qu’il faifoit jeter dans .un trou creufé en terre ,
pour aller, .dit - i l , fervir fon père dans l’autre
monde. On jetoit dans le même trou de l’eau-de-
vie , du mahis , des mouchoirs, des pièces de foie,
6c tomes fortes de vivres 8c d’étoffes. Les Européens
étoient préfens à cet affreux fpe&acle, 8c
Dahomet étoit alors environné des trois dire&eurs
françois, anglois 8c portugais. Énfùitè on refer-
moit le trou , 8c il faifoit distribuer au peuple de
l ’eau-de-vie 8c d’autres marchandifes. Il immoloit,
autrefois à l’anniverfaire de fon père jiifqu’à huit
ou neuf cens, tant hommes que femmes; mais en
*75^ ? qu’il ne lui reftoit plus environ que onze,
mille hommes, 8c qu’il étoit mal avec tous fes voi-
én s , il n’immoloit plus que pou de monde. On appelle
judaïques les habitaqs de ce royaume de
Juda. (JL)
JUDÉE f( l a ) , pays d’Afie fur les bords de la
Méditerranée, entré cette mer au couchant, là
Syrie | i nord, les montagnes qui fqnt au - delà
géographie. Tonif //?
J U d 49 du Jourdain à l’orient, 8c l’Arabie au midi.
Sa longueur prife depuis la Syrie antiochienne
jufqu’à l’Egypte , faifoit. environ foixante - dix
lieues , 8c fa largeur depuis la Méditerranée jufqu’à
l’Arabie pétrée, environ trente lieues.
Anciennement la Judée étoit appelée le pays de
Chanaan ; enfûit.e. on lui donna le nom de Palestine
, de Terre promife , de royaume de Juda, de
terre d’Ifraël, 8c.finalement de Terre-fainte. Elle
eft arrofée par le Jourdain, par quelques torrens, 8c
par un grand nombre.de ruiffeaux 8c de fontaines ;
les montagnes les plus hautes de cette contrée font
le Liban 8c l’anti-Libàn.
La Judée eft réduite à un état déplorable , depuis
qu’elle eft fous la puiffance des Mufulmans. Les
voyageurs la représentent cependant comme une
terre excellente , fertile en grains , olives, vin ,
dattes, miel, baume, 8c fruits délicieux. On y
pourroit même nourrir beaucoup de bétail , excepté
dans les environs de Jérufalëm. Ce pays
abonde en tout, 8c offre un terrein trèsrriche. Les
Juifs autrefois cultivoient jufqu’aux fonirnets de
leurs montagnes, ainfi que cela fe pratique encore
à la Chine ; mais il femble que le defpotifme des
Turcs ait frappé de ftérilité cette terre infortunée;
on ne voit par-tout que de vaftes déferts , de la
mifère 8c des ruines.
Les habitans de la Judée offrent de nos jours
un affemblage de plufieurs nations. Les principales
font les defeendans des anciens Hébreux , les Chrétiens
du rit latin , 8c du rit grec , 8c les Turcs. Il
s’en faut bien cependant que cette contrée foit
aufli peuplée aujourd’hui qu’elle l’étoit autrefois ,
fi l’on s’en rapporte à ce qu’en difént les hifto-
riens , 8c fur-tout Jofephe 1 Cependant une nation
pauvre 8c fans induftrie, une nation qui ne coir-
noiffoit guère que les arts de première nécefiité,
refferrée d’ailleurs dans un efpace de terre infé-
rieur pour l’étendue à plufieurs de nos provinces,
a-t-elle jamais pu devenir bien nombreufe ? On
fait combien le commerce peut contribuer à l’opulence
8c à la grandeur d’un peuple, 8c il n’étoit rien
avant 8c après Salomon. Toujours remuant, toit?
jours inquiet 5 portant dans la guerre une valeur
féroce qui le faifoit redouter 8c haïr des autres
nations, le Juif n’a, été occupé, dans tous les
tems, qu’à défendre fa liberté, à envahir celle
des autres peuples, ou à fe déchirer lui-même !
Si l’on veut établir fa population fur le nombre
de fes armées, ne fait-on pas que dans cette nation
, excepté les enfans, les femmes 8c les vieil-
; lards, tout étoit foldat ? On fortoit fou veut le
matin pour piller une contrée voifine ; le foir
on rentrait, ou vainqueur, ou vaincu ; 8c l’on
reprenoit la charrue eu quittant l’épée. Chaque
; tribu avoit fes villes ; mais combien en avoit-elle 1
comment étoient-elles peuplées-, 8c encore une
fois , quelle peut-être la population d’iin pays qui
n’avôit que foixantè-dix lieues de long fur envirca
trente de large {