
MANSIGNÉ, bourg de France, én Anjou,
élc&ion de la Flèche. (X.)
MANSOURE, ou Massoure , grande & forte
ville d’Egypte, qui renferme plulieursbelles *mof-
quées; c’eft la réfidence du cafcief de Dékalie.
Elle eft fur le bord oriental du N i l, près de Damiette.
C ’eft dans fon voifinage qu’en 1 249 fe livra
le combat entre l’armée des Sarrafins& celle de
faint*Louis, qui fut fuivi de la prife de ce prince,
& de la perte de Damiette. Long. 4 9 , 3 5 ; Ut.
a 7; (* •)
MANTA , havre de l’Amérique méridionale,
au Pérou, à fon extrémité feptentrionale. Les bords
de ce havre ne font habités que par quelques Indiens
; cependant c’eft le premier établiflement où
les navires puiftent toucher en venant de Panama ,
pour aller à Lima, ou à quelqu’autre port du Pérou.
La montagne ronde & de la forme d’un pain
de fucre, nommée Monte Chrijlo, qui eft au fud
de Manta, eft le meilleur fanal qu’il y ait fur toute
la côte, (R.)
MANTAILLE, ancienne maifon des rois de
Provence, fituée dans une vafte plaine du Dauphiné,
nommée la Valoire ( Vallis aurea'), à 5
lieues de Vienne, entre cette ville & l’Ifere. Ce lieu
eft appelé en latin Mantala, dans les diplômes de
Bofon, qui y fut élu roi par vingt-trois évêques,
en 879 ; il eft nommé MantelLutn, en françois
Mantaille, & non pas Mante ni Mantale, comme
l’écrivent la plupart de nos hiftoriçns.
Il y a même un vallon qui a confervé, ainfi
que la paroifle, depuis annexe de Saint-Sorlin , 1e .
nom de Mantaille. On voit encore au bas d’un
coteau qui fépare la Valoire de ce vallon , les rui- ;
nés de cet ancien château qui pafta des rois de
Provence aux archevêques de Vienne. Ceux-ci/en :
jouirent paifiblement jufqu’au x v e fiècle, que le
château fut brûlé par quelqu’un dç leurs vaflaux,
& n’a point été relevé depuis.
Daviti & Samfon prétendent que c’eft Montmé-
liand : Guichenon & Bouche ont adopté le même
fêntiment, & font réfutés fojidçment, par M. Mille,
dans fon troifième volume , pag. 14 fur l’Histoire
de Bourgogne. C ’eft celui qui a le mieux débrouillé
les trois royaumes de Bourgogne, d’Arles & de
Provence ; mais il n’exifte que le commencement
de cet ouvrage , qu’il a difçontinué & abandonné.
(/?.)
MANTCHEOUS , 011 Nyuches , peuples d’A*
lie , dans la Tartarie Chinoife. (/?.)
MANTES , Medunta & Pe tromantalum, ville de I
l’Ifle de France, capitale du Mantois. Elle eft dans
le diocèfe de Chartres, Long, 19 ,2 0 ; Ut. 48, 58.
Nicolas Bernier, célèbre muficien françois,
mort à Paris en 1734, à 70 ans, étoit de Mantes.
Mais cette ville eft fur-tout remarquable par la
fépulture de Philippe-Augufte, roi de France, qui
y mourut en 1223.
Mantes eft dans une fltuation des plus agréables,
a 11 li. n. o, de Paris. On y pafle la Seine fur un
pont de pierre, l’un des plus beaux qu’il y ait en
France. Cette ville eft le fiège d’un gouverneur
particulier. Il y a baillage, préfidial, éle&ion. Il
s y trouve un chapitre , 3 coüvens , & un hôpital.
Elle rut laccagee & brûlée par Guillaume le Bâtard
, duc de Normandie, en 1087, & rebâtie quelque
tems après. L’églife de Notre-Dame fe relient
encore de la magnificence des reines Blanche de
f Caftille & Marguerite-de Provence , mère & femme
de faint Louis. Les rois de Navarre y ont leurs
monumens. / J
Henri IV logea plus de dix ans au château de
Mantes, dont il ne refte plus rien. Louis XIII y
fejourna en allant à Rouen. Le cardinal Mazarin y
logea aufli, lorfque Louis XIV vint à Mantes, en
1652, pour pacifier les troubles de la fronde. Ce
château, qu on croit avoir été bâti avant Charlemagne
, fut démoli en 1721.
On remarque a Mantes deux belles fontaines,
que le marquis d’O y fit çonftruire, par ordre de
Henri IV , en 1590.
Ce n’eft pas à Mantes, comme le dit le P. An*
felme, & apres lui Expilly, que fe fit la première
promotion des chevaliers de l’ordre du faint-Efprit,
le premier janvier 1592, mais dans l’églife de
Darnetal, près Rouen.
- —— . v a u \jWLC*
b e r , fils d un miniftre de Nifmes, à l ’âge de douze
ans, y expliqua très-nettement, devant les évê*
ques , le Nouveau Teftament grec , la Bible en hé*
breu, & Euclide ; ce qui lé fit regarder comme
un prodige d’efprit. (P.)
MANTIANA ( lac ) , Mantlana palus. , grand
lac d’Arménie ; Strabon qui en parle , dit que c’eft;
le plus grand qu’il y ait après le Palus Méotide , 8g,
que les eapx en font falées ; ce lac eft le même
que le lac dç V an , ou lac d’A âamar, en Tur*
quie. (R.)
MANTINÉE, bourg de Turquie , dans la Mo*
rée & dans la Saccanie. Ce fut autrefois une ville
confidérablc, On la nomme aujourd’hui Dorbo 8ç
Mandinga ou M,andi. Elle fut célèbre par la bataille
qu’Epaminondas gagna près dé fes murs corn?
tre les Lacédémoniens. Pline parle d’une autre ville
de Mantinée dans l’Argie, (R.)
MANTOUE (duché d e ) , pays d’Italie, en
Lombardie, le long du Pô qui le traverfe. Son
nom lui vient de Mantoue fa capitale ; fes bornes
font, au feptentrion , le Véronèfe; au midi3 les
duchés de Reggio, de Modène, & de la Miran*
dole ; à l’orient, le Ferrarois; à l’occident, le
Crémonois & le Breflan, Son étendue irrégulière
peut avoir en quelques endroits, 3 5 milles, en
d’autres feulement 6 ou 7 ; celle de le ft à lfoueft
eft d’environ 60 milles. Cette fouvèraineté comprend
les duchés de Mantoue & de Sabioneta,
les principautés de Caftiglione , de Solferino &
de Bozzolo, le comté de Novellara & le duché dç
Guaftalle, poffédé aujourd’hui par le duc de Parme.
Le pays eft fertile en bleds, vins, fruits & pa- 1
turages. Les marquis de Mantoue, feudataires de
j’empire , furent déclarés ducs par Charles-Oumt
en 1530. Ils étoient de l’illuftre;maifon de Gonzague.
A l’état de Mantoue ils joignoient la plus
grande partie du Montferrat, qui appartient de
nos jours au roi de Sardaigne. Ils avoient d ailleurs
des poffeflions confidérables en France. Dans
la guerre de la fuccefîion , ils favoriferent le parti
de Philippe V , à la follicitation de la France qui
leur promit fon fecours , tant pour garantir leurs
états, que pour recouvrer les pays dont ils avoient
été en pofleflion. Mais ces promettes forent fans
effet, Charles I V , dernier duc de Mantoue, tut
mis au ban de l ’empire; l’empereur s’empara du
duché de Mantoue qu’ il réunit aux autres polfet-
ftons de la maifon d’Autriche, en 1707 > ^ e
Montferrat fut donné au duc de Savoie. Le duc
Charles IV mourut en 1708: mais il exifte encore
dé nos jours des princes de la maifon de Gonzague.
Le Pô , l ’Oglio , le Mincio, la Secchia, arrotent
le duché de Mantoue , qui, avec le Milanez,
forment ce qu’on nomme Lombardie Autrichienne.
Man to u e , Mantua , ancienne ville d’Italie,
dans la Lombardie, capitale du duché auquel elle
donne fon nom, avec un archevêché, une um-
verfité & une bonne citadelle.
Mantoue , fi l’on en croit Eufebe ,e ft une des
anciennes villes du monde , & avoit été bâtie 430
ans avant Rome. Virgile , pour 1 ennoblir encore
davantage , déclare qu’elle fut fondée par OEnus ,
fils du Tibre & dp la devinereffe Manto, & qu’il
la nomma du nom de fa mère.
Après la décadence de l’empire romain , Mantoue
fut envahie par les Lombards, & enfuite con-
quife fur ceux-ci par Charlemagne. Sous les def-
cendans de cet empereur , l’Italie étant devenue le
partage de divers princes, Mantoue patta de tirans
en tirans , jufqu’à Louis de Gonzague qui s y établit
en 1328. Son petit-fils, Jean-François, fut
créé marquis de Mantoue par l’empereur, en
1433 ; & Frédéric II en fut fait duc par Charles-
Q u in t, en 1530. L’alliance de la France que le
dernier duc de Mantoue crut devoir préférer à
celle de la maifon d'Autriche , devint fatale à ce
prince dans la guerre de 1700. 11 fut contraint de
le retirer dans l’état de Venife où il mourut en
1708.
Le palais du duc de Mantoue , fi renommé par
fes ameublemens précieux , fes peintures , fes fta-
tues , fes vafes, & fes autres raretés, fut pillé
par les Impériaux, dans le fac de cette ville, en
1630.
Mantoue eft bâtie dans un terrein bas & ferme ,
au milieu d’un lac marécageux formé par le Mincio
, & qui eft dix fois plus long que large. Elle eft
a 14 lieues n. e. de Parme, 8 f. o. de Vérpnne, 14
n- o. de Modène, 36 n, o, de Florence , & 88 n. o.
&éogr. Tonie II?
de Rome. Long, lelon de la Hire 6c Defplaces,
28 d. 30’ 3</;j Ut. 45 , 11 , 4 i
Les deux ponts principaux par lefquels on entre
à Mantoue, font défendus par des citadelles & des
redoutes. En été, lorfque les eaux du lac font
baffes & croupiflantes, l’air y devient mal-fain ; &
autant qu’on le peut , on fe retire à la campagne.
Les rues, pour la plupart, en font larges , droites,
& longues, & formées de maifons affez généralement
bien bâties. Elle a. trois fauxbourgs au-delà
du lac. L’évêque de Mantoue relève immédiatement
du Saint-Siège. Il s’y trouve 4 églifes collégiales
, & 19 églifes paroiftiales. Les Juifs y occir-
pent un quartier, où ils font au nombre de 4 ou
500. La population de cette ville eft bien déchue
depuis la perte quelle a faite de fes anciens fouve-
rains. De 50,000 habitans qu’on y comptoit fous
fes ducs, à peine y en trouvèroit-on aujourd’hui 16
mille. La cathédrale eft ornée de tableaux de Jules
Romain, & d’autres grands maîtres d’Italie. L’églife
de Saint-André prétend avoir du fang de Jefus-
Chrift, qu’on y montre une fois chaque année, &
qu’on dit avoir été recueilli & apporté par faint
Longis. L’églife des Francifcains eft une des plus
brillantes que leur ordre ait en Italie. L’univerfité
de Mantoue fut fondée en 1625. Les fabriques de
foie qui y étoient autrefois floriflantes, y font prefi
que entièrement tombées.
Le palais ducal eft vafte , mais ancien , & bâti,
fans fymmétrie &. fans goût. Lors du fac de Mantoue
, les plus beaux tableaux de la galerie ducale
furent tranfportés à Prague ; la reine Chriftine de
Suède les acquit, & les fit tranfporter à Rome ,
d’où ils paflerent au duc d’Orléans régent. Un des
fucceffeurs de ce prince, par un zèle mal entendu,
nous a privé de la plus précieufe partie de cette
colleélion qu’il a anéantie au détriment des arts 8c
au grand regret des gens de goût. Le palais d u T ,
eft conftruit dans une île fituée au midi de Mantoue
; l’architeâure en eft de Jules Romain, qui
l’orna des belles frefques tpie l’on y voit encore
aujourd’hui.
La ville de Mantoue eft à jamais fameüfe-daiïs
les écrits des anciens & des modernes, pour avoir
donné naifiance à Virgile , qui dit lui-même dans
les Géorgiques , liv. I I I , ir. xij :
Primus îdumtzas referam tibi Mantua palmas,
J£t viridi campo templum de marmore ponam.
Marone felix Mantua , s’écrie Martial î & Silius
Italicus en fait ce magnifique éloge , en difant :
Nettat odoratas & Smyrna, & Mantua lauros.
Toutefois Virgile' n’étoi* pas né dans la ville
de Mantoue, mais dans un village ybifin nommé
Andes , aujourd'hui PeiUla. Nous parlerons de
l’excellence de fa mufe, à l’article Poetes latins.
. , -
Il fidfit de remarquer ici qu’il eft ridicule que la
O 9