
i66 MAD ferrée entre de hautes montagnes, & arrofée dans
toute fa longueur par une rivière qui lui donne
fon nom. Le principal endroit de ce baillage, eft
la ville ou bourg de Maggia. Les baillis qui y font
envoyés tous les deux ans par les cantons , y ont
une autorité abfolue pour le civil & pour le criminel.
Lat. du bourg de Maggia, 4 5 , 56. (iü.)
Madia , ou Maggia , 6c par les Allemands
Meyn, rivière & bourg de Suiffe, au baillage du
même nom en Italie. La rivière de Maggia a fa
lource au mont Saint-Gothard, 8c baigne la val lé
e , qui en prend le nom de Val-Madia, ou Val*
Maggia. Voye£ Madia. (-K.)
M A D IO N , abbaye de France, au diocèfe de
Saintes. Elle eft de l’ordre de Saint Benoit, 8c vaut
1400 livres.' (JR..')
M AD O N IA , Madonii montes, anciennement
JNéebrodes, montagnes de Sicile. Elles font dans la
vallée de Démona, & s’étendent entre Traina à
l ’o rient, 8c Termine à l’occident. (R.)
MADRA , royaume d’Afrique, dans la Nigri-
tie. Sa capitale "eft à 45 d. 10' de long. & à 1 1 , 20
de lat. {R^)
M ADR A S , grande ville des Indes orientales,
fur la côte de Coromandel. Elle appartient aux
Anglois, & on doit la regarder comme la métropole
des établiffemens de la nation Angloife en
orient, au-delà du cap Comorin. Les marchandi-
fes achetées ou fabriquées dans les établiffemens
formés par cette nation , entre le cap Comorin
& le Gange, font toutes réunies à Madras. Cette
ville fut bâtie il n’y a gnères qu’un fiècle, dans
le pays d’Arcate. Son terroir eft fabloneux 8c
aride, mais le commerce y a beaucoup d’aélivité.
Madras s’eft‘ conftdérablement augmentée depuis
la décadence de Saint-Thomé. Qn y compte
200,000 habitans, Européens, Juifs | Arméniens,
Maures, Indiens. La partie de la ville qu’on
nomme la Ville-blanche, ou le Fort Saint-George, eft
très-bien fortifiée, & n’eft habitée que par les Anglois.
Son territoire s’étend à 16 lieues dans les
terres. Les impôts que la compagnie d’Angleterre
y levoit avant la guerre de 1745 ,mpntoientà 50000
pagodes ; la pagode vaut environ 8 fchelîings, ou
9 livres 10 fols de notre argent.
M. de la Bourdonnaye fe rendit maître de Madras
en 1746 , & en tira une rançon de 5 à 6
millions de France. C ’eft ce même homme, qu’on
traita depuis en criminel, & qui après avoir langui
plus de 3 ans à la baftille, eut .l’avantage de
trouver dans M. de Gennes, célèbre avocat, un
zélé défenfeur de fa conduite, qui le fit déclarer
innocent par la çommiflion que le roi nomma pour
le juger.
Cette ville eft fîtuée au bord de la mer, à une
lieue de Saint-Thomé, 2 5 de Pondichéry. Long.
9 8 ,8 ; lat. 13-, 2.0. (J?.)
MADRE ( le ) , rivière de la Turquie en Afîe , 1
dans la Natolie ; elle n’eft pas large , mais affez I
profonde : ç’eft le. Méandre des anciens, mot qu’il 1
MAD faut toujours employer dans la traduélion de leurs
ouvrages, tandis que dans les relations, modernes,
il convient de dire le Madré. (R.)
M A D R ID , ville d’Efpagne dans la Nouvelle
Caftille, réfidence ordinaire des rois. On croit
communément que c’eft la Mantua Carpctanorum
des anciens, ou plutôt qu’elle s’eft formée des ruines
de Villa-Manta.
-En 1685 , fous le règne d’Alphonfe V I , après
la capitulation de Tolède, qu’occupoient les Ma-
hométans, toute la Caftille Neuve fe rendit à Rodrigue
, furnommé le C id , le même qui époufa
depuis Chimene, dont il avoit tué le père. Alors
Madrid, petite place, qui devoit un jour être la
capitale de l’E lpagne, tomba pour la première fois
au pouvoir des chrétiens.
Cette bourgade fut enfuite donnée en propre
aux archevêques de Tolède, mais depuis Charles
V , les rois d’Efpagne l’ayant choifie pour tenir
leur cou r, elle eft devenue la première ville de
cette vafte monarchie.
Elle eft grande, peuplée , ornée du palais du roi »
de belles places , d’édifices publics 8c de quantité
d’églifes ; mais les rues y font mal - propres Sc
très-mal pavées ; fon circuit eft de 3 lieues, non
compris le château 8c le jardin de Buen-Retiro*
Cette ville eft fîtuée fur le ruiffeau ou torrent de
Mançanarés, q u i, en été eft prefque à fec, & fur
lequel cependant Philippe II fit conftruîre un ma^
gnifique pont de pierre , de 1100 pas de long.
Philippe V en fit faire un fécond plus beau encore
que le précédent, 8c qui a le nom de pont deTo?
lède. Le nombre des maifons de Madrid s’élève à
13100. Elle a dix-neuf paroiffes, dont fix fuccur-
fales, 69 couvens & 22 hôpitaux. On y voit plu-
fieurs maifons fans vitres, parce que c’eft la cou^
tume que les locataires font mettre le vitrage à
leurs dépens, 8c lorfqu’ils délogent, ils ont foin
de l’emporter ; le locataire qui fuccède s’en paffe,
s’il n’eft pas affez riche pour remettre des vitres.
Un autre ufage fingulier, c’eft que dans la bâtiffe
des maifons ,1e premier étage qu’on élève appartient
au roi, duquel le propriétaire l’achète ordinairement.
C ’eft une forte d impôt très-bifarre, 8t
très-mal imaginé.
Philippe IV a fondé dans cette capitale une mai-
fon pour les enfans trouvés ; ompeut prendre des
adminiftrateurs un certificat, qui coûte deux pata-
gons ; ce certificat fert pour retirer l’enfant quand
on veut. Tous ces enfans font cenfés bourgeois de
Madrid, 8c même ils font réputés à certains égards
gentilshommes, c’eft-à-dire qu’ils peuvent entrer
dans un ordre de chevalerie , qu’on appelle
Habito, ,
C ’eft fur la grand’plaee , dite Plasma-Major, maïs
communément dans un bâtiment circulaire qui eft
devant la porte d’A lcala, que fe donnent les combats
de taureaux, fpeélacle. favori des Efpagnols*.
Le palais royal eft fitué fur une hauteur, a l’occident
de la y i l l e & il jouit d’une très-belle vue».
M A D
Cètte Ville'eft le fiège du tribunal fuprème de
Vinquifition, compofé d’un préfident qui porte le
titre d’inquifiteur-général, defix confeillers, deux
fecrétaires, deux référendaires, un agent-general.,
& d’autres commis, dont le nombre eft prodi-
■ gieux. Ce tribunal a fous lui d’autres tribunaux
«Tiriquifition, établis en différentes villes du royaume,
& même dans les pays d’outre-mer. Il y a
à Madrid dix collèges fupérieurs, indépendamment
du tribunal de l ’inquifition ; favoir , le confeil
et état, créé par Charles - Quint : le fupreme
confeil de guerre , inftitué par Philippe V ’. le
confeil royal de Cajlille, qui eft le tribunal fu-
prênre du royaume, & qui eft divife en cinq
chambres , dont chacune a fes attributions. Le
confeil fuprime des Indes ; le confeil royal des ordres ,
érigé en 1489. Le confeil royal des finances ; la
junte générale du commerce, des monnoyes & des
mines ', la direEtion générale de la bulle des croifa-
des, le collège royal de gruerie & des batimens ; la
junte royale du tabac. Il y a'quatre academies royales
: favoir, l’académie royale Efpagnole, qui s occupe
de la pureté de la langue efpagnole; 1 académie
royale d’hiftoire, l’académie royale de
médecine, & l’académie royale de peinture, de
fculpture & d’arehiteéhire, connue fous le nom
d’académie de Saint Ferdinand. Legrand aumônier
’ ou grand chapelain de la chapelle royale, a le
titre de patriarche des indes : mais il n a point
de territoire. La grande place de Madrid forme
un quarré parfait ; elle eft environnée de mations
uniformes-, à cinq étages, avec des balcons. Les
rues 8c les places publiques font ornees d une
multitude de belles fontaines de marbre 6c de
îafpe , avec des ftatues. Les eaux de ces fontaines
font très-légères. Les églifes de Madrid font magnifiques
, fur-tout celle de Saint - Ifidore ,^batie
par Philippe IV ; elle eft lurmontée d’un dôme ,
ou l’or & l’azur brillent de toute part. Marie-Anne
d’Autriche, femme de ce prince, a fait bâtir un
hôpital pour les filles enceintes. Il y a un ordre
de chanoineffes , nommées les dames de Sainj-
Jacques, qui font preuve de nobleffe. Il fait très-
cher à vivre à Madrid ; le vin n’y eft pas fort
bon , mais le pain & le mouton y font excellents.
Pans le cours de ce fiècle, un très-grand nombre
de familles françoifes fe font fixées à Madrid, &
s’y font enrichies dans les fabriques .qu elles y
ont établies.
Cette ville eft la patrie du célèbre cardinal de
Lugo , l’un des plus iavaus hommes de fon fiècle ;
il mourut en 1660.
Madrid jouit d’un air très-pur , très-fubtil, &
froid dans certains tems , à caufe du voifinage des
montagnes. Elle eft fîtuée dans un terrein fertile.
fur une hauteur, bordée de coljjncs d’un côté, à
6 li. f. o. d’Alcala, 7 de l’Efcurial, 9 de Puerto de
Guadarama, 106 h. e. de Lisbonne, 250 de Paris,
300 de Rome , & 345 f. o. de Londres. Long. félon
Caffini, 13 deg. 4 5 ', 4$// i pPl 4®, 26. (JL)
M A D 1 6 7
M ADR IG A L , Madrigal, petite ville d’Efpagne,
dans la Vieille-Caftille, dans un territoire abondant
en bled & en excellent v ih , à 4 lieues de
Medina-del-Campç. Long. 13 , 3 6 ; lat. 4 1 , 25*
Cette ville eft célèbre en Efpagne par la naiffance
d’Alphonfe Tofta t, évêque d’Avila , qui fleuriffoit
dans le quinzième fiècle ; il mourut en 1454» a
l’âge de 40 ans, 8c cependant il avoit déjà compofé
des commentaires fur l’Ecriture-Sainte, qui
ont vu le jour en 27 tomes in-f o l . Il eft vrai auffi
qu’on ne les lit plus, & qu’on fonge encore moins,
à les réimprimer. (R.)
M ADRO G AN , ou Banamalapa , grande ville
d’Afrique, capitale du Monoraotapa , a 2O milles
de Sofala. L’empereur y réfide dans un grand palais
fait de bois & de torchis, & fe fait fervir à genoux
, dit Daper, dans un grand filence. En ce
cas, il n’a pas choifi la meilleure pofture pour
être fervi commodément. En cette v ille , les toits
des maifons finiffent en forme de cloches. Long.
4 7 , 15 ; lat. mérid. 10. (Rl)
MADURÉ, ou Madura , île de la mer des
Indes , entre celles de Java 8c de Bornéo. Elle eft
très-fertile en riz , 8c inaccéflible aux grands bâti-
mens, à caufe des fonds dont elle eft environnée ;
elle eft longue ; fes habitans ont à-peu-près les
mêmes moeurs que ceux de Java. Ils ont un roi
8c un grand-prêtre. (JL)
Maduré , royaume des Iildes orientales, aw
milieu des terrés, dans la Péninfule , en-deçà du
Gange. Ce royaume, fournis aux Maiffouriens,
eft aufli grand que le Portugal; il eft gouverné
par foixante-dix vice-rois, qui fontabfolus dans
leurs diftriéls, en payant feulement une taxe au
roi de Maiffour. Comme les millionnaires ont
établi, plufieûrs millions dans cette contrée , on
peut lire la defeription qu’ils en ont faite dans
les lettres édifiantes. Je dirai feulement que c’eft
le pays du monde où l’on voit peut-être le plus
de malheureux , dont l’indigence eft telle, qu’ils
font contraints de vendre leurs enfans, 8c de fe
vendre eux-mêmes pour pouvoir fubfifter. Tout le
peuple y eft partagé en-caftes, c’eft-a-dire en
claffes de perfonnes qui font de même rang, &
qui ont leurs ufages 8c leurs coutumes particulières.
Les femmes y font les efclaves de leurs maris*
Le millet 8c le riz font la nourriture ordinaire des
habitans, 8c l’eau pure fait leur boiffon. Il s y
trouve des éléphans & d’autres efpèces d’animaux
inconnus à nos régions. C ’eft un crime puni de
mort d’y tuer un boeuf, une vache & un buffle ,
à caufe de la rareté de l’efpèce , & de celle des
chevaux. On y a une efpèce de poule, dont la
peau & les oeufs font noirs ; elle eft fort bonne.
Les habitans y font livrés au brigandage. Leur
religion eft l’idolâtrie , & l’on y immole au malin-
éfprit des viélimes humaines. Il y a differentes
claffes de nobleffe. Maduré eft la capitale de ce
royaume. (/>.) ; 1
MXDURE, ville, fortifiée des Indes orientales,
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