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merce eft entretenu par huit foires. Cette ville eft
recommandable par la fidélité envers le plus grand
& le meilleur de nos rois ; ce qui lui a valu de
beaux privièges. Elle fe distingua durant les guerres
civiles, en 1589 ; & après avoir beaucoup
fouffert de la part des Ligueurs, elle trouva le
moyen de fecouer leur joug. Dans les troubles
de la fronde , elle fut prefqu’entiérement ruinée ,
par l'incendie de plus de douze cents maifons.
Louis XIV, qui, quelques jours après, pafla par
cette v ille , vit encore les maifons fumantes, en
fut touché, & a donne aux habitans, en toute
occafion, des marques de fon fouvenir & de fa
bienveillance.
Cette ville a effuyé trois incendiés qui l’ont fort
dégradée ; l’un en 1135 , le fécond en 1504 , &. le
troifième en 1651.
Baron ( Michel ) , le plus grand aôeur tragique ,
l’Efope de la France, naquit à Iffoudun, 8c mourut
à Paris âgé de 77 ans. Il fe nommoit Boyron ; mais
Louis XIV l’ayant appelé plufieurs fois Baron,
ce nom lui eu refté. Baron, dès fa plus tendre
jeuneffe, marqua fes talens fupérieurs dans une
petite troupe que la demoifelle Raifin avoit formée
fous le titre de 'Comédiens de M. le Dauphin.
Molière l’ayant vu & entendu déclamer,
l ’attira dans celle dont il étoit le chef; Baron y
joua toujours avec de nouveaux applaudiffemens ,
jufqu’en 1691, qu’il fe retira du théâtre, ayant
obtenu du roi une penfion de mille écus. Il pafla
trente ans dans une vie privée, 8c reparut au bout
de ce tems-là fur la fcène, avec plus d’éclat que
jamais.
La nature fembloit s’ètre épuilee, en formant
cet homme rare. Il avoit une taille avantageufe,
la mine haute & fière, la parble aifée , la prononciation
nette 8c d’une grande précifion. Sa voix
étoit fonore, forte, jufle 8c flexible ;.fe s tons
énergiques 8c variés ; fes geftes vrais, précis , nobles
, ménagés : tout exprimoit en lui , fon vi- ■
fage , fon regard , fes attitudes, 8c fon fdence
même ; il n’étoit point feulement a&eur, il étoit
Achille , Agamemnon, Pyrrhus , Augufle, Cinna,
Venceflas. Il termina , au mois de feptembre
1719 , fa fécondé carrière, en jouant dans la tragédie
de Rotrou le même rôle de Venceflas, par
lequel il avoit débuté la dernière fois qu’il monta
fur le théâtre : il fentit un peu d’oppreflion, &
s'arrêta fur ce vers :
S i proche du cercueil ou je me voie descendre.
Trois mois après il mourut, 8c n*a pas été remplacé
; mais la Champmeflé 8c la Lecouvreur l’ont
été. (R.y
Issoubun, bourg de France, dans la Marche,
au diocèfe de Limoges, éleâion de Gueret.
IS-SUR-TILLE, 7/Zvm, Hicii.m ad Tillam , petite
ville de Bourgogne, dans le Dijonois, à 5 li. n.
de Dijon, 2 de Selongey, une deTilchâtel, avec
mairie , grenier à f c l , un couvent de Capucins,
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& titl hôpital. Dans le voifinage font des carrières
d.e pierre blanche, non fujètes à. la gelée. Cn tient
dans ce bourg deux marchés par femaine , 8c quatre
foires 1 année. Le principal trafic des habitans
eft en draperies 8c en chapeaux. Son territoire
produit de fort bons vins 8c des bleds.
Les habitans vécurent en toute franchife 8c liberté
jufqu’en 1312, qu’ils fe mirent fous la pro-
teélion de Philippe-le-Bel, pour fe délivrer des
vexations d’un feigneur de Tilchâtel,
Cette terre fut réunie à la couronne par Louis X I,
enA ï 477’ f a groffe tourquarrée, refie de l’ancien
château des dites, efi un fief en toute juftice : elle
eft fameufe par l’ordonnance de François premier,
donnée en octobre 1535 , appelée l’Ordonnance
d’Y s , concernant la police des prifons. a Ce
» prince, dit Saint-Julien de Baleure, pag. 18 ,
» s’aimoit fort en ce bourg, fitué en belle 8c piai-
» fante afliette, tant pour le plaifir de la chaffe 8ç
» de la volerie, qu’aux commodités favorifant fon
» naturel ».
Cette place étoit autrefois confidérable, ayant
trois portes 8c plus de fept cents feux : elle n’en a
plus que trois cents ; elle a efliiyé bien des révolutions
qui ont caufé fa décadence. Les grandes compagnies
, connues fous les noms effrayans de Retondeurs
, de Tard-venus, d'Ecorcheurs , la pillèrent
en 1444. Les Suifles, après avoir ravagé les bourgs
voifins, en4i 5 13 , s’emparèrent de la maifon forTe
d Is-fur-Tille, brûlèrent les titres , 8c emportèrent
les meilleurs effets lorfqu’ils vinrent afliéger
Dijon.-
Mais le plus grand défaflre arriva du tems de la
ligue, où la ville . qui étoit royalifie, fut faccagée
par le duc de Nemours, à la tête de 6ocoLorrains,
qui y commirent toutes fortes d’excès , pendant
dix-huit jôurs qu’ils y féjournèrent.
Enfin, la révocation de l’édit de Nantes, en
1685 , lui fit beaucoup perdre de fa population 8c
de fon commerce. Les proteftans y avaient élevé
un temple en 1600 ; il fut démoli en 1685. Ils y
eurent quelques miniftres de réputation , tels que
Durant, Sautier, . . . .
Hôpital fondé pour cinq lits, en 1 7 1 1 , auquel
on a réuni l’ancien hôpital, doté en 1434 par N.
Milon , curé du lieu. On voit par un titre de 1185.;
qu’il y avoit une maifon du Temple, aux chevaliers
de ce nom. (Æ.)
ISTECHIA , petite ville de la Morée, au pays
des Mainotes , près du golfe de Coron , à 3 li. de
Çhialifa du côté du midi.
ISTERBOURG, ville 8c château de la Prufle
orientale, fut la rivière de Pregel.
ISTHME, bourg de France, dans la Marche,
diocèfe de Limoges, éleélion de Gueret. (J?.)
Isthme , ifihmus-, langue de terre entre deux
mers, ou deux golfes , laquelle joint une prefqu île
au continent. Les plus confidérables entre les ifth-
mes, font:
L’ifthme de Corinthe, qui joint la Morée au
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refte de la Grèce : il eft fitué entre le golfe de t e nante
& le golfe d’Éngia. ~
L’ifthme d’Erizzo, qui joint le mont Athos au
refte de la Macédoine. I I I H |
L’ifthme de Malacca, qui joint la prefqu île de
ce nom au royaume de Siam, entre le détroit de
Malacca 8c, le golfe de Siam. , . .
L’ifthme de Panama, qui joint 1 Amérique septentrionale
à l’Amérique méridionale , ou en d autres
termes, le Mexique au Pérou : il eft finie entre
la mer du Nord 8c la mer du Sud. Wafer (Eionnel )
lü L!ifthme de Romanie , qui joint .la prefquîle
de Romanie au refte de cette province : il eft
fitué entre le golfe de Megarifle 8c la mer de
Marmora'. ^ â:v.y . , . e . , -
L’ifthme de Suez, qui joint 1 Afrique a 1 Afie,
entre la Méditerranée 8c la mer Rouge.
L’ifthme de Zacala, ou de Precop , qui joint la
Crimée ou Cherfonèfe-Taurique, avec le refte de
la petite Tartarie : il eft placé entre la mer Noire
& le Palus-Méotide.
Mais il faut remarquer ici , que dans tous
les auteurs Grecs , quand ils difent fimplement
fiflhrne, fans rien .ajouter, ils entendent l’ifthme
de Corinthe, fitué, comme on l’a dit, dans le
paffage qui joint le Pélopenèfe au refte de la.
Grèce : il a de largeur trente - fix ftades^ félon
Hérodote , cinq mille pas félon Mêla , c eft-a-dire,
une grande lieue d’Allemagne , ou environ deux
lieues de France. On a tenté plufieurs fois , mais
inutilement, de le percer, 8c de joindre les deux
mers par un canal. Quatre empereurs Romains ont
formé ce projet ; 8c pour l’exécuter, fe font engagés
dans de grandes dépenles ; niais avec toute
. leur puiffance, ils ne purent en venir à b out, ce
qui donna lieu au proverbe grec , entreprendre de
percer fiflhme, pour dire, tenter l’impoftible.Neptune
avoit fur cet ifthme un temple célèbre , a
côté duquel étoit un bois de pins qui lui avoit été
confacré; 8c c’eft près de là qu’on célébroit les
jearx ifthmiques.
ISTIGIAS, petite ville d’Afie, dans la grande
Tartarie, dans la Tranfoxane.
ISTONIA , rivière de l’ile de Candie. Elle a
fon embouchure à dix milles de Spina-Longa. Son
eau eft bonne en hiver, mais en été elle eft mortelle
, à caufe que fes bords fon revêtus d’une
plante que les Italiens nomment Leandro , 8c qui
eft un poifon.
ISTRIE ( 1’ ) , prefqu’ile d’Italie, dans l ’état de
Venife, entre le golfe de Triefte 8c le golfe de
Carnero. Les Colquesv y fondèrent autrefois le
fameux port de Pola, fi connu depuis chez les
Romains fous le nom de Julia pietas ; 8c d’autres
colonies grecques qui s’y établirent, y portèrent
le culte d’Ifis.
L’air y eft maî-fain, 8c le pays dépeuplé ; la plus
grande partie de l’Iftrie eft aux Vénitiens ; la mai-
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fon d’Autriche y poffède feulement la principauté
8c le port de Triefte : il ne faut pas dire avec Ma-
gin , que l’Iftrie répond à la Japidie des anciens,
cela n’eft vrai que d’une partie de l’Iftrie 8c de la
Japidie.
L ’Iftrie faifoit anciennement partie de Tlllirîe,
conquife par les Romains entre la première 8c Ta
fécondé guerre punique, 8c enfuite réunie par eux
à l’Italie. Dans le moyen â g e , elle appartenoit au
patriarche d’Aquilée, q u i, dans le XIe fièclé,
reçut de l’empereur Henri V I l’inveftiture de ce
marquifat. En 1190 , la plus grande partie de
la côte maritime paffa fous la domination Vénitienne.
Capo-d’Iftria eft la capitale de cette contrée.
Voyc£ C a p o -d’Is tr ia . J’ajouterai qu’elle eft fur
une petite île nomméeÆgïda par les anciens, 8c
que,le P. Coronelli met à 36, 36' de longitude , 8c
à 4 5 ,3 1 ' de lut. feptentrionale. Elle quitta le nom
â'Ægida 8c de Copraria qu’elle avoit eu depuis ,
pour celui de Juflinopolis qu’elle gardetneore dans
les aâes publics. Dévêché de Capo - d’iftria fut
fondé en 756 : elle a d’âflèz belles églifes ; fa maifon
de ville étoit un temple de Pallas. Son principal
revenu confifte en falines qui produifent par
an plus de fept mille muids de fel ; la mer lui
fournit du poiffon en abondance , 8c la terre-ferme
d’alentour eft couverte d’oliviers 8c de vignes qui
donnent d’excellent vin. La pêche 8c la navigation
font les occupations principales des habitans.
La nobleffe poffède peu de fonds, & y eft
fort pauvre.
La partie Autrichienne de l’ïftrîe fur-tout, étant
très-bien fituée pour le commerce, 8c ayant des
bois propres à la conftruâion des vaiffeaux , l’eïit-
pereUr Charles VI en vifita lui-même les côtes en
1728. Il établit enfuite à Vienne une compagnie
du Levant, fit faire en Iftrie plufieurs grandes
routes pour faciliter le tranfport des marchandifes
à Vienne 8c à Carlftadt en Hongrie. Ilchoiiit Porto-
Ré pour faire conftruire fes vaiffeaux. ( Porto-Ré,
dont le port peut contenir trente vaiffeaux de
guerre rangés fur une ligne ) , rendit franc le port
de Triefte , 8c y établit une foire annuelle ; fit bâtir
à Saint-Veit un lazaret, 8c établir enfin des manufactures
dans plufieurs villes des états Autrichiens.
Par tous ces moyens , le commerce de l’Iftrie eft
devenu très-floriffant.
Mathias Francowitz,plus connu fons le nom de
Mathias EUccus Illiricus, l’un des plus favans 8c
des plus turbulens théologiens de la confeflion
d’Aufgbourg , naquit dans , l’Iftrie le 3 de mars
15 20 ; il s’éleva avec force contre F intérim de
Charles-Quint, eut des démêlés très-vifs avec les
Catholiques, 8c mourut le 11 mars 15 7 5 , à 55
ans. Il tira de la pouffxère des bibliothèques, une
vieille meffe qu’il fit imprimer en 15 5 7 , & compila
l’ouvrage fameux intitulé : Catafogus teflium vert-
tatis, Bajilete 15 5 6 , première édition, fuivie de
celles de 1597 8c 16 0 8 ,8c à Francfort 1666 in-4®,